Ce roman est audacieux à plus d'un titre : il est écrit par une Camerounaise, Léonora Miano, et décrit l’irruption de l’esclavage dans l’Afrique subsaharienne, vu de l’intérieur de la société africaine de l’époque. Le roman se déroule quelque part à l’intérieur des terres, dans le clan...
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Ce roman est audacieux à plus d'un titre : il est écrit par une Camerounaise, Léonora Miano, et décrit l’irruption de l’esclavage dans l’Afrique subsaharienne, vu de l’intérieur de la société africaine de l’époque. Le roman se déroule quelque part à l’intérieur des terres, dans le clan Mulongo.
Des fils aînés de ce clan ont disparu tandis que leurs mères sont mises à l’écart et regroupées .Elles seront nommées, tout au long du récit, celles « dont les fils n’ont pas été retrouvées »
Les membres de ce clan Mulongo s’interrogent pour conjurer tout danger futur ; ainsi Eyabe, l’une des membres de ce clan propose-t-elle : « Nous allons fermer les yeux, nous serrer les uns contre les autres, marcher à petits pas pour passer la porte .Une fois que nous serons toutes sorties, je donnerai le signal .Nous rouvrirons les yeux ensemble. »
Très vite, les membres du clan vont comprendre que leurs voisins, les Bwele, ont capturé leurs fils et les ont vendus aux étrangers, ces hommes venus du Nord par les eaux.
Au bout de cette découverte, c’est l’esclavage qui est décrit et se dévoile aux yeux du lecteur, du point de vue de l’autochtone : « Les jours passants, je m’affaiblissais. La colonne ralentissait par ma faute, sans s’arrêter toutefois. La mort m’opposait un refus catégorique. Elle m’a laissé arriver avec mes frères, au terme de cette longue route. (…)Enfin, on nous a ramenés dans la bâtisse blanche. L’océan rugissait en se jetant sur le sable (…) Jamais nous n’avions imaginé une telle étendue d’eau. Depuis notre geôle, nous en observions la reptation, les cabrements, à travers une crevasse. »
On le voit, c’est le départ vers les navires négriers qui est décrit, ce « monde d’en bas »vers lequel les « étrangers au pied de poule » font basculer les captifs.
L’originalité et la force de ce roman résident dans le point de vue choisi pour la description de l’instauration de l’esclavage : celui des Africains, le fonctionnement de leur société, la place des ancêtres admirablement évoquée à la fin du roman ; et dans le mode de narration : un discours allusif, au départ puis de plus en plus éloquent et précis, préparant le lecteur à se confronter à la saison de l’ombre, cette mise en captivité multiséculaire d’un continent