Et si on composait un texte nous aussi ?
Pour le rendez-vous elle avait colorié sa bouche de coquelicot en tube, poudré ses pommettes, la totale. Elle apprendra que son rouge avait bavé sur ses incisives, ravageant son sourire un brin carnassier. Bartolomeo avait trouvé Sali jolie quoiqu'un peu ridicule, elle avait quelque chose d'une tasse de porcelaine mal rangée, au bord de la chute, en détresse. » Sali, Bartolomeo. Un amour qui dure depuis trente ans. Mais un grain de sable enraye tout : sur les sentiers des Pyrénées, Bartolomeo est victime d'un AVC. Comment l'accompagner ? Comment croire à l'avenir ? Contre l'accident fatal, il reste un seul ressort : la volonté d'une femme, qui décide de réenchanter les derniers instants de son mari.
La téméraire est un texte bouleversant qui embrasse la maladie dans une danse grave et généreuse.
Et si on composait un texte nous aussi ?
Et vous, quels sont vos coups de cœur dans la liste ?
La Téméraire est un beau récit, intrinsèquement beau. Par une langue belle et subtile, c’est une histoire d’amour et de courage que nous invite à lire Marine Westphal. Sali et Bartolomeo s’aiment depuis trente ans, lovés dans leur nid au cœur des Pyrénées. Mais lors d’une de ces quotidiennes promenades, Bartolomeo est victime d’un AVC. Le grain de sable enraye tout et le mari de Sali n’est plus qu’un légume déshumanisé. Sali, d’abord désemparée, ne peut se résoudre à la situation. Non, cela ne peut pas se finir ainsi. Alors, La Téméraire se réveille.
C’est très beau à lire, très fluide, très poétique et les phrases sont très bien construites. Le sujet est éminemment douloureux, délicat, voire glissant. Pas de jugement ici, ni de plaidoyer excessif pour la fin de vie, ni de pathos indigeste… C’est une histoire d’amour, dont les protagonistes sont confrontées à la maladie irréversible, se débattant dans des déchirements et des émotions insurmontables. Ne reste alors que le courage de l’amour. Bouleversant
https://lorenaisreadingabook.wordpress.com/
« J’ai aimé ma mère, follement. Je l’ai cajolée, protégée. Je lui chantais des comptines de couleur, bleue, ou rose selon l’humeur, pour la rassurer. Je l’épaulais lors de ses chagrins d’amour, j’assistais, déboussolée, à ses crises de manque. J’étais parfois la mère de ma mère… Pourtant, je l’admirais plus que quiconque, je ne l’aurais à aucun moment échangé contre une autre. Maman, elle n’avait pas peur de se bagarrer avec ses pieds et ses mains, ni de claquer la porte aux nez de ses amants. Maman, elle partait en pleine nuit faire la fête, elle m’emmenait dans des dîners de grands en plein Saint-Germain des Prés, à la Coupole ou au Flore, alors que nous vivions dans de petits appartements faits de bric et de broc. Ma mère était bohème. Elle était mon ciel et ma terre. Elle était mon Ode. Tout un poème. »
Un texte bouleversant sur la maladie et l'accompagnement des proches, mais aussi une ode à l'amour
Entrelacement de mots et d'émotions qui se mêlent en une danse folle...
Roman qui se finit en une danse folle où la vie reprend le dessus. Ode magnifique montrant la force éternelle et surdimensionnée du vrai amour..
J’ai reçu une claque avec ce livre.
Sali et Bartoloméo dit Lo Meo, un couple qui a su garder et faire grandir leur amour. Ils se tiennent par la main depuis trente années. Pourtant l’irréparable arrive par le biais d’un AVC de Lo Méo lors d’une randonnée dans les Pyrénées avec son ami, son poto.
Bien sûr, comme disent les médecins, il est vivant, mais le verdict tombe, dommages irréversibles, débrouillez-vous avec cela. On le ramène chez lui, se retrouve dans un lit médicalisé qui encombre le salon. LUI, le vivant, le roc, le socle, le chêne, le voici devenu légume, poireau flétri par le gel.
