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Une poignée de femmes et d'hommes radicalisés a décidé de mettre la France à feu et à sang. Pour détruire le capitalisme et les classes dirigeantes qui l'incarnent, elle a opté pour la lutte armée. Braquages, attentats à la bombe, et bientôt assassinats, les terroristes frappent puis disparaissent, dans un souffle âcre de tracts, d'explosifs et de terreur. Leur nom de guerre : Action directe.
En ce mitan des années 1980, la police a placardé leurs visages flous sur les murs de France. Commence alors une traque intense et chaotique menée par des équipes aguerries qui suivent leurs traces du bitume lyonnais aux fermes les plus reculées, des HLM de banlieue aux librairies de la gauche radicale. Luigi Pareno, solitaire et douloureux, méthodique et taciturne, y consacre toute son énergie, sa rage et ses obsessions.
Une jeune femme à l'air presque sage, toujours vêtue de jeans, occupe particulièrement ses pensées. La police la surnomme « la fille de Deauville » en attendant de mettre un nom sur son visage. Née dans les beaux quartiers, Joëlle Aubron deviendra l'une deux meurtrières d'Action directe. Pareno l'observe à distance, des rues de Paris à la cellule de Fleury Mérogis où elle est un temps incarcérée, d'une planque en Belgique au Loiret enneigé où elle se cache avec ses amis Jean-Marc Rouillan et Nathalie Ménigon. Elle l'intrigue, il la hait autant qu'il s'attache.
La fille de Deauville est le roman de la colère et du feu, d'une folie révolutionnaire qui sème des cadavres sur sa route, et des rêves d'absolu. Traqués, reclus, les membres du dernier carré d'Action directe s'aiment, se désirent, se déchirent, comme dans l'attente d'une fin inéluctable. La vie de Luigi Pareno semble suspendue à leur capture : même sa douce Chantal finit par s'écarter de lui, tant la violence emporte tous ceux qui l'approchent.
Vanessa Schneider nous propose aujourd'hui le roman de l'impossible révolution, traversé d'espoir et de cris, mais aussi de mélancolie et de douceur. Paysages et silences, lits tièdes ou pavés brûlants, elle nous embarque avec ces femmes et ces hommes qui se croyaient libres.
Action Directe
Je vous parle d’un temps que les moins de…
Entre 1979 et 1987, le groupe Action Directe a commis en France plus de quatre-vingt attentats terroristes, notamment des assassinats, principalement contre des cibles identifiées comme appartenant à l’impérialisme et au capitalisme. Jean-Marc Rouillan, Nathalie Menigon, Joëlle Aubron… Autant de noms qui sont encore présents dans la mémoire de certaines personnes, dont je suis, bien que j’étais (très) jeune lors de la décennie des années 80.
Vanessa Schneider, à travers deux personnages principaux, raconte la traque menée par la police à l’encontre d’Action Directe, et c’est diablement intéressant.
Le livre commence à l’aube du 21 février 1987, dans la campagne enneigée du Loiret où se cachent Rouillan et Ménigon, ainsi que Georges Cipriani, et où les a rejoint, la veille, Joëlle Audron. Joëlle Audron fascine Luigi Pareno le flic (personnage de fiction) qui n’a jamais renoncé à coincer les terroristes… Elle le fascine depuis qu’il l’a rencontrée dans des conditions tellement rocambolesques qu’on doute de leur véracité (mais pourtant !) : à Deauville, avec l’aide d’un informateur, des policiers se font passer pour des émissaires du fameux Carlos (Ilich Ramirez Sanchez) souhaitant rencontrer les membres d’Action Directe pour une future association visant à faire sauter le barrage d’Assouan ! C’est Joëlle qui se rend à Deauville : « une jeune femme aux longs cheveux blonds (…) son allure était élégante et simple (…) un air de Catherine Deneuve » ; Rouillan et Ménigon n’interviendront que plus tard, à Paris, et tomberont dans une souricière qui conduira à leur arrestation, en 1980. Condamnés, Rouillan bénéficiera de la loi d’amnistie de Mitterrand en 1981 et Ménigon sera finalement libérée après une grève de la faim…
La grande force de ce roman-récit qui se lit comme un polar est d’alterner les points de vue entre celui de Luigi Pareno et celui de Joëlle Audron. L’auteure nous fait entrer dans leurs intimités, nous raconte leurs trajectoires et nous les rendent terriblement proches… Sans jamais faire l’apologie de la violence et du terrorisme, Vanessa Schneider raconte le parcours d’une jeune femme issue d’un milieu plutôt bourgeois et conservateur, à la fin des années soixante-dix, qui passe d’un idéal, d’un engagement politique, à la lutte armée, à l’assassinat et à la clandestinité en brossant le portrait des années quatre-vingt.
Passionnant.
J'ai apprécié la lecture de ce roman récit même s'il n'est pas facile de transformer des personnes réelles et célèbres en personnages de roman.
Vanessa Schneider nous entraîne dans les années 80 et dans le milieu des groupuscules d'extrême gauche et en particulier, elle nous fait le portrait des membres d'Action directe. Elle décrit très bien cette époque et ce climat qui existait à l'époque. Elle mêle des personnes réelles qui deviennent des personnages romanesques et cela donne de la chair et du coeur à ces personnes. Pas facile de parler d'évènements si tragiques, qu'ils s'agissent d'attentats, certains sans victimes mais d'autres avec des victimes.
J'ai apprécié le mélange de faits, personnes réelles et des scènes romanesques. Avec une écriture fluide, nous sommes entraînés dans cette traque et dans la clandestinité des membres d'Action Directe.
L'auteure montre bien que chacun n'est pas noir ou blanc et que les situations, la vie font choisir des chemins de vie. J'ai aimé les différents portraits de ce texte, que ce soit Joëlle, la fameuse fille de Deauville, ou Pareno, le flic qui va quasiment passer sa carrière à traquer les membres de cette organisation (8 ans de traque quasi quotidienne).
Je n'avais jamais lu cette auteure et vais continuer la découverte de ses textes.
J’ai découvert l’autrice avec « Tu t’appelais Maria Schneider », que j’avais aimé.
Mêlant récit et fiction, La fille de Deauville continue d’explorer des figures féminines fortes et blessées.
Ici plus qu’un récit c’est une époque que l’on retraverse.
Je suis née en 1986, je n’ai donc pas suivi en direct la traque et la capture du groupe d’Action Directe. Je connaissais des bribes.
J’ai aimé lire cette retranscription d’un feu révolutionnaire débordant, d’un engagement semant des cadavres sur sa route.
La complexité de l’absolu et du désespoir.
La recherche insatiable d’une place dans une société qui manque de sens et l’inscription dans un groupe qui en donne.
Une épopée policière qui prend fin dans la fureur.
Le terrorisme se perpétue et même s’il s’agrippe multiforme, il est significatif d’une société malaisée qui laisse des enfants sur le chemin. En grandissant certains trouvent sens en violence.
Les questions que cet ouvrage posent me semblent en ce sens, toujours d’actualité.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui évoque un sujet original: le terrorisme d'Action Directe, à la fin des années 70.
Le regard croisé du policier Pareno et de Joelle Aubron fonctionne très bien. Rien n'est tout noir ou tout blanc et l'humain ressort derrière ces noms de faits divers et ces quêtes improbables de liberté et de révolution.
A lire si on aime l'Histoire contemporaine mais aussi l'évocation juste des sentiments!
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