Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Belle histoire qui s’étend sur 3 périodes : années 40 , années 70 et aujourd’hui.
1977 Brunhilde et Mariella ( la première allemande et la seconde suisse allemande) débarquent dans ce village du Cantal. Elles détonnent , et c’est rien de le dire . Belles , jeunes , libres, déterminées . La seconde guerre mondiale n’est pas si loin , la présence des 2 allemandes dérange . D’autant plus qu’elles ne sont pas de passage . Elles s’incrustent , « veulent être du village », aidées en cela par une partie des villageois.
Qu’est ce qui a bien pu attirer ces 2 jeunes allemandes au milieu de nulle part ?
C’est pour répondre à cette question que Pauline enquête , avec sa mère .
Enquête qui remontera jusqu’en Allemagne durant la seconde guerre mondiale . Il y sera question de STO ( Service du travail obligatoire) et d’un lien entre le village et l’Allemagne
Dans ce très beau « roman- enquête , il est question de discussion silencieuse, de recherche d’une terre d’accueil ,de secrets de famille, de transmission, de foudroiement, d’une maison bulle...
J’ai aimé l’ambiance de ce roman , la relation mère fille , cette tendresse pour ces gens de la terre, cette histoire vraie
Toute la palette de la psychologie humaine, dans ce nouveau roman de Pauline Clavière « Wunderland », paru le 21 août aux Editions Albin Michel, son troisième roman, après « Laissez-nous la nuit » et « Les paradis gagnés » parus aux Editions Grasset.
Pauline retourne, en décembre 2022, avec sa maman Lilli dans le hameau où ses grands-parents ont vécu. Dans ce trou du c... du monde, ce « Lieu-dit » de la campagne cantalienne, verdoyant et paisible à souhait. Elles connaissent les lieux, puisqu’elles y séjournent régulièrement pour des vacances d’été ou de fin d’année. Aujourd’hui, l’écrivaine enquête, pour son nouveau roman, sur un événement survenu au cœur de l’été 1977, qui a scindé la petite communauté rurale.
Dans cette petite vallée enclavée, la population vit en vase clos, ce qui ne favorise pas l’ouverture d’esprit. La fête du 14 juillet bat son plein, lorsque déparquent, à bord de leur van, deux splendides jeunes femmes, la blonde Brunhilde et la brune Mariella accompagnées d’un grand échalas Louis qui s’éclipsera rapidement, simple compagnon de rencontre. Des touristes, ces hippies ? Non, pas vraiment puisqu’elles recherchent un lieu d’habitation où se poser.
Le père Carette, homme bienveillant, propose une grange désaffectée, qui lui sert de débarras. Avec l’aide des plus coopératifs, ils réhabilitent la remise et construisent un four pour cuire les céramiques que les deux filles projettent de fabriquer. Au fil des discussions, leur esprit citadin, leur joie de vivre, mais surtout leur origine germanique, interpellent. Cela rappelle, aux plus anciens, leur séjour durant la dernière guerre, en Allemagne surtout que Brunhilde est originaire de la localité où Antoine Carette a travaillé, dans une ferme, pendant la période de Service de Travail obligatoire (STO). Coïncidence, pur hasard ?
Les plus jeunes, eux, s’exercent au jeu de la séduction et viennent grossir le rang des partisans ou des détracteurs selon qu’ils se sentent admis dans l’entourage ou éconduits. Pour la plupart des femmes, c’est un rejet, il n’y a qu’à voir les yeux de leurs hommes, pour savoir qu’elles représentent un réel danger. Le clan hostile ne manque pas d’arguments, ce sont des sales « boches », des sorcières, des terroristes planqués (la bande à Baader, terroristes allemands, sévit à cette époque). Difficile de faire face aux hostilités, nos deux amies résisteront elles à la pression populaire ? Saura-t -on, enfin, pourquoi elles ont choisi ce coin paumé pour s’établir ?
Le roman, par de petits chapitres courts donnant du rythme, évolue sur plusieurs temporalités : le moment présent (2022) où Pauline interroge les témoins survivants, 1977 pour nous relater le déroulement des faits et la période de la guerre, que l’apparition des jeunes allemandes, a fait rejaillir dans les esprits des plus anciens. On se laisse prendre à l’atmosphère oppressante, aux chicanes mais aussi aux beaux moments de fraternité. Une belle étude de la diversité du comportement humain,
Dans sa partie finale, on apprend le devenir de tout ce petit monde et qui sait, l’origine de ce lourd secret ? J’ai apprécié cette lecture, d’autant plus qu’elle m’a rappelé mes douces vacances de jadis, en Auvergne, avec ma petite famille.
Remerciements aux Editions Albin Michel pour m’avoir permis ce moment d’évasion
En décembre 2022, l'auteure part avec sa mère dans le Cantal, dans le hameau où a vécu sa famille et où elle a passé ses vacances étant enfant. Son objectif est d'écrire un livre, celui-ci, pour remonter les cours de l'histoire jusqu'à l'arrivée de deux jeunes allemandes le 14 juillet 1977. Leur présence déclenche une série d'évènements qui ont bouleversé le hameau. Pauline Clavière rencontre les protagonistes de cette époque encore vivants , aidée par sa mère. Mariella et Brunhilde, les deux allemandes, ne sont jamais parties et vivent encore au village.