« Un lit au centre du salon, un matelas aux bourrelets tendus d’air, un homme en pyjama au mois d’août, allongé. Est-ce qu’il dort, je l’ignore. Sali veille. »
Sali est là, passe ses journées à ses côtés, assise dans le fauteuil, témoin de tant de bonheur, se refusant toute autre activité, même se laver les cheveux. Elle y vit, y campe.
« Le corps d’une femme disparait dans un volumineux fauteuil aux gros boudins de bras, baptisé Goliath. Le genre confortable et crevé d’avoir trop servi. »
Suite à une phrase d’Olga, l’infirmière à domicile, un jour l’idée germe dans l’esprit de Sali, d’emmener une dernière fois Lo Meo à son « jardin », qu’il s’éteigne sur son tapis de mousse la face vers le paysage qu’il admire tant et où ils aimaient aller.
« Car elle avait un but, un incroyable objectif qui mobilisait toutes ses pensées et des forces : ne pas le laisser crever là, lui qui aimait tant l'impolitesse du vent et les grands espaces »
« L’endroit était si pur que les astres semblaient se pencher sur la Terre et sur ses colonisateurs bornés, l’altitude rendais les étoiles grosses comme des galets, presque palpables. Allongés sur la mousse, une nuit d’été, Sali et Lo Meo s’étaient amusés à les collectionner entre le pouce et l’index réunis en pincette, bras tendus, bouches béantes, émerveillés devant l’espace infini. Puis ils avaient entrelacé leurs dix doigts ».
« Sali voulait juste le porter là-bas, lui offrir ce voyage ».
Ainsi, elle est devenue la Téméraire, celle qui se cachant de tout le monde a porté, au sens littéral du mot, Lo Meo vers leur jardin, son jardin. C’était leur moment, le dernier, l’ultime, à tous les deux. Une fois les yeux de son mari fermés définitivement, elle prévient ses enfants.
Maïa, habite loin de chez ses parents, depuis l’annonce de l’AVC, elle se soûle la nuit et emmène des mecs chez elle, juste pour se sentir vivante et retarder l’apparition de la bête, de la mort. Quant à Gabin, resté proche, il est là, se tient pas trop loin de sa mère, passe tous les jours.
Marie Westphal a mis des mots, des phrases sur mes peurs, sur MA peur, sur mon cauchemar ; voir mon mari partir avant moi, victime légumière d’un AVC. Avec ses mots, ses phrases, son écriture lumineuse, précise, ses descriptions poétiques sur la nature, elle a trouvé les mots justes, les phrases intenses pour parler de la fin de vie. Nonobstant l’émotion qui m’a submergée, j’ai aimé la façon dont l’auteure s’est emparée du sujet. C’est un premier roman maîtrisé et abouti.
Merci Marie Westphal.
Ce livre fait partie des 68 Premières fois et c’est un coup de cœur, même un coup dans l’estomac.
Téméraire, Sali va l’être.
Par respect pour Lo Meo, le grand amour de sa vie.
Le bel homme élégant et plein d’énergie, terrassé par un AVC.
Témérité après de longs jours suspendus au souffle du malade, sans répit, sans repos.
Et il en faut de la hardiesse pour entreprendre et s’entraîner seule, en cachette, l’impensable qu’elle estime être l’indispensable.
Une histoire bouleversante, pleine d’une belle humanité : une histoire d’amour qui dure une vie entre Sali la lunaire et Lo Meo le solaire ; Maïa et Gabin, les enfants qui essaient de se construire au sein de cette passion, ou malgré elle ; Olga, l’aide-de-vie attentive et brusque qui respecte le choix de Sali.
Une écriture travaillée, soignée, peut-être parfois trop. En effet les phrases longues, compliquées, syncopées ont parfois nui à la fluidité de ma lecture : « A voix basse, Maïa vomit une poêlée d’injures à l’intention de son frère et lança un regard furibond à la vieille dame en Clarks Hamble Oak et mi-bas se trouvant malencontreusement au même niveau sur le trottoir. »
Et pourtant, les mots sont parfois bouleversants : « … Gabin pensa s’effondrer mais se surprit à respirer plus largement qu’auparavant. Il aspirait enfin l’essence de son père, sa force, sa fierté, sa confiance. Il se tourna vers sa mère et la prit dans ses bras. »
Une histoire forte, racontée avec des mots tricotés en torsades compliquées, que j’ai eu plaisir à lire.
