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Paru en 1926 dans la revue Weird Tales, La femme du bois était le texte préféré d'Abraham Merritt.
Histoire fantastique et singulière qui mélange réalisme et onirisme débridé, il met en scène un amoureux des arbres qui découvre effaré qu'une famille de bûcherons des Vosges, habitée par une haine ancestrale, veut détruire une forêt. Attiré puis séduit par de sublimes créatures sylvestres, il va se laisser convaincre par elles d'empêcher ce massacre et, comme possédé et hors de lui, affronter les brutes munies de haches.
Fable sombre qu'éclairent des moments de grâce, expression poignante d'une inquiétude face à l'humain ravageur, ce texte légendaire brille d'une étrange et inquiétante lumière. Il mériterait d'être lu par tous ceux qui croient que sauver les forêts relève du combat !
« La femme du bois » est une fable écologique, ésotérique et résonnante en notre monde cabossé par les diktats de surconsommation à outrance.
Entrelacs d’une écriture certifiée, poétique, douce à l’instar d’une marche en pleine forêt, sur des feuilles craquantes. Comme si Abraham Merritt lisait son propre texte à voix-haute. Des rais de lumière qui assignent aussi l’advenir d’une histoire fantastique, étonnante et fusionnelle digne de son maître Abraham Merritt.
Ce petit livre aux 68 pages vaut son pesant d’or. Lisez-le en pleine forêt et vous verrez comme tout change !
Mac Kay est un homme blessé dans sa chair. A peine guérit d’une blessure de guerre, en repli dans le massif vosgien, effacé du monde, en proie à ses rancunes, la violence sourde et intestine encore. L’Homme est un loup pour l’homme. Ne l’oublions pas !
Mac Kay est obnubilé par les arbres. Amoureux des forêts, il est le vénérable de la nature. Les bois sont pour lui des alliés fondamentaux et spéculatifs. La chair de sa chair en quelque sorte.
« Pour lui, un arbre n’était pas simplement un tronc, des racines, des branches et des feuilles, mais une personnalité. »
L’heure est belle. On est en transmutation dans une forêt hautement symbolique. Résurgence et la volupté d’une histoire signifiante.
Seulement voilà, il observe des bûcherons en pleine action de destruction.
Le massif vosgien sanglote. Les vieux démons remontent à la surface en flots de haine.
Les arbres sont pour lui salvateurs. Le regain et sa propre survivance. La forêt s’agite. Les arbres s’expriment, langue encore sauvage. La peur stigmatise leurs troncs. Mac Kay ressent l’effroi et la vulnérabilité de ces derniers.
« Malgré tout, Mac Kay sentait l’inexorable offensive de la forêt. »
Il comprend les signes, les feuillages alphabétiques, la passation de la lumière. Les frémissements et les agitations mêlées de peurs et de cris.
Coup de hache, Mac Kay devient fou. Lui, possédé de végétal, la peau mousse et le regard sève. La femme du bois est blessée. Sang-meurtrissures, lèvres pâles, le regard fissure, la voix éteinte et l’étreinte parabolique.
Il va tel un enragé de haine enfouie, de colère sourde, comprendre.
Blesser un arbre est une atteinte à sa propre vie. L’anthropomorphisme excelle. Les arbres sont en transmutation. Vivants, de chair et de bois.
La femme du bois, regard feuillage, branches -gémissements,
« La lame et la flamme ! Répétèrent comme un écho ceux qui l’entouraient.
Contre la lame et la flamme nous sommes impuissants.-Il est certain qu’ils vont nous détruire murmura la femme. »
Que va-t-il se passer ?
Nécessaire et engagée, cette fable est un dernier avertissement à la face du monde. Un conte intranquille et subtil. Un bruit sourd, existentiel et crucial.
Une fable désespérément contemporaine. Un classique infini, douloureux et magnifique.
Comme l’exprime si bien la quatrième de couverture :
« Il mériterait d’être lu par ceux qui croient qu’on doit venger les arbres, et pas seulement parce qu’on en fait parfois de mauvais livres. »
Ce texte pointe du doigt là où ça fait mal. Qui de l’arbre ou de l’homme ?
À méditer.
« Qu’elle eût été fantasme de rêve, nymphe ou dryade, il y avait là une part de vérité. »
Traduit de l’anglais (américain) par France-Marie Watkins. Collection : L’Arbuste véhément que je vous conseille de suivre des yeux. Publié par les majeures éditions de L’Arbre vengeur.
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