Ce serait l'histoire d'un dictateur agoraphobe qui se ferait remplacer par un sosie.Ce serait l'histoire de ce sosie qui se ferait à son tour remplacer par un sosie.Mais c'est surtout l'histoire de l'auteur rêvant à cela dans son hamac.Et c'est l'éloge du hamac:ce rectangle de temps suspendu dans le ciel.
On retrouve Pennac dans les premières pages de ce roman ; maître de la phrase musicale qui donne à entendre les chants révolutionnaires, de la métaphore filée qui fait naître dans l'esprit du lecteur la jungle dans laquelle se trame le récit, et de l'humour sautillant et joyeux.
L'histoire est déroutante : un dictateur d'un quelconque pays d'Amérique latine, amoureux de la Révolution et de son peuple, décide de trouver un sosie pour le remplacer, habité par la prophétie qu'une mort terrible l'attend. Le dictateur part, le sosie reste. Puis le sosie décide un jour qu'il n'en peut plus d'être l'oreille attentive qui est tendue pour recevoir les confidences de tout un chacun et qu'il tient si bien son rôle qu'il pourrait en faire son métier : acteur. Et ainsi de suite, les sosies se suivent et se ressemblent, bien sûr !
Jusque là, tout va bien.
Quand on se demande enfin pourquoi "le hamac", voilà que Pennac nous sort du récit comme une main gigantesque qui viendrait nous sortir de l'eau dans laquelle on se noie. Il nous fait revenir des profondeurs de la fiction pour nous reposer fermement sur nos deux pieds dans la réalité de l'écriture. On retrouve là un procédé chéri de l'auteur, mais pas toujours des lecteurs.
Processus créatif et fiction se mêlent, s'entremêlent et Pennac joue trop avec son lecteur car il vient un point où on pourrait décrocher...certes, il nous a octroyé le droit de tourner des pages pour aller lire la fin, mais ici, la fin n'en finit plus de finir ! C'est dommage car on finit par s'ennuyer et par perdre la belle énergie du début.
LE DICTATEUR ET LE HAMAC
Daniel Pennac
Un récit qui se situe entre fiction et réalité, entre deux mondes, réel et imaginaire, et dans lequel l’auteur intervient pour nous faire part non seulement de ses réflexions, mais également des différentes sources d’inspiration qui ont fait naître ses personnages et le(s) milieux dans lequel ils évoluent.
Nous sommes dans un pays fictif d’Amérique Latine, dans lequel, un homme avide de gouverner prend le pouvoir et en devient le dictateur. Epris dans la même mesure, de liberté et de voyages, il se fait remplacer par un sosie qu’il forme à son image et « formate » pour qu’il reste bien « dans ses clous ». Puis le sosie se lasse à son tour et engage un autre sosie, qui engagera plus tard un autre sosie et ainsi de suite. On navigue à vue à la fois dans le monde, dans la tête du dictateur et dans celle du sosie ; on entre par ce biais dans l’univers créatif de Daniel Pennac et on chemine avec sa relation à l’écriture.
« Emballée » en début de lecture (le ton non dénué d’humour, le style laissant place à la poésie et le thème abordé), j’ai décroché aux trois-quarts du roman environ et n’ai donc pu en connaître le dénouement. Je l’ai écouté en livre-audio, peut-être cela aurait été plus facile de le lire. Peut-être faudrait-il le lire deux fois pour capter mieux la pensée de l’auteur.
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