Sélection 68premièresfois Un premier roman bouleversant, du fait de son sujet mais aussi de son écriture. J’ai lu ce livre d’une traite et ai été happée par cette écriture qui nous parle d’un sujet si délicat et difficile. Sali s’occupe dans sa salle à manger de son mari Bartolomeo, qui a eu un AVC et qui survit sur un lit médicalisé. Les journées sont rythmées par les visites des infirmières et de la gentille voisine qui se propose pour faire les courses. Les deux enfants sont présents aussi, Poucet le petit dernier est là et essaie d’aider. La fille, elle, est plus loin mais n’arrive pas à faire face à ce déclin du père. Un sujet dur et qui interpelle. Grâce à une écriture poétique et sensible, nous sommes happés par cette histoire bouleversante qui traite avec beaucoup de délicatesse et d’humanité, des fins de vie et des choix que l’on peut ou ne pas faire. Quelquefois les livres nous bouleversent car il nous parle de la vie, de la mort, de la fin de vie. Un premier roman bouleversant mais pas larmoyant. Un livre d’espoir et de volonté. Une belle écriture pour décrire la maladie, un AVC, les rapports humains et la nature toujours proche. On est en plein avec les personnages, que ce soit dans cette salle à manger transformée en chambre de malade, dans une voiture avec les questionnements des enfants et enfin dans les Pyrénées et la nature pour se ressourcer ou d’échapper. Un texte très émouvant. Merci de m’avoir fait découvrir ce texte qui est bouleversant mais si poétique et humain. « Car il est une chose plus pénible encore que d'apprendre la mort d'un être aimé, c'est de l'attendre." (p 51)
Sali attend le décès de son conjoint Bartolomeo, qu’elle aime depuis 36 ans. Victime d’un AVC et sauvé de justesse, Bartolomeo sombre petit à petit dans la mort. Après un épisode à l’hôpital, Sali prend soin de lui au sein de leur foyer. Cela fait huit mois qu’elle s’oublie et se laisse aller. Elle ne le quitte pas des yeux. Elle ne veut pas rater un éventuel réveil ou même un mouvement de paupière de celui qu’elle aime et qu’elle ne se résout pas à voir partir. Leurs deux enfants, Gabin et Maïa, vivent avec ce décès imminent comme ils le peuvent.
J’ai été surprise par le style de Marine Westphal. Sans que l’on s’en aperçoive, elle passe avec subtilité de la poésie à un style très direct, voire cru. Elle sait concilier la douceur et la tendresse de l’amour de Sali avec l’aspect mécanique des actes médicaux qu’elle pratique. Marine Westphal manie son texte avec facilité et grâce.
Bien que je m’attendais à être bien plus touchée par ce roman à la thématique si sensible, je vous le recommande. Ce petit livre ne vous demandera que deux heures de lecture et se lira avec facilité et fluidité malgré une thématique qui peut pourtant sembler pesante. C’est certainement dû à cette belle fin, qui m’a donné une impression de grandeur et d’air pur, tout en contraste avec la maladie de Bartolomeo.
La téméraire... un livre qui laisse des marques obligatoirement !
Sali et Bartolomeo ont tout partagé depuis tellement d'années que lorsque l'AVC est déclenché et entraîne avec lui des conséquences particulières, lourdes à porter au propre comme au figuré, Sali fera face et fera des choix. Mais à quel prix ?
Ce livre est riche en émotions. Il m'a emmené sur des chemins que je n'ai pas envie d'emprunter, celui des questions de l'avenir, des choix qui parfois doivent être faits. La vie n'est pas un chemin long, régulier et limpide...hélas ! La mort est un sujet délicat et avoir une opinion aujourd'hui ne signifie pas que demain elle sera la même !
Marine Westphal nous montre alors que parfois, l'impossible devient possible, que se sentir faible par moment est un droit et même un devoir mais que la force de l'amour est toujours présente et nous fait agir au nom du couple !
