"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À travers le rideau déchiré des apparences, on aperçoit la vue choquante d'un bourbier glauque.
Cracovie, 1895. Zofia Turboty?ska et sa cuisinière Franciszka ont fort à faire pour organiser les festivités de Pâques, d'autant plus qu'une femme de chambre manque à l'appel - où est passée l'efficace Karolina, qui a remis sa démission avant de disparaître du jour au lendemain ?
Peu de temps après, Zofia apprend que le corps d'une jeune femme, violée et poignardée, s'est échoué sur une rive de la Vistule. Le travail domestique peut attendre, Zofia, poussée par son instinct de détective amateure, se doit d'aller enquêter. Sous le choc, elle découvre que la victime est nulle autre que Karolina. En collaborant avec la police, Zofia se retrouve entraînée dans les bas-fonds de la ville, bien loin de la Cracovie mondaine qu'elle connaît. Cependant, guidée par un désir impérieux de faire la lumière sur le sort de Karolina, elle repousse ses préjugés et s'enfonce dans un monde de prostituées, de gangsters et de politiciens fourbes pour démêler une histoire tordue d'amour et de tromperie. Sur ce chemin qui l'emmène des districts les plus pauvres de la Galicie jusqu'aux plus hauts échelons de la société, Zofia se verra obligée de mettre en question tout ce qu'elle croyait immuable.
Deuxième volume des aventures de Zofia Turbotyska, l'enquêtrice la plus iconoclaste de Cracovie, Le Rideau déchiré s'attaque avec esprit et talent aux injustices et inégalités qui frappent les femmes à l'époque de l'Empire - et à la nôtre.
Quel plaisir de retrouver Zofia Turbotynska et de chercher avec elle et sa servante ce qui est arrivée à une autre jeune de ses servantes. Le corps de Karolina a été retrouvé sur les bords de la Vistule.
Zofia "voulait que quelqu'un apprenne son secret, que dans la Jekyll, épouse posée du docteur, quelqu'un apprécie Mlle Hyde, intrépide traqueuse de crimes" (p176) et j'ai apprécié déambuler dans les rues, dans les bas fonds de Cracovie au début du siècle.
Les auteurs nous entraînent dans l'Histoire avec un grand H mais aussi dans des "petites" histoires du quotidien, quotidien de la bourgeoisie, mais aussi du petit personnel et des petits gens de la ville.
Nous sommes en 1895, époque avec beaucoup d'inventions techniques (un nouveau tramway), de nouvelles idées et pensées jaillisses dans les universités, dans les laboratoires. Les auteurs nous parlent aussi de la condition féminine, que ce soit celle des personnels de maison ou de la bourgeoisie. Nous avions découvert dans le premier tome la vie dans les institutions religieuses, dans celui ci nous découvrons le monde bourgeois et son "petit personnel". Mais ils décrivent aussi la montée des revendications sociales, sociétales.
Il me tarde de continuer la lecture de ces aventures et aime me balader avec Zofia mais aussi m'asseoir avec elle et son mari, elle avec son travail de couture et lui lui faisant la lecture des nouvelles du journal...
"Le rideau déchiré des apparences laisse entrevoir un sordide bourbier."
Quelle joie de retourner dans les appartements de l’impertinente Zofia Turbotynska ! Dans la Cracovie de la fin du XIXème siècle, elle est à la fois en parfaite adéquation avec le décor et décalée par rapport à ses concitoyens.
La grande dame polonaise est restée fidèle à elle-même pour notre plus grand bonheur. Dans ce deuxième épisode, c’est un personnage de son entourage qui est la victime. La volonté de Zofia de rechercher et de trouver la vérité devient alors encore plus forte. Elle va faire preuve de persévérance et utiliser toutes ses influences afin de récolter les réponses à ses questions. Comme à son habitude, elle n’hésite pas à court-circuiter les forces de l’ordre en utilisant son talent de persuasion.
Cette série nous ouvre les portes sur le monde bourgeois de l’époque. A travers les échanges entre les protagonistes, l’autrice met en lumière les mœurs et les pensées de cette catégorie sociale. Cet épisode n’est d’ailleurs pas avare de commentaires et d’actes dédaigneux envers les petites gens.
La place de la femme est aussi au cœur des investigations. Malgré une héroïne forte, ce roman dépeint une société patriarcale qui définit strictement les devoirs des femmes. Même l’insolente et caractérielle Zofia ne fait pas bouger les lignes. Elle apporte toujours du piment à l’aventure, grâce à ses répliques, elle est parfois comme un chien dans un jeux de quilles mais elle reste toujours dans les limites de bienséance et des coutumes.
J’ai trouvé cet opus un peu moins divertissant que le précédent. J’y ai retrouvé avec plaisir le tableau sans concession du monde de cette époque mais il m’a manqué une dose supplémentaire d’humour qui était beaucoup plus présente lors de la première enquête. J’ai néanmoins passé un bon moment de lecture et tant que Zofia continue à faire des siennes, je serai là pour profiter du spectacle !
https://leslivresdek79.wordpress.com/2023/07/26/864-maryla-szymiczkowa-le-rideau-dechire/
Zofia Turbotyńska se lance dans une nouvelle enquête pour trouver l’assassin de sa servante Karolina. Aidée de sa domestique inflexible Franciszka, à la barbe de son mari Ignacy qui n’y voit goutte, Zofia mettra plus d’un an a trouver le coupable.
J’ai aimé les personnages du juge dormeur Rozmarynowicz, le nom de l’enquêteur Lunicorne, l’étudiant sexologue Kurkiewicz.
J’ai eu de la peine pour Léon Brand, le Job des souteneurs cracoviens, dont on apprend en fin d’ouvrage qu’il a réellement existé.
J’ai découvert le costume traditionnelle kontusz, une longue robe sans manche portée par les nobles en Pologne et Lituanie au XVIIe et XVIIIe siècles.
J’ai également appris l’existence de la dynastie royale Jagellon qui régna sur une partie de l’Europe de l’Est ; et me suis rappeler les uhlans (ces cavaliers mercenaires de l’armée de Prusse te de Pologne).
Ignacy m’a fait sourire avec sa manie de coller des coupures de presse dans son album et ses déboires en vélo.
J’ai également appris des synonymes de souteneur : barbiquet ou alphonse, entre autre.
Le godet avec protège moustache m’a surprise.
Enfin, j’ai appris que pour donner plus de goût à la confiture de prunes, il faut rajouter quelques morceaux de noix.
Je m’aperçois qu’avec tout ces détails, je ne vous ai pas parlé de l’intrigue : Zofia va devoir plonger dans le milieu interlope de la traite des femmes.
Encore une fois, j’ai aimé l’humour de la narration et Zofia, féministe qui s’ignore.
J’ai aimé que le crime, au départ qualifié de passionnel, cache en fait une vengeance sordide.
J’ai aimé que la résolution de cette affaire mineure, mais qui tient à coeur à Zofia, mette plus d’un an à être résolu : Zofia ne lâche jamais l’affaire.
Je dois avouer que je n’ai pas trouvé le coupable, tant la machination était sophistiquée.
J’ai aimé que derrière les fastes de l’Empire de François-Joseph il y ai des hommes et des femmes qui survivent comme ils peuvent. Et que le titre du rideau déchiré s’explique.
Enfin, tout au long de ma lecture, je me suis posée la question de la présence du Dr Jekyl et de Mr Hyde (Zofia lit cette histoire dans le journal) : dans l’enquête, qui pouvait bien être l’homme aux deux visages ?
Quelques citations :
le principe de Fredro selon lequel « la famille, soyez-en sûrs, ce sont aussi des humains, bien qu’ils soient parents. » (p.8)
… c’est un affront pour lequel on paye de son sang. – De son sang ? Parfait, dit Zofia en haussant la voix, mais pourquoi du sang d’une jeune fille sans défense, pourquoi ne s’est-il pas jeté sur cet ingénieur, avec son couteau ? C’est un adversaire plus digne. (p.63)
Mais l’idée que le premier freluquet venu, dépourvu d’éducation, puisse donner sa voix dans les élections au même titre que…. je ne sais pas… le comte Tarnowski ?! C’est vraiment contraire au bon sens… (p.99)
Le serf a été libéré de son maître, mais on a poussé la femme dans un servacge encore plus horrible. (p.179)
La saleté et le désordre cachés par la beauté des guirlandes. Le masque du simulacre posé sur une réalité hideuse. (p.305)
L’image que je retiendrai :
Celle du lait Pompadour bien mystérieux pour moi dont se tartine Zofia avant de sortir de chez elle.
https://alexmotamots.fr/le-rideau-dechire-maryla-szymiczkowa/
A Cracovie, en 1895, on ne plaisante pas avec Pâques chez Zofia Turbotynska. Les préparatifs vont bon train, d'autant que Karolina, femme de chambre, vient de donner sa démission. On la retrouve morte le lendemain sur les bords de la Vistule. Zofia va devoir faire appel à ses dons d'enquêtrice...
Après "Madame Mohr a disparu", on retrouve le duo d'auteurs polonais et leur héroïne Zofia. Son enquête va la mener dans les bas-fonds de Cracovie, loin des salons mondains qu'elle affectionne. Elle continue, dans son style bien particulier, de faire semblant de collaborer avec la police et mène son enquête de son côté.
Je ne suis pas forcément fan de cosy-crime mais il faut bien reconnaître qu'il revêt ici une saveur spéciale. Dans un style à la fois soigné et caustique, les auteurs parviennent à peindre la bourgeoisie polonaise avec humour. Ils abordent ici aussi la place des femmes au XIXème siècle, entre la guindée Zofia qui cherche à s'encanailler et la défunte Karolina qui cherchait à échapper à son statut.
Zofia est une Miss Marple plus qu'attirante. Sous ses airs coincés, elle cherche à comprendre le monde qui l'entoure, en allant au-delà des apparences auxquelles elle tient tant. Une série polar originale à découvrir !
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