"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Aucun résumé n'est disponible pour cet ouvrage actuellement...
Avis : LOUABLE
Le loup, quels fantasmes continue-t-il à susciter ? Mais aussi, quels ravages fait-il ? Entre ces deux interrogations, je me suis dit que ce roman récemment sorti « en poche » me fournirait quelques réponses.
Juliette a subi un traumatisme dans son adolescence, c’est pourquoi elle a décidé de faire sa carrière auprès de celui qui l’avait choquée : le loup. Devenue responsable d’un projet souhaitant concilier et réconcilier pastoralisme et faune sauvage, elle s’est entourée d’un informaticien et d’un spécialiste pour vivre et étudier durant quelques mois dans la région où le prédateur règne. A force de patience et de travail, elle approchera les hommes (détracteurs et défenseurs des loups) et les animaux, mais lesquels apprivoisera-t-elle ? Que devra-t-elle abandonner ? Sur quelles ressources pourra-t-elle compter ?
Si le côté technique est particulièrement présent, il accompagne parfaitement la lecture sans la rendre pesante et donne au récit la lenteur seyant à la traque qui se déroule sous nos yeux. Le parti pris de suivre les émotions de Juliette à la trace donnent au récit une force et une humanité bienvenues car les grands espaces ne peuvent suffire à combler les actions forcément répétitives.
Je me suis offert, comme j’ai l’habitude de le faire quand il y a de beaux paysages, une belle immersion virtuelle dans les Hautes-Alpes, secteur de Névache, Vallée de la Clarée, Roubion et j’ai senti l’hymne à la nature ainsi que la demande de compréhension mutuelle se dégageant du roman. J’ai apprécié le ton délibérément non polémique, plutôt la pose responsable des problèmes et la mise à plat des différentes positions sur le sujet du loup en liberté.
Educatif, dépaysant, sensible, ce roman se lit facilement et laisse à chacun la liberté de choisir son camp. Je pense qu’il peut être conseillé à de jeunes lecteurs tout autant qu’à des adultes passionnés de nature.
Je remercie très sincèrement De Borée Editions pour le SP de « L’empreinte du loup » d’Alain Pyre.
Je suis, et j'ai toujours été, fascinée par le monde des loups, j'ai déjà lu pas mal de livres sur eux, sur leurs façons de vivre, leurs caractères, leurs milieux de vie. C’est un animal bien souvent décrié et que certains veulent éliminer. Alors, lorsque j'ai vu ce livre, avec un titre pareil, avec une couverture où le loup se marie à la nature, je me suis tout de suite laissée tenter. Et j'ai bien fait, car je n'ai pas du tout été déçue, je ressors de cette lecture avec des paysages plein la tête.
Je ne vais pas trop revenir sur le contenu de l'histoire, juste aborder les sujets principaux.
J'ai fait la connaissance de Juliette. À 14 ans, elle avait découvert une scène qui lui restera marquée à jamais, des brebis mortes tuées par des loups. Vingt ans plus tard, elle revient dans les Hautes-Alpes, plus précisément dans les alentours de Briançon et de la vallée de la Clarée. Elle retrouve le refuge où elle était allée adolescente, avec les mêmes patrons. Elle ne revient pas seule, puisqu’elle est accompagnée de Nicolas, son amoureux et informaticien et Jérémy, technicien à l'ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage). Juliette a un projet bien précis, elle veut prouver qu'il est possible de vivre avec les loups, surtout pour les bergers. Pour ce faire, les trois jeunes gens du projet « Louable », vont dans un premier temps repérer les loups à l'aide de drones, endormir les loups ainsi vus avec des flèches, et les équiper de balises GPS. Ceci afin de repérer leur trajet et de prévenir les habitants ou les bergers si les animaux s'approchent trop. Mais elle veut en plus dissuader les prédateurs de s'attaquer aux troupeaux en plaçant des récepteurs à leurs cous qui détecteront les bruits des sonnailles des moutons. Ces récepteurs émettront alors des bruits insupportables pour le loup qui le feront fuir. Bien sûr, lorsque Juliette explique cela lors d'une réunion avec les éleveurs et les bergers, le doute de ceux-ci est grand. Juliette va devoir s’armer de patience et de courage pour faire accepter son projet. Et c’est sans compter sur certains propriétaires qui vont essayer de nuire à l’expérience des jeunes gens.
