Isabelle Alonso nous dévoile sa bibliothèque idéale.
Lorsque la table du déjeuner familial est desservie et que s'annonce un après-midi sans surprise et sans sorties, que faire ? En Amérique latine, des millions d'hommes - et surtout de femmes - attendent alors le moment de tourner le bouton de la radio pour absorber leur dose quotidienne de rire, de larmes et de rêve. C'est derrière les feux de cette rampe-là, faussement clinquante, que le grand romancier péruvien nous mène : acteurs vieillis dont seule la voix séduit encore, tâcherons de l'écriture dévorés par le halo d'une gloire illusoire, requins de l'audio-visuel artisans de la misère de leurs «créateurs». Pedro Camacho, un as du feuilleton radio, arrive alors à Lima. Il n'a d'autre vie que celle de ses personnages et de leurs intrigues. Enfermé jour et nuit dans la loge de l'immeuble de la radio, il manipule les destinées de ces êtres imaginaires qui font battre le coeur des auditeurs. Mais voilà que, au comble de la gloire, son esprit s'embrume : comme des chevaux fous, ses héros franchissent les barrières, font irruption dans des histoires qui ne sont pas les leurs et engendrent une avalanche de catastrophes : les auditeurs affolés portent plainte... En contrepoint, nous est contée l'histoire de «Varguitas» : à dix-huit ans, il poursuit, mollement, des études de droit, comme l'exige son père. Installé dans un cagibi, il gagne quelques sous en rédigeant les bulletins de nouvelles pour la radio de Lima et rêve de faire publier les nouvelles qu'il écrit à ses (nombreux) moments perdus. Pour la première fois, Mario Vargas Llosa parle ici à la première personne et raconte son histoire : «Varguitas» n'est autre que lui et la tante Julia, fraîchement divorcée, de quinze ans son aînée, a bien existé. Malgré l'opprobre familial et le rocambolesque bureaucratique, il finira par l'épouser. Il est difficile de mieux conjuguer le rétro, le kitsch et le mélo que Mario Vargas Llosa le fait dans ce livre, l'un des plus éblouissants témoignages sur ce qu'est aujourd'hui le vécu, le ressenti, le rêvé de l'homme moyen en Amérique latine.
Isabelle Alonso nous dévoile sa bibliothèque idéale.
Une complexité artistique étonnante d’une incisive ironie pour ce roman magistralement construit en équilibre sur un tissage de leurres, semi-autobiographie et nouvelles fictionnelles.
Basée sur l’histoire de son premier mariage, l’auteur péruvien/espagnol lauréat du prix Nobel, nous livre la part autobiographique de sa jeunesse, intercalée un chapitre sur deux, avec des histoires de Lima nourries d’un imaginaire plein de dérision critique et de causticité.
Le scribouillard n’est pas Vargas Llosa comme le titre pourrait nous donner à le penser. C’est le nom attribué à un personnage du roman mais en même temps, à dix-huit ans, Mario Vargas Llosa rêve de devenir écrivain en vain… Ses nouvelles essuient refus sur refus. Notre écrivain en herbe n’arrive pas à décoller dans le métier.
Sous l’exigence parentale, l’auteur suit des études de droit.
A la fois, il travaille en tant que Directeur d’informations à la radio Panaméricaine de Lima.
Il va y voir arriver un écrivain vedette bolivien excentrique et prolifique se faire embaucher. Ce dernier, Pedro Camacho est un auteur à succès en matière de radio feuilletons populaires et créant illusion et émotion, attire des millions d’auditeurs qui vont le suivre au quotidien, l’oreille collée au poste.
On comprendra que ces histoires sont pour beaucoup basées sur des faits divers de Lima qu’il va faire dévier dans des histoires imaginaires passionnantes, des histoires derrière l’histoire dont la tragédie de l’Estadio Nacional, catastrophe de ferveur footballistique tristement restée dans les annales.
Les nouvelles décrivent des gens de toutes classes sociales, dont la vie va s’écrouler comme des châteaux de cartes, poussés à l’extrême face aux peurs de la calomnie et où chaque protagoniste est enferré dans un engrenage.
Les histoires s’enchaînent les unes aux autres jusqu’à ce que Pedro Camacho perde pied, s’emmêle les pinceaux et que plus personne ne comprenne qui est qui. Perdant le fil du suivi de leur émission journalière addictive, les auditeurs plongés en pleine confusion, manifesteront leur mécontentement.
On retrouve là, le regard critique de Vargas Llosa sur la presse à sensation, phénomène de masse. Pedro Camacho se fera dégager et sera interné. Ses feuilletons seront remplacés par un jeu à grand audimat, intitulé « Répondez pour soixante-quatre mille sols »…
Pourtant Vargas Llosa découvrira Pedro Camacho et appréciera le poète et philosophe qui se cache derrière le scribouillard. Un ermite fragile qui flirte avec la misère, la mélancolie et la folie.
