"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le plan déchiqueté nous raconte une histoire mystérieuse pleine de suspense où une intrigue quasi policière se superpose à un drame spirituel. Le personnage central - on hésite à dire le héros - est un chasseur, un détective privé qui recherche un disparu dans l'immense désert de la cité moderne. La poursuite - violente, parfois cauchemardesque - le conduit de plus en plus profondément dans les bas-fonds de Tokyo : entreprises frauduleuses, spectacles douteux, chauffeurs de taxis en marge de la loi, voyous qui rançonnent homosexuels et drogués, hommes d'affaires qui font commerce de la corruption et de la mort A mesure que le rythme s'accélère, les disciplines professionnelles qui lient le détective au monde réel exigent paradoxalement qu'il "devienne" en quelque sorte l'homme qu'il recherche. Il lui faut penser comme pense son gibier, agir comme il agit. Peu à peu, inéluctablement, impitoyablement, son identité, sa personnalité, son moi vont se confondre avec ceux du disparu Kôbô Abé est né en 1924. Son roman le plus célèbre. La Femme des sables (Stock) a été couronné, en 1962, par le Prix Akutagawa, l'équivalent japonais du Goncourt et par le Prix du meilleur Livre Etranger à Paris en 1967. Kôbô Abé est également l'auteur de L'homme-boîte et La face d'un autre (Stock) ainsi que de plusieurs pièces de théâtre, scénarios et romans de science-fiction. Kôbô Abé est mort le 22 janvier 1993.
Détective pour une agence tokyoïte, le narrateur doit retrouver la trace de Nemuro Hirochi, un homme d'une trentaine d'années qui s'est purement et simplement volatilisé à quelques pas de son domicile. Dès le départ, la situation est brumeuse. L'homme a disparu depuis 6 mois déjà, les premières investigations ont été menées par le frère de sa femme, un personnage louche et insaisissable. Interrogée, Haru, l'épouse mystérieuse laisse échapper peu d'informations, si ce n'est une boîte d'allumettes retrouvée dans la poche de l'imperméable de son mari. Ce maigre indice conduit le détective dans un bar mal famé où se réunissent des chauffeurs de taxi clandestins. Perdu dans une ville en pleine expansion, s'égarant dans le monde des affaires louches, des magouilles et des voyous, le détective traque sa proie, s'identifie au disparu au point de se perdre lui-même.
Etrange écriture que celle de Kôbô Abé, distanciée, froide, tortueuse, parfaitement adaptée à ce roman qui débute comme un polar pour glisser vers un récit surréaliste où le temps et l'espace se diluent dans une confusion totale. Le détective-narrateur déambule dans une ville tentaculaire qui ne cesse de s'étendre; une expansion propice aux spéculations immobilières et financières, aux magouilles, aux pressions. Monde de la nuit, territoire des yakuzas, économie clandestine sont autant de lieux qu'il touche du doigt, qui se dérobent à lui pour mieux le rejeter à la périphérie de cette ville qui ne veut pas de lui et de ses questions. Il en perdra la mémoire, le sens de l'orientation, la raison...
Une lecture difficile, peuplée de personnages mystérieux, à l'intrigue embrouillée, un polar hors-normes qui déboussole mais peut séduire.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !