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Histoire d'une domestication

Couverture du livre « Histoire d'une domestication » de Camila Sosa Villada aux éditions Metailie
  • Date de parution :
  • Editeur : Metailie
  • EAN : 9791022613859
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

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Avis (1)

  • Les Vilaines, le premier roman de Camila Sosa Villada, autrice argentine, a été un succès lors de sa sortie en janvier 2021 aux éditions Métailié. Ne l’ayant pas lu, mais très motivée par l’emballement dont il fut l’objet, j’ai choisi de partir à la découverte de ce second roman, qui paraît à...
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    Les Vilaines, le premier roman de Camila Sosa Villada, autrice argentine, a été un succès lors de sa sortie en janvier 2021 aux éditions Métailié. Ne l’ayant pas lu, mais très motivée par l’emballement dont il fut l’objet, j’ai choisi de partir à la découverte de ce second roman, qui paraît à l’occasion de cette rentrée littéraire 2024. Le personnage principal est une actrice trans, dont nous ne saurons jamais le nom et toujours nommée sous les dénominations de la comédienne ou la trans, que l’on suit depuis sa sortie de scène jusqu’au drame qui clôt le roman, .

    Tout démarre au théâtre ou la trans vient de finir de jouer la pièce de Jean Cocteau La voix humaine, met en scène qu’un seul personnage, une femme au téléphone, dont elle tient le rôle principal. C’est une comédienne déjà bien installée sur la scène argentine, une femme qui fait et assume ses choix depuis qu’elle s’est découvert femme et qu’elle l’assume. Une femme avec un caractère, il en faut pour tenir bon devant les attaques dont est victime la population transgenre, qui joue de sa féminité, et joue de sa sexualité autant qu’elle le peut, autant qu’elle le veut. Mais une trans rongée de questions, une vie de mélodrames, qui se débat dans ses questionnements existentialistes, embourbée dans ses doutes, d’une forme d’instabilité résultant de son enfance chaotique. C’est une diva, sûre d’elle et de ses choix, qui joue ses drames sur scènes, comme dans sa vie privée avec son mari, l’avocat, et son fils, adopté.

    On suit les errances de la comédienne trans depuis la scène jusqu’à sa vie de couple et familiale, ses flash-back consacrés à certains épisodes de son passé, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas de tout repos : c’est une femme torturée, non pas par son identité revendiquée et assumée, elle est une comédienne respectée, adulée et désirée. On, le lecteur, essaie de faire du tri dans la confusion de l’esprit béant et torturé de la femme, qui s’en va retourner aux sources familiales, au commencement du chaos.

    C’est un personnage complexe, et tourmenté, que l’on suit d’abord par sa posture de transsexuelle, une femme qui a encore ses attributs d’hommes, un être qui vogue encore entre deux identités, avec ce pénis omniprésent qui la retient encore quelque part dans une partie de sa vie, de son être qu’elle rejette, et qu’elle a tout fait pour laisser derrière elle. Un être démonté pièce par pièce par une écriture très vive et franche, où la vulnérabilité du personnage laisse sans cesse place à une vivacité d’esprit, une causticité, qui cache tout au fond un désespoir latent. Ce qui est déroutant, c’est la présence de ce narrateur ou narratrice, qui parle d’elle, comme s’il était un personnage à part entière, comme un double de la trans qui parle d’elle avec un certain recul. Comme un reflet à cette dualité qui caractérise le personnage, scindé en deux, celle qui vit et agit, celle ou celui qui regarde, commente. Un personnage plein de contradiction, qui essaie de sortir de la cellule familiale et pulvérisée autour de laquelle elle a survécu, composée de cellules toutes métastasées, d’une mère égocentrée, d’un père qui préfère le demi-frère, celui-là même qui désire âprement la femme qu’elle est devenue. Une trans en recherche d’une certaine sérénité, dans la propre cellule qu’elle s’est composée, unique en son genre, mais qui a le mérite de lui donner le rôle de sa vie, la place que personne ne peut plus lui enlever.

    Histoire d’une domestication, c’est l’apprentissage de la vie d’une famille, à trois, unie et amante, fonctionnelle malgré le schéma que l’on pourrait caractériser de hors norme s’il fallait se réduire à mettre des gens dans des cases. C’est un roman décapant dans la mesure où il vous entraîne justement au milieu de la construction épineuse d’une famille, où chacun est issu d’une minorité persécutée, l’enfant porteur du HIV, et doublement orphelin n’est pas en reste. J’aime les histoires qui me bousculent un peu, beaucoup, j’aime l’ouverture d’esprit des Éditions Métailié, qui mettent en avant pour leur rentrée littéraire un roman tout sauf classique, qui heurtera surement les conservateurs rétrogrades et intolérants. Et je pense que l’on a encore du chemin à faire ici en France par rapport au pays sud-américain.

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