"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Prix Jean Anglade du premier roman 2023.
C'est une maison perdue au coeur des plaines de l'Allier. Un étonnant capharnaüm, entouré de chenils. Geneviève et Francis y accueillent des enfants à l'histoire cabossée. Entre ce couple fruste et ces gamins, dans cette maisonnée organisée autour des chiens, l'amour se fraie son chemin. Il y a Roman, que l'on a dû éloigner d'une famille déstabilisée, Nelson et Grégory, deux frères difficiles ... Et Atalante, petite fille aussi sage que maladroite. Ces enfants qui arrivent avec leur passé, souvent traumatique, vont devoir apprendre à vivre ensemble. Et cohabiter avec la fille de leurs parents d'accueil, Angélique, qui peine à trouver sa place dans ce refuge... Un havre que le regard des autres, voisins, familles, services sociaux, va au fil du temps de plus en plus menacer.
Dans cette meute de papier, chacun a sa place, même le chiot le plus fragile. Dans ce texte, chaque mot a aussi sa place. [...] Lorsque vous le refermerez, vous en conserverez longtemps la douceur. Lorraine Fouchet, préface Roman d'une force rare, presque brute, à la tendresse rugueuse.
Caroline Hussar est avocate spécialisée dans la défense des victimes. Elle a grandi dans le Bourbonnais et vit au pied du Puy-de-Dôme.
Un roman d’une force rare, presque brute, à la tendresse rugueuse.
L'histoire
C’est une maison perdue au cœur des plaines de l’Allier, entourée de chenils. Geneviève et Francis y accueillent des enfants à l’histoire cabossée. Entre ce couple fruste et ces gamins, dans cette maisonnée organisée autour des chiens, l’amour se fraie son chemin. Ces enfants qui arrivent avec leur passé vont devoir apprendre à vivre ensemble. Et cohabiter avec la fille de leurs parents d’accueil, Angélique, qui peine à trouver sa place dans ce refuge… Un havre que le regard des autres, voisins, familles, services sociaux, va au fil du temps de plus en plus menacer.
Mon avis
Un roman qui nous plonge dans les années 90 pour aborder avec tendresse et pudeur les traumatismes des enfants placés. La famille d'accueil n'est pas bling bling -c'est le moins que l'on puisse écrire- mais elle est dévouée et empreinte d'une humanité généreuse. Cette histoire est un éloge de la liberté et une condamnation ferme de la violence intra-familiale. L'amour inconditionnel est le remède pour permettre aux enfants de grandir. Le don de son temps devient la mission principale des adultes protecteurs.
Cette histoire marquante est belle et je l'assure restera dans votre mémoire. Lisez-la !
Atalante, une enfant timide et solitaire, est confiée par ses parents à une famille d'accueil pendant leur absence. Issue d'un milieu bourgeois, elle découvre alors un quotidien tout à fait différent, marqué par un contraste saisissant avec sa vie d'avant. Pourtant, elle ne se doute pas encore que cette expérience d'enfance va la transformer à jamais...
Ce récit nous plonge au cœur d'une vie rugueuse dans un coin reculé de la campagne. Francis et Geneviève, le couple qui accueille Atalante, forment un duo profondément attachant, plein de générosité envers les enfants dont ils ont la charge.
Leur affection, leur bienveillance se passent de mots. Ils donnent ce qu'ils peuvent, avec ce qu'ils sont et ce qu'ils ont, sans jamais juger ou faire de distinctions. J'ai particulièrement apprécié la manière dont ils s'adaptent à chacun des enfants, sans les différencier. Leur pudeur face aux événements m'a bouleversée, tout comme la tragédie qui les touche.
L'écriture est fluide, offrant des moments de douceur et de connexion avec la nature, mais elle ne manque pas de nous confronter à des difficultés âpres et douloureuses. Ce contraste rend les liens tissés entre les personnages d'autant plus touchants, des liens nourris par une puissante nécessité d'avancer malgré tout.
Laissez-vous transporter par cette histoire douce-amère, véritable déclencheur d’un torrent d’émotions.
Geneviève et Francis élèvent des enfants de la DASS
Ils ont une grande fille, Angélique.
Ils paraissent un peu rustres au premier abord.
