"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après les Ardennes et la Provence, Françoise Bourdon explore la côte atlantique et le bassin d'Arcachon. Elle en décrit l'histoire, et l'atmosphère si particulière, à travers le destin de cinq héroïnes.
Entre le pays du Buech (en bordure du bassin d'Arcachon), Bordeaux, le Cap Ferret. Le roman débute en 1849, avec Léonie, fille de simple résinier, puis avec sa fille Margot qui tiendra une pension de famille à Arcachon. Viendront Charlotte, passionnée de peinture et de photographie ; Dorothée, infirmière et aviatrice, qui mènera une vie des plus aventureuses jusqu'en Afrique ; enfin Violette, née en 1921, qui participera activement à la Résistance.
De génération en génération, ces femmes luttent à leur façon contre la misère et les préjugés. Sans peur du scandale et du qu'en-dira-t-on, certaines vont vivre des amours parfois hors norme pour l'époque. Outre ces destins passionnés, Françoise Bourdon livre un tableau captivant du bassin d'Arcachon en évoquant gestes, traditions, et histoire : l'univers des résiniers et des ostréiculteurs, l'émergence de la médecine hygiéniste, la Ville d'Hiver, l'aviation mais aussi l'atmosphère touristique et artistique.
Au gré de ses occupants et des tourments de l'histoire, la Maison du Cap demeurera un point fixe pour toutes ces héroïnes. Tour à tour elle deviendra une pension-hôtel, un havre de création pour artistes dans une ambiance cosmopolite, mais aussi, lors de la Seconde Guerre mondiale, un lieu actif de la Résistance...
Françoise Bourdon dresse le portrait d'une histoire de 5 femmes en plusieurs générations dans un décor du Bassin d'Arcachon. Courage, Liberté, Ode à la féminité, Espoir, Métier d'antan. Un roman très plaisant, une fresque familial et historique, classes sociales, tradition, des héroïnes charismatiques et attachantes. Une plume fluide, intense et sensible. Un récit du terroir avec un soupçon de romanesque.
"Lorsqu'elle n'en pouvait plus, elle emmenait les enfants à la maison du Cap, où ils pouvaient se dépenser à loisir. Elle se sentait alors revivre et, confiant Matthieu et Dorothée à la garde de Céleste, retrouvait ses toiles et ses pinceaux. Elle réalisait des aquarelles du Bassin, ainsi que des photographies de ses enfants et de leur environnement."
"Même si elle refusait de se l'avouer, elle cesserait pas d'avoir peur tant que son Pierre ne serait pas rentré.
C'était la dure loi du métier de pêcheur. La mère, l'épouse, la fille vivaient avec cette crainte fichée dans le cœur."
"-Certains rêvent de parcourir les mers, déclara-t-elle. Je ne crois pas que cette perspective m'attire. Je préférerais avoir une vraie maison. Pas une soupente mansardée ni une cabane. Un toit, rien qu'à moi.
Sous le ton léger perçait la blessure de l'enfant pauvre.
-Je vous la bâtirai, affirma James.
Promesse qu'il scella d'un baiser."
J'ai fait une belle rencontre avec Françoise Bourdon, aux "Plumes de l'Herbe" dans un lieu idéal où j'ai apprécié de découvrir la personne derrière l'auteur.
J'avais lu ses livres jusqu'à "La Figuière en héritage" et puis le temps passe, les activités et lectures nombreuses, m'ont éloigné sans l'oublier.
Aujourd'hui je renoue avec cette plume qui a toujours su dresser de beaux portraits de femmes sur plusieurs générations, dans un monde dur mais où l'humain existait encore.
J'embarque, comme pour une croisière, dans "La maison du Cap" qui se déroule sur notre beau bassin d'Arcachon de 1849 à 1947.
En musique la polyphonie est la combinaison de plusieurs parties musicales jouées en même temps.
