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"Il suffira de dire que je suis Juan Pablo Castel, le peintre qui a tué Maria Iribarne ; je suppose que le procès est resté dans toutes les mémoires et qu’il n’est pas nécessaire d’en dire plus sur ma personne."
Dès les premières pages du livre d’Ernesto Sabato, le décor est planté. Juan Pablo Castel est un criminel. Même si le personnage principal se défend « d’en dire plus », le lecteur en apprendra beaucoup et visualisera, dans le court récit que constitue Le tunnel, la spirale qui a mené le peintre à commettre ce crime.
A lire ces quelques lignes d’introduction, vous pensez peut-être qu’il s’agit d’un roman qui se rapproche du genre policier. Il n’en est rien ; il s’agit davantage d’une confession, d’une sorte de justification d’un être replié sur lui-même et ses préoccupations.
Revenons au début… Lors d’une exposition dédiée aux oeuvres du peintre Juan Pablo Castel, une jeune femme reste longtemps concentrée sur un élément du tableau : une fenêtre par laquelle une femme observe la mer. Le peintre commence à être obsédée par cette femme qu’il se met en quête de retrouver. Il se livre alors à de nombreuses introspections, et surtout, on comprend dès le début qu’il pense que cette femme va enfin le comprendre, lui qui est privé d’amour et de compréhension :
"Soudain, je me repentis d’être allé jusque-là, avec mon habitude d’analyser sans fin faits et paroles. Je me rappelai le regard de Maria fixé sur l’arbre de la place, tandis qu’elle m’écoutait exposer mes idées ; je me rappelai sa timidité, sa première fuite. Et une débordante tendresse envers elle commença à m’envahir. Elle m’apparut comme une fragile créature jetée dans un monde cruel, plein de laideur et de misère. Je ressentis ce que j’avais souvent ressenti depuis le jour de l’exposition : que c’était un être tout semblable à moi."
On apprend finalement que peu de choses sur la mystérieuse Maria ; c’est surtout le peintre qui émet des hypothèses et qui finit par suspecter l’infidélité de sa muse.
Je n’en dirai guère plus, sinon que ce roman est une réussite, en montrant la dérive d’un homme complexe, solitaire, jaloux – tout en ménageant une vraie tension alors que le lecteur connait déjà l’issue fatale.
https://etsionbouquinait.com/2023/02/14/ernesto-sabato-le-tunnel/
Extraordinaire bouquin et je pèse mes mots, un livre dont on se rappellera toute sa vie. Petit par le nombre de page mais ce livre vous "aspire" littéralement. Je n'ai pu le lâcher tant que je ne l'ai pas fini.
Un peintre tombe amoureux d'une inconnue et là petit à petit au fil des pages il glisse progressivement et on ascite à tout ce qui se passe dans sa tête, la passion, la jalousie et progressivement la folie qui l'amène au crime.
Un huit clos psychologique intense. A LIRE A TOUT PRIX.
Juan-Pablo Castel est un peintre estimé et misanthrope : il n'aime rien ni personne, jusqu'aux critiques dont les louanges le hérissent... Incompris, il est prisonnier de sa solitude jusqu’au jour où il tombe amoureux fou de Maria qu'il finira pourtant par tuer, ainsi qu'il l'annonce dès les premières pages de son récit écrit en prison.
C'est le récit d'une passion dévorante et exclusive, une passion éprouvée par la jalousie, la vanité, la misanthropie et l'égocentrisme du peintre : Juan-Pablo ne profite jamais de son bonheur mais passe son temps à décortiquer les instants de bonheur qui lui sont accordés afin d'y trouver la preuve de la perfidie, de l'hypocrisie ou de l'infidélité de Maria. Il se sent incompris, persuadé que le reste de l’humanité ne lui arrive pas à la cheville. C'est un homme profondément seul, incapable de voir le bon, le beau sans y soupçonner quelque chose de mesquin ou de sale... et sa solitude le conduira jusqu’à la jalousie dévorante et la folie meurtrière.
Le récit implacable et minutieux d’une névrose pathologique et meurtrière.
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