Voici une liste de livres bien ciblés pour ce Noël...
L'une, Valentine Goby, est romancière. L'autre, c'est Charlotte Delbo, amoureuse, déportée, résistante, poète ; elle a laissé une oeuvre foudroyante. Voici deux femmes engagées, la littérature chevillée au corps. Au sortir d'Auschwitz, Charlotte Delbo invente une écriture radicale, puissante, suggestive pour continuer de vivre, envers et contre tout.
Lorsqu'elle la découvre, Valentine Goby, éblouie, plonge dans son oeuvre et déroule lentement le fil qui la relie à cette femme hors du commun. Pour que d'autres risquent l'aventure magnifique de sa lecture, mais aussi pour lancer un grand et beau cri d'amour à la littérature. Celle qui change la vie, qui console, qui sauve.
" Je me promets d'éclatantes revanches " est un texte intime, un manifeste vibrant qui rend hommage au pouvoir des mots et de la langue, plus que jamais nécessaire.
Valentine Goby écrit pour les adultes et pour la jeunesse depuis quinze ans. Elle a reçu douze prix pour Kinderzimmer (Actes Sud, 2014), dont le prix des Libraires.
Voici une liste de livres bien ciblés pour ce Noël...
Lire et savourer ces titres emblématiques de la #RL2017
#RL2017 Je me promets d’éclatantes revanches (L’Iconoclaste)
Valentine Goby partage ses choix littéraires
La reproduction de la barbarie de l’homme est sans limite. Sa cruauté en perpétuelle représentation. L’homme n’apprend manifestement pas de ses erreurs mais parfois il transcende la douleur et l’horreur par l’art. Les écrits de Charlotte Delbo en sont des exemples essentiels. Une femme ordinaire ayant vécu et survécu à l’indicible qui n’a jamais cessé de croire en l’amour et l’humanité. Une femme forte et pleine de convictions. Un bouillon d’espoir et de créativité dans cette étendue d’abominations. Une vie d’engagements évoquée avec bienveillance et minutie par Valentine Goby. Un texte profond sur cette femme ayant éprouvé la liberté après avoir touché de près l’effroi du monde.
Autour de cette lecture évidemment :A découvrir ou redécouvrir les œuvres de Charlotte Delbo et plus précisément ces quatre tomes indispensables qui apporte une dimension à part aux témoignages déjà existants sur les camps de concentration lors de la seconde guerre mondiale.
- Le Convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965, 1978, 1995.
- Auschwitz et après, 3 tomes au éditions de Minuits (Aucun de nous ne reviendra//Une connaissance inutile//Mesure de nos jours)
Un livre qui donne enfin de la voix, à une femme d'exception Charlotte Delbo.
Une relation intime s'est tissée avec l'auteur au cours de longues années pour arriver à ce résultat. C'est une démarche presque enfantine, naïve ( au sens fort au terme) qui est proposée ici et que nous connaissons tous : par quelle magie, nous rencontrons une oeuvre, un auteur? Pourquoi lorsque notre imaginaire est confronté au réel d'un auteur on vacille, on se gourmande d'avoir imaginé d'autres traits, d'autres fluctuations de voix!
Bref Valentine Goby, a réussi à nous communiquer son envie de consulter les archives de Charlotte Delbo, d'entendre sa voix, de lire son oeuvre multiple et éparpillée pour mieux jouer avec nos nerfs, de regarder des enregistrements de sa participation à des émissions littéraires, de regarder des portraits, bref de mieux la connaître!
Ce livre est une immersion dans l'oeuvre de Charlotte Delbo, résistante, déportée, poète. Un livre très intime sur la rencontre de Valentine Goby avec cette femme à travers ses écrits. Vous l'aurez compris il ne s'agit pas d'un roman et ce n'est pas une lecture facile de bord de piscine. Ce n'est pas non plus un simple livre sur la déportation mais plutôt une réflexion sur la création littéraire. Une lecture très enrichissante et finalement lumineuse comme Charlotte Delbo qui avait la vie chevillée au corps.
Dans ce document à paraître en août 2017 et qui prend une drôle de résonance à l'annonce du décès de Simone Veil, Valentine Goby évoque la vie et l'oeuvre de Charlotte Delbo (rescapée des camps et découverte au détour d'une conversation avec Marie-José Chombart de Lauwe, retrace Auschwitz via la lecture et l'écriture.
Alors que Valentine Goby prépare « Kinderzimmer », elle découvre l’œuvre d'une femme, communiste, résistante, non-juive et s'imprègne de son univers et de ses silences littéraires.
Il s'agit ici d'une analyse de l’œuvre plus que d'un roman, mais Valentine Goby se faufile entre les lignes, esquisse des parallèles, donne corps à Charlotte, lui rend hommage.
