Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Alors qu'elle lit un roman où la mère de l'héroïne, malade finit par guérir, voilà que dans la réalité, la petite fille apprend l'hospitalisation de sa propre mère et la réalité fait irruption dans la fiction. Devenue adulte, l'enfant qui est en fait l'auteure elle-même, revient sur cette maladie, ce qu'on leur a caché à elle et à sa soeur, car cet épisode a marqué son existence et elle ne parvient pas à se pencher sur son histoire.
Il s'en suit un retour à la fiction, l'auteure nous proposant de découvrir l'histoire d'une famille : Louis, sa femme Zabé et ses deux filles Rachel et Pauline qui vont vivre eux-aussi un drame. C'est un couple assez original, Louis féru de chasse et de course à pied, Zabé plongée dans ses traductions des oeuvres d'auteurs russes, notamment Tolstoï qu'elle vénère, allant jusqu'à transformer son lit en bureau.
Un jour Louis découvre un secret de Zabé et rien ne va plus. Il crie tout le temps, insulte son épouse, devant les filles. Elle ne l'appelle désormais plus papa mais Luiii. Zabé disparaît un jour et cette absence va donner lieu à des cogitations chez les filles.
Isabelle Desesquelles choisit de nous présenter un double récit, l'histoire de cette famille, et en parallèle ses souvenirs d'enfance ou ce qu'il en reste, ce qui n'a pas été censuré, deux récits en miroir, qui finissent par s'entremêler très vite, pour ne faire plus qu'un. Une phrase dans le livre résume bien le désir de l'auteure :
Ce qui est arrivé, je veux l'écrire. Même mon roman me le réclame, je le savais avant de commencer. La fiction ne suffit plus.
Elle évoque, l'absence, la disparition, la mort, le suicide, et les répercussions sur la famille, la culpabilité de l'enfant, qui se demande ce qu'elle aurait pu faire pour éviter la mort de la mère. Elle aborde avec talent et sensibilité, les dégâts sur les enfants quand il manque un des parents et qui l'autre devient un autre qu'on croyait connaître mais qu'on ne connaît pas vraiment, la recherche de l'amour à tout prix, les troubles du comportement alimentaires, ou autres addictions pour combler ce vide de l'absence.
L'auteure joue sur ce double récit en proposant une présentation spéciale : double police d'écriture, petits caractères pour l'une gros caractères pour l'autre. Choix douloureux pour la lectrice que je suis, car mes problèmes visuels n'ont pas goûté l'aventure, en version électronique il m'a fallu sans arrêt faire des réglages ce qui a perturbé la lecture. C'est plus être plus facile en version papier.
C'est un roman plein de sensibilité, pour évoquer des thèmes difficiles, avec des termes précis bien choisis, une belle écriture, que j'ai pris le temps de déguster car l'auteure déclenche une réflexion intense chez le lecteur. C'est le deuxième livre de l'auteure que je lis, après avoir découvert en 2019 « UnPur » qui m'avait fait déjà une grosse impression.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C.Lattés qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver le style si particulier de son auteure.
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Là où je nous entraîne est le premier roman de Isabelle Desesquelles que je lis. Si j’ai bien compris, c’est toujours le même thème qu’elle reprend au fil de ses écrits. Il faut rappeler que la mère d’Isabelle Desesquelles s’est suicidée alors qu’elle n’avait que 8 ans et sa sœur 6 ans. Depuis elle s’applique à surmonter ce traumatisme en écrivant. Je n’ai pu qu’être émue par ce récit intimiste et touchant. Comment un enfant peut-il guérir d’une telle blessure ? Combien il lui est difficile de comprendre les raisons du suicide de sa mère ! Qu’a-t-il fait, ou pas fait, pour que son amour inconditionnel n’ait pas pu la retenir ? Les deux sœurs porteront le fardeau de ce drame toute leur vie et l’aînée essaie de s’en sortir avec ce livre thérapie.
Isabelle Desesquelles a pris le parti d’écrire sur deux registres et nous donne deux récits qui s’imbriquent fortement. Elle imagine le quotidien tragique de deux sœurs, en Corse, dont la famille ressemble beaucoup à la sienne. En parallèle, elle raconte ses souvenirs d’enfance et la véritable histoire de la tragédie qui l’a frappée. Le va-et-vient entre les deux familles m’a parfois un peu perdue, d’autant que c’est assez répétitif. Je ne savais plus si j’étais dans la fiction ou dans la réalité, heureusement les polices de caractères sont différentes.
Le "nous" de Là où je nous entraîne se rapporte à la sœur qui, elle, a tourné la page et ne voudrait plus ressasser cette histoire et sans doute aussi au père. Je me demande comment cet homme a pu ne pas être blessé par sa représentation dans la partie fictionnelle.