Francis élève des chiens de chasse qui demandent beaucoup de soins et dégagent une forte odeur.
Atalante, une petite fille sage, y est gardée les soirs après l'école et les mercredis.Tout ce petit monde cohabite avec quelques heurts, mais aussi beaucoup de tendresse, malgré les apparences.
L'atmosphère suffocante et plutôt malodorantes est parfaitement rendue.
Et la vie continue.... les années passent.
Un livre plutôt sympathique, avec des personnages attachants malgré leurs défauts.
"La maison aux chiens" de Caroline Hussar est un roman touchant qui nous plonge au coeur d'une famille d'accueil pas comme les autres. Geneviève et Francis, un couple un peu rustre mais aimant, accueillent des enfants à l'histoire cabossée dans leur maison isolée au coeur des plaines de l'Allier.
Parmi ces enfants, on rencontre Roman, Nelson et Grégory, des frères difficiles dont les histoires personnelles sont marquées par des traumatismes. Et puis il y a Atalante, une petite fille sage, qui un peu de mal a trouvé sa place auprès de cette famille atypique.
Au fil des pages, on assiste à l'évolution de ces enfants, à leur lutte pour trouver leur place au sein de cette maisonnée organisée autour des chiens. Entre les liens qui se tissent, les obstacles à surmonter et les regards extérieurs qui pèsent sur leur quotidien, l'amour essentiellement familial se fraye un chemin.
Ce premier roman de Caroline Hussar aborde avec délicatesse et sensibilité des thèmes forts tels que l'enfance difficile et la vie en famille d'accueil. Sans fioritures ni grandiloquence, l'autrice nous livre une histoire simple mais profonde, empreinte d'émotions et de sincérité.
"La maison aux chiens" est un récit poignant qui nous rappelle que la famille ne se limite pas au sang, mais se construit aussi à travers les liens du coeur. Un roman qui nous invite à réfléchir sur la force des liens familiaux et la capacité de chacun à se reconstruire, même après les pires épreuves.
Prix Jean Anglade 2023. Premier roman qui vaut le coup d’être découvert.
Avant d’attaquer cette nouvelle année de lecture qui saluera bientôt son prochain lauréat, je tenais à revenir sur ce très joli Prix Jean Anglade de 2023 qui aurait pu figurer dans la case « le roman le plus chaleureux » de mon calendrier de l’avent littéraire si elle avait existé.
Lorsqu’au gré des premières pages on pénètre dans cette « Maison aux chiens » et qu’on découvre les peu reluisants habitants, on est tenté comme Atalante, cette petite fille fragile au nom étrange, de tordre le nez et de prendre ses jambes à son cou pour échapper à tout ce qu’elle contient, la touffeur de son ambiance, l’écœurante odeurs des chiens, la bizarrerie peu reluisante de ses habitants aux allures mi-Groseilles, mi-Ténardier . C’est vrai, tout est un peu foutraque dans cette drôle de baraque où se mêlent dans les mêmes effluves gamelle des chiens et repas de famille, où le pater familias a des allures de chef de meute et où les portées, bêtes et gens confondues, sont curieusement bigarrées. Mais, si la toile cirée colle un peu, si les méthodes ne sont pas toujours orthodoxes ni le salon très bien rangé, le bon sens et l’amour se distribuent à parts égales avec les remontées de bretelles et les silences éloquents pour que tout ce petit monde, bon an mal an, pousse à peu près droit et toujours vers le haut.
Avec ce premier roman, en jeune avocate qui maîtrise visiblement son sujet, Caroline Hussar aborde une thématique peu traitée dans la littérature, les familles d’accueil et leur fonctionnement si particulier. Elle propose une interrogation sur la notion même de famille, sur ce qui « fait famille » selon la formule désormais consacrée. C’est une histoire qui progresse, qui ose courageusement les ellipses temporelles au lieu d’adopter une alternance entre passé et présent si souvent remâchée. Les personnages sont bien campés, ils ont de l’épaisseur, une histoire, une personnalité qui évite toujours de justesse la carricature. Ils sont attachants voire touchants pour certains et les liens qui se dessinent en filigrane donnent, comme le dénouement, envie de sourire et d’y croire. Bref, c’est une excellente surprise pour moi et je ne doute pas qu’elle puisse l’être pour bon nombre d’entre vous !
