Les explorateurs de la rentrée 2018 l'ont lu et Jean François Simmarano en offre ici une lecture magnifique
Ute von Ebert, dernière héritière d'un puissant empire industriel, habite à Erlingen, fief cossu de la haute bourgeoisie allemande. Sa fille Hannah, 26 ans, vit à Londres. Dans des lettres au ton très libre et souvent sarcastique, Ute raconte à sa fille la vie dans Erlingen assiégée par un ennemi dont on ignore à peu près tout et qu'elle appelle « les Serviteurs », car ils ont décidé de faire de la soumission à Dieu la loi unique de l'humanité. La population attend fiévreusement un train qui doit l'évacuer. Mais le train du salut n'arrive pas.
Et si cette histoire était le fruit d'un esprit fantasque et inquiet, qui observe les ravages de la propagation d'une foi sectaire dans les démocraties fatiguées ?
Comme dans 2084, Boualem Sansal décrit la mainmise de l'islamisme sur les zones fragiles de nos sociétés, favorisée par la lâcheté ou l'aveuglement des dirigeants.
Les explorateurs de la rentrée 2018 l'ont lu et Jean François Simmarano en offre ici une lecture magnifique
Quand 50 Explorateurs partent à la découverte des romans de cet automne...
Jubilatoire...Incisif , déjanté , iconoclaste ! Boualem Sansal respire l'intelligence
Boualem Sansal est clair dès le départ. Il enjoint le lecteur d’abandonner « tout espoir de distinguer la fantasmagorie de la réalité », laissant ainsi entendre que, oui, le curieux se tient bel et bien sur le seuil des portes de l’enfer. Mais quel enfer agite ainsi Erlingen, petite ville bourgeoise – sciemment fictive – perdue dans les monts allemands d’un siècle inconnu, néanmoins terrorisé ?
Ute écrit à Hannah des lettres qu’elle ne postera jamais, compose ainsi « notre roman », celui qui racontera la société métamorphosée par les menaces de l’envahisseur. Cet envahisseur, invisible puisque jamais rencontré, menaçant par le biais d’une simple note qui enjoint la population de se rendre ou de mourir, est aux portes et les guette. Ainsi que dans le Désert des Tartares – que l’auteur se plaît à résumer dans le livre – il plane au-delà de l’œil humain et terrorise tous les esprits, par sa seule absence.
Flux migratoires et autres gênes occasionnées
La très riche famille d’Ute est dotée d’un passé légèrement sinistre. L’aïeul, comme tant d’autres en ces temps-là, a embarqué dans sa jeunesse vers l’Amérique. Dire qu’il a saigné ou fait saigner serait tangible, mais le plus correct serait d’affirmer qu’il a savamment sû tirer un avantage de la condition des peuples indiens, ou noirs importés d’Afrique. Si son histoire ne répond en rien à nos questions sur les habitants d’Erlingen, ces flux migratoires et autres gênes occasionnées – telles que les massacres, l’esclavage, l’appauvrissement par l’enrichissement des uns ou encore la christianisation jugée à l’époque nécessaire – ont leur importance dans le livre. Le lecteur se rend finalement compte qu’il n’y a rien d’autre à lire que ce qui est dit, ici non l’histoire d’Erlingen, mais plutôt cette « chronique des temps qui courent » avec laquelle l’auteur veut nous alarmer, puisque ces flux continuent et convergent maintenant vers les pays développés – développés par la seule force de la succion des ressources étrangères, d’ailleurs – et tente au passage de s’y glisser, avec tout ça, la tradition de l’assassinat et de la soumission.
Le hic est là
Mais « le hic est là, le monde policé auquel nous appartenons n’a pas d’ennemi, pas de vraie religion à défendre, pas de cause sacrée à invoquer au lever et au coucher du jour (…) ni simplement de force dans le poignet pour faire sonner le tocsin et de fermeté combative dans la voix pour appeler à l’honneur, c’est de ça qu’il meurt, d’absence de vie dans les gènes ». Il apparaît à l’auteur que nous restions pantois face à la montée de l’extrémisme religieux. Bien sûr, nous pleurons les morts du Bataclan ou manifestons les jours de semaine en bons républicains, mais ne faisons ni assez ni concret pour tirer les têtes de l’eau, et encore moins sanctionnons nos « dirigeants si nuls » pour leur inactivité.
Boualem Sansal semble, néanmoins, trouver qu’il reste une rame à la galère. Un Plan Marshall, par exemple, serait une première solution, une avance digne d’intérêt. Mais pour le moment, la peur engendre la haine, « l’écologie se meurt d’avoir engendré des écologistes en ville et pas des ermites dans la forêt », « le mensonge et la vérité se rejettent d’instinct » et, finalement, « tout pousse dans le même sens : la fin ».
