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À Soroca, il y eut aussi la mort après la vie.
La mort qui s'avance comme un char muni d'un haut-parleur d'où l'on entendrait : " Sortez de vos maisons, vous allez mourir ! " Puis l'engin écraserait tous les êtres humains sur son passage. La mort prévient et tue. La mort s'annonce par des messages sans appel qu'elle envoie pour paralyser les corps et les âmes. À Soroca, le messager, l'annonciateur de la mort se nommait Curzio Malaparte. Un écrivain et journaliste italien de renom et de grand talent.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Malaparte, correspondant de guerre, visita le bordel de Soroca. Des jeunes Juives y étaient enfermées pour les besoins de l'armée allemande. Au bout de quinze jours, elles étaient assassinées au bord du Dniestr et remplacées par d'autres filles juives. Malaparte en fit une nouvelle dans son recueil Kaputt. Je n'ai pas voulu qu'elles meurent ni qu'elles soient esclaves au bordel.
Je suis parti à leur recherche. Je les ai sauvées. Et pour cela il m'a fallu d'abord tuer Malaparte.
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