Des enfants et des chiens
Caroline Hussar est la lauréate 2023 du Prix Jean Anglade. Son roman raconte l’odyssée d’enfants placés en famille d’accueil, élevés comme les chiots qui les entourent. Dans ce petit village, dans la France des années 1990, l’amour est une denrée rare.
La première réussite de ce roman est indéniablement cette atmosphère très prenante qui saisit le lecteur dès les premières pages. Il sent littéralement cette odeur âcre qui imprègne tout, de poils et de crasse, de tabac froid et de désinfectant, de pot-au-feu et de chien mouillé. Une odeur que l’on trouve dans le chenil, dans la maison, dans la voiture, dans les habits. Nous sommes dans les années 1990 au sein d’une famille d’éleveurs dans un village de la plaine de l’Allier.
Dans de grandes cages, Francis soigne les chiens de différentes races et héberge quelquefois aussi ceux du voisinage. Si Geneviève, son épouse, le seconde en s’occupant surtout de l’intendance, elle s’affaire prioritairement à l’autre mission de la famille : accueillir les enfants placés par les services sociaux.
Au moment où s’ouvre le roman, ils sont cinq.
Roman, onze ans, arrivé deux mois plus tôt, Sofian, cinq ans, qui est là depuis presque an « le temps que ses deux grands frères trouvent une formation et que leur mère prouve qu’elle peut gérer la situation», Sandy, un bébé de dix-huit mois pour lequel il n’y avait pas de place en pouponnière et dont la mère est en hôpital psychiatrique et Atalante, qui vient d’arriver. Sans oublier Angélique, leur grande fille de quatorze ans. Tout au long du roman d’autres enfants viendront s’agréger au groupe, au fil des départs et des arrivées, comme les frères Nelson et Grégory. «Ici, il y avait quelque chose de la vie de meute. Chacun sa place, du plus jeune à l’ancien, un rôle acté, immuable, sauf à évoluer en avançant en âge.»
Pour les chiens comme pour les enfants, Geneviève et Francis ont appris à ne pas trop s’attacher, car ils savent qu’ils ne sont que de passage. Même s’il arrive que le provisoire dure. Leur principale mission consiste à éviter les incidents, à instaurer une autorité susceptible de permettre à la communauté de vivre dans une relative harmonie. Et d’intervenir dès qu’un «bébé se met à vagir et un chien à pleurer. À moins que ce soit l’inverse.»
Au fil des jours, on découvre les parcours des uns et des autres, les traumatismes avec lesquels ils luttent, leur aspiration à une «vraie» vie de famille, mais aussi les liens qui se créent entre eux. Caroline Hussar montre très bien combien les enfants sont déstabilisés, privés de leurs parents et de leurs repères, ne sachant combien de temps ils sont là et ne pouvant guère se projeter vers l’avenir. Mais elle montre tout autant le malaise de la famille qui les accueille, surtout ici où Geneviève, enfant légitime, doit cohabiter avec des «faux frères», des «fausses sœurs».
De manière diffuse, par petites touches, on sent la fragilité de cet édifice et la menace qui croît. Sans rien dire des drames qui couvent, soulignons combien le manque d’amour peut faire de ravages. Surtout au sein d’une communauté dont chacun des membres, pour des raisons bien différentes, se garde d’exprimer ses sentiments. Mais au final, il va rester quelque chose de ce lien, de ces petites graines semées au fil des jours et qui trouvent dans cette nature une terre fertile. Car la vie rurale, marquée par les saisons de chasse et de pêche, donne ici le cadre qui manque cruellement aux enfants en errance.
Je partage l’avis de Lorraine Fouchet, la présidente du jury du Prix Anglade, lorsqu’elle conclut sa préface en écrivant qu’elle pense «sincèrement que Jean Anglade aurait aimé» ce roman. On peut du reste y voir une parenté avec Les cousins Belloc, ces deux orphelins recueillis en Auvergne par deux grands-mères. Sans oublier le petit clin d’œil à la lauréate de ce même Prix en 2022, Sarah Perret et La Petite qui rassemblait aussi deux orphelins autour d’une grande table à la campagne.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. En vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.
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