Ce roman est en fait une enquête romancée sur la région d'enfance de l'auteure et une plongée dans une terre paysanne sauvage. Il est un témoignage des traces qu'a laissées la guerre sur les hommes qui en sont revenus et qui ont repris leur vie, taiseux, comme si rien ne s'était passé. Les allemandes sont un catalyseur de ce passé mais aussi les victimes du rejet de l'étranger, de ce qu'on ne connait pas et qui fait peur. le roman alterne les années de guerre, 1977 et 2022 en laissant planer jusqu'à la fin la vraie raison de l'arrivée de Brunhilde et Mariella qui ont surnommé cette région Wunderland, le pays des merveilles, leur pays des merveilles.
L'auteure sait rendre l'atmosphère étouffante, tendue de ces villages des années 70, perdus au milieu de nulle part, où tout le monde se connaissait, avec ses cancanages, ses croyances païennes, ses jalousies, ses mesquineries, les désirs d'ailleurs que la réalité quotidienne éteint rapidement.
Pauline Clavière rend hommage, à travers ses personnages des deux allemandes, au combat des femmes, dans les années 70, pour vivre de leur travail, pour vivre seule, pour aimer qui elles veulent ; cette liberté que certaines femmes jalousaient ou que les hommes ne supportaient pas pouvaient se payer très cher.
Elle rend aussi hommages aux français qui ont combattu contre les Allemand ou ont été faits prisonniers et envoyés en camps de travail (les STALAG) et qui pourtant n'ont pas voulu être détruits par la haine à la fin de la guerre.
Malgré les qualités de ce roman et de son écriture, je me suis ennuyée à certains moments, ne trouvant pas de fil directeur, me demandant où l'auteure voulait nous emmener. Un format plus ramassé aurait permis probablement d'éviter les longueurs.
Max, la Bête et la prison
Pour son second roman Pauline Clavière a choisi de redonner du service à Max Nedelec, désormais sorti de prison. Mais est-il un homme libre pour autant? Son passé carcéral va venir le hanter, de plus en plus menaçant pour lui et ses proches. Un roman âpre, douloureux et sans concessions.
Pauline Clavière n'en a pas fini avec la prison et avec Max Nedelec. Dans «Laissez-nous la nuit», son premier roman, elle suivait les pas d'un petit patron victime d’une justice aveugle nommé Max Nedelec. Ce dernier se retrouvait en prison où il subissait les dures lois de cet univers impitoyable.
Cette fois, on le retrouve sa peine purgée, au moment où il est à nouveau convoqué par la justice. Une demande qui l'inquiète, même s'il n'a rien à se reprocher, car il sait que tout peut déraper à chaque moment. En fait son cas intéresse les politiques chargés d'une réforme carcérale et qui aimeraient recueillir son témoignage pour étayer son opinion sur l’état des maisons d'arrêt. "La nourriture, les cellules, le personnel, la direction. Ils passent tout au peigne fin." Une mission que n'accueille pas de gaîté de cœur Michel Vigneau, responsable de la prison, au centre d'un fait divers qui commence à faire couler beaucoup d'encre:
Prison : enquêtes sur la mort de deux détenus
passée sous silence
Au cours d’un incendie survenu dans une cellule début janvier, les prisonniers ont dû être évacués des derniers étages de la prison. Durant l’évacuation, un des détenus a été sauvagement assassiné et l’individu logé dans la cellule d’où semble s’être déclenché le feu n’a pas survécu.
Les deux hommes ont trouvé la mort à quelques minutes d’intervalle, dans des circonstances troublantes.
Lui qui a toujours pris un soin particulier à ce que la prison ne s’invite pas au sein de sa famille aimerait préserver sa femme Caroline et sa fille Chloé du scandale qui s'annonce. Une fébrilité partagée par le commissaire Matthias Mallory et son équipe, par les avocats impliqués dans ces dossiers et par le ministère qui entend mener à bien la réforme sans faire de vagues.
Aussi quand il s'avère que Laure Tardieu, conseillère Afrique au Quai d'Orsay partage la couche de Max, les cercles médiatico-politiques sont aux abois. Car "la plus brillante analyste et connaisseuse de la région" peut leur mettre des bâtons dans les roues. D'autant qu'autour de Max gravitent d'anciens codétenus. D'abord les amis, Marcos Ferreira, hospitalisé pour un cancer et Ilan, un jeune homme réfugié syrien qu'il accepte d'héberger chez lui. Puis les toxiques Redouane Bouta, Julian Mandini et Mohammed El Ouazidi. "La bête c’était eux, une bête à trois têtes. La prison était leur territoire, la violence leur mode d’action."
C'est durant le mois de juillet 2018, quand la France devenait championne du monde de foot pour la seconde fois, que Pauline Clavière situe son roman, qu'elle va faire se heurter la liesse populaire aux faits d'hiver sordides. Le choc n'en est que plus violent. Avec force détails qui cernent parfaitement la psychologie des personnages, elle nous démontre qu'on n'en a jamais vraiment fini avec la prison, que tous ceux qui s'y frottent sont marqués à vie. Il faut alors une incroyable force de caractère pour se libérer de ses chaînes, pour gagner les paradis.
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