Pas de fin, cependant, à ce livre qui n’est autre qu’une métamorphose du roman où se confondent styles, formes et voix multiples pour aboutir en une sorte de tribune désolée qui, à la fois, appelle au changement immédiat ou la révolution, primordiaux à cette dernière chance en laquelle nous voulons croire mais qui, en attendant, s’effrite entre nos mains.
Boualem n'est pas vraiment un boute en train, du coup son roman est vraiment pénible à lire, il nous aiguille sur des vraies-fausses pistes qui obscurcissent encore un propos philosophique déjà bien obscur.
Je suis resté sur le quai de départ, n'ayant je l'avoue pas compris grand chose à ce récit qui déraille plus souvent qu'un TGV en gare de Marseille...
Boualem Sansal ne nous cache rien. En exergue de la première partie de son roman il écrit « Toi qui entre dans ce livre, abandonne tout espoir de distinguer la fantasmagorie de la réalité. » En cela il assume d’entrée de jeu la référence voire la filiation à Franz Kafka qui sera cité et invoqué tout au long du roman. Mais que nous dit le roman en question ?
Une mère écrit à sa fille. Depuis une Allemagne sortie directement du « Château », elle décrit une situation pré-apocalyptique, totalement indicible, avec un cynisme brillant et développe une analyse pertinente de la mondialisation, de la loi du marché et de la métamorphose généralisée de l’humain dans la peur. Envoyé par l’Etat, un train doit venir évacuer une partie de la population d’Erlinguen, ville imaginaire bientôt en proie aux ténèbres promises par un envahisseur fantôme. L’ensemble est ponctué non sans humour de références répétées au big-boss de la philosophie opposant nature et civilisation, le bien nommé Henry David Thoreau.
Jusque-là tout va bien, si l’on s’est bien attaché. Sauf qu’une page de garde nous a d’ores et déjà informés qu’en fait c’est une autre mère qui écrit à sa fille par le biais de ce récit épistolaire de science-fiction. Habile mise en abîme de la construction. Plus qu’une narration au carré, c’est un récit à niveaux dans lequel nous engage l’écrivain Algérien en y inscrivant son discours pertinent sur l’endoctrinement qui avait fait le succès de 2084. Très finement, dans cette nouvelle fiction il renverse le temps et l’espace afin de donner voix à ses contemporains. Le 13 novembre s’invite dans un échange de rôle entre mère et fille puisque c’est cette dernière qui va prendre le relais du récit. A partir de là, Sansal règle ses comptes, autant avec les islamistes qu’avec les tièdes, ainsi qu’avec Dieu dans toutes ses composantes. Virtuose, il conclut son tour de table littéraire avec Dino Buzzati et son « Désert des tartares » qui vient tout naturellement s’insérer dans la démarche. Les maîtres convoqués ont répondu présents et balisé la piste.
Compliqué certes (Mathias Ennard l’avait été avec « Zone » qui n’en était pas moins un livre génial), exigeant certainement (Ce ne sera pas le roman le plus lu de la rentrée littéraire) mais soyons persuadés que ce livre demeurera un éclairage précis sur notre époque, sur les ravages d’un système économique cupidissime qui engendre les métamorphoses, les monstres. Le tout vu de l’intérieur, c’est-à-dire de la réalité de la rue (Sansal doit d’ores et déjà faire l’objet d’une fatwa) et non pas de la fenêtre d’une chambre d’hôtel de luxe à St Paul de Vence. Longue vie aux visionnaires car nul comme eux ne parlent aussi bien du présent.
Etape de la page 100 (107) Explorateur Lecteur.com
Le Prologue et la page de garde de la première partie de ce roman nous préparent à un récit déstructuré et labyrinthique. Nous ne sommes pas déçus. La piste du roman épistolaire est jouable mais très vite nous comprenons que la fiction fantasmagorique prime et que les références à Kafka ne sont pas qu'accessoires.
Dans le prolongement de 2084 où l'ombre de Orwell planait sur une lecture futuriste de notre société, nous voilà embarqués grâce à la belle écriture de Boualem Sansal dans un parcours ferroviaire qui pourrait bien être éprouvant.
La première partie est un peu bizarre avec une vieille Allemande qui raconte ses souvenirs et ses peurs à sa fille qui habite à Londres. Mais dans la deuxième partie tout s'éclaire, c'est la fille qui prend la parole et là, on comprend le pourquoi de la première partie bien étrange...