Juliette n'est pas au bout de ses peines. Il faut déjà arriver à trouver les loups. Nicolas et Jeremy ne compteront pas leurs heures de vol de drones pour les repérages. Et quand ils trouveront des loups, il faudra faire vite pour s'approcher d'eux et leur mettre leurs colliers. Ajouté à cela, des éleveurs de moutons qui semblent inflexibles et veulent absolument tuer les loups, pour eux, l'extermination est la seule solution possible. Juliette va avoir vraiment beaucoup a faire. Une journaliste va en plus venir mettre son petit grain de sel, et déstabiliser d'une autre façon le trio. Bref, rien n'est facilité pour ce projet, et Juliette aura plus d'une fois envie de baisser les bras.
Je me suis vite attachée à ce personnage. Son projet est beau et on a envie d'y croire. Juliette, pourtant marquée par des brebis tuées par ces prédateurs, fait tout pour épargner et les moutons et les loups. Et c’est ce point que j'ai surtout apprécié dans ce livre, c’est que les bergers ou éleveurs de brebis ne passent pas tous pour des méchants, on comprend leurs positions, on se doute que voir périr une partie de ses bêtes est très difficile à vivre. Et en même temps, on défend le loup, c’est logique aussi qu’il soit tenté par toutes ces bêtes qui sont quasiment à sa disposition quand elles sont dans leurs prés. Le tout est d'arriver à faire cohabiter les deux, que les éleveurs prennent en compte le loup et trouver un moyen pour que les animaux des deux côtés soient épargnés. Je ne sais pas si le procédé que veut employer Juliette pour faire peur aux loups existe déjà, mais je trouve que c’est une excellente idée. Je sais que des loups sont déjà équipés de balises GGPS, ce qui permet de les suivre, de savoir surtout où ils sont et où ils vont. Mais bon, comme dans tout, il y a des extrémistes, des qui veulent résoudre tout en tuant les loups, et des qui considèrent les loups comme des toutous inoffensifs. Et j'ai apprécié que les deux côtés soient abordés dans ce livre, qu'il ne soit pas « pour » l'un ou l'autre parti, mais que les deux soient entendus, avec leurs points positifs et négatifs.
Et toute cette action est sublimée par les lieux. Tout se déroule dans la vallée de la Clarée aux alentours de Briançon. C’est un endroit que je ne connais pas mais que j'aimerais beaucoup visiter. L'auteur donne une belle part à ces montagnes, aux rivières qui serpentent, aux vallées, avec de beaux prés, des refuges, des petits villages. La curiosité m'a poussée à aller voir sur le net des images, et l'auteur, après en avoir discuté avec lui, a eu la gentillesse de m'envoyer des photos de tous les lieux cités dans le roman. Et de pouvoir voir les endroits où les protagonistes travaillent ou se promènent, rend la lecture très vivante et très réaliste. J'avais l’impression d’évoluer à leurs côtés, de participer à leurs recherches. Une chose est sure, c’est que j’ai très envie de maintenant voir tous ces lieux par moi-même. En tout cas, tout est bien décrit par l’auteur sans jamais alourdir le texte.
En parlant justement de l’écriture, j'ai beaucoup aimé le style de Alain Pyre, très fluide, très vivant et imagé. L’attachement aux personnages s’est fait très bien, même avec une narration à la troisième personne. Je suis d’habitude plus sensible à un « je » qui me permet de rentrer dans la tête du personnage, mais là, les émotions sont également bien décrites et j'ai aussi pu garder une certaine distance qui n’était pas négligeable.
En plus de ce sujet des loups et du pastoralisme, l'auteur a dépeint les hommes et femmes tels qu'ils sont. Dans le sens où il peut y avoir des rapprochements entre certains. Alors, bien sûr, certains peuvent s’étonner de trouver une romance au milieu de ce sujet plus grave, mais pour moi, c’est aussi l'histoire de Juliette, de son parcours professionnel mais aussi de ce qu'elle ressent elle, de ce qu'elle peut vivre au plus profond d'elle. Donc cette pointe de romance ne m'a pas dérangée du tout, elle est vraiment très très légère et plutôt suggestive.
Je me suis régalée avec la lecture de ce livre. Tout m'a captivée, les personnages, les loups, le pastoralisme, les lieux, les émotions. Une fois entrée dans l'histoire, et cela se fait dès les premières lignes, il m'a été très difficile de lâcher ma lecture. Et, comme souvent quand je me sens bien dans un roman, j'avais envie de lire plus vite pour savoir le déroulement, et j'avais envie de la ralentir car je me sentais bien dans cette ambiance. La fin est jolie, très positive, et ça fait du bien. Elle est pleine d'espoir pour les loups, pour les bergers et je souhaite vraiment que l'homme arrive enfin à vivre en respectant la nature et les animaux le plus possible. Douce utopie..peut-être, mais pourquoi pas…
Ce très bon roman m'a permis de découvrir un nouvel auteur, et un très bon auteur. Alain Pyre a écrit d'autres romans dont Saison tardive publié également aux éditions de Borée et qui me tente encore par son résumé et l'histoire qui emmène le lecteur dans les Hautes-Alpes. C’est en plus un auteur très accessible avec qui l'on peut discuter, et c’est toujours très appréciable.
