Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Téhéran, 1955. A la suite d'une lecture de ses poèmes, le regard de Forough Farrokhzad (1934-1967), égérie des milieux littéraires iraniens qui n'a que vingt ans, est accroché par celui d'un jeune homme. Elle s'apprête à repousser les avances de Cyrus, ou la Tortue, comme elle le surnomme, et ignore qu'il va bouleverser son existence. Erudit, francophile, Cyrus lui traduit en persan les poèmes de Pierre Louÿs tout en lui racontant la vie du poète et celle de son grand amour, Marie de Régnier.
A travers celle de Marie, Forough entrevoit la vie dont elle aurait rêvé. Grâcieuse, intelligente, perverse, la fille du grand poète José-Maria de Heredia est une des reines de la très libre Belle Epoque, tout Paris se l'arrache. Elle collectionne amants et maîtresses, publie sans cesse et s'amuse dans les salons les plus prestigieux. La poétesse iranienne, elle, mariée à 16 ans à un artiste sans fantaisie, est bridée par sa famille, son militaire de père et les moeurs de son pays. Tout le monde s'épie, tout se sait. Mais Forough ne sait qu'être libre et provoque scandale sur scandale au fil de la parution de ses recueils. Elle célèbre la chair, la vie, l'émancipation et ne se renie pas. Toute son existence, Forough cheminera avec l'histoire de Marie de Régnier et de Pierre Louÿs au coeur, au point de venir à Paris avec Cyrus, sur les traces des deux amants et de leur cohorte d'amis, Claude Debussy, Marcel Proust, Léon Blum, Liane de Pougy et Nathalie Clifford-Barney. Sa mort tragique, à 32 ans, mettra un terme à son oeuvre d'une immense intensité, qui en fait sans aucun doute la plus grande poétesse de l'Iran contemporain.
Dans ce roman puissant et subtil, au rythme effréné, Abnousse Shalmani met en regard les vies extraordinaires de ces deux écrivaines qui firent toujours le choix de la passion, amoureuse, poétique ou purement sensuelle, au risque de s'en brûler les doigts. Une ode très contemporaine à la liberté artistique et à celles qui ne renoncent jamais, en Occident comme en Orient.
Si je cherchais de la sensualité et de la poésie, j’en ai trouvé plus que je ne pensais auprès de cette autrice érudite.
J’avais peur de trouver un roman à l’eau de rose mais il n’en a rien été. C’est bien la sensualité et la poésie qui se sont joints à ma lecture. Qui ne recherche pas un peu de rêve et de volupté dans ce monde trop souvent trop terrien ?! Pour ma part je n’ai pas été déçue par cette écrivaine que je découvre seulement maintenant alors qu’elle a déjà écrit plusieurs autres romans. Celui-ci mérite une halte, un petit détour par nos sens et notre besoin de douceur. Il n’y a pas de mal à se faire du bien.
Nous sommes à Téhéran en 1956. Forough Farrokhzad, vingt ans, jeune égérie des milieux littéraires iraniens découvre un pan de poésie. C’est au travers des traductions que lui en fait Cyrus, dit La tortue, un amoureux transis, qu’elle va connaitre les poèmes fiévreux que Pierre Louÿs a écrit à Marie de Régnier. Cette Marie de Régnier est une des reines de la très libre Belle Epoque, tout Paris se l’arrache et elle n’est autre que la fille du grand poète José-Maria de Heredia. Perversion, grâce, intelligence, beauté, une collection non négligeable d’amants et de maitresses jalonnent son parcours ; bref tout de cette Marie attire Forough. Et comme c’est Cyrus qui fait la traduction en persan, il en profite pour s’approcher d’elle.
Forough avait un père militaire hyper rigide et a été mariée très jeune à un homme sans saveur même s’il est un artiste. Pas étonnant qu’elle n’est qu’une envie, celle de se rendre à Paris afin de retrouver l’histoire du couple d’amoureux et de leurs amis, Debussy, Proust, Blum et bien d’autres. Cyrus l’accompagnera.
Le rythme est effréné. L’ambiance est chaude. Les sentiments s’embrasent. La passion se vit au quotidien. Une vie intense ou rien. La liberté, rien que la liberté. Une poétesse iranienne est née.
Historiquement le roman est intéressant, mais ce qu'il est plus encore, c’est un hymne à la poésie féminine. Un hymne à la vie artistique, et ceci au détriment même d’une vie confortable. Qu’importe si l’on passe à côté de ‘’petits plaisirs immédiats’’, ce qui compte c’est la passion.
Un bémol, une structure qui m’a parfois posé souci : parfois l’autrice parle tout d’un coup de la vie de Forough, en la mettant entre parenthèses au milieu de la présentation de la vie de Marie de Régnier !
Et un avis tout perso : je ne trouve pas tant de points communs entre les deux héroïnes. Marie de Régnier vivait une vie facile (à part son mariage forcé pour éponger les dettes familiales) et celle de Forough qui se situe à l’aube de la révolution islamiste Khoménienne (pas certaine que l’adjectif soit juste).
Citations :
« Fais le compte aujourd'hui de ceux que tu aimes, et sache que pas un ne sera à ton chevet le jour où, vieille femme et presque une étrangère dans un monde nouveau, tu mourras, affreusement seule. »
« Une des différences les plus aiguës entre Marie et Forough tient à l'amour et au respect que I'une déploie pour elle-même, et l'autre pas. Il ne viendrait pas à l'idée de Marie de se dévaluer à ses yeux.
Forough est secouée de découvrir une femme capable de se célébrer sans la moindre honte. Cette honte qui la poursuivra toute sa courte vie. »
« Ainsi avancent les Hommes fixés sur un horizon inatteignable, incapables de mesurer leurs forces, portés seulement par un irrépressible besoin d'être aimés. »
« Mais aussi : exercer un art n'est qu'un aveu d'échec. L'art viendra prendre la place à jamais vacante de l'amour. L'amour dont l'ont privée le père, la mère, les mentalités, ce qui se fait ce qui ne se fait pas, l'amour ne sera jamais compensé par un homme. Jamais. La poésie, la création retardent seulement l'instant du manque. »
En écoutant la lecture si sensuelle du poème « Le pécher » de Forough Farrokhzad par Golshifteh Farahani lors de l’émission La Grande Librairie, j’ai su qu’il fallait que je lise ce livre.
"J'ai péché, péché dans le plaisir,
dans des bras chauds et enflammés,
J'ai péché, péché dans des bras de fer,
dans des bras brûlants et rancuniers"
En mettant en parallèle le destin réel de deux femmes, deux pays, deux époques; Abnousse Shalmani écrit un livre envoutant mais cruel sur la poésie et le féminisme.
Forough Farrokhzad, poétesse iranienne des années 1960, vit et étouffe dans un pays prisonnier de sa morale. Elle se passionne pour sa « soeur de papier » Marie de Régnier, poétesse du début du vingtième siècle à Paris. Elles ont en commun d’assumer leurs désirs et de vivre à travers leur poésie emprunte de volupté.
En prenant le biais de la poésie, Abnousse Shalmani évoque sans fard la condition féminine en Iran, ce pays où elle est née. Elle aborde, avec de nombreuses références littéraires et une plume emprunte de sensualité, la façon dont on veut faire taire leurs désirs, leur faisant avoir honte de leur corps.
On ne peut qu’admirer le courage de Forough Farrokhzad, poétesse adulée mais femme méprisée. Maintenant, il me tarde de découvrir ses poèmes, alors que le combat des femmes iraniennes se poursuit encore aujourd’hui dans le plus ancien berceau du monde.
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
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