"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
CHRONIQUE D’UNE EXPLORATRICE DE LA RENTREE LITTERAIRE.
Mademoiselle est paumée : vie amoureuse : néant ; vie professionnelle : catastrophique ; vie tout court : zéro pointé. Après une rencontre d'un soir, et un emprunt définitif de l'argent de cette rencontre, elle part pour Saint-Nazaire pour une autre vie dans laquelle elle décide qu’elle deviendra Bérénice, écrivaine (et également héroïne d’un film vu récemment).
Elle y rencontre l’Inspecteur (sur chantier naval), ainsi que sa collaboratrice, Blandine Lenoir. De suite, le rapport entre les deux femmes est tendu. Mais Mademoiselle se laisse vivre, entraînée dans le tourbillon de ses mensonges et de l’argent que dépense sans compter l’Inspecteur.
Et puis un jour, tout bascule, et le monde de Mademoiselle s’écroule peu à peu…
L’auteur nous entraîne si bien dans le monde de Mademoiselle qu’il faut un certain temps pour que le lecteur se pose réellement certaines questions : est-elle paranoïaque, schizophrène, mythomane… ou simplement a-t-elle lâché complètement prise ? Où est le réel et la divagation ?
Si le début du roman m’avait quelque peu amusée (je la trouvais touchante moi cette petite Mademoiselle), le reste m’a laissée perplexe et je ne sais toujours pas quoi en penser alors que j’ai tourné la dernière page.
Toutefois, je pense que « Le Triangle d’hiver » reste un petit roman très agréable à lire et bien réussi.
Chronique Les explorateurs de la rentrée
Mademoiselle , héroïne anonyme à l’existence vide essaie de réinventer sa vie.
La vie de Mademoiselle est vide: pas de passé, pas d’amis, d’intérêts, de passions, tellement vide et sordide qu’elle se glisse dans la peau de quelqu’un d’autre pour fuir son quotidien. Elle se crée une vie de mensonges et de faux -semblants plutôt que la vivre réellement et ça ne suffira pas à la remplir.
Les personnages sont des anonymes : Mademoiselle, l’Inspecteur.... Les seuls noms sont des noms d’emprûnt. Ce sont des solitaires. Ils évoluent dans des décors anonymes eux aussi, des ports désertés, sans chaleur.
Puis tout bascule, tout se dérobe et se confond. L’héroïne ne sait plus qui elle est, et nous non plus. Est-elle morte, est-elle folle? Cette vie triste et désespérante, vide de sens que connaît Mademoiselle, c’est comme une perte d’identité, c’est presque pire que la mort ou que la folie : l’anonymat, on ne sait pas qui on est, on n’ est personne.
Ce roman au style simple et dépouillé se lit vite. Mais il est moins simple qu’il n’y paraît.
Il engendre une réflexion sur le sens qu’on donne à sa vie. Essayer d’être quelqu’un à tout prix, mais surtout pas soi, plutôt qu’ être tout simplement, à quoi ça mène?
Il laisse un peu une impression de malaise, une sensation de désespérance qui reste.
Mais il fait réfléchir sur ce que c’est qu’inventer sa vie et la vivre pleinement plutôt que la rêver, même si c’est difficile à atteindre, comme les étoiles du triangle d’hiver. Le style dépouillé , l’impression d’anonymat, de froideur, de solitude, de tristesse qui se dégage des décors et des personnages, tout cela colle au propos. J’ai trouvé, en cela, le roman plutôt réussi.