J'ai aimé le personnage de Sali car je la voyais / imaginais plutôt gringalette et finalement sa force de caractère m'a surprise ! Je ne pensais pas qu'elle prendrait certaines décisions et qu'elle assumerait jusqu'au bout...
C'est une histoire terrible mais qui au-delà de la maladie, montre la capacité de l'être humain à s'adapter. Les gens changent devant la maladie, ils remettent en question leurs certitudes sur la vie, sur ce qui est bien ou mal. C'est ce que j'ai retenu principalement de ce roman. J'ai été sensible aux sensations de Sali lorsqu'elle trouve l'apaisement...
Marine Westphal a une plume percutante, franche, et touchante. J'ai mis du temps à écrire mon avis car il fallait laisser reposer les sentiments. Par moments, l'immobilité qui se vit dans ce salon, m'a donné envie de faire réagir Sali et puis lorsque sa décision a été prise j'ai été émue... Elle a su écouter son mari et ses besoins surtout...la mort est souvent injuste ou n'arrive pas alors qu'on le sait, on le sent qu'elle rôde.
Dans ce roman, tout est pesé, le professionnalisme de Marine Westphal (elle est infirmière) se ressent et c'est aussi ce qui m'a permis de prendre la distance nécessaire pour laisser mûrir mon avis.
C'est un premier roman réussi !
Une image, un diagnostic ainsi qu’une question vont sans doute hanter le lecteur au moment de refermer ce livre poignant. Il y a d’abord ce décor, un lit médicalisé installé dans la pièce à vivre – la si mal nommée – d’un petit pavillon. Un homme immobile l’occupe, surveillé par une femme qui n’a plus d’âge.
Le diagnostic est sans appel, il tient en trois lettres : AVC. « Que s’était-il passé ? Une grenade avait pété dans la tête de Lo Meo. À qui la faute, voilà le plus dur. Ils avaient dit qu’à ce stade même une rognure d’ongle aurait suffi, ses vaisseaux étaient devenus si petits, un rien pouvait faire barrage. Faire barrage. Couper la circulation. Route barrée, vies au caniveau. Un accident vasculaire cérébral comme un embouteillage en pleine campagne, l’horizon mangé par le dos rond des bagnoles. »
Pour l’épouse et pour ses enfants commence alors l’une des pires épreuves d’une vie, résumée dans cette phrase cinglante « il est une chose plus pénible encore que d'apprendre la mort d'un être aimé, c'est de l'attendre ».
Avec Sali, qui a choisi de veiller son mari jusqu’à l’épuisement, on se demande alors comment on réagirait dans une telle situation, tout en espérant ne jamais avoir à être confronté à ce drame. « Elle commença à violenter ses méninges à la recherche de son rôle dans l’histoire, la fin de leur histoire ; sa place n’était pas à côté, les bras chancelants et le cerveau pilonné, elle était avec. »
Pour un premier roman, Marine Westphal fait preuve d’une belle maîtrise dans la construction de cette histoire et surtout d’une écriture sèche, sans fioritures, sans pathos. De la sensibilité sans sensiblerie en quelque sorte. Mais un sens de la formule choc, d’où cette incroyable force qui se dégage de ce court roman que l’on prend comme un coup de poing et qui fait mal, nous laisse exsangues.
Mais Sali ne jette pas l’éponge et décide de remonter sur le ring, « car elle avait un but, un incroyable objectif qui mobilisait toutes ses pensées et ses forces ; ne pas le laisser crever là, lui qui aimait tant l’impolitesse du vent et les grands espaces. » Même si elle doit faire fi des conventions, se heurter à ses enfants qui ne comprennent pas cette initiative, « elle avait encore le droit d’essayer de faire ça pour lui : sauver sa mort, puisqu’elle ne pouvait sauver sa vie. »
Après trente-six ans de vie commune et d’un bel amour qui ne peut s’éteindre sans un dernier geste, nous voilà entraînés dans un ultime voyage, une dernière randonnée… inoubliable. http://urlz.fr/5arJ
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