Elle voit les écrits de Charlotte Delbo comme des recherches archéologiques, où chaque strate révèle une découverte, où chaque « blanc » du texte laisse deviner l’indicible.
Auschwitz. Un mot quasi absent des écrits de Charlotte Delbo. Un lieu qui devient neutre au sens qu'il pourrait être celui qui décrit toutes les horreurs sans être véritablement et géographiquement signifié : Auschwitz c'est nulle part et c'est partout (au Rwanda, en Syrie…). L'endroit prend une dimension universelle, fondue dans la neige et le froid, dans la terreur et l'ignoble.
Charlotte Delbo n'était pas juive mais elle appartenait, par son militantisme au « Convoi du 24 janvier 1943 » pour avoir été arrêtée comme membre du groupe Politzer (son prof de philo) : 230 femmes dont seules 49 reviendront des camps, avec dans son cas, pour toujours, le numéro 31661 tatoué sur son avant-bras.
Pourtant, elle gardera espoir, continuera à aimer la littérature et le théâtre (elle était la secrétaire de Louis Jouvet), reconstituant poèmes et pièces de mémoire, organisant des spectacles, malgré tout.
A son retour, elle écrit Aucun de nous ne reviendra (premier volume d'une trilogie dont Le convoi du 24 janvier deviendra le prologue) et décide de garder ce manuscrit dans un tiroir : les français ne sont pas prêts à entendre, à connaître ce qui s'est passé dans les camps…
Valentine Goby, explore le processus narratif de Charlotte Delbo, comment on peut aujourd'hui « lire » Auschwitz par les mots des rescapés, mais aussi comment Charlotte Delbo a pu « écrire » Auschwitz, elle devient archéologue d'une œuvre complexe, teintée de silences et de parallèles avec sa propre vie :
« La lecture toujours convoque le lecteur et sa propre histoire. »
Beaucoup d'émotion dans ce récit, beaucoup d'admiration aussi : une lecture qui ne laisse pas indifférent...
Valentine Goby nous donne envie, de lire, de connaître, de comprendre Charlotte Delbo. Déportée dès 1943 à Auschwitz, dans « le convoi du 24 janvier », puis à Ravensbrück. Charlotte avait perdu très tôt son mari, fusillé au Mont Valérien. Elle meurt en 1985 après des années à écrire et porter la parole de tous ceux qui ont disparus dans les camps d’extermination.
J’aime l’écriture de Valentine Goby, mais aussi le fait qu’elle nous éveille a des faits de société et s’en empare pour les mettre à notre portée. Je pense bien sûr à Kinderzimmer, où elle parle des pouponnières du camp de Ravensbrück, ou à « Un paquebot dans les arbres » qui évoque la tuberculose, les difficultés que cela représente d’être malade avant la sécurité sociale.
L’écriture est belle et son apparente simplicité permet aux lecteurs d’entrer en communion avec son sujet. Si Charlotte Delbo craignait l’oubli, merci à Valentine Goby de nous la restituer dans cette vie et ce chemin si difficile vers l’après, quand les lendemains souffrent du poids des morts, du poids des souvenirs, mais que la parole portée est essentielle.
Je découvre avec ce texte Mme Charlotte Delbo, une femme engagée, déportée à Auschwitz puis Buchenwald. Son décès d’un cancer des poumons.
J’ai aimé l’analyse de Valentine Goby sur l’écriture de Charlotte : non pas pour dire l’expérience des camps, mais comme un hymne à la vie. Une écriture poétique qui dit la faim, fait sentir la soif.
Lecteurs, nous savons tout ce que nous apporte un texte littéraire fort ; l’auteure nous éclaire ici sur ce qu’apporte l’écriture en elle-même.
Un texte fort, à part, un livre-hérisson. Une merveille de cette rentrée littéraire.
Quelques citations :
« Lire a été non une quête d’exotisme mais une entreprise d’excavation : la révélation de ce qui me relie intimement au monde ; me coule dans sa respiration ; me fait une semblable. » (p.41)
« Je savais que j’oublierais puisque c’est oublier que continuer à respirer. » (p.64)
« Là-bas, j’ai été sûre qu’une langue n’est pas ajustable à toute réalité. » (p.78)
« je suis Charlotte Delbo, je suis vivante et j’aime ça. » (p.110)
A propos des camps : « On ne revient pas meilleur. On n’est augmenté que d’effroi. La déportation est une perte sèche. » (p.158)
http://alexmotamots.fr/je-me-promets-declatantes-victoires-valentine-goby/
Une superbe découverte !
Ce livre m’a énormément touchée, autant que la lecture de Primo Levi Si c’est un homme ou La Trêve.
