La Librairie du Globe, spécialisée en littérature russe, vous propose ses conseils éclairés
Un jeune bidasse russe revient de son service militaire en Tchétchénie le visage monstrueusement brûlé après l'attaque de son tank par les boeiviki. Pour oublier, Kostia, dont le visage terrorise les enfants, se met à boire comme seuls les Russes savent le faire... à mort. Il suit en cela l'enseignement d'un peintre raté qui lui a appris deux choses : boire de la vodka sans simagrées et ouvrir ses yeux au monde pour mieux le peindre.
Avec deux de ses camarades, il part à la recherche du quatrième rescapé de l'équipage de tankistes qu'ils formaient en Tchétchénie. Dans leur périple à travers les villes russes, leurs gares, leurs rues, leurs faunes, Kostia mettra en pratique la seconde leçon essentielle de son maître : apprendre à voir, donc à dessiner, donc à vivre.
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Comment parler de ce roman ? C’est un OVNI que j’ai lu sans m’arrêter une seconde, tellement j’étais assoiffée… comme sous perfusion de vodka ou d’autre chose…
Constantin, alias Kostia, est un rescapé. Il a été laissé pour mort lors de l’accident où le tank dans lequel il se trouvait a été attaqué en Tchétchénie. Donc, c’est lui qui a été sorti en dernier, quand on s’est aperçu qu’il vivait encore. Il a été gravement brûlé, son visage est déformé et on s’en sert pour faire peur aux enfants !
Il survit grâce à la vodka, et surtout grâce à Alexandre Stépanovitch, un professeur qui a été impressionné par ses dessins, et l’encourage à persévérer. Le professeur boit comme un trou, il boit sa vodka dans des grands verres qu’il vide cul sec. Mais il transmet des conseils à Kostia, comment voir le monde, notamment. Il ne le ménage pas:
» Constantin? C’est un très beau nom. Tu dois être quelqu’un de persévérant.C’est bien. Tu es persévérant Constantin? Ou bien tu n’as de persévérant que le nom? »
C’est un peu un père de substitution, un mentor. Tellement peu d’hommes ont pu lui servir de modèle : son père est parti, il a refait sa vie ; le nouveau compagnon de sa mère le dénigre…
Il a gardé des liens avec ses camarades militaires et lorsque l’un d’eux, Serioja, disparaît, les trois autres vont se lancer dans un périple à travers les villes russes alentour. Kostia boit, roule en voiture avec eux mais dessine : un bras pour remplacer celui qu’un militaire a perdu, une famille imaginaire pour un qui est mort au combat. Il va peu à peu trouver un sens à sa vie.
L’accident en Tchétchénie aurait pu le détruire, l’anéantir, mais il a su conserver une amitié forte avec ses copains, transcender la souffrance physique et morale, dans cette Russie où la vie n’est pas simple, l’exprimer dans ses dessins, toujours en noir et blanc.
Je redoutais cette lecture, car j’avais peur de voir des hommes consommer de la vodka au litre, comme seuls les Russes savent le faire, un éloge de l’alcool. Ce livre a donc pris la poussière quelques temps avant que je ne l’ouvre car les histoires d’alcoolisme, d’alcoolisation me rebutent en général. Ce petit roman, 129 pages à peine, est d’une telle densité qu’il est un uppercut pour le lecteur, un voyage initiatique, une leçon de vie, très loin des « feel-good » à la mode aujourd’hui.
L’écriture est incisive, les phrases sont parfois lapidaires, et le style d’Andreï Guelassimov tellement percutant que j’ai envie de continuer à découvrir son œuvre. J’ai un autre de ses romans, récupéré dans une corbeille, sorte de livre voyageur, en attente lui-aussi : « Fox Mulder a une tête de cochon », recueil de nouvelles. « L’année du mensonge » devrait être bien aussi…
Un auteur à découvrir absolument.
Étant attirée par tout ce qui touche à la Russie, j’ai souhaité en savoir plus sur ce court roman qu’est « La Soif » publié aux éditions Acte Sud, qui me semblait prometteur.
Petit topo sur l’histoire : Constantin est un jeune homme, accro à la de vodka dans laquelle il trouve une façon d’oublier sa condition physique. Alors qu’il effectuait son service militaire en Tchétchénie, Constantin (alias Kostia, un diminutif russe affectif) et ses trois compatriotes de guerre sont victimes d’une grenade alors qu’ils se trouvaient dans un tank. Le visage à jamais mutilé par cette attaque ennemi perpétrée par les boeiviki ( terme désignant les rebelles indépendantistes), on va découvrir au fil des pages la vie de ce personnage, notamment de son enfance marquée par Alexandre Stepanovitch, directeur de son école de bâtiment qui va lui apprendre à voir ce qu’il dessine, à percer les détails et à les analyser sous un angle différent et à donner de l’importance au monde qui l’entoure. Tout au long du récit on découvre sa scolarité, sa famille, ses doutes, son caractère calme voire introverti qui lui permet d’accepter les choses, je dirai même presque de les subir.
A la recherche d’un roman qui me transporte dans les abîmes de l’âme slave, je dois malheureusement me rendre à l’évidence : je n’ai pas trouvé ce que je recherchais au travers de ce roman. L’écriture est sobre, sans artifice et facile à lire. En revanche la construction du récit m’a dérangée, on passe du présent au passé en un paragraphe, d’une émotion à une autre, et je n’ai pas pu poser les bases de mon imagination. Le récit écrit d’une traite, sans paragraphe, ne m’a pas permis de souffler. Je me suis sentie comme « obligée » de le lire d’une traite.
La quatrième de couverture promet des personnages que l’on retrouve « à travers les villes russes, leurs gares, leurs rues, leurs faunes » … cependant je n’ai pas eu la sensation de découvrir tout cela. Pas d’âme russe, pas suffisamment de description, pas suffisamment de faits historiques à mon goût. Juste des citoyens qui noient leur chagrin, leur vie dans la vodka.
Par ailleurs, je trouve que le personnage principal manque de profondeur, qu’il est là comme par défaut en quelque sorte. Le titre « La Soif » suppose que le héro réapprend à vivre, apprend à s’accepter, ce devrait être un roman de l’espoir … malgré tout, il n’a pas fonctionné sur moi et c’est avec regret que je l’ai refermé. Le dessin occupe une place importante dans la construction de Kostia, or je trouve que cette partie manque de clarté, de précisions. Certes certains passages m’ont quelques peu touchée notamment l’innocence des enfants qui, au détour d’une partie de coloriage, ne voit plus Constantin comme « un monstre » mais comme une personne qui a tout simplement un visage différent. Le dessin apparaît dès lors comme un moyen de sortir du lot, de faire ressortir ses émotions. On saisit bien sûr la portée de l’histoire, le message de l’auteur, l’évolution du personnage, sa vision qui change, sa capacité à tirer des leçons de ce qui l’entoure. Mais à mes yeux, l’écriture ne transpire pas suffisamment l’âme slave, pas suffisamment la souffrance endurée par les soldats, les vétérans. J’attendais plus, beaucoup plus de cet auteur russe … dommage
J’ai lu beaucoup de commentaires enthousiastes sur cet ouvrage et je les comprends, même si, à titre personnel, il m’a manqué peut-être quelque chose. Etant plus adepte des proses plus « bavardes », il m’aurait fallu probablement sentir davantage l’arrière plan, notamment ce voyage à travers la Russie.
https://evabouquine.wordpress.com/2017/11/26/andrei-guelassimov-la-soif/
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