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« Il n'y a pas de secrets dans cette famille ! » Sans tenir compte de l'avis de sa femme, un homme intransigeant élève leurs quatre enfants avec des valeurs laïques, en érigeant Gandhi comme modèle de rigueur morale. Malgré son apparence progressiste, cette famille de la classe moyenne n'est pourtant qu'un monde clos traversé de fissures.
Pour survivre aux humiliations, Martina, Damian, Rosa et Aquilino sont obligés de se soumettre aux règles paternelles, celles du « Projet ». Récemment adoptée, Martina, sommée d'appeler son oncle et sa tante « papa » et « maman », ne doit plus cadenasser son journal intime. Damian, adolescent en surpoids mis au régime, est obligé de participer aux collectes dans le quartier pour l'organisation caritative de son père. Rosa, désormais institutrice, comprend que l'origine de sa cleptomanie réside dans l'hypocrise de la transparence durant son enfance. Seul Aquilino, parvenu à faire changer ce prénom qui lui déplait, est assez rusé pour contourner l'autorité parentale. Mais si le fils cadet échappe à ce régime tyrannique, c'est en digne héritier, reproduisant inconsciemment les mêmes mécanismes de tromperie et de domination. Peut-on jamais échapper à sa famille ?
Avec une précision étourdissante, Sara Mesa étudie les ravages d'une éducation - de ses blessures latentes aux révoltes contre sa perversité. Conçu comme un collage où passé, présent et futur s'entremêlent, La Famille est un grand roman sur la construction de l'identité ainsi que les formes contemporaines du patriarcat. Une plongée vertigineuse dans l'ambiguïté et les faux-semblants.
Traduit de l'espagnol par Delphine Valentin
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On ne sait pas ce qu'il se passe derrière chaque porte. Un père pervers, dominateur, qui impose ses règles sociales. Une femme soumise. Des enfants perturbés,... L'éducation, qui rime avec construction, laisse des traces néfastes. Une famille isolée qui se cache. Le contact avec l'extérieur fait prendre conscience du déséquilibre en interne. On est loin des valeurs de la famille où l'amour doit tout sceller.
Il y a des éducations dont on ne sort pas indemnes. Chacun des membres de cette famille vit indépendamment les uns des autres, dans la soumission, le mensonge et l'autorité du père particulièrement, dans une sorte de violence non physique mais masquée, en humiliation et en chantage affectif. Dans ce milieu semi bourgeois se déploient des relations oppressives. Dans la mesure où cette famille est recentrée sur elle-même et uniquement autour du père, la mère ayant baissé les bras dans cette bagarre morale, personne ne peut savoir ce que vivent ces trois enfants. Qui n'arrivent même pas à être soudés. Seul un oncle, frère de la maman, a pu déceler une anormalité éducative, sans avoir à alerter. A l'école, l'institutrice tente une approche avec le dernier enfant, mais la réaction familiale sera vite répréhensible pour la jeune élève. Pour avoir vécu cette éducation familiale, heureusement pas aussi prononcée, j'imagine aisément les dégâts opérés sur l'auteur mais reste admirative de sa construction car c'est difficile de parler de son enfance. Elle s'est inspirée de son propre vécu mais le déroule sans agressivité, sans rancune comme une vie en parallèle. Magnifique.
Ce roman ne m'a pas laissée indifférente. J'y ai pensé quelques jours après la fin de ma lecture en cherchant à comprendre la fin. En trouvant un sens à cette fin, j'ai trouvé ce roman vraiment bien fait. C'est assez subtil et c'est bien là l'originalité de ce roman. C'est un roman qui prend son temps pour se livrer. C'est un vrai coup de cœur.
Evidemment, je ne parlerai donc pas de la fin du roman. Ce qu'il faut savoir, c'est que la famille en question est composée de 3 enfants, le père, la mère et leur nièce, Martina, qu'ils vont considérer comme leur propre fille. Et c'est à travers les yeux de Martina qu'on va découvrir cette famille qui est très toxique : instauration de règles très strictes, condescendance du père envers ses enfants, ambiance très sombre et très gênante, remarques passives agressives, frustration permanente, … Martina va vite mal vivre ces règles et va se sentir rapidement seule face à ses cousins qui semblent a priori s'accommoder de la situation. En réalité, il en va tout autrement.
L'autrice nous raconte l'histoire de cette famille sur 2 temporalités : l'époque de l'enfance et celle des enfants devenus adultes. Chaque enfant a vécu différemment l'emprise du père, insidieuse, difficile à expliquer en quelques mots et tout cela va avoir des conséquences sur leur vie d'adulte.
J'ai lu récemment un autre roman sur une famille toxique. Ce roman ci est particulièrement bien fait dans le sens où ce qu'il se passe au sein de cette famille est difficilement explicable. L'entourage des enfants ne peut pas ou ne veut pas l'entendre et peut difficilement réaliser ce qu'endurent ces enfants, d'autant plus que le père est très poli envers son voisinage.
Un roman qui donne à réfléchir même après la fin du roman, c'est pour moi un gage de bonne lecture. Je recommande cette lecture.
Je remercie les éditions Grasset pour cette lecture.
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