Voici un très bel hommage de Valentine Goby à Charlotte Delbo !
Un livre qui donne à réfléchir, qui pousse à aller découvrir la vie et l’œuvre de Charlotte Delbo.
Que savais-je de Charlotte Delbo ? Rien ou trois fois rien : j'avais découvert son nom en même temps que mes élèves lors d'un brevet des collèges, en 2014 je crois. J'avais appris à cette occasion qu'elle était Résistante et qu'elle avait été déportée à Auschwitz en janvier 1943 puis à Ravensbrück. Je savais aussi qu'elle était rentrée puisqu'elle avait écrit.
Que savais-je, moi, professeur de lettres, en 2014, de Charlotte Delbo ?
Rien.
J'avais lu aux larmes Primo Levi, Jorge Semprun, Simone Veil, Marceline Loridan-Ivens mais de Charlotte Delbo, aucun écrit n'était parvenu jusqu'à moi.
Je me souviens de la lecture de Kinderzimmer de Valentine Goby comme d'un choc profond, une émotion qui s'empare du coeur et du corps. Un livre qu'on n'oublie pas.
Voilà à peu près où j'en étais quand j'ai ouvert « Je me promets d'éclatantes revanches » .
Ce qui m'a frappée, immédiatement, est la puissance du titre. Pourquoi ces guillemets ? Qui parle ? C'est elle, Charlotte, et je crois que l'oeuvre de Valentine Goby est là, contenue dans ce titre, dans la force qu'il dégage, dans le cri qu'il pousse. Je tourne la page de couverture : une photo. Charlotte Delbo éclate de rire. Peut-on (doit-on) encore éclater de rire quand on a été déportée ? De quand date cette photo ? D'avant sûrement… Je cherche, ne trouve pas.
A-t-elle pu rire après ?
Oui, nous explique Valentine (permettez-moi pour une fois d'utiliser les prénoms, je le sens mieux comme cela), Charlotte a ri après et c'est ce qui l'a rendue à la vie, cette capacité, par l'écriture, de se sortir de l'enfer, de mettre par les mots, à distance, l'horreur, l'indicible, l'absurdité, la folie.
Reprenons.
Valentine, pour préparer son roman Kinderzimmer rencontre Marie-José Chombart de Lauwe, ancienne déportée du camp de Ravensbrück. Elle l'interroge, veut entendre son témoignage. Marie-José sourit : « Avez-vous lu Charlotte Delbo ? » demande-t-elle à Valentine. Non, Valentine ne connaît pas cet auteur et va la découvrir, explorant petit à petit des textes éblouissants, puissants, des textes qui disent la soif, la faim, le froid, des textes qui parlent des sensations du corps. « Elle place le corps au centre, non la pensée ; la sensation pure et non la conscience de l'Histoire. C'est une expérience partagée qui est en jeu » analyse Valentine. Charlotte Delbo dit comme elle vit. « C'est une plongée directe dans le froid, la boue, les rituels absurdes qui malmènent le corps... », « elle ne veut pas faire savoir, elle veut donner à voir. Donner à voir, à sentir, à toucher, non inventorier des événements mais les incarner. »
Pour elle, « il n'y a pas d'indicible », Charlotte sera celle par qui les autres sauront, entreront « à Auschwitz par la puissance de la langue » et Valentine sera celle par qui les autres connaîtront cette femme, elle sera le lien entre elle et nous, de femme à femme, tissant une espèce de fil incassable et infini qui nous liera à jamais.
J'ai découvert la langue de Charlotte Delbo, elle m'a touchée au coeur.
« … la vie m'a été rendue
et je suis là devant la vie
comme devant une robe
qu'on ne peut plus mettre. »
Pourquoi, se demande Valentine, alors pourquoi n'est-elle pas plus connue, plus lue ?
La réponse n'est-elle pas contenue dans la magnifique photo de la deuxième page, dans ce sourire éclatant plein d'une insolente vitalité, dans les paroles d'une femme qui dit avec assurance que oui, elle est sortie de là-bas et qu'elle se « promet d'éclatantes revanches » ? Une femme dont la vie même à travers chaque éclat de rire a réduit à néant l'entreprise nazie et qui comme « un serpent regarde sa mue, sa peau morte délaissée, et retourne à la vie... » ?
Oui, je lirai les textes de Charlotte Delbo, oui, j'en parlerai à ma famille, à mes amis, à mes enfants, à mes élèves, oui, nous étudierons ses textes et nous les apprendrons, oui, Valentine, nous serons les liens, indéfectibles, grâce à vous.
Vous pouvez compter sur nous. Nous l'aimerons.
Lire au lit : http://lireaulit.blogspot.fr/
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !