"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lorsqu'il peint La Mort de la Vierge en 1606, Caravage est déjà un artiste célèbre à Rome. Mais son tableau déclenche un énorme scandale. Les religieux du couvent qui le lui ont commandé refusent de l'accrocher dans leur église : en lieu et place d'une Vierge montant au ciel dans la gloire de l'Assomption, le peintre a représenté le cadavre d'une femme. Et le modèle qu'il a pris est le corps d'une prostituée retrouvée noyée dans le Tibre...
Caravage, alors âgé de trente-six ans, est à un tournant de sa vie. Les circonstances vont l'entraîner dans un maelström qui fera de ses quatre dernières années une véritable descente aux enfers.
Avec ce petit livre de 120 pages, nous entrons dans le monde de Michelangelo Merisi plus connu sous le nom de Caravage. Un récit qui mêle fiction et repères historiques pour mieux nous faire connaître l'histoire d'un des chefs d'œuvre du peintre italien né en 1571.
En 1606, La Mort de la Vierge, ce tableau que nous pouvons admirer encore aujourd'hui au Louvre, n'apporte pas à son auteur le succès qu'il espérait. Bien au contraire, il déclenche les foudres de son commanditaire tant il ne correspond pas à ses attentes. Le modèle choisi pour représenter la Vierge n'est autre que le corps d'une prostituée retrouvée noyée dans le Tibre. Sa peinture ne correspond pas non plus à la représentation de la Vierge telle qu'il était de bon ton de le faire à l'époque.
C'est par la voix de ses deux assistants, Cecco del Caravaggio et Mario Minniti, amis, modèles et/ou compagnons de l'époque que nous sont contées les dernières années de la vie du grand homme. On ouvre ainsi une parenthèse temporelle afin de mieux se représenter ce que pouvait être la vie du Caravage. J'ai beaucoup aimé la forme du témoignage dans le style d'un journal tenu par Cecco del Caravaggio mais aussi de l'échange épistolaire entre lui et Mario Minniti. Un vrai plaisir de lecture, une belle découverte et une réussite pédagogique avec en plus deux rabats qui offrent en illustrations le tableau dans son ensemble ainsi qu'un détail agrandi, ce qui donne au lecteur toute opportunité de suivre les détails et les explications qui sont fournies dans le livre. Un chef-d'œuvre romancé avec de nombreux repères biographiques et un beau travail de recherches bibliographiques. De nombreuses œuvres sont citées et pour ma part je retiendrais la spécificité de la technique du clair obscur magnifié par le Caravage. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2022/04/12/39373142.html
J'ai découvert cette collection, Le roman d'un chef d'œuvre, avec La femme moderne selon Manet, et je ne m'en lasse pas.
Pour découvrir le Caravage, que je connais très peu, j'ai retrouvé Alain Le Ninèze qui raconte cette fois le tableau La mort de la Vierge, exposé au Louvre.
En 1606, la rumeur court qu'une prostituée bien connue du Caravage aurait servi de modèle à la Vierge.
Le point de vue adopté dans Le dernier sommeil selon Caravage est celui de Cecco del Carravagio, élève et amant du célèbre peintre.
Il nous relate les faits et gestes de ce dernier depuis le refus de son tableau par les moines qui l'avaient commandé, jusqu'à sa condamnation à mort et sa fuite hors de Rome.
Les quatre années qui suivront, faites d'exils, de fuites, de tentatives de se ménager un retour à Rome sans danger, nous sont rapportées au travers des lettres que Mario Minniti, autre ancien élève de Caravage, adresse à Cecco.
Ce court roman m'a beaucoup plu, il fait vivre le tableau et son peintre, nous plonge dans l'époque et dans les tourments du Caravage.
Le format me plait toujours autant et j'ai passé beaucoup de temps pendant ma lecture à scruter l'œuvre ou l'agrandissement représentés dans les rabats intérieurs.
Vers 1601, Caravage avait reçu la commande d'un tableau représentant "La Mort de la Vierge" pour l'autel de la chapelle dans l'église de Santa Maria della Scala au Transtevere. Le tableau aurait dû être livré avant la fin de l'année, mais cinq années s'écoulèrent..
