Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Cette nouvelle édition comprend, en plus d'une révision du texte, une présentation d'Alain Riffaud (spécialiste de l'auteur) ainsi que des dessins et des photos, pour certaines inédites.
Sous l'Occupation, une famille française est contrainte de loger un officier allemand : c'est un homme de grande culture, souriant, sensible et droit. Pourtant, soir après soir, le nouveau maître du pays ne trouvera que le silence obstiné de ses hôtes, un silence au creux duquel apparaît toute "la vie sous-marine des sentiments cachés, des désirs et des pensées qui luttent". Le Silence de la mer est un réquisitoire implacable contre la barbarie hitlérienne. Les récits qui l'accompagnent ont une portée tout aussi forte. Ils lancent un vibrant appel aux vertus d'un humanisme conscient de ses devoirs.
Le Silence de la mer, devenu un classique traduit dans le monde entier, loué, étudié, adapté au cinéma, est le premier grand livre de la Résistance.
Je poursuis le mois de la nouvelle avec ce recueil devenu un classique, mais que je n'avais jamais lu. L'auteur en est Jean Bruller, sous le pseudonyme de Vercors, qui écrivit son premier texte en 1942, en réaction à la présence des Allemands. Imprimé clandestinement, il a été la première publication des éditions de Minuit.
Le silence de la mer raconte l'installation d'un officier allemand dans une maison habitée par un oncle et sa nièce, et le silence qu'ils lui opposent.
Si les autres nouvelles ont toutes pour cadre la France occupée, l'une d'elles, La marche à l'étoile, plonge ses racines plus loin, en Bohême, où Thomas Muritz, né à la fin du XIXème siècle, tombe amoureux de la culture française, et finit par réussir au terme d'une longue marche, à rejoindre son pays rêvé.
C'est peut-être la nouvelle que j'ai préférée, mais toutes sont très percutantes et exaltent les sentiments patriotiques et l'esprit de résistance. On ne peut qu'y trouver des échos à la situation actuelle en Ukraine. Ce que l'auteur montre de la Résistance n'est pas uniquement l'aspect intellectuel et la puissance des écrits, mais ce thème revient plusieurs fois. L'ensemble se révèle passionnant, même s'il est assez pesant, et c'est difficile pour le moral d'enchaîner les textes les uns à la suite des autres. Ce petit livre est à conseiller à tous, et très certainement à des lecteurs plus jeunes pour qui cette période historique commence à être un peu abstraite.
Jean Bruller officiait dans la résistance sous le pseudonyme de Vercors. Ce roman publié le 20 février 1942, de façon clandestine, se compose de 8 récits ainsi que d'un dossier sur Jean Bruller, ses actions, ses combats.
Le silence de la mer est une invitation à refuser l'occupation allemande et à utiliser le silence comme moyen de résistance face à l'ennemi.
Ce livre va à la découverte de cet écrivain tant par son écriture que par son combat.
Une écriture admirable pour définir « ce qui est humain dans l’Homme » et dépeindre la genèse du silence et l’affirmation de l’être prisonnier d’une confiance bafouée.
Recueil de nouvelles aux atmosphères tendues et qui témoignent de la vie et de l’état d’esprit au début de l’occupation nazi en France, pays où l’honneur devient défaillant parmi une population naïve se compromettant avec un occupant qui l’endort avec de belles promesses d’union solide et aimante quand, au contraire, d’autres, méfiants, comme Vercors, préviennent du danger latent et s’opposent aux Allemands avec une force passive ou active qui, dès 1942 deviendra très active avec la formation de nombreux groupes de résistance alors que les Français dans l’ensemble, hormis les collabos, se réveilleront de leur crédulité et auront compris les intentions malveillantes et épouvantables de l’ennemi.
Écrit en 1941, ‘Le silence de la mer’ est l’œuvre majeure de Vercors.
Cette nouvelle d’une centaine de pages qui rejoint les annales de la littérature classique française, a été le premier document publié par les Editions de Minuit que Vercors et son ami Pierre de Lescure créèrent clandestinement en termes de rébellion contre la vindicte nazi exercée sur l’univers culturel.
Vingt-cinq volumes d’écrivains appartenant à la Résistance y seront édités de 1941 à 1944. La plupart endosseront un pseudonyme relatif à une région française comme le fit Vercors de son vrai nom : Jean Bruller.
En 1948, Jean-Pierre Melville dans une lecture à voix haute, porta le récit à l’écran.
Au fin fond d’une campagne montagneuse française, au début de l’invasion nazi, un vieil homme et sa nièce sont contraints d’héberger un officier allemand.
L’homme est poli, correct, érudit, et francophile. Il tient la France en haute estime et est convaincu du bienfondé de la forte Allemagne venue sauver une France affaiblie par sa politique, en réunissant les deux pays, les musiciens allemands et les écrivains français.
Chaque soir, vêtu en civil mais sans familiarité, dans le fumoir près du feu, il leur tiendra compagnie et livrera avec force longs monologues, sa vie personnelle et un cœur noble. Six mois durant, Werner en essayant de partager la connaissance des œuvres classiques posées sur les étagères ou en jouant Bach sur l’harmonium familial, il essaiera en vain de briser la glace du mutisme implacable que lui réservent ses hôtes.
« D’un accord tacite nous avions décidé, ma nièce et moi, de ne rien changer à notre vie, fût-ce le moindre détail : comme si l’officier n’existait pas, comme s’il eût été un fantôme. Mais il se peut qu’un autre sentiment se mêlât dans mon cœur à cette volonté : je ne puis sans souffrir offenser un homme, fût-il mon pire ennemi. »
« Le silence se prolongeait. Il devenait de plus en plus épais, comme le brouillard du matin. Épais et immobile. L’immobilité de ma nièce, la mienne aussi sans doute, assourdissait ce silence, le rendaient de plomb. »
Un soir de grand froid, Werner von Ebrennac leur dit : « Je suis musicien (…) C’est une drôle de figure pour moi de me voir en homme de guerre. »
Une fois qu’il leur eût souhaité une bonne nuit, l’oncle dit à sa nièce : « C’est peut-être inhumain de lui refuser l’obole d’un seul mot. »
Un autre soir, Werner leur dit : « Où est la différence entre un feu de chez moi et celui-ci ? Seule la lumière qui s’en dégage éclaire d’autres objets, d’autres livres, d’autres gens. »
Citant les grands écrivains français et les grands musiciens allemands, il dit lentement : « Et nous nous sommes fait la guerre ! (…) Mais c’est la dernière ! Nous ne nous battrons plus ; nous nous marierons ! (…) Oui, oui ! »
« Son regard se porta sur le mien que je détournai. » Puis il dit : « Je suis heureux d’avoir trouvé ici un vieil homme digne. Et une demoiselle silencieuse. Il faudra vaincre ce silence. Il faudra vaincre le silence de la France. Cela me plaît. »
Avant de quitter la pièce avec son coutumier « Je vous souhaite une bonne nuit », l’officier cita l’histoire de la Belle et la Bête, un conte qu’il relisait sans cesse.
Un autre soir, il parla de ses voyages. Ses deux villes préférées étaient Nuremberg et Prague.
Alors on peut se demander si cet officier de la Wehrmacht n’est pas un peu simplet !! Pourquoi Vercors le dépeint si affable et innocent ?
Il y a entre autre 2 raisons : la première est que sa nouvelle sert de cri d’alarme lancé aux Français qui tombent dans le piège de ces Allemands polis et aimables qui viennent de débarquer sur notre sol et charmer le peuple des chaumières pour mieux te manger mon enfant. La deuxième raison est que, effectivement, tous les soldats allemands n’étaient pas d’horribles brutes sanguinaires, beaucoup d’entre eux n’adhéraient pas aux idées de Hitler et étaient des hommes braves et de conviction, ainsi l’était Werner von Ebrennac.
« Il descendit un soir, tenant un livre refermé sur l’index. (…) C’est une page de McBeth. » Il leur lit et répète une phrase : « Ceux qu’il commande obéissent à la crainte et non plus à l’amour. » Le vieil homme pense immédiatement à Hitler quand von Ebrennac lui, pense à l’Amiral de la France.
« Un chef qui n’a pas l’amour des siens est un bien misérable mannequin. (…) Qui donc, sinon un aussi morne ambitieux, eût accepté ce rôle ? Or il le fallait. Oui, il fallait quelqu’un qui acceptât de vendre sa patrie parce que aujourd’hui, — aujourd’hui et pour longtemps la France ne peut tomber volontairement dans nos bras ouverts sans perdre à ses yeux sa propre dignité. »
Pour Werner, l’Allemagne va sauver la France et pouvoir lui donner tout l’amour qu’elle mérite. « Il fit claquer le livre en le fermant. »
Werner est absolument convaincu : l’Allemagne va rendre à la France sa grandeur et sa liberté.
Puis, il se rendra quelques jours à Paris, rejoindre ses amis où il va sérieusement déchanter. Toutes ses illusions d’amour, de beauté, de paix et d’union seront foulées au cœur. Le régime fasciste auquel il appartient, lui imposera à son tour le silence de ses idées pacifistes.
La puissance et l’âme de la France seront vouées à être détruites. Surtout son âme. « Nous en ferons une chienne rampante. »
C’est son meilleur ami, avec qui il lisait de la poésie, qui fut le plus enragé. Aimer la France était un grand péril et l’Europe serait purgée de ce poison. Que tous ouvrages culturels, classiques et modernes devront disparaitre. Les Racine, Ronsard, Rousseau, Péguy, Proust, Bergson. Tous, tous, tous devront disparaître des yeux des lecteurs. « C’est notre droit et notre devoir. »
De retour à la campagne, il ne redescendit au fumoir qu’après quelques jours lourds de son absence et de son silence.
Cintré dans son impressionnant uniforme SS, il expliqua qu’à Paris, il fût blâmé. Qu’il fallait oublier tout ce que les murs de la pièce avaient entendu depuis les six derniers mois.