Je ne peux que vous conseiller ce roman si vous aimez être transporté dans votre lecture, si vous aimez la nature, les loups, la défense des animaux et de leurs lieux de vie, les livres avec de beaux paysages qui vous permettent de voyager tout en restant chez vous. C’est une très belle histoire que je suis contente d'avoir découverte et que je garderai en mémoire.
Pas la première fois qu’un livre m’attire par un titre. Pour un pays, une ville… et un animal. Mais lorsqu’après les premières pages l’histoire tourne à des relations sentimentales et dialogues assortis, ma progression est à pas de loup ne sachant si cet ouvrage pourra se transformer en noisette. Mais le côté Pygmalion version écureuil a encore fonctionné parce que c’est un hymne à la montagne, à la nature et à la sauvegarde des loups tout comme celle des bergers.
Après avoir été confrontée à la mort de brebis égorgées lorsqu’elle était adolescente – le loup ayant fait sa réapparition au début des années 90 dans le Mercantour avec un specimen retrouvé par Jacques Audibert – 20 ans plus tard avec un parcours bien solide, Juliette décide de se lancer dans un projet pharaonique : faire vivre ensemble brebis et loups, amoureux des loups et bergers en détresse. « Louable », nom de code pour l’opération pastorale, va prendre ses marques dans les alentours de Nevache dans les Hautes-Alpes avec Nicolas, le compagnon de Juliette et Jeremy, spécialiste de la faune sauvage. Leur moyen : l’outil informatique et l’usage de drones. L’hostilité des éleveurs est prévisible mais le fils de l’un d’entre eux va devenir le socle de cette expédition de l’impossible.
Il parait qu’un bon roman est celui qui fait réagir. Alors, aucun doute, le personnage de Juliette est une réussite car ô combien cette jeune femme a le don de provoquer à la fois dérision et admiration. Dérision pour le côté un peu « too much » voire caricatural de la femme engagée et amoureuse, admiration parce que progressivement l’auteur la convertit dans une forme d’authenticité avec une sensibilité à fleur de peau qui devient une arme.
Si la fin de l’histoire est prévisible, ce sont au fil des pages de belles galopades dans les montagnes et surtout un roman qui rapproche deux parties sans aucun a priori et qui démontre que la technologie peut être au service de la nature, de sa préservation – et non l’inverse. Qu’il sera peut-être possible un jour de faire cohabiter les loups et les agneaux en préservant chacun le mieux possible. Cette envie irrésistible de grimper en haut d’un mélèze et d’admirer toute l’immensité de la faune et de la flore, de s’enivrer du parfum des Alpes, de tous les versants de la vie en faisant le vœu d’une entente cordiale entre tous les êtres qui foulent ces précieux espaces.
« La vérité, la Terre entière s’en fiche ! Ce qui la captive, c’est la curiosité, les intrigues, la chasse, le goût du sang, la transgression punie de toutes formes d’interdit. Elle se passionne pour les affaires, quelle qu’en soit la nature, et ignore que les vérités qui fleurissent dans ses jardins ou renouvellent les saisons sont les seules dignes d’intérêt. Elle préfère les frasques des célébrités, les meurtres à qui mieux mieux, les pantins qu’on agite pour faire diversion dans le champ visuel de plus en plus restreint des hommes, le martelage publicitaire assenant que le bonheur réside dans l’usage de cosmétiques gommant les outrages du temps ou dans la possession de voitures connectées, ou dans un style vestimentaire chic et branché ! Aujourd’hui, le téléphone ne sert plus à téléphoner : on l’achète pour photographier, pour jouer ou regarder la télé, pour contrôler son pouls, surveiller son poids, pour gérer son chauffage central, son alarme antivol et que sais-je encore ? »
La suite de l’extrait à découvrir dans ces traces lupines…
Ouvrage reçu et lu dans le cadre de l’opération Masse Critique de Babelio
Blog Le domaine de Squirelito => https://squirelito.blogspot.com/2021/02/une-noisette-un-livre-lempreinte-du.html
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !