"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Hemley Boum raconte le parcours sur plusieurs générations d'une famille de son pays et, à travers elle, les rapports historiques entre la France et l'Afrique. On y découvre les modes éducatifs et la valeur profonde du travail, dur mais simple, dans un lieu rempli de beauté mer, terre et valeurs traditionnelles ancestrales et notre société basée sur le diplôme, la carrière professionnelle et la réussite. Pour se construire, il faut connaître son passé, le comprendre et vivre sereinement le présent. Chaque étape de notre vie nous ramène à notre passé alors quand il s'agit de racines complètement différentes difficiles de vivre. Le temps et les générations futures feront que petit à petit ces racines se détacheront.
Une écriture sincère et pure.
Sélectionner parmi la liste du Prix Renaudot 2024, ce récit historique et fresque familial sur trois générations raconte la destiné des membres d'une famille camerounaise, une lecture sur la géographie politique et intime, époque pré colonialiste et coloniale. On habite certains lieux tandis que l'on fuit d'autres. L'autrice fait le récit d'un double déracinement, avec une plume splendide, magnifique, poétique, le passé et le présent s'entremêle comme les histoires de Zacharias et Zachary qui ne se connaissent pas. Les personnages sont bien construits et décrits.
Roman des blessures profondes, de la perception de soi, abordant la question raciale et les diverses discriminations. Un récit à deux voix et de familles.
"Quand l'occasion de partir m'a été offerte, je me suis enfui. Dans l'avion qui me menait au loin, j'ai eu le sentiment de respirer à pleins poumons pour la première fois de ma vie et j'en ai pleuré de soulagement. On peut mourir mille morts, un peu à la fois, à essayer de sauver malgré lui l'être aimé. J'avais offert à Dorothée mon corps en bouclier, mon silence complice, le souffle attentif de mes nuits d'enfant et en grandissant l'argent que me rapportaient mes larcins, sans parvenir à l'arrimer à la vie. Je pensais ne jamais la quitter, mais lorsque les événements m'y contraignirent, j'hésitai à peine. C'était elle ou moi. Je tranchai pour nous deux."
"Couper tous les ponts, larguer les amarres et ne plus pouvoir revenir en arrière. Nous ne devrions pas avoir à avancer sans repères, sans protection, nous délester de tout ce que nous avons été, s’arracher à soi en espérant germer dans une nouvelle terre. Ceux qui ont ce privilège voyagent l’esprit léger. Ils partent de leur plein gré, sachant qu’ils peuvent revenir quand bon leur semble."
J'ai lu récemment "le rêve du pêcheur" et me suis dit que j'allais continuer mes lectures de cette auteure.
"Les maquisards", texte de 2016, est une belle surprise et j'ai trouvé qu'il était plus ample que le précédent. Il y a une foison de personnages et chacun va nous raconter sa vie, ses combats, ses espoirs, ses trahisons, des déceptions...
Ce roman historique va nous raconter l'engagement des Bassas dans la lutte pour l'indépendance du Cameroun. L'auteure nous parle de cette fin de la colonisation et le combat des indépendantistes. Il décrit très bien la période avant l'indépendance, les négociations, les combats...
A travers plusieurs personnages liés à ce combat, qu'ils soient du côté des indépendantistes ou des colons, l'auteure est proche de chacun de ses personnages. Avec une langue poétique, elle décrit très bien les épisodes qui ont conduit à l'indépendance, à la vie dans les maquis, dans les villages mais à hauteur de personnages. Le romanesque donne des personnages très touchants, troublants.
J'ai eu peur de me perdre dans ce foisonnement de personnages et d'histoires mais nous sommes au plus prés de chacun des personnages et nous nous perdons quelquefois mais nous découvrons que la vie, les choix de vie ne sont pas toujours simples. Aucun personnage n'est manichéen, que ce soit les Blancs, colons ou fonctionnaires, que ce soient les locaux, qui vont combattre pour obtenir la liberté et l'indépendance. Il y a de beaux portraits d'hommes et de femmes qui vont être entraînés dans l'histoire du pays et dans des histoires plus intimes, plus familiales. De beaux portraits des femmes, filles, mères.
Des scènes terribles de violence, mais aussi de belles pages de solidarité, d'amitié, d'amour..
Un beau texte historique qui nous raconte l'Histoire d'un pays avec un grand h et des histoires plus intimes. Une saga historique très réussie.
Dans ce roman qui traire de l’identité et de l’exil, le destin de deux hommes, tous deux nommés Zacharias, s’entrelace.
Le premier est pêcheur à Campo, petit village du Cameroun qui vit de pêche et de culture. Jusqu’au jour où l’installation d’une firme forestière et l’industrialisation de la pêche avec ses chalutiers bouleverse l’équilibre précaire et ancestral des familles. Zacharias, qui chérit son épouse et ses deux filles, va se retrouver dépossédé de son bonheur.
Deux générations plus tard, son petit-fils Zacharias ignore tout du destin tragique de sa famille. Il vit à Douala dans un quartier pauvre et sa mère, « maman bordelle » se prostitue pour survivre.
Zacharias va quitter le Cameroun pour étudier en France. Ses racines brutalement coupées, il veut repartir pour une nouvelle vie. Mais peut-on vivre dans le mensonge, coupé de ses origines ?
« Ici, personne ne me connaissait, ne me demandait des comptes, ici, j’étais libre d’être celui que je souhaitais être. A cette étape de ma vie, j’étais persuadé que l’on pouvait se soustraire à ses souvenirs, s’absoudre de ses fautes simplement en se dissociant de celui que l’on était au moment de les commettre. »
Il y a une véritable recherche d’identité, la volonté de surmonter les traumatismes chez Zack dont la vie n’est qu’une imposture jusqu’à ce que le passé le rattrape.
Chez les deux Zacharias, à plusieurs années d’écart, on assiste à la perte du pays et des racines, perte qui se fait dans la douleur du renoncement.
J’ai aimé découvrir dans ce récit la culture populaire du Cameroun, avec cette langue, le pidgin camerounais, très colorée. L’auteure nous dévoile aussi les coutumes, la force de transmission au sein de la famille. Quand ce lien se rompt brutalement, il y a une perte d’identité qui influe sur la personne. Et c’est ce qu’on constate chez Zack qui fuit sans cesse en trainant sa culpabilité. Il a du mal à se situer dans sa nouvelle vie dans laquelle il doit affronter la discrimination raciale.
J’ai été beaucoup moins convaincue par la manière de traiter ce sujet complexe. L’histoire, avec un va-et-vient entre passé et présent, entre Cameroun et France, est faite d’une multitude de ramifications, un peu comme cet arbre généalogique tombé à terre mais qui, peu à peu, va se relever sous nos yeux.
Cette fresque romanesque portée par une voix puissante, pleine d’empathie, nous emporte loin à travers les liens du sang et deux cultures différentes.
La fin de l’histoire, qui exalte le lien familial et les origines, apporte la note d’espoir aux côtés sombres de ce récit. Elle ne m’a cependant pas convaincue.
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