Je n’ai pas trop accroché à l’écriture, l’usage fréquent de phrases sans verbe ne me séduisant pas beaucoup. Chaque chapitre est introduit par une phrase de Tolstoï. La maman fictive était une traductrice du russe, grande admiratrice de Léon Tolstoï, mais je n’ai pas compris l’intérêt de ces citations. (Si ce n’est que ça m’a donné envie de me remettre à la lecture de Tolstoï !)
https://ffloladilettante.wordpress.com/2022/10/19/la-ou-je-nous-entraine-de-isabelle-desesquelles/
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Ce roman est un savant jeu d’écriture dans lequel se mêlent deux histoires racontées en parallèle. D’un côté, il y a la propre vie de l’autrice avec le suicide de sa mère lorsqu'elle et sa petite sœur n’avaient que 8 et 6 ans. De l’autre, il y a l’histoire romancée d'une famille corse qui se déroule plus de quarante après les évènements réels.
Dans la famille de l’autrice, le drame vécu par la fillette aura des conséquences sur sa vie d’adolescente puis d’adulte et sera à l’origine de son envie d’écrire.
Dans la famille corse, tout est excessif, l’admiration de la mère pour Tolstoï qu’elle traduit du russe, la passion pour la chasse et la course à pied qui rythme la vie du père maçon, le lien d’amour indicible que développent les deux filles face aux difficultés de leurs parents.
C'est très bien construit et les deux récits s'imbriquent savamment sans qu'on ne les confonde jamais.
Si la première moitié du roman m’a conquise, par cette maîtrise des deux histoires qu’Isabelle Desesquelles mène de main de maître, je me suis lassée de cette alternance sans évènements et, hormis les deux rebondissements marquants de la deuxième partie, j’ai eu le sentiment de tourner un peu en rond.
Heureusement, la fin saisissante relève un rythme qui s’était un peu assoupi pour laisser une impression assez positive.
Finalement, j’ai eu le sentiment que l’autrice s’était perdue dans un exercice de style qui a fini par noyer le roman lui-même.
Il me restera de cette lecture un regard sur les psychoses ainsi que sur les mécanismes de construction du traumatisme, tout à fait passionnant. La réflexion sur la place que prend le réel dans l’imaginaire de la romancière, est également intéressante et nous éclaire sur la façon dont elle parvient à créer du faux à partir du vrai, à inventer une fiction à partir d’un récit autobiographique.
Un bilan mitigé pour ce roman à qui il manquait un peu de dynamisme pour me séduire.
Encore enfant, la narratrice perd sa mère. Elle sera élevée, avec sa sœur, par sa tante. De ce deuil impossible va naître un roman, mettant en scène une famille elle aussi confrontée à une perte irréparable. En écho à sa propre histoire et à cette blessure qui ne se referme pas, Isabelle Desesquelles fait naitre quatre personnages : Louis, Zabé, Rachel et Paulina qui vont lui permettre de dire sa propre douleur.
La lecture de ce roman a provoqué trois réactions très marquées au fil des pages. Tout d’abord, l’impression de se perdre entre le roman proprement dit et ce qui est de l’autobiographie de l’auteure. Cette navigation entre l’histoire personnelle et celle des quatre personnages inventés a nécessité un petit temps d’adaptation, heureusement assez court, et cela même si la maison d’édition a pris soin d’utiliser deux polices de caractères pour bien différencier les deux niveaux de récit.
Ensuite est venue la compréhension de l’intensité du texte et de l’émotion qu’il recèle. La gymnastique mentale entre les deux histoires est alors apparue dans toute son utilité et le jeu de miroir entre les personnages a pris toute son ampleur.
Enfin, une fois passé le moment de saisissement, un sentiment de répétition s'est installé et l’émotion s’est quelque peu dissipée.
Le roman oscille ainsi entre réalité et fiction, entraînant le lecteur dans un subtile jeu de miroir dans lequel, finalement, il n’est pas si important de ne pas confondre les récits. Il est même possible que l’auteure cherche habilement à nous perdre pour mieux appuyer son propos, estompant volontairement les frontières entre ses personnages et sa propre histoire. La tragédie d’une famille répond ainsi à celle de l’autre, l’une porte l’autre, elles s’interpénètrent et se mélangent dans un maelstrom de sentiments puissants partagés par tous les protagonistes.
Dans ce récit qui ouvre aussi des interrogations autour de la création littéraire, Isabelle Desesquelles évoque la folie de l’amour trahi, les liens indissolubles de l’enfance, l’impossibilité du deuil, le refus de la perte mais aussi un besoin viscéral de résilience pour pouvoir poursuivre sa propre histoire en se délestant des douleurs passées et en fuyant l’engrenage fatal de l’héritage.
Un livre à découvrir, pour la plume tout en élégance et gravité de l’auteure et cela même avec le petit bémol cité plus haut.
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