Toujours plus de conseils de lecture pour votre été !
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Toujours plus de conseils de lecture pour votre été !
Sélectionner parmi la liste du Prix Renaudot 2024, ce récit historique et fresque familial sur trois générations raconte la destiné des membres d'une famille camerounaise, une lecture sur la géographie politique et intime, époque pré colonialiste et coloniale. On habite certains lieux tandis que l'on fuit d'autres. L'autrice fait le récit d'un double déracinement, avec une plume splendide, magnifique, poétique, le passé et le présent s'entremêle comme les histoires de Zacharias et Zachary qui ne se connaissent pas. Les personnages sont bien construits et décrits.
Roman des blessures profondes, de la perception de soi, abordant la question raciale et les diverses discriminations. Un récit à deux voix et de familles.
"Quand l'occasion de partir m'a été offerte, je me suis enfui. Dans l'avion qui me menait au loin, j'ai eu le sentiment de respirer à pleins poumons pour la première fois de ma vie et j'en ai pleuré de soulagement. On peut mourir mille morts, un peu à la fois, à essayer de sauver malgré lui l'être aimé. J'avais offert à Dorothée mon corps en bouclier, mon silence complice, le souffle attentif de mes nuits d'enfant et en grandissant l'argent que me rapportaient mes larcins, sans parvenir à l'arrimer à la vie. Je pensais ne jamais la quitter, mais lorsque les événements m'y contraignirent, j'hésitai à peine. C'était elle ou moi. Je tranchai pour nous deux."
"Couper tous les ponts, larguer les amarres et ne plus pouvoir revenir en arrière. Nous ne devrions pas avoir à avancer sans repères, sans protection, nous délester de tout ce que nous avons été, s’arracher à soi en espérant germer dans une nouvelle terre. Ceux qui ont ce privilège voyagent l’esprit léger. Ils partent de leur plein gré, sachant qu’ils peuvent revenir quand bon leur semble."
Dans ce roman qui traire de l’identité et de l’exil, le destin de deux hommes, tous deux nommés Zacharias, s’entrelace.
Le premier est pêcheur à Campo, petit village du Cameroun qui vit de pêche et de culture. Jusqu’au jour où l’installation d’une firme forestière et l’industrialisation de la pêche avec ses chalutiers bouleverse l’équilibre précaire et ancestral des familles. Zacharias, qui chérit son épouse et ses deux filles, va se retrouver dépossédé de son bonheur.
Deux générations plus tard, son petit-fils Zacharias ignore tout du destin tragique de sa famille. Il vit à Douala dans un quartier pauvre et sa mère, « maman bordelle » se prostitue pour survivre.
Zacharias va quitter le Cameroun pour étudier en France. Ses racines brutalement coupées, il veut repartir pour une nouvelle vie. Mais peut-on vivre dans le mensonge, coupé de ses origines ?
« Ici, personne ne me connaissait, ne me demandait des comptes, ici, j’étais libre d’être celui que je souhaitais être. A cette étape de ma vie, j’étais persuadé que l’on pouvait se soustraire à ses souvenirs, s’absoudre de ses fautes simplement en se dissociant de celui que l’on était au moment de les commettre. »
Il y a une véritable recherche d’identité, la volonté de surmonter les traumatismes chez Zack dont la vie n’est qu’une imposture jusqu’à ce que le passé le rattrape.
Chez les deux Zacharias, à plusieurs années d’écart, on assiste à la perte du pays et des racines, perte qui se fait dans la douleur du renoncement.
J’ai aimé découvrir dans ce récit la culture populaire du Cameroun, avec cette langue, le pidgin camerounais, très colorée. L’auteure nous dévoile aussi les coutumes, la force de transmission au sein de la famille. Quand ce lien se rompt brutalement, il y a une perte d’identité qui influe sur la personne. Et c’est ce qu’on constate chez Zack qui fuit sans cesse en trainant sa culpabilité. Il a du mal à se situer dans sa nouvelle vie dans laquelle il doit affronter la discrimination raciale.
J’ai été beaucoup moins convaincue par la manière de traiter ce sujet complexe. L’histoire, avec un va-et-vient entre passé et présent, entre Cameroun et France, est faite d’une multitude de ramifications, un peu comme cet arbre généalogique tombé à terre mais qui, peu à peu, va se relever sous nos yeux.
Cette fresque romanesque portée par une voix puissante, pleine d’empathie, nous emporte loin à travers les liens du sang et deux cultures différentes.
La fin de l’histoire, qui exalte le lien familial et les origines, apporte la note d’espoir aux côtés sombres de ce récit. Elle ne m’a cependant pas convaincue.
Hasard de mes lectures, voici une deuxième lecture avec, comme personnage principal, un pêcheur et l'évolution de sa profession et de la région décrite.
J'ai lu récemment le premier tome de "sur les côtes de Terre Neuve - Sylvanus" de Donna Morissey et Sylvanus est pêcheur traditionnel qui va faire face à l'évolution de sa profession. Des bateaux frigo industriels vont modifier le métier et le territoire.
Dans "le rêve du pécheur" nous sommes sur les côtes du Cameroun et l'un des personnages va subir lui aussi les changements; Dans ce livre, c'est l'arrivée d'une société forestière qui va modifier la vie et les métiers des habitants.
L'auteure va nous narrer la vie de Zack, qui vit en France et la vie de son grand père, pêcheur traditionnel, qui a disparu en mer.
Zack a fui le Cameroun à dix-huit ans, abandonnant sa mère, Dorothée, à son sort et à ses secrets. Devenu psychologue clinicien à Paris, marié et père de famille, il est rattrapé par le passé alors que la vie qu’il s’est construite prend l’eau de toutes parts...
À quelques décennies de là, son grand-père Zacharias, pêcheur dans un petit village côtier, voit son mode de vie traditionnel bouleversé par une importante compagnie forestière. Il rêve d’un autre avenir pour les siens…
Ce texte est un bel hommage aux êtres, à ceux qui restent, à ceux qui s'exilent, à ceux qui reviennent. Même si nous voulons oublier, effacer, les liens entre générations persistent, des liens de transmission existent malgré les distances, les oublis, les dénis.
J'ai beaucoup aimé ce texte et les différents portraits, les différentes situations vécues. L'auteure parle d'héritage, de résilience. Elle parle aussi très bien des changements sur certains territoires, sur des traditions qui tentent de persister, de soit-disantes modernités qui transforment des régions et des traditions de vie.
Je vais continuer ma découverte des textes de cette auteure.
Je ne lis pas beaucoup de livres d'écrivains africains, C'est un continent, surtout l'Afrique noire, que je connais très peu. Alors qui rêver de mieux pour m'accompagner dans cette lecture que notre spécialiste, Francine connue comme afriqueah, et dont la critique publiée il y a peu d'un livre précédent de l'autrice Les maquisards m'avait alléchée.
C'est un livre qui m'a emportée, envoutée. Un livre très riche où l'autrice à travers les différentes générations d'une même famille aborde beaucoup de thèmes, tous passionnants.
Le livre débute sur une plage, à l'endroit où le fleuve se jette dans la mer, un endroit privilégié, où la vie même si elle n'est pas facile semble heureuse. Les hommes sont pêcheurs, les femmes cultivent la terre, les enfants jouent. Mais ce bel équilibre est rompu un jour par l'arrivée d'une coopérative qui va gérer le marché du poisson et insidieusement en les poussant à s'endetter pour des biens dont ils s'étaient toujours passés, introduisant des chalutiers modernes, va ruiner les pêcheurs juste armés de leurs pirogues traditionnelles. Pour Zacharias, cette possibilité d'acheter cette moto, ce four, ces chaussures pour sa femme, ces bonbons et jouets pour ses filles, était une revanche sur l'échec de ces études, Il est pêcheur par défaut. Ce n'est pas ce dont il avait rêvé. Il ne voit pas le piège qui se referme sur lui. Yalana sa femme en est plus consciente que lui :
« — Tu me dis que tu achètes toutes ces choses en vendant du poisson que tu n'as pas encore pêché ? Elle exprima spontanément son incrédulité, mais ne poursuivit pas la conversation. Zacharias se raidit, son visage se ferma. »
En parallèle on suit la vie de Zach. Il est le petit fils de Zacharias, mais ne le sait pas. Sa mère ne lui a jamais parlé de sa famille. Il ne sait pas d'où il vient. Il ne connaît pas le dialecte de sa famille. Il est seul avec sa mère qui vend son corps pour vivre et boit la plus grande partie de ce qu'elle gagne. Alors un jour, après une histoire qui se termine mal, Zach s'envole pour la France et tourne le dos à son passé :
« À cette étape de ma vie, j'étais persuadé que l'on pouvait se soustraire à ses souvenirs, s'absoudre de ses fautes simplement en se dissociant de celui que l'on était au moment de les commettre. Je pensais qu'il suffisait de décider d'être heureux et d'aller de l'avant pour que le passé disparaisse comme par magie et que la vie redevienne une page vierge. Je suppose que quelque part en enfer, le diable rit encore de ma naïveté. »
Il faudra quelques évènements pour le ramener en Afrique, et se retrouver, comprendre qui il est et sauver son présent.
L'autrice entremêle les deux histoires, racontant à la fois pour chacune d'entre elles les enfances et la vie adulte des membres de la famille. Cette famille qui va connaitre bien des déchirures, où les non-dits tuent peu à peu la communication, où les mots ne sont pas là pour essayer de se comprendre :
« de même n'étaient-ils pas coutumiers de longues conversations intimes. Leur histoire n'était pas faite de paroles mais de disponibilité l'un envers l'autre, elle se traduisait dans la routine concrète d'un quotidien heureux. Pour mettre les mots sur leur malaise, il leur aurait fallu une expérience qu'ils n'avaient pas. »
Les hommes sombrent souvent, les femmes sont fortes, elles n'ont souvent pas le choix, ce sont elles qui maintiennent tant bien que mal la famille en vie, même si elles aussi commettent des erreurs.
J'ai aussi aimé la partie qui se passe en France, où l'autrice décrit avec beaucoup de justesse le comportement de Zach, qui évite de faire des vagues, qui fait tout pour se fondre dans la masse, qui préfère ignorer quelquefois le racisme, souvent au moins une certaine condescendance dont il est victime. Zach qui deviendra psychologue clinicien auprès d'enfants pour les sauver, à défaut de se sauver lui-même, jusqu'au jour où sa propre histoire viendra s'immiscer dans le cas d'un de ses patients, pour hélas lui faire prendre de mauvaises décisions.
Tout dans ce livre est d'une incroyable justesse, la description de la vie en France de Zach, les cicatrices laissées par la vie qui passe, le sentiment d'échec qui peut ronger un homme et l'amener aux pires erreurs, la difficulté des relations entre mari et femme, entre mère et fille, ou mère et fils quand la vision de la vie devient différente, mais aussi la force de ces relations qui au-delà des erreurs, au-delà des errances permettront aux personnages de se réconcilier. L'autrice mêle adroitement passé et présent, croyances locales et modernité, France et Afrique. Elle dresse de beaux portraits, des personnages qui m'ont tous touchée et auxquels elle porte une tendresse que l'on sent dans chacune de ses pages.
Et le tout raconté dans une écriture splendide, poétique, aux mots qui sonnent juste, qui savent exprimer par des tournures magnifiques les sentiments et les expériences complexes que vivent les personnages. Une lecture bouleversante.
Calmes de part et d’autre de l’embouchure, c’est pourtant dans le fracas que les eaux foncées du fleuve Ntem rencontrent celles plus claires de l’Atlantique. A l’image de cette confluence tumultueuse, depuis le village de pêcheurs de Campo jusqu’à Paris et les traumas de l’exil, la romancière camerounaise Hemley Boum raconte le parcours sur plusieurs générations d’une famille de son pays et, à travers elle, les rapports historiques entre la France et l’Afrique.
Ils s’appellent tous deux Zacharias, l’un le grand-père, l’autre le petit-fils, mais ils ne se connaissent pas. Lorsque le récit s’ouvre, le premier est pêcheur à Combo et coule des jours paisibles entre sa femme Yalana et leurs deux petites filles. Il n’a pas encore succombé aux nouveaux rêves – moto, radio, frigo… – qui vont bientôt surgir à crédit dans le sillage d’une société forestière étrangère, d’une coopérative, puis d’une compagnie de chalutiers. Le chapitre suivant nous montre le second, Zack, en proie quelque trente ans plus tard à une crise d’angoisse sur un trottoir de Paris. Etabli en France où il est devenu psychologue, il a tiré un trait, croit-il, sur le passé et son enfance dans l’un des quartiers les plus misérables de Yaoundé, là où sa mère, en rupture avec sa famille, l’élevait seule en se prostituant. Que s’est-il passé entre les deux époques ? C’est ce que, entre Combo, Yaoundé et Paris sur un intervalle d’un demi-siècle, la narration va peu à peu restituer, retraçant, d’un inconscient familial à un inconscient collectif, à mesure que le « je » de Zack renoue avec la troisième personne des récits familiaux, une géographie autant intime qu’universelle des relations franco-africaines.
« Ma vie était une étoffe fragile retenue comme par une multitude de nœuds. Si j’en défaisais un, le reste partirait en lambeaux ». Parti sans se retourner pour oublier un passé se résumant à ses yeux à la déchéance misérable et solitaire de sa mère et à l’unique perspective de la délinquance et de la violence, Zack qui ne connaît pas l’histoire des siens, privés d’ancrage après l’arrachement à leur culture ancestrale, a hérité de blessures qui, ignorées, l’empêchent d’autant plus de se bâtir un avenir. « J’essayais de devenir quelqu’un d’autre mais je ne savais pas qui, ni comment faire. » Désespéré de se conformer jusqu’à se renier et se rendre invisible, refusant d’admettre jusqu’aux discriminations subies par refus du racisme, le jeune homme va devoir se réapproprier le passé pour se construire une identité et dépasser les traumatismes du déracinement et de l’exil.
De la solidarité villageoise dans la tradition africaine au mercantilisme occidental, Hemley Boum montre l’aliénation d’une Afrique amenée sans transition à renier ses valeurs culturelles pour se conformer à un modèle dit « supérieur », menant en réalité les personnages à la ruine, l’humiliation et la perte d’identité. Pour penser l’avenir, l’Afrique doit d’abord se réconcilier avec elle-même. Voilà toute la portée de ce roman aussi didactique qu’attachant qui, au fil d’une plume fluide, précise et profonde, jamais manichéenne, prête superbement la puissance d’évocation et l’émotion de la fiction à une voix désormais l’une des plus percutantes de la littérature camerounaise. Coup de coeur.
Au Cameroun, Zacharias est pêcheur comme son père et tous les hommes de sa famille. Dorothée sa fille, s'est perdue, elle s'est enfuie, elle est devenue alcoolique et se prostitue, son corps est sa seule monnaie d'échange pour survivre et élever son fils.
Hemley Boum nous raconte les destinées d'une famille camerounaise sur trois générations. Récit d'un déracinement, de la perte des cultures ancestrales, de la recherche de son identité sur fond de colonialisme et de racisme latent. Ce récit décrit la fragilité des hommes face à la force des femmes. D'une génération à l'autre, d'un continent à l'autre un roman d'amitié et d'amour. Lorsque le récit quitte les rives où le fleuve épouse l'océan, il perd de son intensité et de sa poésie. Heureusement Zack revient sur la terre de ses ancêtres pour un final éblouissant, où s'expriment Mbombo Yala, Mama Do' et Nelly, les voix de toutes ces femmes et de leur amour inconditionnel pour leurs enfants. Une fois de plus, je suis tombé sous le charme de la plume d'un auteur africain.
Coup de coeur tant pour l’écriture et le style, que pour l’histoire sur l’exil joyeux.
Cinquième roman pour cette camerounaise habitant Paris et diplômée en anthropologie mais aussi en marketing. Même si son premier prix littéraire n’était que discret, il se pourrait bien qu’elle s’avance vers du plus lourd. Ce livre sera un tremplin, je n’en doute guère. La maturité de l’écriture et la maitrise du récit sont en place.
Les thèmes du livre sont essentiels dans une vie : la liberté, l’amour, l’émerveillement, l’identité, la perte, la transmission et finalement la vie.
Comme disait Musset « d’abord il y a la liberté, après l’amour, après la vie et en dernier la fortune.
A l’extrême sud du Cameroun, nous allons suivre la vie d’une famille sur trois générations. Le début du roman nous plonge dans la première génération. Elle est incarnée par Zacharias le pécheur qui est marié à Yalana. Ils ont deux filles, Dorothée - prénom de la mère de Zack et à laquelle il voue un amour immodéré - et Myriam. « En état de veille ou de sommeil, les siens l’habitaient ».
Ayant été orphelin de père à l’âge de cinq ans, et ensuite (dé)laissé par sa mère. Il sera élevé dans la famille d’un oncle et ne n’aura connu qu’une vie très simple voire affectivement rugueuse. La rudesse, il l’a donc bien connue et s’en contenterait.
Lorsque qu’une société forestière s’installe dans sa région, il va profiter de l’occasion pour essayer d’avoir une vie plus facile, donner une meilleure vie à ses trois femmes. "J'essayais de devenir quelqu'un d'autre, mais je ne savais pas qui, ni comment faire. »
Dès le début du livre on est plongé dans une luxurieuse nature entre torrents, cascades, mangrove, forêts, palétuviers, sable et Océan Atlantique.
Cette génération est celle qui m’a le plus touchée.
Puis l’autrice laisse tout cela en plan et nous embarque aux pieds des Champs Elysées. Nous nous retrouvons aux côtés de Zach, le petit-fils qui a voulu sentir ce qu’est une authentique liberté, celle où personne ne vous connait, où vous pouvez laisser couler vos émotions dans vos veines. Là encore on a un enfant qui adule sa mère, une mère qui était pourtant alcoolique et prostituée. Cette mère c’est Dorothée la fille du pêcheur. Elle n’a pas eu une vie facile après son immigration en ville mais cela n’empêche pas Zach / Zacharias de l’aimer par-dessus tout. Elle est son monde.
Les vies sont enchevêtrées par une formidable maîtrise de la construction. On vit avec eux des impressions ambivalentes ; à la fois celle de se sentir au bord d’un abime par la perte de l’ancrage mais aussi celle de l’émerveillement de la liberté.
J’ai trouvé une force dans chacun des personnages dépeints par Hemley Boum.
On éprouve leurs émotions un peu comme un effet miroir ; effet de l’autrice a certainement recherché. Malgré l’âpreté de leur quotidien, ils ont cette intime conviction que la liberté et l’amour sont au bout du tunnel. En perdront-ils leur ancrage ? Que transmettons-nous aux générations suivantes ? L’autrice y répondra à sa manière, et quelle belle manière !
Citations :
« J’avais appris à reconnaitre la vague de nausée, le tremblement intérieur qui annonçaient les assauts de ma mémoire, quelque chose en moi se recroquevillait d’avance. »
Concernant de Dorothée sa mère « Un jour, en rentrant de l’école, je l’aperçus marchant dans la rue. Le contraste entre sa silhouette évanescente, l’indolence de son pas et la foule excitée me sauta aux yeux. Elle rentrait chez nous bien sûr, elle était sur le chemin de la maison, pourtant on aurait dit quelqu’un qui va à reculons vers nulle part. Je m’approchai et la hélai doucement :
Ma’a
Elle se t’orna vers moi, une lumière s’alluma dans son regard, une onde d’énergie. Par le miracle unique de ma présence, ma mère s’éveilla au temps, à l’espace, à l’instant.
Rien en Dorothée n’était solide, pérenne. ..Elle marchait, parlait lentement, toujours un peu ailleurs. Elle veillait sur moi, elle m’aimait, je n’avais aucun doute là-dessus, mais je pris conscience qu’elle pouvait m’égarer moi aussi : je devais veiller à ce que cela ne se produise pas. »
« Le jour qui suivit le trajet de l’école avec un Achille inquisitorial, après la crise de larmes de Dorothée la veille au soir, je me convainquis que cela ne faisait rien si ma mère était tout ce que mon ami disait et que je ne comprenais pas bien. Puisqu’elle traversait la vie telle une ombre, je serais là pour rallumer la flamme en soufflant tant qu’il fallait sur les cendres. Cela ne faisait rien si elle avait perdu tous ceux qu’elle aimait, elle m’avait gardé moi, c’était tout ce qui comptait.»
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