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La correspondance de Marguerite Yourcenar entre 1964 et 1967 nous raconte l'aventure passionnante d'un livre à la fois victime et bénéficiaire des «extraordinaires carambolages du hasard et du choix»:L'Oeuvre au Noir. S'y déroule aussi, au jour le jour, l'histoire de la publication d'un ouvrage dont l'idée remonte au tout premier voyage de 1937, avec Grace Frick, dans le sud des États-Unis:le recueil des Negro Spirituals qui constituent Fleuve profond, sombre rivière. La question de la traduction est omniprésente dans les lettres car elle concerne aussi la préparation de La Couronne et la Lyre, «genre Fleuve profond, mais il s'agit cette fois de poètes grecs». Ces années marquent le début d'une vie immobile à Petite Plaisance, hormis un voyage en Europe, notamment à Auschwitz, où peu à peu se forge le pessimisme qui prévaudra dans L'Oeuvre au Noir, «pendant des Mémoires d'Hadrien et leur entier contraire». La dynamique de l'écriture épistolaire de Marguerite Yourcenar a été respectée au plus près avec ses anglicismes, ses flottements sur les noms de lieux et de personnes, ses apories, ses répétitions, ses repentirs, qui laissent affleurer l'intime derrière les préparatifs de textes lissés pour leur publication. On voit émerger de l'ombre des mots le profil futur de Zénon, miroir inversé du portrait achevé d'Hadrien.
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