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Algérie, 1954. Made et Nour sont encore des enfants, elles grandissent au pied des montagnes du Djurdjura dans l'oliveraie appartenant à la famille de Made.
Un demi-siècle plus tard, Laure, née en France, part à la recherche de ses racines jusqu'en Kabylie. Les arbres témoins du passé bruissent encore du lien indéfectible de Made et Nour courant pieds nus, attrapant les oiseaux pour la joie de les libérer. Pourquoi ce mystère autour d'elles ? Que s'est-il passé dans l'oliveraie ? L'attachement à une terre, que peut-il face à un embrasement ?
Une fresque magistrale portée par quatre générations de femmes magnétiques.
Sur la trace de ses ancêtres, Isabelle Desesquelles enquête et interroge un silence.En merveilleuse conteuse, elle chahute les souvenirs dans un roman poignant et solaire.
C’est à travers le portrait de quatre femmes que leur destin unit dans sa cruauté, que l’autrice reconstruit l’histoire de sa famille.
A treize ans, Made se forge une personnalité. En refusant de répondre au prénom qu’on lui a donné, lui substituant une version plus courte. Complices et amies, des presque soeurs Nour et elle vivent une enfance insouciante, et pourtant ce qui est écrit de tout temps viendra les séparer.
De cette histoire complexe , dont elle ne possède que des bribes, Laure essaiera des années plus tard de comprendre les enjeux et de faire ressurgir la vérité, au risque d’y perdre des illusions, pour comprendre qui était sa mère et comment l’exil a recouvert d’un manteau de silence les drames survenus dans le domaine des oliviers.
Avec beaucoup de délicatesse, comme on manie un tissu que l’âge a fragilisé, Isabelle Desesquelles retrace cette histoire familiale tronquée, dans l’illusion de protéger ceux qui l’ignorent. Erreur, les non-dits hantent les héritiers que l’on a voulu épargner. De l’authenticité dans les propos et une belle écriture, pour un roman touchant.
306 pages Lattès 15 janvier 2025
#Histoiredelafemmesauvage #NetGalleyFrance
« Pour Laure, la Kabylie est la chambre interdite » Jamais sa famille maternelle n’évoque cette Algérie qu’il a fallu quitter un jour de 1961 pour commencer une nouvelle vie en France. Mais la souffrance perdure en silence. Laure va partir à la recherche de ses racines, dans ce pays qu’elle ne connait pas et, comme ses ancêtres, elle aime les oliviers, ces arbres qu’ils cultivaient pour les olives dont ils faisaient de l’huile.
« Elle vit dans la nature, une nature encore sauvage, pas à la main de l’homme. Comme beaucoup qui observent les nuages, Laure y devine des formes et accorde au ciel de lui raconter des histoires, mais c’est à une écorce et aux rides du bois qu’elle prête des traits. L’écorce de ses oliviers. »
En parallèle de cette quête familiale contemporaine, le lecteur suit le destin de deux fillettes dans les années 50. Nour et Made vivent dans la ferme et l’oliveraie qu’exploitent les parents de Made. Chez eux, on parle français, on est catholique et on porte des noms de saints chrétiens. Made a trois grandes sœurs qu’elle nomme « les pénibles » et un petit frère. Leur mère, qui ne veut pas que ses filles connaissent son destin, veut qu’elles puissent aller à l’école, apprendre un métier afin de ne pas dépendre d’un homme. Car ici, dans ces montagnes de Kabylie ou les traditions perdurent, les mariages sont arrangés par les pères. C’est ce qui va arriver à Nour depuis que son sang a coulé et Made ne supporte pas l’idée d’être séparée de sa sœur de lait.
L’histoire est en marche, et de nombreux évènements, des drames familiaux, vont bousculer l’ordre établi.
Le récit se raconte du point de vue des femmes, alors que le pouvoir est du côté des hommes. Ce sont eux qui font vivre la famille, eux qui prennent les décisions mais, déjà, on sent chez Mad ce désir de s’émanciper de cette vie tracée et d’un ordre établi depuis des millénaires. Les femmes doivent obéir, se marier et mettre au monde des fils pour perpétuer le clan.
Les deux récits, que plusieurs décennies séparent, vont finir par se rejoindre lorsque Laure, parie en Kabylie, revient à la source de sa famille, questionne, fouille les archives, scrute les photos et finit par mettre des mots sur ce silence coupable qui l’a privée de ses racines.
Laure est française, mais elle ne renie pas l’autre culture, celle d’où elle vient et qu’on veut lui confisquer. Et cette histoire parle admirablement des origines, d’une autre culture et de l’exil forcé.
Avec acharnement, Laure va chercher la vérité, la faire éclater, tout en plantant des oliviers comme un lien avec ces ancêtres qui les cultivaient dans ce pays lointain, un arbre comme le prolongement d’une famille.
« On plante un arbre pour une naissance et on le regarde grandir, on veille sur lui. »
Les femmes de ces quatre générations sont captivantes, elles nous montrent qu’il y a d’autres chemins possibles que celui assigné par la société, la famille et la religion.
C’est aussi un roman historique car il raconte la colonisation et la place des kabyles, ni tout à fait assimilés aux colons français bien qu’étant chrétiens et parlant leur langue, ni tout à fait kabyles car ceux qui sont restés musulmans et fidèles à leurs traditions jugent leur comportement déloyal.
Une magistrale fresque familiale et historique pour une lecture plaisante malgré une écriture parfois complexe.
Ce roman nous emmène de la Kabylie entre 1954 et 1961 à la France, à partir de 1999. C'est l'histoire d'une famille déracinée qui a du quitter l'Algérie en 1961 en laissant tout derrière elle et qui a jeté la clef de la mémoire, la cadenassant, refusant d'en parler. Léa, la grand-mère refuse de répondre aux questions de Laure, sa petite-fille sur leur vie là-bas et surtout sur sa mère, Made, qui est morte alors qu'elle avait 8 ans. Laura décide de partir en Algérie en 2005, à la recherche de son histoire familiale qu'on lui refuse.
Ce roman est avant tout une histoire de femmes, celle d'une lignée de femmes, dans un pays qui les considérait comme des marchandises que l'on pouvait troquer contre des biens, comme des esclaves se tuant à la tâche et comme des ventres qui étaient rejetés, méprisés s'ils ne donnaient pas un fils. Une fille ne pouvait pas faire d'études, était souvent mariée de force très jeune. C'est l'histoire de femmes qui n'acceptent pas leur destin tout tracé, qui font tout leur possible, y compris renier leurs origines, pour offrir un avenir à leurs enfants et en particulier à leurs filles.
C'est aussi l'histoire d'une amitié adolescente très forte entre la fille du propriétaire, Made; et celle d'un ouvrier travaillant pour son père. Made rejette les règles sociales tacites qui veulent que les deux mondes ne se mélangent pas et que chacun reste à la place qui lui est assignée par sa naissance.
C'est encore l'histoire d'une quête : celle de la mère trop tôt disparue qu'il est impossible d'évoquer, celle de l'histoire familiale et celle de ses origines, de son identité sans laquelle, on traverse la vie en boitant.
L'auteure nous offre, en arrière-plan, un pan de l'histoire de la colonisation mais centré sur le peuple kabyle. J'ai ainsi découvert que certains enfants ont été christianisés, ont reçu des prénoms français, ont suivi une scolarité française, ont été enseignants, ont été propriétaires terriens avec d'autres kabyles musulmans sous leurs ordres. Ils étaient rejetés, à la fois, par les Français qui les considéraient comme des arabes et par les Kabyles qui les voyaient comme des traitres. Elle nous décrit aussi l'exil, l'arrachement à une terre aimée, la cicatrice qui ne s'est jamais refermée et qui se transmet aux générations suivantes.
Ce roman m'a attirée par le regard magnétique, intense de la femme en couverture et par son titre intrigant qui vient, comme l'explique l'auteure, dans son roman, d'un tableau de Renoir "Paysage algérien, le ravin de la femme sauvage" que j'ai découvert à cette occasion. C'est un roman magnifique par les personnages de femmes et par les odeurs, les couleurs, la nature; la symbolique de l'olivier, fil conducteur de la vie de Laure, est très forte : l'enracinement dans sa terre le rend plus fort, lui permet de renaître après que tout a été pratiquement détruit.
Malgré une belle écriture imagée, j'ai eu du mal à me laisser entraîner, à m'immerger car j'ai trouvé, par moments, l'écriture trop elliptique; je suis, parfois, restée en alerte pour vraiment saisir le sens, relisant certaines phrases et ainsi perdant la musique, l'émotion.
#Histoiredelafemmesauvage #NetGalleyFrance
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