"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
C'est l'histoire d'Émilie, douze ans et quatre jours. Enfant solitaire, elle peint tous les jours car, dans sa tête pleine de mots, c'est le balagan - bordel en yiddish.
C'est l'histoire de petits mensonges ordinaires, de ces vérités que les adultes estiment mieux de ne pas révéler. L'histoire d'un secret de famille et d'un bout de cauchemar qui s'accroche à la réalité. L'histoire de Robert aussi, qui n'a pas toujours été ce vieux médecin de campagne retranché dans la solitude d'une péninsule islandaise. Émilie et lui font souvent le même rêve, à des milliers de kilomètres l'un de l'autre. Sans savoir encore que leurs routes vont se croiser...
Un roman plein de gravité et de fantaisie ; une histoire de non-dits qui est, aussi, une déclaration d'amour aux mots.
Le Monde des Livres
Emilie a douze ans. Chaque nuit, elle fait le même cauchemar qui empoisonne ses jours : une chute dans le vide.
Elle peint pour exorciser ses angoisses. Elle s’est créé un ami, un monstre imaginaire qui la décharge de tous ces mots étouffants qui l’envahissent.
C’est une petite fille à part, solitaire, qui vit dans son monde, débordante d’imagination.
Mais c’est surtout une petite fille empoisonnée par un secret de famille.
Parallèlement, à des kilomètres de là, en Islande, un vieux médecin fait lui aussi chaque nuit le même cauchemar.
Quel est le rapport entre les deux ?
C’est un beau roman que j’ai lu avec plaisir. A l’étude psychologique de cette étrange petite fille se mêle une intrigue intéressante entre elle et le médecin islandais.
Le style est très agréable, malgré parfois une impression de répétition ou d’appesantissement sur certaines situations.
Emilie, douze ans vit avec ses parents et son frère. Elle est solitaire, pleine d'imagination, et ne communique pas beaucoup. Ses parents se sont inquiétés et ont consulté pensant qu'elle pouvait être autiste. Seule sa grand-mère décédée avait réussi à la comprendre :
"Mamie, elle, savait ce qui se passe dans ma tête lorsque j'observe : j'enregistre les mots; Tous les mots que j'entends, lis et découvre, en permanence, sans exception. Pronoms, déterminants, conjonctions, prépositions et surtout adjectifs, adverbes, noms, verbes : je les collectionne. Je les classe. J'enregistre et je collectionne parce que pour moi les mots ne se résument pas à un simple alignement de lettres permettant de communiquer. Ils sont bien plus que cela."
Emilie s'est créé un ami imaginaire, Croquebal , un ogre mangeur de mots, qui la débarrasse des mots qui lui font mal. C'est à lui qu'elle confie tous ses problèmes, toutes ses questions car ses parents ne lui répondent jamais .Sa mère se cache derrière des "mensonges ordinaires", ces mensonges que les adultes font pour éviter de répondre à des questions embarrassantes quant à son père, lui il fuit carrément.
Emilie fait des cauchemars, la nuit, elle rêve qu'elle tombe d'un balcon et s'écrase sur le sol. Emilie, pour conjurer ses rêves, peint cette scène où elle tombe, elle agit pour les rêves comme pour les mots qui l'oppressent, qu'elle donne en pâture à Croquebal. En découvrant la réaction de ses parents lorsqu'ils voient sa peinture pour la première fois lors d'une exposition à l'école, Emilie se rend compte que ses parents lui cachent un terrible secret, qu'elle va tout faire pour découvrir.
Parallèlement, nous suivons l'histoire de Robert, médecin d'une soixantaine d'années exilé en Islande. Lui aussi fait le même rêve mais lui sait pourquoi. Quand Emilie cherche à tout prix les causes de ce rêve, Robert, lui fait tout pour enfermer son passé dans des poupées russes et oublier.
Dans ce très beau roman, Marie Charrel, nous montre les dégâts que peuvent causer les non-dits au sein d'une famille. L'auteure met l'accent sur l'importance des mots, des mots pour nommer (quête de l'identité), des mots pour dire les choses, ne pas les laisser sous silence. Ce roman est aussi une métaphore du métier d'écrivain :
"... on peut faire autre chose avec les mots que les dévorer tout crus.
-Ah oui,
-Oui. Même avec les mots balagan. Plutôt que de les croquer, on peut les dompter, les dresser, les classer. On peut les secouer, les colorer, les nuancer, ou encore les mélanger et les réassembler. Cela donne de la prose ou des vers. Mais aussi des fariboles, des contes, des poèmes, des chroniques, et mêmes des salamalecs, des carabistouilles, des histoires à coucher dehors ou à dormir debout."
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