« Son front, bourrelé et fripé, ressemblait à un grelin d’amarre. Ses lèvres tremblèrent, — des lèvres de malade à la fois fiévreuses et pâles. — Ils m’ont blâmé. »
« Il était toujours immobile, raide et droit dans l’embrasure de la porte les bras allongés comme s’ils eussent à porter des mains de plomb.
(…)
« Mais moi qui étais assis dans mon fauteuil profond et avais le visage à hauteur de sa main gauche, je voyais cette main, mes yeux furent saisis par cette main et y demeurèrent comme enchaînés, à cause du spectacle pathétique qu'elle me donnait et qui démentait pathétiquement toute l'attitude de l'homme...
J'appris ce jour-là qu'une main peut, pour qui sait l'observer, refléter les émotions aussi bien qu'un visage, − aussi bien et mieux qu'un visage car elle échappe davantage au contrôle de la volonté. Et les doigts de cette main-là se tendaient et se pliaient, se pressaient et s'accrochaient, se livraient à la plus intense mimique tandis que le visage et tout le corps demeuraient immobiles et compassés. »
« Il serrait la mâchoire avec une telle énergie que je voyais saillir les pommettes, et une veine, épaisse et tortueuse comme un ver, battre sous la tempe. Soudain toute la peau de son visage remua, dans une sorte de frémissement souterrain, — comme fait un coup de brise sur un lac (…) Et ses yeux s’accrochèrent aux yeux pâles et dilatés de ma nièce, et il dit, sur un ton bas, uniforme, intense et oppressé, avec une lenteur accablée : — Il n’y a pas d’espoir.
Ensuite, le silence. »
Un silence terriblement bruyant, bavard, puissant et redoutable s’installe entre l’officier et la nièce qui font face à une féroce dictature.
Sur sa demande, Werner rejoindra une division en campagne et précisa « pour l’enfer ».
Dans un Adieu soufflé, à peine audible, « Il fallait avoir guetté ce mot pour l’entendre. », pour la première fois, lui et la nièce, se regardèrent d’un long regard silencieux, oppressé et au désespoir de ne jamais se revoir.
Werner, une belle âme, n’est pour finir qu’un homme soumis…
C’est une lecture magistrale pour cent pages d’une rare intensité.
Les autres nouvelles sont toutes aussi passionnantes, tendues et remarquablement bien rédigées.
Pendant la seconde guerre, un homme et sa nièce se voient contraints d’héberger un officier allemand. Alors que cet officier se montre être un homme raffiné, instruit, idéaliste et ayant les meilleures dispositions envers la France, pays qu’il adore, ses hôtes vont lui opposer un silence absolu.
« Le simple refus de parler avec l’occupant peut apparaitre de nos jours comme une action bien dérisoire. Mais dans la France désemparée de 1940, c’était un moyen de préserver sa dignité, de manifester son refus ».
J’en aurai aimé davantage.
La relation entre les 3 personnages est intéressante. La lutte silencieuse que mènent le vieillard et sa nièce va s'avérer plus difficile que prévue car l'allemand se montre d'une grande gentillesse et courtoisie envers eux malgré leur attitude froide et distante. Dans le livre, sa désillusion personnelle lorsqu'il découvre les véritables desseins de l'allemagne (qui n'est pas montrée dans le film) est touchante.
J’avais vu le film tiré de cette nouvelle très courte. Une bonne adaptation avec le charmant Thomas Jouannet, Julie Delarme et Michel Galabru où des choses ont été rajoutées à l’histoire car le texte d’origine étant une nouvelle cela s’avère très court. Dans le film, on en vient nous aussi à apprécier cet allemand touchant et même à avoir un peu de peine pour lui.
Par contre le reste du livre… quel ennui ! Les autres récits m’ont été laborieux à lire, je me suis profondément ennuyée. Heureusement qu’il s’agit aussi de nouvelles cela a mis fin plus rapidement à ma lecture.
De ce livre ne m’a intéressée que « le silence de la mer » et plus encore le dossier situé à la fin du livre concernant cette histoire.
En effet, celle-ci fut diffusée clandestinement sous l’occupation allemande s’étendant à de nombreux pays pour devenir culte.
Dans ce dossier y sont expliqués le parcours de Vercors, de son vrai nom Jean Bruller, son opposition à l’occupation en imprimant des textes dans le but d’inciter les français à résister, la fabrication de son livre, les lieux de mémoire encore visibles à Paris liés au circuit de fabrication du « silence de la mer », l’explication du titre pour le moins étrange quand on lit la nouvelle et l’analyse de l’histoire elle-même.
Voici un livre qui fut publié clandestinement à l'automne 1941, dans ce qui était une manière de résister à l'envahisseur allemand. Mais il s'agit surtout d'une suite de récits, traitant tous sous différentes formes de la guerre 39-45 et de son horreur.
La nouvelle qui prête son titre au livre est, à mon avis, la meilleure. La pensée de la trahison traverse les histoires comme une idée fixe qui se rappellerait à nous à la façon du refoulement chez Freud, à noter également que le style de cet écrivain, dont le vrai nom est Jean Bruller, y est impeccable et ne glisse jamais dans le surfait.
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