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Perdue au milieu de l'Atlantique Sud, Sainte-Hélène, l'île d'où on ne s'échappe jamais. Un rocher lugubre, battu par les flots et le vent. Déporté par les Anglais après Waterloo, Bonaparte s'efforcera, pendant cinq ans et demi, de rester Napoléon en dépit des humiliations. Amoureux des îles, Jean-Paul Kauffmann s'est embarqué un jour à bord du seul bateau qui dessert Sainte-Hélène. Il découvre ses falaises noires, ses habitants reclus, son gouverneur britannique, son ex-consul de France érudit et misanthrope, ses prisonniers qui pêchent face à l'océan. Sainte-Hélène : la vie quotidienne dans l'étrange maison de Longwood au temps de Napoléon, la promiscuité, l'ennui, l'humidité, les rats. Récit de voyage et enquête sur les derniers jours de l'Empereur, ce livre décrit avec justesse la captivité et l'enfermement. La chambre noire de Longwood est une méditation sur la mélancolie historique, un huis-clos policier qui atteste que Napoléon a bel et bien été empoisonné. Par la nostalgie de sa gloire et le regret de son passé.
https://evabouquine.wordpress.com/2017/02/18/jean-paul-kauffmann-la-chambre-noire-de-longwood/
"Je n’aurais pas la fatuité d’affirmer que la seule vision de Longwood permet de pénétrer le mystère de cette captivité. Du moins autorise-t-elle à en deviner la profonde tristesse. La mélancolie est à l’origine de la mort de Napoléon."
Jean-Paul Kauffmann décide un jour de s’embarquer sur le seul bateau à destination de l’île de Sainte Hélène pour y retrouver le lieu, l’ambiance, « la trace » (terme qu’il emploie également dans Courlande), l’empreinte des évènements passés : la captivité de Napoléon.
Île perdue au milieu de l’Atlantique Sud, Sainte-Hélène, c’est tout d’abord un climat hostile, ingrat, variable, à forte humidité, dont rend compte Jean-Paul Kauffmann avec une réelle acuité :
"Un crachin enveloppe et parfume le vallon de cette odeur de girofle et de faisandé, si particulière aux contrées tropicales, à la fois douceâtre et poivrée, vaguement corrompue."
De par son isolement, Sainte-Hélène a surtout servi de lieu d’exil dès sa découverte en 1502 par les Portugais. Ce sera le sort et la destination réservés à Napoléon, peu de temps après qu’il eut décidé de sa reddition au large de l’île d’Aix le 15 juillet 1815.
Grâce au plan mis à disposition du lecteur au début du livre, aux descriptions qu’en fait l’auteur (la maison est remplie d’humidité… et de rats), on imagine rapidement quel est le décor de la tragédie qui va s’y nouer jusqu’à la mort de Napoléon le 5 mai 1821 à l’âge de 51 ans. Entouré par sa cohorte de biographes (Las Cases, Gourgaud, Montholon et Bertrand), aux disputes incessantes, Napoléon sombre rapidement dans la mélancolie dans ce lieu :
"Cette maison détient un secret… Elle flotte dans un état qui n’est ni le présent ni le passé. C’est une suspension. A Longwood, la durée semble s’interrompre momentanément comme si le cours du temps voulait y marquer une pause (…). Le plus entêtant reste encore l’odeur de l’ennui. L’encens de la mélancolie, le musc des idées noires imprègnent l’intérieur de la maison."
Le récit sort du cadre étriqué de la maison pour aller sur le champ de bataille d’Eylau (l’auteur considère que le début de la chute de Napoléon date de cette bataille meurtrière, qui est aussi le cadre de son dernier opus, « Outre-terre »), mais aussi vers les relations qu’entretenait Napoléon avec les femmes, ou encore avec le vin. Par petites touches, le portrait qu’il fait du « héros fatigué » s’esquisse sous nos yeux avec beaucoup de talent.
Je ne saurais dire si c’est cette mélancolie qui m’a aussi gagné durant la lecture, mais force est de constater que j’en ressors avec un sentiment particulier ; soulagé en quelque sorte de m’échapper de cette ambiance parfois pesante. J’en conseille néanmoins la lecture à toutes et à tous, même si vous n’avez pas d’affinité particulière pour Napoléon. Vous le verrez, c’est un livre qui vous laisse aussi une trace…
Passionnant, envoûtant, précis, drôle, effrayant. Un superbe texte
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