D'autre part, l’arrivée surprise de la tante Julia va bousculer la vie de Mario Vargas Llosa.
Elle vivait en Bolivie mais divorcée, elle revint au sein de sa famille à Lima. Elle est assez volage et n’a de cesse de taquiner Mario Vargas Llosa jusqu’à ce que ce petit jeu se termine par un mariage.
Belle sœur de l’oncle maternel de l’auteur, Julia Urquidi a 14 ans de plus que l'auteur qui n’a alors que 18 ans. Mineur, il a besoin de l’autorisation paternel qui lui est vertement refusée. Toute une aventure qui va nous entrainer à travers le Pérou.
Le mariage de Vargas Llosa avec Julia Urquidi dura huit ans. Ils voyagèrent et résidèrent un an en Espagne et cinq ans en France.
L’auteur trouva de nombreux jobs de traducteurs, d’articles de presse et de cours qui leur permirent de vivre tout en lui laissant du temps pour écrire. Il sera édité et on connait la suite…
L’auteur dépeint magnifiquement bien la déchéance de ceux qui avaient tout et la résistance de l’individu face à la peur de l’échec.
Une lecture addictive qui balance entre le général et le particulier des vies péruviennes créant ainsi un roman intense, intelligent et foisonnant signé par un des auteurs les plus capés de notre génération.
Hormis le Prix Nobel en 2010, ses récompenses littéraires sont innombrables (dont 40 honoris causa). En 2016, il est le premier auteur de langue étrangère à rejoindre de son vivant la Bibliothèque de la Pléiade.
Si je suis plutôt en désaccord avec le politique et l’aficionado, (voir Wikipedia), je ne peux que saluer ce chef de file de la littérature latino-américaine et son immense talent
Ce roman est structuré entre les chapitres impairs et les chapitres pairs.
Dans les Chapitres impairs Nous découvrons l’histoire de Varguitas, jeune homme de 18 ans vivant chez ses grands-parents entouré d’une nombreuse parentèle, oncle, tante…Arrive La tante Julia, divorcée venue de Bolivie pour se trouver un nouveau mari bien nanti. Ce trame entre Varguitas et Julia un petit flirt qu’ils cachent à la parenté et qui petit à petit se transforme et grandit. Il faut dire que Julia a 30 ans et Varguitas 18 !!!! A cette époque, cela ne pardonnait pas, pensez, en plus une divorcée !!! Nous suivons, au fil des chapitres impairs la montée de leur amour avec l’apothéose finale.
Mais, dans les chapitres pairs, nous découvrons un personnage clé de ces années 50…. Le feuilletoniste radio. Pas n’importe lequel : Pedro Camacho venu de la Bolivie voisine. Nous découvrons ses histoires et son histoire. Tout commence benoitement pas une historiette pour aller jusqu’à l’apothéose et la destruction finale de tous les héros de ses feuilletons. Pedro, être malingre et difforme ne vit que pour ses histoires qui peu à peu le détruisent.
Je suis de suite entrée dans ce roman, mais au second feuilleton, j’étais un peu lasse de ces extraits radiophoniques. Pas envie de cette littérature de feuilleton et j’ai stoppé ma lecture. Mais….. à un certain moment, j’ai repris et là, il a fallu que je remonte aux premiers car, il y avait du crescendo dans le feuilleton jusqu’à la catastrophe finale !!!
Mais qui est vraiment le scribouillard ???? Pedro Camacho le feuilletoniste ou Varguitas qui s’essaie à écrire des nouvelles qu’il jette aussitôt ???? D’après le titre on sait que c’est Varguitas, mais le feuilletoniste, art majeur dans l’Amérique du Sud des années 50, n’en est-il pas un également ? En tout cas, Vargas Llosa nous décrit de belle façon les affres de l’écriture et des débuts d’un écrivain.
Ce livre, difficilement racontable est une belle photo du Pérou des années 50 et, si j’aligne mes souvenirs, c’était quelque peu la même chose chez nous. Le milieu bourgeois qui a vu naître Varguitas (autrement dit Mario Vargas Llosa) y est très bien décrit. Ces feuilletons radiophoniques du début d’après-midi, très prisés par toute la société sud-américaine perdurent avec les feuilletons télévisés, ces fameuses telenolevas.
Ce n’est pas un coup de cœur, mais un très bon livre d’une très belle écriture nerveuse ou languide selon les moments. Je n’ai pas boudé mon plaisir malgré une longue interruption qui m’a paru nécessaire car je m’y enlisais
Sans doute un des livres les plus droles que j'ai lus.
Superbe histoire si bien écrite. Un grand écrivain.
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