Un flingue et une plume, ou la bibliothèque d'un flic auteur !
Le roman mythique de J. D. Salinger, un chef-d'oeuvre universellement acclamé.
Issu d'une famille aisée à New York, Holden Caulfield intègre le pensionnat Pencey Prep en Pennsylvanie. Renvoyé après avoir échoué dans quatre matières, il entreprend alors une aventure de délinquance innocente. Entre taxis, boîtes de jazz et rencontres au sein du New York transi de froid de l'époque McCarthy, Holden va tenter de trouver sa place.
Une histoire captivante qui dresse un portrait incontournable de l'Amérique de l'après-guerre au travers de l'un des personnages les plus aimés de la littérature.
Après soixante ans, L'Attrape-coeurs, premier et unique roman de J. D. Salinger conserve toute sa puissance. Objet de réflexions sur la souffrance de l'adolescence et la transition de l'enfance à l'âge adulte, le livre reste un classique incontournable pour les jeunes de tous âges.
Un flingue et une plume, ou la bibliothèque d'un flic auteur !
Pour certains, leur premier opus a fait mouche. Leur livre a séduit l’éditeur qui a accepté de le publier et la notoriété leur est tombée dessus. On a tout de suite crié au succès, au génie…. ou au scandale. La presse les a encensé de critiques dithyrambiques ou au contraire porté leur œuvre au pilori mais ils sont devenu célèbres grâce à un talent d’écriture. Ils ont su surprendre. Certains ont écrit d’autres livres à succès et d’autres sont entrés dans la légende avec un seul….ou tombés dans l’oubli. Petit florilège de pépites.
Salinger, je le connaissais dans la chanson d’Indochine, mais quelle belle découverte en lisant son livre phare, grand classique de la littérature américaine : L’attrape coeur !
Dans ce roman, le narrateur est Holden Caulfield, un adolescent de 17 ans qui vient d’apprendre son énième renvoi du collège. Il n’ose pas rentrer tout de suite chez lui, dans sa famille aisée de New York, alors il vagabonde et brave tous les interdits durant quelques jours.
Le style peut paraître déroutant de premier abord: il écrit comme il parle, avec un langage familier adolescent. Je salue au passage le traducteur, qui a dû s’amuser avec les « ça me tue », les « bicause », « le môme », « et tout… ». Ce livre a dû détonner quand il est sorti en 1951.
C’est un plaidoyer pour la compréhension des adolescents et on comprend que Salinger parle de sa propre adolescence, avec une vision très moderne pour son époque. Finalement, les pensées des « ados » sont toujours les mêmes de nos jours : un jugement des adultes sans complaisance, la sensation d’une grande solitude, une sensibilité à fleur de peau et une immaturité désarmante. Sans parler de l’envie constante de braver les interdits !
Holden Caulfield est extrêmement touchant car il est généreux et plein d’amour pour sa famille. Il m’a émue avec sa fragilité et sa vision désabusée du monde. Il m’a aussi beaucoup fait rire avec ses questions existentielles. Car finalement, où vont les canards du lac de central Park quand l’eau est gelée l’hiver ?
Traduit par Annie Saumont chez Robert Laffont.
Ce qui m'a sauté aux yeux dès la première page de ce roman paru en 1951, c'est le langage désuet, comme dans J'irai cracher sur vos tombes : fumasse, extra, sensas', poilant, flanquer à la porte, se fendre la pipe, furax… Je trouve ça amusant, tellement hors du temps que ça m'a instantanément immergée dans l'époque.
Holden Caulfield se fait renvoyer pour manque de résultats juste avant Noël, de l'établissement dans lequel il étudiait. On sent un garçon perdu, qui n'arrive pas à s'intéresser à ce qu'on tente de lui enseigner. Il trouve les adultes pénibles, moralisateurs, infects… En réalité, à seize ans il ne se sent plus vraiment enfant, quoique par moment… et pas encore aussi assommant qu'un adulte. le cul entre deux chaises donc.
En fait, Holden Caulfield est un adolescent désœuvré qui ne sait pas ce qu'il veut, qui fait et dit n'importe quoi et le regrette souvent mais trop tard, qui ment beaucoup et se sent triste et déprimé. En bon ado qui se respecte, il est catégorique et manichéen. Tous des crétins, tous nuls, sales, moches, sauf sa sœur et ses frères.
À cause de son renvoi du collège, il décide de fuguer à New-York et on le suit dans ses tribulations et les nombreuses rencontres qu'il fait. Et là je vais être dissonante par rapport à la plupart des avis plutôt dithyrambiques, je l'ai trouvé rasoir (pour reprendre une expression de l'époque). Je me suis pas mal ennuyée, j'ai trouvé cette errance d'un ado à côté de ses pompes pas passionnante. Il exagère tout et se fait pas mal de films, mais ça, ça doit être la chose la plus intemporelle du monde à cet âge là. Et je l'ai trouvé ennuyeux, avec ses idées à l'emporte pièce, ses avis hyper négatifs sur tout et tout le monde. Il n'y a vraiment que quand il parle de sa petite sœur et de ses frères qu'il respire l'amour et l'admiration. J'ai aimé ces moments là.
Bref, il m'a un peu soûlée le môme Holden. Je me suis demandé s'il était bipolaire ou stupide, voire complètement abruti, ou peut-être génie incompris… Je n'ai pas été touchée par la grâce (oh le grand mot) car les gens négatifs, pour moi, sont des boulets qui vous tirent vers le bas. Néanmoins, c'est un livre qui fait avancer avec Holden car il a réussi à me faire rire, à force, avec son côté critique totalement excessif et injurieux envers tout le monde. On finit par le cerner un peu mieux au fil du roman et on se dit qu'il est surtout malheureux. En fin de compte c'est une histoire qu'on n'a pas envie de lâcher, on ne peut qu'aller au bout. Pourtant je persiste, je n'ai pas vraiment aimé…
Quelle belle émission Si on lisait à voix haute de François Busnel !
La qualité est là et tous ces jeunes sont beaux. Lubin n’a pas gagné la finale mais sa lecture d’un passage de L’attrape-cœurs m’a émue aux larmes et donné envie d’une relecture.
Voici cet extrait :
« Vous l’auriez aimé. Il avait deux ans de moins que moi mais il était dans les cinquante fois plus intelligent. Il était super-intelligent. Ses professeurs écrivaient tout le temps à ma mère pour lui dire quel plaisir çà leur faisait d’avoir Allie dans leur classe. Et c’était pas du baratin. Ils le pensaient pour de vrai. Non seulement Allie était le plus intelligent de la famille mais en bien des façons il était le plus chouette. Il se mettait jamais en rogne. Les rouquins, on dit qu’ils se mettent en rogne facilement, mais Allie jamais. Je vais vous dire le genre de rouquin que c’était. J’ai commencé à jouer au golf quand j’avais à peine dix ans. Je me souviens d’une fois, l’année de mes douze ans, je plaçais la balle sur le tee, et j’ai eu l’impression que si je me retournais je verrais Allie. Je me suis retourné. Et tout juste il était là, assis sur son vélo, de l’autre côté de la clôture- y avait cette clôture qui entourait le terrain- et il était là, à cent cinquante mètres de moi qui me regardait faire. Voilà le genre de rouquin que c’était. Bon Dieu, on n’a jamais vu un môme aussi chouette. Pendant les repas çà lui arrivait de rire tellement en pensant à quelque chose qu’il en tombait presque de sa chaise. C’était l’année de mes treize ans et mes vieux allaient être forcés de me faire psychanalyser et tout parce que j’avais brisé toutes les vitres du garage. Je leur en veux pas. Je couchais dans le garage, la nuit où Allie est mort, et j’ai brisé toutes les foutues vitres à coups de poing, juste comme ça. J’ai même essayé de démolir aussi les vitres du break qu’on avait cet été-là, mais ma main était déjà cassée et tout, alors j’ai pas pu. Un truc idiot faut bien le dire, mais je savais plus trop ce que je faisais et vous, vous savez pas comment il était, Allie. J’ai encore quelquefois une douleur à la main par temps de pluie, et je peux pas serrer le poing – pas le serrer complètement- mais à part çà je m’en fiche. J’ai jamais eu l’intention d’être chirurgien, ou violoniste. »
C’est pour moi le passage le plus émouvant mais ce n’est pas le seul.
Holden Caufield vient d’être renvoyé du pensionnat et ce n’est pas une première pour lui, il cumule. Ses parents ne le savent pas encore, il ne reviendra pas après les vacances de Noël, il n’est plus souhaité. Alors il n’attend pas, il quitte le pensionnat et il va errer eux jours à New-York.
Le livre s’ouvre sur une scène très drôle, celle d’un entretien avec son professeur d’histoire cloué au lit par une mauvaise grippe.
Son professeur essaie de lui faire prendre conscience des efforts qu’il doit fournir pour bien se comporter et travailler.
Mais le lecteur sent bien que Holden est déjà ailleurs, il ne manque pas d’intelligence.
Idem avec ses camarades Stradlater et Ackley dont il dresse des portraits croustillants. Il sait qu’il n’est pas du même moule qu’eux et qu’il n’y peut rien. D’ailleurs ils ont tendance à se servir de lui.
Arrivé à New-York il va s’installer dans un hôtel miteux, il espère avoir sa première aventure sexuelle.
Les différentes rencontres qu’il fera seront toujours narrées avec truculence.
Il a le rêve fou de s’enfuir mais pas seul. Cela fait plus peur que cela n’attire. Une grosse déception pour lui.
Le langage est cru mais pas vulgaire, un langage d’adolescent assez intemporel.
Holden porte sur le monde un regard plutôt lucide, s’il n’entre pas dans les cases imposées, le monde ne lui paraît pas enchanteur.
Il oscille en permanence entre naïveté due à son jeune âge et lucidité extrême tirée du drame vécu.
C’est un mouvement de balancier.
Lors de son voyage en train, il rencontre la mère d’un camarade de classe, très vite il la situe et lui raconte ce qu’elle a envie d’entendre sur son rejeton, c’est hilarant et tendre.
Les conversations avec sa jeune sœur Phoebé sont extraordinaires, Holden veut la préserver de tous les dangers possibles, c’est obsessionnel.
Holden en fait est un vrai gentil, plus indulgent avec les autres qu’avec lui-même.
Il a une certaine idée du respect qui est due notamment avec les filles.
Il est habité par un sentiment de nullité : « En fait, je suis vraiment le seul idiot de la famille. Mon frère D.B. est un écrivain et tout, et mon frère Allie, celui qui est mort, celui dont je vous ai parlé, c’était un génie. Je suis vraiment le seul idiot. Mais la môme Phoebé, vous devriez la voir. Elle a ce genre de cheveux roux un petit peu comme éraient ceux d’Allie, qu’elle porte très courts en été. »
C’est un livre sur le mal-être de certains êtres, en particulier dans cette période transitoire qu’est l’adolescence, savoir où est sa place n’est pas simple. Ne pas laisser paraître sa sensibilité, se former une carapace…
Le saura-t-il, si un jour il peut répondre à cette question : « "Hey dites donc, vous avez vu les canards près de Central Park South ? Le petit lac ? Vous savez pas par hasard où vont les canards, quand le lac est complètement gelé ? Vous savez pas ?"
Une relecture pleine d’émotions par le choix d’un personnage qui n’est pas un révolté, juste l’âme en peine.
Cela se ressent dans la façon qu’il a de décrire sa famille, il ne cherchera pas à en finir car il ne voudrait pas leur faire du chagrin. Toujours ce souci des autres.
Il me semble tout de même que la traduction souffre d’un trop littéral, dès fois j’ai eu l’impression d’un mot à mot.
©Chantal Lafon
[Lost in Translation]
Holden Caufield, jeune homme de la bourgeoisie new-yorkaise se fait renvoyer du collège trois jours avant Noël. Commence alors une longue pérégrination erratique pour retarder le moment où il lui faudra affronter ses parents.
Un roman déroutant « bicause » son vocabulaire et cet anti-héros dans une ville aux distractions nombreuses mais trop grande pour lui seul. Un gosse paumé qui essaie de se faire servir des whiskies dans les bars, fume trop, abuse du « ça me tue », « c’est dingue », n’est pas très doué pour « la convers’ »… mais qui est attachant lorsqu’il parle de son petit frère décédé ou de son épatante petite sœur, la « môme Phoebé ».
Pourquoi le lire ? Au moins pour se faire sa propre opinion sur « the » roman sur l’adolescence qui évoque ce délicat passage à l’âge adulte qui s’accompagne d’un certain désenchantement du monde…
The catcher in the Rye, traduit par L’attrape-cœur, fait référence à un poème de Robert Burns : « Si un corps rencontre un corps qui vient à travers les seigles » que l’adolescent confond avec si un cœur attrape un cœur.
Boy, that goddam book killed me.
That old Salinger, he killed me and all.
J'avais lu L'attrape-cœurs à l'adolescence et je me souviens m'être reconnue dans cet adolescent un peu perdu, à la recherche de quelque chose, mais sans bien savoir quoi, à la tristesse affleurante qui se transforme en agitation voyante, en blagues stupides, en mensonges chroniques.
Cette fois-ci, quelques années plus tard (mais vraiment très peu
Ouah, il n'est jamais trop tard pour découvrir un chef-d'oeuvre.
C'est même mieux de ne l'avoir lu que maintenant, je serais peut-être passée à côté si je l'avais lu quand j'avais vingt ans.
Maintenant que je l'ai fini, ça m'fout le cafard.
Ce môme, Holden Caufield, il m'a remué les tripes, ça me rend dingue.
Il est perdu, exècre le monde des adultes qui font briller leur carrosserie. Il se fout des filles, elles sont précieuses, mais il les aime tellement qu'il est toujours puceau.
Et il voue un amour indéfectible à sa petite soeur, qui le retient, malgré elle, dans l'enfance qu'il a du mal à quitter...
Il s'imagine partir, loin du monde. Osera-t-il seulement aller jusqu'au bout ?
Il a le coeur écorché ce môme, et il a fait pleurer le mien.
Il faut appeler votre libraire, vous attendez quoi ? OK, on est dimanche, et ça m'tue.
« Si vous voulez vraiment que je vous dise, alors sûrement la première chose que vous allez demander c’est où je suis né, et à quoi ça a ressemblé, ma saloperie d’enfance, et ce que faisaient mes parents avant de m’avoir, et toutes ces conneries à la David Copperfield, mais j’ai pas envie de raconter ça et tout.» Derrière l’errance d’un adolescent à New York, vous trouverez une réflexion sur la perte de l’innocence et sur la nécessité de sonder les marges de notre société.
Quand on reprend un livre que l’on a lu et qui vous a beaucoup plus étant adolescent, on se demande si le plaisir sera le même ou si lecteur et le livre ont bien vieilli. Avec L’Attrape-cœurs, cette seconde lecture a non seulement été plaisante, mais elle m’aura permis de découvrir un «autre livre» ou plus exactement d’en percevoir de nouvelles facettes, plus noires.
Pour commencer par le commencement, j’ai ainsi compris ce que signifiait le titre du livre. Dans sa version originale, The Catcher in the Rye (l’attrapeur dans un champ de seigle) fait allusion à un poème de Robert Burns où cet attrapeur est chargé d’empêcher les enfants de tomber de la falaise. C’est plus précisément le cœur des enfants qu’il faut ici attraper avant que ces derniers ne basculent dans le monde des adultes. Une entreprise vouée à l’échec, car on n’arrêtera pas le temps qui passe, sauf peut-être pour ceux qui, comme le frère du narrateur, meurent enfant.
Aujourd’hui, je vois dans la fuite racontée dans ce roman aussi l’envie de se rapprocher d’Allie, mort d’une leucémie à dix ans.
Voici donc le narrateur, Holden Caulfield, 16 ans, errant dans les rues de New York. Il vient d’être une nouvelle fois renvoyé de son lycée et s’est bagarré à l’internat avec Stradlater qui a eu le tort de coucher avec Jane Gallagher, une amie qu’il estime beaucoup. Et même s’il redoute la réaction de ses parents, son premier réflexe est de rentrer chez lui. Nous sommes en décembre, à quelques jours de Noël. Mais en arrivant, il prend peur et trouve refuge dans un hôtel.
Les trois jours qui suivront racontent les boîtes de nuit, les rencontres, ses obsessions et ses fantasmes. Entre excitation et résignation, entre envie et découragement. Et quand le liftier de l’hôtel lui propose de faire monter une prostituée pour cinq dollars, il accepte la proposition. Mais là encore, rien ne se passera comme prévu. Il lui faudra à nouveau prendre la fuite. Jusqu’à se retrouver interné. C’est du reste de l’asile qu’il nous offre sa confession.
Je retrouve alors dans Salinger le Kerouac de Sur la route. Cette envie, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, de briser le carcan moral et les règles de bienséance. À la fois dans le langage et dans les actes. Si le roman à un peu vieilli, c’est peut-être dans le style, mais après tout cela fait partie de cet instantané des années 1950 qui marque la fin d’une époque. Kerouac comme Salinger ont compris que c’était dans les marges que se construisait le nouveau monde. Des marges qu’ils explorent, quitte à se briser les ailes, quitte à subir les foudres de la société et des parents, encore attachés à l’ordre ancien.
https://urlz.fr/dCbp
Un jeune adolescent, une nouvelle fois exclu de son collège, part du campus, prend le bus et le train et rentre à NYC mais il va traîner pendant deux jours car il ne peut pas rentrer chez ses parents avant jeudi, jour officiel des vacances. Ecrit à la première personne, le livre donne la parole à ce jeune garçon qui va nous parler de son entourage, de sa difficulté à trouver sa place dans sa famille (avec un grand frère, écrivain et scénariste à Hollywood, un jeune frère mort trop tôt et sa jeune soeur , qu'il va aller voir en secret) dans ses études ( des pages sur ses professeurs, ses co-locataires de chambrées, ses copines). Un livre sur la sortie de l'adolescence et une ballade dans les rues de NYC qui m'a touchée et je me suis attachée à Holden.
Lu dans le cadre de la sélection des 68premièresfois (conseil de Stéphanie Kalfon)
Hasard des lectures : en lisant le 4321 de Paul Auster celui ci nous parle de ce livre, un classique de la littérature américaine :
"L'attrape coeur raconte l'histoire d'un lycéen, qui se balade dans les rues de New York. Il ne s'y passe pas grand chose mais la façon dont Holden parle (c'est le héros) est très réaliste et sonne juste et on ne peut pas s'empêcher de l'aimer et d'avoir envie de devenir son ami" 4321 de Paul Auster
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