#Explolecteurs Rentrée littéraire 2018 Chronique complète :
« Le train d'Erligen » nous conte l'histoire d'envahisseurs qu'on n'entend ni ne voit pas, aux portes d'Erligen ,petite ville paisible, bourgeoise, jolie et imaginaire située en Allemagne.
Sa narratrice principale en est Ute von Ebert, une vieille dame, héritière d'un empire financier fort important, et qui écrit à sa fille Hannah partie vivre à Londres.
Les politiques d'Erligen vont sous ses yeux faire preuve de peur, de lâcheté et ell,e de courage et de lucidité. Mais à un moment on bascule dans le récit vers d'autres personnages plus ou moins reliés à cette femme. Une jeune femme et sa mère. La mère aurait inventé cette Ute von ebert et sa fille tenterait d'écrire un roman à partir des notes qu'elle a laissées….
J'ai débuté cette lecture avec circonspection. Sans aucune raison. C'est comme cela. Mais j'ai été pour une partie emballée : Le personnage de Ute m'a plu, l'écriture très érudite et au style super littéraire, et cette histoire à la fois tout à fait imaginaire et avec des réflexions poussées , tout cela m'a vraiment intéressée.
J'ai aimé Ute et son esprit incisif, pertinent et sa lucidité franche, elle m'a fait rire par moments, avec son côté vieille dame indigne, la vieille dame bourgeoise qui a son caractère comme on le dit trop souvent,comme si les femmes n'en avaient pas le plus souvent….Une vive intelligence avec une pointe de malice chez Ute, et voilà, ça c'était parfait pour moi.
L'écriture de Boualemn Sansal que je ne connais pas, m'a impressionnée : J'aime les romans épistolaires, et même si Ute ne reçoit pas de réponses, elle écrit des lettres, c'est agréable.On sent beaucoup de maitrise, de recherche dans le choix du vocabulaire, du phrasé, de la langue et ça donnait un style qui ma foi était assez plaisant, collant bien au personnage principal.
Et puis j'aime bien l'imaginaire et là la fiction est totale.
La ville n'existe pas, les personnages sont de vrais personnages, et on part dans un vrai récit romanesque.
J'ai donc bien apprécié la première partie de ce roman.
Et puis ensuite, petit à petit, là , le livre m'a perdue et j'ai eu du mal à le terminer.
Or, j'ai horreur de ça, me forcer à finir un roman, soit je suis prise dans le récit, (et c'est le cas le plus souvent) soit je m'autorise à arrêter.
Honnêtement là j'ai continué par contrat en quelque sorte avec lecteurs.com pour ces 4 lectures de la rentrée littéraire.
Pourquoi le livre m'a lâché ? Parce que trop c'est trop. Je n'aime pas les excès et là c'est ce qui pêche : Trop de volonté de vouloir faire dans l'original, trop de coupure avec le récit de Ute von Ebert , le récit est carrément abandonné, l'auteur prend le risque de frustrer le lecteur ou la lectrice , trop de meta reflexions sur le premier récit et surtout trop de pages pseudo philosophiques que j'ai trouvées très très professorales, moi qui déteste ça le côté donneur de leçons, là , j'en avais la nausée.
Bon, j'avais bien compris : Il y a un prologue : On est prévenus, les deux parties sont explicitées dès le départ.
Ce n'est pas que ce soit difficile à lire, je n'ai pas trouvé, non, mais j'ai ressenti de l'ennui, de l'agacement et une absence totale d'émotion dès la seconde partie – page 143- où à partir de là je me suis demandée pourquoi ? Pourquoi tout ces ajouts, ces débuts de récits, de cours de philo, de réflexion socilogique et littéraire et puis bon… Je viens de lire deux romans américains (excellents par ailleurs) alors les références à Thoreau pour eux encore, je comprends, mais là, c'est plaqué, et puis un peu de références littéraires je n'ai rien contre, mais de façon systématique et répétitive, et bien, c'est simple : cela m'ennuie.
Je peux donc dire que si l'auteur avait suivi son premier récit , (les lettres de Ute von Ebert à sa file Hannah) j'aurais vraiment continué avec plaisir cette lecture .
Hélas….Mon plaisir de lectrice n'aura duré que 133 pages...(Sur 247 )
Je ne suis donc pas mitigée sur cette lecture, mais d'autant plus déçue que le départ m'avait conquise.
C'est comme en Amour, c'est pire que lorsque on n'a pas du tout été séduite.
Une belle déception donc.
Avis de la page 100
Un livre un peu déroutant!
Ute Von Ebert écrit à sa fille qui habite à Londres. Les lettres sont entrecoupées par des morceaux de roman.
Si la langue est belle, le sens de tout cela m'échappe un peu, j'ai du mal à situer la chronologie du livre… Je n'accroche pas trop… mais il faut continuer…
Chronique :
Dans la première partie du roman, Ute Von Ebert, riche héritière, écrit à sa fille Hannah qui habite à Londres. Elle lui raconte la vie dans la ville d’Erlingen, une ville introuvable dans un atlas mais à la sonorité bien allemande. Cette ville risque d’être assiégée par des « ennemis », dont on ne sait pas le nom mais qui semblent à la fois un peu Nazis et à la fois un peu fanatiques religieux . Les habitants attendent un train qui devrait les évacuer dans des conditions certes épouvantables mais tout leur semble mieux que d’attendre « les ennemis ». Tel le train qui devait siffler trois fois dans le film éponyme, il se fait attendre et le roman traîne en longueur... Heureusement, les lettres sont entrecoupées par des morceaux de roman, roman qu’elles avaient décidé d’écrire à deux voix et qui changent un peu le rythme du livre...
Si la langue est belle, le sens de tout cela m'a un peu échappé, j’ai trouvé beaucoup de longueurs et je me suis souvent forcée à continuer. J’ai eu des difficultés à rentrer dans l’histoire car j’avais beaucoup de mal à situer l’époque à laquelle se passent ces évènements… jusqu’à ce que j’entame la deuxième partie. Et là tout s’éclaire : qui est vraiment Ute, qui est Hannah, quand les faits relatés dans le livre se déroulent et surtout pourquoi tout cela m’avait paru si obscur !
Un livre un peu déroutant mais qui gagne effectivement à être terminé car il prend tout son sens dans sa deuxième partie. Un réel questionnement sur le monde contemporain, la violence de nos sociétés, l’extrémisme religieux, ainsi que sur les conséquences collatérales des multiples attentats.
Un livre qui ne laisse pas indifférent et qui donne des pistes de réflexion. Une jolie langue, pleine de mots un peu oubliés, une critique sous-jacente de l’être humain et ses faiblesses.
Avis d'explorateur 2018
Ce roman prend la forme d'une correspondance entre une mère et sa fille. J'aimerai développer plus l'histoire, mais impossible pour moi de le faire sans déflorer le roman, n'ayant pas le talent littéraire de Boualem Sansal.
Donc je reste dans les rails de la quatrième de couverture : Ute Von Eberg représentante de la haute bourgeoise allemande écrit à sa fille Anna qui vit à Londres. Cette correspondance commence au sujet d'un train censé évacuer la ville d' Erlingen et se prolonge tout au long du roman.
J'ai mis beaucoup de temps avant de m'immerger dans cet ouvrage, il m'a fallu arriver, péniblement je l'avoue, jusqu'à la page 180, soit très exactement les deux tiers du livre pour comprendre enfin la problématique soulevée par Boualem Sansal. Le train d' Erlingen prend alors son essor et la pesanteur ressentie au début s'évanouit pour laisser place à des considérations hautement philosophiques. Hélas, le terminus est en vue et le roman terminé ! J'ai trouvé la construction narrative assez complexe, ce qui peut être considéré comme un obstacle à la lecture ou comme un élément de qualité littéraire, c'est selon la sensibilité de chacun. Par contre, les allusions et les références à La Métamorphose de Franz Kafka, si elles semblent pertinentes au début du roman, deviennent indigestes ensuite par leur répétition constante.
Mon ressenti après la lecture pas toujours facile du Train d' Erlingen est que si la plume est belle, le récit est cahoteux, tortueux et plein de méandres qui égarent le lecteur non initié à la pensée de Boualem Sansal. Bref, c'est un livre que l'on peut trouver passionnant (ce qui n'est pas mon cas), plus intellectuel que ludique, qui tente de décrypter un monde qui risque de s'obscurcir. Cependant ce roman m'a donné l'occasion de réfléchir sur des thèmes chers à nos démocraties mais il me laisse toutefois un goût d'inachevé.
Avis de la page 100.
Ute Von Eberg représentante de la haute bourgeoise allemande écrit à sa fille Anna qui vit à Londres. Cette correspondance à sens unique ( mère – fille ) au sujet d'un train censé évacuer la ville d' Erlingen s'étale tout au long de ces cent premières pages.
Il apparaît au fil de la lecture que cette correspondance est en réalité une chronique de la société contemporaine, émaillé par des aphorismes philosophiques.
Bref, j'erre entre un discours littéraire à mi chemin entre Kafka pour le côté absurde et Camus pour le côté philosophe. Après une centaine de pages, si le train pour Erlingen a démarré, le lecteur que je suis est resté sur le quai...
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