Dernières lectures de l’année 2022, premières découvertes pour 2023 !
« Tu ne seras jamais aimée de personne. Tu m'as dit ça, un jour, mon père. Tu vas rater ta vie. Tu m'as dit ça, aussi. De toutes mes forces, j'ai voulu faire mentir ta malédiction. ».
Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père, ancien guide de montagne, décline, il entre dans les brumes de l'oubli. Après de longues années d'absence, elle appréhende ce retour. C'est l'ultime possibilité, peut-être, de comprendre qui était ce père si destructeur, si difficile à aimer. Entre eux trois, pendant quelques jours, l'histoire familiale va se nouer et se dénouer.
Sur eux, comme le vol des aigles au-dessus des sommets que ce père aimait par-dessus tout, plane l'ombre de la grande Histoire, du poison qu'elle infuse dans le sang par-delà les générations murées dans le silence.
Dernières lectures de l’année 2022, premières découvertes pour 2023 !
Un roman court et dense, Gaëlle Josse y parlera de la violence d'un père dont la conscience est rongé depuis sa jeunesse suite à un événement traumatique. Un père emmuré dans le silence, on plonge dans les souvenirs d'un homme en colère et imprévisible. Une plume juste mettant en scène une famille meurtrie, pudeur, amour et relation filaire. Une histoire dans un vase clos.
Une histoire intime poignante, percutante, bouleversante, des échanges et de la réflexion.
Une lecture que je vous conseille afin de découvrir les secrets de cette famille.
"Je lui ai demandé pourquoi on appelait cet endroit la Croix-Haute, alors qu’il n’y avait aucune croix visible alentour.
Il y a eu une croix, ici, mais elle a été descellée, arrachée il y a de nombreuses années. Je crois que c’est mieux comme ça. Si c’est Dieu qui a créé ces merveilles, ce n’est pas la peine de défigurer son œuvre avec une ferraille tarabiscotée. Et s’il n’existe pas, si tout cela est le résultat d’un assemblage aléatoire d’atomes, alors c’est encore moins nécessaire."
" Je me souviens de la force de ses doigts plaqués sur la céramique, sur sa poitrine, difficile de la lui faire lâcher sans forcer, j'avais peur de lui faire mal. Derrière nous, l'appariteur passait d'un pied sur l'autre, vaguement impatient, blasé. Je me souviens du crissement de ses semelles en caoutchouc sur le sol en ciment, avec quelques brins d'herbes égarés entre les joints. Elle avait fini par déposer elle-même la sphère bleue, ses mains tremblaient, j'avais touché son bras et senti combien son tremblement venait de loin, de très loin sous la maigreur de ses épaules. Nous sommes repartis tous les deux, elle pas très assurée et moi le bras accroché au sien, je ne savais que faire d'autre."
Je viens de refermer ce roman de Gaëlle Josse et je reste K.O.
On ne peut rester insensible à une histoire comptée par cette autrice, même la plus banale.
Elle nous émeut, nous tord les boyaux dans tous les sens avec son style bien particulier que je qualifierais par un oxymore : une splendide noirceur.
Dans « La nuit des pères », Isabelle a quitté son village de montagne natal à la fin de son adolescence, elle y revient très épisodiquement.
Un jour elle reçoit un appel téléphonique de son frère Olivier : « ça serait bien que tu viennes, depuis le temps. Il faut qu’on parle de papa. Et puis ça lui fera plaisir ».
Isabelle est une écorchée vive, cela lui vient de son enfance, de sa difficulté à communiquer avec son père, guide de montagne. Un papa coléreux, ténébreux telles les cimes des hauteurs qu’il aime côtoyer. Un papa sans amour qui se réfugie dans ce monde alpestre pour fuir la pesanteur du passé, comme s’il avait une épine dans le cœur qui l’empêche de vivre et le rend invivable.
Mais là, sur le trajet de la gare à la maison de son père, Olivier lui explique que ce dernier est victime de la maladie de l’oubli, à son début certes, mais qu’un jour il ne reconnaitra plus les siens. Isabelle ressasse ses souvenirs, prise de remords des rapports tronqués. Surtout, qu’aujourd’hui il semble heureux de sa visite : « je vois de l’attention dans tes yeux, une attention que je n’ai jamais connue. Je respire, et je parle, je te raconte ce que je peux de ma vie. C’est ta fille froissée qui est là, qui essaie de se tenir droite dans le vent. Ta fille qui tremble. Ta fille qui t’a attendu, tous les jours, tout le temps. ». Et ses retrouvailles délient les langues, le papa conscient du mal qu’il a fait, par son attitude, à son épouse aimante mais soumise, décédée maintenant, et à ses deux enfants. Il raconte l’innommable de ce qu’il a vécu, jeune homme, ces atrocités qui l’ont rendu dur et impénétrable et soudain Isabelle comprend la raison des cris qu’elle l’entendait pousser la nuit, victime de cauchemars, et qu’on ne lui avait jamais expliqués.
Un roman d’une rare sensibilité, à l’écriture « jossetienne » prenante, simple et belle. Du grand art.
Je suis conscient que beaucoup d’entre vous connaissent, déjà, Gaëlle Josse, si ce n’est pas le cas j’espère que cette petite chronique vous donnera l’envie de la découvrir.
Répondant à la demande de son frère Olivier, Isabelle revient dans la maison familiale, sans enthousiasme. Car pourquoi se présenter devant ce père vieillissant mais si absent et fuyant durant l'enfance d'Isabelle ?
Pourtant, quel choc quand olivier lui annonce que leur père souffre de la maladie d'Alzheimer !
Alors mettre à profit ces quelques jours de visite pour comprendre qui était cet homme ; quelques jours pour soulager ce frère dévoué à leur père ; quelques jours pour se souvenir du temps passé alors qu'il s'efface de la mémoire du vieil homme... quelques jours pour découvrir les secrets, pour comprendre, pour s'apaiser, pour réparer... et s'aimer enfin ?
Mon immense coup de coeur de ces premiers mois de 2024 !!!
A la demande de son frère, Isabelle revient dans le village montagnard de son enfance où elle retrouve son père, ancien guide de montagne qui a la « maladie de l’oubli ».
C’est beau, l’écriture est juste.
Une histoire qui pourrait sembler presque banale magnifiée par l'écriture de Gaëlle Josse, écriture si belle et si sensible qui a su me toucher encore une fois, me bouleverser par moments.
Une fille Isabelle, exilée du lieu de sa jeunesse, fuyant un père sauvage, enfermé dans une colère dont elle ne connait pas la cause, un fils resté au village, le père qui vieillit et sa mémoire qui commence à faire défaut. Elle va revenir pour quelques jours et affronter ses souvenirs, essayer de retrouver son père tant qu'il n'est pas complètement parti. Cette fille, qu'il n'a jamais su voir, va nous raconter en s'adressant directement à ce père, sa souffrance, celle de l'enfant qu'elle était, celle de la femme qu'elle est devenue, en la présence affectueuse de ce frère en apparence solide, mais blessé lui aussi.
Je disais donc une histoire presque banale, une famille qui ne fonctionne pas, un quotidien rythmé par les colères du père, et ses cris la nuit. Cette peur au ventre, pour les enfants, ne jamais savoir comment se passera la soirée, si elle sera calme ou non. Ce ne sont pas les coups qui sont craints, mais une atmosphère sombre, étouffante, qui pèse, qui détruit la légèreté de l'enfance. Un père dont le passé sera expliqué pendant ces quelques jours de retrouvailles un père qui n'aura jamais su surmonter les évènements qui l'ont changé à jamais et dont la souffrance sera celle de toute sa famille. Sa femme ne réussira pas à le sauver, elle saura seulement parfois amortir la dureté, réconforter les enfants.
Une histoire cependant plus originale par la forme, celle d'une longue lettre qui dit tous les mots qui n'ont jamais été échangés. Ces deux là ne se parlaient pas. le retour d'Isabelle va raviver tous les souvenirs, et les écrire va lui permettre face à ce père amoindri de dépasser sa rancoeur. Elle l'aimait ce père, qui ne la voyait pas.
« C'est un perpétuel jaillissement de beauté, ta montagne. Je comprends que tu l'aies tant aimée. Mais moi, c'est toi que j'aimais. »
Beaucoup de noirceur dans ce livre, beaucoup de colère, beaucoup de dureté. Mais tout cela exprimé d'une écriture poétique, précise, envoutante. Un livre qu'on ne peut lâcher tant les mots nous happent. Et qui se termine sur une note plus légère, une promesse de mieux-être.
Coup de coeur pour ce très beau récit
de Gaelle Josse, un récit poignant qui dit avec authenticité et pudeur la difficulté des relations entre une fille et son père
empoisonnées par des non-dits.
Isabelle. la narratrice s'adresse à son père tout au long du livre , sauf dans les toutes dernières pages où son frère prend le relais,
Marc est une figure paternelle difficile pour ses enfants Olivier et Isabelle, il est froid, distant, colérique et c'est la mère qui fait le tampon.Souffrant de ce desamour, Isabelle se construit en s'éloignant du domicile familial et devient documentariste.Elle vit de douloureuses épreuves et lors de son retour chez elle à la demande d'Olivier, elle va comprendre en quelques jours que l'histoire familiale et la Grande Histoire sont mêlées ,le père sait qu'il a la maladie de la mémoire et avant de disparaître , il fait enfin l'offrande à ses enfants de ce qui a miné sa vie.Ce huis clos est salvateur pour Isabelle, la résilience est possible…
Un roman court, fort, bouleversant !
Une histoire de famille avec la montagne pour décor et un père qui commence à souffrir de "la maladie de l'oubli". C'est le retour à la maison d'Isabelle qui prend la plume et interpelle ce père qu'elle s'apprête à retrouver. Comprendre peut-être ce père, si difficile à aimer. Ce sont aussi les retrouvailles avec le fils du père, le frère d'Isabelle. C'est aussi le souvenir de la mère, décédée quelques années plus tôt. Des souvenirs d'enfance et de jeunesse.
Un récit émouvant sur l'héritage familial, le silence, les non-dits et les relations douloureuses entre un père et ses enfants. Un père détruit par un évènement survenu dans sa jeunesse et qu'il finira par leur avouer.
L'histoire est d'une grande noirceur, avec des moments d'une grande dureté. Difficile de ne pas être émue par l'enfance d'Isabelle et révoltée par ce que son père, un être destructeur, lui a infligé - même s'il fait preuve d'empathie à l'égard de sa fille au cours d'un évènement.
Des blessures dont ni les uns ni les autres ne guériront probablement jamais et avec lesquelles ils devront composer chacun leur vie.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui de manière subtile nous donne à réfléchir sur les blessures et fragilités de chacun, la difficulté de la vie, et la manière dont les années nous aident à prendre du recul et déchiffrer notre histoire et les relations avec nos parents.
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