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Le destin donne parfois d'étranges rendez-vous. Pour Max Nedelec, la cinquantaine, patron d'une imprimerie en difficulté, tout bascule un matin d'avril , quand des policiers viennent sonner à sa porte. C'est le printemps, une douce lumière embrasse son jardin.
Un bordereau perdu, des dettes non honorées, beaucoup de malchance et un peu de triche. La justice frappe, impitoyable. Max Nedelec quitte le tribunal et ne rentrera pas chez lui. Vingt-quatre mois de prison ferme : il s'enfonce dans la nuit.
Là-bas, le bruit des grilles qui s'ouvrent et se ferment marquent les heures ; là-bas, on vit à deux dans 9m2 ; là-bas, les hommes changent de nom et se déforment : il y a Marcos, une montagne au coeur tendre avec qui Max partage sa cellule ; Sarko, inquiétant maître qui règne sur la promenade...; le Serbe qui trafique et corrompt tout ; Bambi, le jeune syrien sous la coupe des puissants ; le trio indomptable qui s'est fait baptiser « la bête » ; et tous celles et ceux qui traversent cet univers parallèle, Françoise, la médecin, les gardiens, l'aumônier puni et le directeur.
Dans la nuit se révèlent les âmes : ce premier roman d'une incroyable maitrise nous plonge dans les arcanes d'un monde inversé, avec ses lois propres. Mais il y a aussi une lumière, une tendresse, des passions : un livre saisi entre deux portes, une messe aux lourds trafics, un jeune cousin devenu avocat , Mélodie la petite fille grandie d'un coup, le souvenir doux de l'ancienne passion... Bienvenue aux âmes perdues et retrouvées.
Laissez-nous la nuit.
Un titre empreint de douceur pour une plongée dans une noirceur dont on ne peut sortir indemne.
« C’est fou comme c’est rapide à mettre en place cette désorientation, cette sensation que plus rien de normal n’est à votre portée, que vous êtes passé de l’autre côté. Là où c’est gris, ça sent mauvais, il fait froid et on ne répond pas à vos questions. Le déclassement s’opère à une vitesse folle ».
D’une plume ciselée et affutée, Pauline Clavière nous emporte dans les 4 saisons en enfer d’un homme qui a tout perdu, jusqu’à son identité. Ce livre, c’est l’histoire vraie de l’Ecrou 29 312B, plus dignement celle de Max, mais elle pourrait tout aussi bien être la vôtre comme la mienne.
Dans la beauté d’un matin de printemps, cet homme ordinaire voit sa vie basculer, happée par une machine bien plus puissante que celles de l’imprimerie familiale qu’il voulait à tout prix sauver d’une mort annoncée.
Pour s’être quelque peu arrangé avec la réalité des chiffres, pour une facture non réglée, quelques courriers négligés et surtout un bordereau égaré dans les méandres de la justice, Max est plongé brutalement dans des ténèbres où se promener est risqué, regarder l’est encore plus, où l’on guette apeuré la bête et la meute en espérant qu’elles passent sans nous voir, et où les KitKat aident à supporter l’insupportable, au même titre que la came et la clope.
Des nuits si noires qu’elles n’en rendent que plus brillante la constellation de petites étoiles qui les parsèment : Marcos le codétenu à qui Max apprend à écrire, les livres qui délivrent, la femme médecin qui fait rêver ces corps sevrés et l’aumônier qui écoute les âmes ravagées mais jamais résignées.
Un moment de lecture unique et un premier roman d’une intensité magistrale.
Je suis admirative de ces auteurs qui accomplissent la prouesse de faire s’entremêler, et bien souvent avec grâce, des émotions que tout oppose. Ils me touchent et m’emportent avec eux.
Pauline Clavière est de ceux là.
28 avril 2017, 7h32, la vie de Max Nedelec bascule. Ce quinquagénaire, patron d’une imprimerie est arrêté et emprisonné. Parce qu’il doit 30 000 euros, parce que le bordereau justificatif de son paiement est introuvable, parce qu’il a refusé de mettre la clé sous la porte et triché avec les chiffres, il se retrouve condamné à vingt-quatre mois de prison. C’est long vingt-quatre mois. C’est 600 pages d’un premier roman percutant qui démantèle les rouages d’une prison qui déshumanise aussi bien ceux qui y sont enfermés que ceux qui sont là pour la gérer.
Max est persuadé qu’il va sortir rapidement. Avec l’aide de Mélodie, sa fille, et de son avocat. Mais bientôt l’implacable justice ne va plus même lui laisser cet espoir. Et les murs se referment impitoyablement. Le voilà dans une cellule, puis une autre. Qu’il partage avec Ilan, un jeune Syrien que la prison brise au sens propre comme au sens figuré. Puis avec Sarko, le caïd de la prison, celui qui domine et terrorise. Puis avec Marcos, en proie à ses propres démons, schizophrène et drogué mais qui recèle malgré tout un fond de bienveillance. Max va faire l’apprentissage du monde de la prison, de sa violence, de sa lâcheté parfois face aux lynchages et aux brimades.
Au milieu des prisonniers et de leurs gardiens surgissent des personnages venus de l’extérieur : la docteure Françoise Rosier, l’aumônier Nicolae Vladistov. Présents pour aider les prisonniers mais eux aussi abimés, maltraités par la vie. Et puis Mélodie, jeune femme combative et sûre d’elle. Et Gino, le neveu de Max, jeune avocat qui va se battre pour lui.
Ce roman est rempli d’images chocs. La peur, la violence sont présentes à chaque page. C’est un livre qui possède une voix, un rythme particuliers et marquants.
L’écriture de Pauline Claviere donne une force incroyable au récit et appréhende totalement ce lieu mortifère, hors du temps où d’autres lois règnent. On se prend à presque ressentir physiquement la pesanteur des lieux, la crainte, les coups, les odeurs, l’étouffement, le manque d’espoir, la haine. Toute cette inhumanité qui trouve à s’exprimer sous la plume de la romancière et qui nous captive et nous rebute tout à la fois. Un premier roman accrocheur et vertigineux.
Saluons la performance de Pauline Clavière qui, pour ses débuts de romancière, a réussi une chronique sensible et documentée sur un sujet délicat, les dédales de la justice et l’univers carcéral.
Tous ceux qui ont déjà eu affaire à la justice le savent, cette institution fonctionne avec des règles qui sont très peu compréhensibles par les simples justiciables et toutes les tentatives faites pour en simplifier le fonctionnement sont jusque-là restées vaines. Sans doute par manque de moyens, mais encore davantage par réflexe corporatiste. En refermant le premier roman de Pauline Clavière, me revient à l’esprit le conseil d’un collègue journaliste, spécialisé dans les affaires judiciaires: «avec la justice, la meilleure chose à faire, c’est de l’éviter autant que possible.»
C’est sans aucun doute ce qu’aurait aimé faire Max Nedelec, le personnage principal de cette histoire aussi terrifiante que plausible.
Seulement voilà, la machine s’est mise en route à son insu. Et quand la police vient frapper à sa porte, il est déjà trop tard. L’imprimerie qu’il dirige et porte à bout de bras a dû faire face à de gros problèmes de trésorerie et, en 2004, il a été condamné avec sursis pour faux en écriture et usage de faux, après avoir falsifié un bordereau. S’il se trouve aujourd’hui devant le tribunal, c’est parce qu’en janvier 2015 une nouvelle condamnation pour facture impayée le frappe et que cette seconde condamnation met fin à son sursis. Max n’a pourtant jamais entendu parler de cette facture, pas davantage que de la révocation de son sursis. Quant à la justice, elle ne trouve pas la trace du paiement des 30000 euros d’amende payés en 2004.
Ajoutez, pour faire bonne mesure, que l’avocat commis d’office pour défendre Max, entend le persuader qu’il vaut mieux ne pas braquer la magistrate qui instruit son dossier en contestant sa version. «Faites-moi confiance, on n’en parle pas, sans preuve du règlement c’est pire.»
Aussi incroyable que cela puisse paraître, voilà qu’en quelques minutes le glaive de la justice aveugle tranche: Max va goûter à sa première nuit en prison. Et si cette perspective l’angoisse, il se dit que l’on va très vite se rendre compte qu’il s’agit d’une erreur, qu’il n’a rien à faire là et que sa fille trouvera le moyen de la faire sortir une fois prouvée sa bonne foi.