Ce principe s'applique parfaitement à ce roman, les parties musicales,s'appellent : Léonie, Margot, Charlotte, Dorothée et Violette.
Une symphonie Arcachonnaise, où l'histoire, le cadre, l'air iodé contribuent à cette grand'messe.
Françoise Bourdon manie la baguette, pour orchestrer, ce ballet.
Le prélude se prénomme Léonie, résinière mariée à Pierre pêcheur, ils auront trois enfants. La mer lui volera son Pierre, et Léonie fera front, comme elle l'a toujours fait. Déjà enfant face à la haine maternelle, elle élèvera ses trois enfants, en travailleuse, honnête et droite. Elle n'a pas le temps de psalmodier.
Chacun fera sa vie selon son caractère. Et Margot la cadette, n'en manque pas, la tête emplie d'une chose : s'arracher à cette vie de labeur pour intégrer la bonne société Arcachonnaise, ce sera son leitmotiv.
Margot, la belle, l'intrépide aura des rêves trop grands qui se heurteront aux limites de cette condition sociale qu'elle excècre.
James après avoir été le "carillon" d'accès à cette vie dont elle aura rêvé, la romance se met en sourdine, entre bémol et fausse note jusqu'à la dissonance.
Pourtant elle ne renonce pas à donner de la cadence à sa vie, mais ce n'est pas avec "l'artiste" qu'elle trouvera le tempo; c'est dans son indépendance financière mais son coeur de mère est pincé. Même si avec Marthe il s'ouvre un peu plus.
Charlotte grandira dans l'amour de sa tante, son oncle et sa cousine qui sera comme une soeur.
C'est la maison du Cap, ce délicieux refuge de femmes qui sera son ancre.
Elle se construira grâce à son intérêt pour les arts : littérature, dessin et surtout la photographie... Mais la vie ?
Elle est faite de choix et d'abandons. Même si les moeurs évoluent et sont moins corsetés, la liberté a des limites et subir son destin ou s'en accommoder c'est savoir nager dans le courant, à contre-courant...
Avoir une vie qui détonne, chercher l'harmonie encore et toujours.
Dorothée, la fille de Charlotte et l'arrière-petite fille de Léonie a dans le sang les gènes qui font d'elle une jeune femme en marche avec le progrès, s'affranchira-t-elle des contraintes sociales?
Elle a une devise, lu dans Tolstoï, "Vivre n'importe comment, mais vivre".
Et elle le fera, elle ira de défis en défis sans que mari et enfant ne la freinent. Violette, sa fille ne l'entravera pas, silencieuse, facile à vivre, intelligente et studieuse elle fit les délices de grand-mère
Charlotte. Leur complicité sur tous les fronts mettait leurs coeurs à l'unisson.
Violette deviendra infirmière et entrera dans la résistance. Du courage elle n'en manque pas.
Elle n'aimera qu'un seul homme, un espagnol engagé dans la résistance et ensuite dans tous les combats, appareil photo en bandouillère.
Elle a hérité de toutes les qualités des femmes de la famille et elle aura à coeur de faire partager leurs mémoires.
Certains romans sont baptisés "du terroir", l'auteur leurs offre un label de grande qualité. Pour atteindre la sobriété de la narration, qui met la littérature à la portée du plus grand nombre, en parlant de la vie simplement, il faut avoir une belle érudition historique, géographique, psychologique et sociologique.
C'est la somme de ce travail en filigrane associée à une belle imagination, une maîtrise de ce qui est l'essentiel, et une belle âme, celle de Françoise Bourdon, qui offre à ses lecteurs de belles histoires et celle-ci me touche particulièrement car elle nous parle du bassin d'Arcachon.
J'espère vous avoir donner envie de découvrir ces femmes...
Ce roman maîtrise parfaitement le siècle qu'il traverse et l'auteur a pris visiblement du plaisir à le faire vivre et vibrer jusqu'aux épigraphes soignées.
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