Dans une Rome en perpétuel mouvement, Caravage livre enfin "La Mort de la Vierge" en 1606. Hélas, dès le tableau installé dans son autel, celui-ci fait scandale. Le prieur des pères carmélite le fait enlever à cause du soi-disant "scandale" : Caravage aurait utilisé comme modèle pour sa Vierge une prostituée retrouvée morte dans le Tigre.
Comme souvent chez le Caravage la lumière est vraie, la lumière délivre la vérité sur la vraie vie, le clair obscur est omniprésent. La lumière ici exhale la mort physique du seul personnage entièrement éclairé, la Vierge, en rien cela renvoie au rituel funèbre comme l'Eglise l'entend.
Alain Le Ninèze a travers ce très court roman, et le traitement du scandale nous fait revivre les dernières année du Caravage, les rouages de l'art de la ville Eternelle. Caravage étant déjà un artiste célèbre dans les années 1600, se fait confier de nombreuses commandes. Mais, il est aussi un bagarreur, ce qui fait des dernières années de sa vie un vrai roman d'aventure.
"Le dernier sommeil selon Caravage" est un roman d'art, d'aventure, très rythmé, addictif en tout point, où l'on apprend énormément sur l'art en Italie mais sur la vie et les techniques du Caravage. L'épilogue avec les lettres et les regards croisés sont absolument exquis.
Un petit roman extrêmement bien exécuté, idéal pour ceux qui s'intéresse et veulent découvrir une petite part de la vie du Caravage et de l'un de ses tableaux les plus connus au monde (à découvrir au musée du Louvre) !
http://voyagelivresque.canalblog.com/archives/2022/02/06/39336962.html
J’avais vaguement en cours d’histoire d’art vu des informations sur cette œuvre de Caravage. Je savais que l’Église avait refusé ce tableau ne répondant pas à ses canons, l’humanité et la vulgarité mortelle de la Vierge étant trop présentes à son goût. Je me souviens dans le cours, qu’il y avait vaguement été question de ce vide que masque cette grande tenture rouge. Et c’est déjà pas mal.
Mais grâce à Alain de Ninèze, qui est - faut bien le dire - très bien renseigné sur le peintre, la profondeur de l’œuvre comme de l’artiste m’est apparue dans toute sa complexité et sensibilité ; me laissant entrevoir ainsi le lien et la blessure qui unissent l’œuvre au peintre. Du moins si on part du principe que Riccardo Bassani et Fiora Bellini racontent la vérité sur Anna Bianchini en modèle de la Vierge. Car en effet, il semblerait selon ces historiens d’art, que le modèle qui servit pour la représentation de la Sainte Vierge était une prostituée avec qui Caravage a entretenu des liens forts.
Néanmoins, si on découvre dans ces pages la genèse de ce tableau, si on voit dans ces pages un peintre qui peint vite (ça change de Léonard de Vinci !), qui aime à choisir ses modèles dans la rue, un peintre moins imbu de lui-même qu’un Michel-Ange Buonarroti, un peintre avec ses problèmes (et pas des petits !) et son entourage. J’ai pour ma part apprécié davantage le portrait psychologique que l’auteur a dépeint de Caravage grâce à des lettres d’époque. Donnant ainsi, et même si c’est discutable, un fond d’authenticité à ce livre. Certes, le coup du peintre ou de l’artiste torturé, sombre, bourru, qui souffre de la pauvreté ou du quand dira-t-on, et qui connaît mille problèmes avec la loi, c’est à défaut d’être éculé déjà bien connu. Mais le fait est que c’est bien la vie de Caravage, donc on ne peut pas en vouloir à l’auteur de ne pas faire dans l’originalité, surtout que l’écriture ne rattrape même pas ce point. Cependant, il faut bien admettre que sans cela le livre serait passé à côté de l’œuvre et de l’artiste avec un cœur qui bat. L’auteur ne partageant de surcroît que le minimum, laissant au portrait de l’artiste ce que l’histoire a de silence.
Outre Caravage, soulignons aussi la grande érudition d’Alain le Ninèze qui nous partage son savoir par des petites notes en bas de page mais aussi par le décor et les informations glissaient çà et là dans les paragraphes. Finalement on en apprend autant sur Caravage que sur Rome en ce temps.
En résumé, c'était un livre court à l'écriture pas si fantastique, mais pour tout ce que l'on découvre il vaut la peine d'être lu.
Editions Atelier Henry Dougier.
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