Voilà le moment de rappeler à tous ceux qui n’ont pas eu la (mal)chance d’aller en justice que le temps judiciaire n’a rien à voir avec l’urgence, ni même avec ce qu’une victime est censée attendre comme «juste». Les procédures, le traitement des dossiers, l’encombrement du tribunal font que très souvent il faut attendre des semaines et des mois. «Les jours défilent, impalpables, interminables.»
Le roman bascule alors dans la chronique pénitentiaire, dans une destruction qui quotidien dans des bâtiments vétustes où la surpopulation carcérale provoque un regain de violence, de maladies, d’angoisses. Après «Bambi», qui partage ses premiers jours de cellule et va être victime de règlements de compte et se retrouver salement amoché, il change de compagnon de cellule. Marcos pourrait presque être un ami. Aussi, quand on lui trouve un cancer, il va tenter de tout faire pour qu’il puisse être hospitalisé. Inutile de rappeler ici combien l’inhumanité est présente dans l’univers carcéral, les différents rapports des ONG mais aussi les jugements de la Cour européenne des Droits de l’homme sont là pour en témoigner. Et tandis que sa fille s’escrime à le faire sortir de son cachot, Max va pouvoir ne dépeindre par le menu les règles qui s’appliquent dans un univers où la loi du plus fort, du plus riche, et celle du meilleur réseau s’applique.
C’est une descente aux enfers éclairante que nous propose Pauline Clavière. On imagine du reste que la chroniqueuse de «C L’Hebdo» n’aurait aucun mal à rassembler des archives montrant qu’en prison malheureusement rien n’a changé durant les dernières décennies. «Laissez-nous la nuit» est, à cet égard, aussi un moyen de prendre date.
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Imaginez qu’un jour, la police vienne vous cueillir en bas de votre immeuble – immeuble résidentiel dans lequel vous louez le plus beau des appartements. Sous les yeux de votre voisine, une commère que vous soupçonnez de vous voir comme un parvenu, on vous passe les menottes aux poignets, veuillez nous suivre, monsieur, baissez la tête, montez dans le véhicule. Max Nedelec ne comprend pas. Qu’est-ce qui justifie de telles mesures, une telle humiliation ? Il n’est après tout qu’un chef d’entreprise en faillite, est-ce à ce point répréhensible ? Après l’affront de la garde à vue, c’est au tribunal, parqué derrière une vitre, qu’il apprend la raison de son enfermement : une erreur administrative. Un papier, un putain de papier qui n’a jamais été transmis à son destinataire : le bordereau d’une amende judiciaire qu’il est convaincu d’avoir envoyé, pour régler son dû de 30 000 euros… il y a 14 ans ! Un fait presque anodin. Il crie à l’injustice, il n’a rien à faire là, entouré de malfrats qui se crachent au visage. Mais le procureur ne veut rien entendre, c’est la loi, monsieur, on vous avait prévenu. On va vous conduire en prison pour vingt-quatre mois. Le vie de Max s’effondre. Il a 56 ans, a essuyé un divorce et la dépression qui va avec, il n’a pas été préparé à ça – qui l’est, d’ailleurs ?
Le milieu carcéral est violent, délétère, un monde à part qui fonctionne selon ses propres codes, et il est très bien rendu ici. Mais la lenteur de ce roman, sa platitude (certains paragraphes, à quelques pages d’intervalle, sont sensiblement les mêmes) m’a rapidement lassée. Je le regrette, car la transparence avec laquelle l’auteur traite le sujet et l’histoire en elle-même sont intéressantes, une histoire malheureusement crédible. Victime des failles de l’administration, Max Nedelec se voit traité comme un moins que rien, sans avoir la possibilité de prouver sa bonne foi. On ne sait plus, du personnel – geôliers et magistrats – ou des caïds qui l’entourent, qui sont les plus dangereux. Ai-je tremblé pour lui ? Ai-je eu la larme à l’œil, le sentant sans défense, livré à l’horrible machine judiciaire ? Non, et je le regrette. Le discours est parfois décousu, les réflexions du personnage, trop fréquentes, tombent à plat, et l’ennui qui s’installe passé les premiers chapitres de « découverte » persiste et signe jusqu’au bout. Le malheureux Nedelec m’a semblé absent, ailleurs, tout du long. Son rôle d'observateur m'a tenue à distance. Où sont les émotions qui auraient dû me tordre les tripes en m’imaginant à sa place ? L’empathie qu’il aurait dû susciter ? C'est ce qui manque cruellement à ce roman, que j’avais hâte de terminer. Je n'ai pas toujours compris où l'auteur voulait m'emmener, et j'ai fini par rester sur le bord du chemin.
