Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Quand la narratrice gagne un homard vivant à la tombola, elle ignore encore qu'elle ne pourra l'ébouillanter. Mais entre-temps, elle s'est débarrassée d'un pic à glace, car c'est l'utilité des tombolas : on fait le ménage dans les placards. Près des plages, un premier touriste anglais est retrouvé mort. Puis un second. Est-ce trop pour une petite ville bretonne de 3000 âmes ? Doit-on parler de serial killer, de Bretagne aux bretons ?
L'écriture de Pascale Dietrich se fait vive et sautillante pour nous parler d'une bourgade où la mer ne suffit pas à faire le bonheur. On décèle chez elle une indulgence à l'égard des amours compliqués : ceux qui versent dans la violence pour goûter à la fusion. Un premier livre composé d'une main sûre.
Il y a quelques mois, je m'étais régalée à la lecture des Mafieuses de Pascale Dietrich, un polar atypique où les mafieux étaient des femmes qui exerçaient non en Italie, mais dans la région grenobloise !
Quand j'ai vu sur IG que ma fille avait lu 'Le homard' du même auteur, je le lui ai réservé, et je viens de lire d'une traite ce court roman, noir comme il faut !
Tout commence quand la narratrice gagne un homard vivant lors d'une tombola. Elle le ramène chez elle , se prend d'amitié pour lui et le nourrit de tarama, jusqu'à ce que son mari tue la belle bête !
Son mari justement qui n'est plus le même depuis qu'il a des vis dans le crâne après un grave accident de moto, qui lui a occasionné des tics bizarres, ile ne supporte plus les carrés, les angles droits ... Les pages de tous ses livres sont notamment toutes cornées !
Concomitamment au gain du homard, des touristes anglais sont assassinés dans leur ville balnéaire juste là si calme et tranquille. Puis le même sort frappe un parisien ...
Mais qui peut donc être ce serial killer ?
Et où se trouvent les armes des crimes ?
Un petit bijou de roman policier où les indices sont distillés au compte goutte, jusqu'à la résolution finale.
Un auteur qui montre déjà tour son talent !
Le homard est une nouvelle fraîche, à tendance policière humoristique et décalée, qui surprend par son originalité et sa vivacité.
Camille a un intérêt prononcé pour les tombolas. Et aujourd’hui, le premier lot est pour Camille ! Mais là, elle n’en veut pas : il s’agit d’un homard vivant.
Loin d’être un lot qui l’enchante, elle rentre chez elle retrouver son mari, Pierre, et met le homard dans l’aquarium. A partir de ce moment, tout va imperceptiblement et doucement dérailler.
C’est par petites touches qu’on se rend compte qu’une ambiance étrange s’installe, un peu à la manière d’un conte, car on ne se sent pas dans la réalité dans cette nouvelle, mais dans un monde presque parallèle. Est-ce en raison de l’attachement de Camille au homard ? Des obsessions anguleuses de Pierre ? Du meurtre de l’anglais sur la plage qui échauffe les esprits ?
Le homard est un livre plaisant à lire, qui se lit vite, et qui intrigue – non pas tant par son intrigue justement – qui étonne par son originalité à la marge. Les personnages ne sont pas fouillés (c’est une nouvelle), mais une fraîcheur décalée donne un coup d’étrangeté agréable.
Le homard appartient à cette catégorie de livres pas trop sérieux et légers, qui promènent le lecteur dans une historiette sympa, et qu’on peut vraiment lire pour se détendre.
Petit roman de la collection Polaroïd des excellentes Éditions In8, spécialisées dans les nouvelles et les courts romans. Je vous en ai déjà parlé pour JB Pouy, Marcus Malte, ou le coffret Eros entre autres. Ce homard ne déroge pas à la qualité de ces petits livres.
Camille ne se sent pas bien dans son couple même si elle aime toujours Pierre, mais les comportements de son conjoint sont parfois difficiles à supporter. Elle trouve donc des ressources auprès du homard :
"Je m'approchai de l'aquarium et le homard agita les pinces. Je restai immobile face à lui. De temps à autres des rires fusaient en provenance du salon. Il me fixait lui aussi. Une espèce de sérénité avait envahi la pièce. J'éprouvais une profonde sympathie à son égard, on ne peut plus sincère, et je le lui dis, doucement, du bout des lèvres, à la surface de l'eau : "J'ai partagé ce sentiment de connivence avec bien peu de personnes". Il hocha la tête. A ce moment-là, il ne fit pour moi aucun doute qu'il avait compris." (p.26)
Une histoire à l'ambiance policière, car n'oublions pas qu'un meurtrier sévit à Ploudalmaiseau, qui avance l'air de rien. Les personnages sont loufoques, un peu barrés, mais également très ordinaires, des gens parfois comme vous et moi : pourquoi ne pas parler à un homard, on parle bien aux chats, aux chiens, aux plantes ? J'avoue même parler à Honorine, Fernande et Félicie, les trois poules du fond du jardin, lorsque je vais les nourrir et nettoyer leur enclos. Une histoire vue par les yeux de Camille, construite simplement. On a parfois l'impression que rien en se passe, mais finalement en 93 pages, Pascale Dietrich construit une intrigue, certes pas palpitante au sens de la découverte de tel ou tel indice ou même du ou des coupables, mais passionnante par l'atmosphère décrite. L'humour est présent, mais aussi de la mélancolie, et de l'attachement pour les personnages, Camille et Pierre en tête, sans oublier Simon Le Floch, le flic désabusé mais tenace.
En fait, on ne lit pas ce roman pour en connaître le dénouement mais pour passer un moment avec les personnages dans cette petite ville de Bretagne et pour goûter le sel et l'humour de l'écriture de l'auteure :
"Il se mit à bruiner. Les adultes se réfugièrent sous le préau et les chapiteaux. [...] Un marchand de fringues rapatriait dans sa boutique des caisses de tee-shirts à cinq euros. [...] Les lots de chaussettes avaient disparu à leur tour. Bientôt tout le village subirait le même sort. Parfois, la Bretagne me faisait l'effet d'un canapé convertible. Selon les caprices du temps, elle était dépliée, repliée, dépliée à nouveau..." (p.57)
Tout au long de la lecture, on a l'impression d'être sur la côte bretonne, dans la vieille maison qui fait rêver Pierre : les Bretons apprécieront la description de leurs paysages, les autres auront envie d'y venir goûter les embruns. Pascale Dietrich écrit là son premier roman (après des nouvelles), très prometteur pour la suite ; j'aime beaucoup les romans avec une ambiance forte, de beaux personnages, des trouvailles comme le homard, la vis dans la tête, l'amatrice de tombola (très importantes les tombolas à Ploudalmaiseau), ...
Un petit tour en Bretagne ? Vous n'êtes pas Anglais ou Parisien, allez-y vous ne risquez rien du serial killer ! Autrement, allez-y quand même, il faut savoir vivre dangereusement.
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