Une lecture intéressante sur le thème de l'univers carcéral. Le lecteur y suit la chute de Max Nedelec, imprimeur, qui se retrouve en prison suite à des accusations de fraude. Dès le début du livre avec l'arrestation de Max, on comprend que ce dernier bascule dans quelque chose qui le dépasse et dont il ne comprend pas toutes les conséquences. Sur ce point, le roman montre bien cette différence entre l'extérieur et l'intérieur d'une prison. Entrer en prison c’est bien plus qu’une privation de liberté, c’est quelque chose qui se vit et qu’on ne peut jamais restituer de l’extérieur.
De ce fait, les détenus, à l’image de Max, ont une période d’hébétement pour s'habituer à cet environnement singulier. A ce titre, les descriptions sur cet environnement sont bien expliquées, les fouilles, les promenades, les cellules à plusieurs détenus, le parloir et bien sûr tous les sentiments négatifs qui accompagnent cette nouvelle vie comme la peur et l'incertitude.
Le livre dépeint aussi de nombreux personnages à l'intérieur de la prison reflet de la société, les bons et les méchants. Le lien avec l'extérieur est maintenu grâce à l'amour de la fille de Max, Mélodie, qui semble être la seule à vouloir se battre pour son père.
L'écriture de ce livre est belle et aérée. A titre personnel, j'ai parfois trouvé la narration décousue passant rapidement d'un sujet à l'autre. De même, j'ai ressenti une sensation de lenteur mais surtout de longueur avec peu d'éléments qui m'ont redonné du rythme. Au final, je pense que 617 pages c'est un peu long surtout sur ce rythme. Je loue toutefois la belle écriture, les phrases souvent courtes et bien construites facilitant la progression, et la bonne restitution de l'univers carcéral.
Pauline Claviere nous propose, dans son premier roman, une plongée au coeur de l'univers carcéral. Max Nedelec, patron d'une imprimerie, se retrouve derrière les barreaux suite à une erreur judiciaire même si notre protagoniste principal semble tout de même souffrir d'une phobie administrative.
Ce premier roman, c'est l'occasion de découvrir une nouvelle plume qui semble avoir de nombreuses qualités. L'écriture est fluide, facile et d'une bonne tenue. Cependant, je me suis rapidement posé une question qui est ensuite resté nichée au coin de ma tête pendant toute la lecture, l'écrivaine n'a-t-elle pas voulu en faire un peu trop ?
Je m'explique, j'ai trouvé ce roman globalement assez brouillon dans sa construction et dans le récit même. Les détails sur différents personnages sont multipliés et peuvent être intéressants mais ils sont souvent mal amenés, on passe parfois de coq à l'âne en une page et il n'est pas toujours simple de recoller les morceaux compte-tenu du nombre de personnages secondaires et des multiples trames secondaires. Et donc forcément, je n'ai jamais réussi vraiment à plonger dans le roman et je suis resté assez détaché de ma lecture.
Pour moi ce roman manque d'un côté vraiment percutant et c'est dommage car les réflexions sur la justice et sur l'univers carcéral sont intéressantes et on a envie de suivre les différents détenus de cette prison car cette galerie de personnage a été bien travaillée par l'écrivaine.
Au final, je ressors donc avec un sentiment plutôt mitigé sur ce roman. Pauline Clavière est une romancière à suivre assurément mais ce premier roman manque cruellement de concision et souffre d'une construction pas toujours très clair avec des transitions trop souvent absentes. Cette histoire aurait vraiment mérité d'être plus incisive, plus percutante. Il n'en reste pas moins que j'ai passé un bon moment de lecture et que je ne déconseille pas ce roman.
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