« Nous étions mille cinq cents. La première fournée. Les mères pondeuses du futur de la Nation. L'espoir non pas d'une civilisation mourante, mais d'un régime fascistoïde qui a réussi à développer un programme de fertilisation eugéniste. »
Dans une France où la fertilité s'effondre et la majorité des naissances sont touchées par le syndrome de I'X fragile, Typhaine, élue par le très sélectif Programme expérimental de génoembryologie grâce à la position de son mari, accouche d'un garçon sain. Mais l'étonnante progression cognitive de son fils est bien vite aussi inquiétante que le contrôle dont font l'objet les mères, alors que le pays bascule dans la dictature...
Roman sur la parentalité, portrait de femmes victimes et résistantes, époustouflant récit d'anticipation politique, le premier roman de Nicolas Martin mixe les influences pour nous offrir une fiction d'aujourd'hui hallucinante de vérité.
J'aime les dystopies en ce qu'elles nous poussent à nous interroger sur les excès de notre présent. En nous projetant dans un avenir plus ou moins proche, en forçant le triat sur les dérives de nos sociétés, elles mettent en exergue les risques de nos agissements actuels, et leur impact n'en est que plus fort. L'auteur de celle-ci, Nicolas Martin, est jurnalisteet c'est sûrement son acuité dans ce domaine qui donne au roman son vernis de crédibilité.
Il nous plonge dans une France où les idées fascistes ont pris le pouvoir et où la démographie connaît un préoccupant déclin. On y suit Typhaine, une avocate défenseur des droits des immigrés. Après avoir mis au monde il y a 13 ans un fille atteinte du syndrome de l'X fragile, elle a renoncé à toute idée d'une nouvelle grossesse. Mais son époux, proche du pouvoir, a obtenu pour eux le droit d’intégrer un programme de procréation qui lui permettra de mettre au monde un petit garçon sain. Merveilleuse nouvelle dans cette société où les naissances de « fragiles » se multiplient, mais seulement en théorie. Car cet enfant aux capacités surprenantes, loin de la rassurer, la terrifie et les interrogations ont tôt fait de virer à la paranoïa. Quand en plus son mari s'éloigne de plus en plus, elle n'a d'autres choix que de chercher la vérité. Par tous les moyens.
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Ce roman est glaçant, bluffant de réalisme et en même temps brillant. Je l'ai dévoré et il a résonné très fort avec notre actualité politique qui laisse entrevoir un futur inquiétant. En abordant les questions du totalitarisme, de la natalité et de la soumission des femmes, impossible de ne pas le comparer à « la servante écarlate ». Il partage avec lui l'ambiance sombre et angoissante, ainsi que l'esprit de résistance et de révolte incarné par des femmes. Pourtant, il est assez différent. Plus proche de nous, plus transposable, mais tout aussi puissant. Dans ce régime clairement d'extrême droite, le contrôle est partout, jusque dans le corps des femmes, les immigrés sont pourchassés, enfermés dans des centres de détention, et les rares opposants sont neutralisés. Mais le roman se penche aussi sur les questions du couple et de la parentalité, en nous plongeant dans les pensées les plus intimes d'une femme qui doute et ce versant, qui explore la montée de la violence et de la dépression est tout aussi intéressant. Un mot enfin sur la forme. Le style est impeccable, les chapitres courts et rythmés et l'auteur utilise des astuces narratives qui captent le lecteur sans jamais le lâcher.
Un roman trop peu vu à mon goût. Percutant et éclairant. Un magnifique portrait de femme. Un manifeste pour la résistance.
Ce qui est effrayant dans ce roman, c'est de se dire : mais non, cela ne peut pas nous arriver ... et de s'avouer un peu plus loin qu'il n'y a finalement rien d'impossible dans cette histoire. Et c'est là toute la force du texte de Nicolas Martin, nous faire réfléchir à l'avenir qui pourrait nous enfermer, jour après jour, dans un destin funeste, l'effondrement d'une société aux mains de l'extrême droite, être en permanence surveillés dans nos actes, nos pensées, nos amours, être détruits pour oser parler démocratie. Le sujet est bien traité (malgré quelques longueurs), il y a ce doute qui vient gangréner la réalite et que le lecteur perçoit parfaitement bien. Un roman surprenant, terriblement agaçant parce que tellement juste dans la mise en lumère de nos pires craintes face à la montée du fascisme sous toutes ses formes.
Voilà un vrai roman de science fiction qui n’a rien à envier aux plus grands. Dans un futur apparemment assez proche, la situation politique a évolué vers un régime gouvernemental autoritaire et une dégradation génétique a fait drastiquement baisser le taux de fécondité des humains. S’appuyant sur des données scientifiques pointues (peut-être réalistes ?), Nicolas Martin imagine des recherches qui vont permettre aux parents de porter des enfants sains, évitant ainsi la naissance de ces « fragiles » qui menacent, à moyen terme, la perpétuation de l’espèce humaine.
Typhaine et Gauthier, un couple d’avocats, élève un enfant atteint du « syndrome de l’X fragile », comme bon nombre de parents, en cette période où de nombreux couples sont déjà devenus stériles. Mais la position de conseiller ministériel de Gauthier, va leur permettre de bénéficier du Programme de génoembryologie, visant à sélectionner les gènes qui donneront des enfants sains, destinés à devenir la future élite mondiale.
L’auteur donne un rythme soutenu à son roman en alternant la narration chorale des personnages principaux et le récit extérieur des évènements, dans lesquels il rajoute des petits interludes comme des articles de journaux, des rapports scientifiques, des enregistrements audio, des documents classés secret-défense et des appels téléphoniques. Les scènes sont immersives, on entend, on voit, on ressent et, avec le suspense d’un polar et une ambiance filmographique, on dévore littéralement cette histoire.
Un roman d’anticipation de grande qualité que j’ai trouvé original, riche et particulièrement bien mené et qui m’a fait renouer avec les auteurs classiques du genre que sont Asimov, Herbert ou Bradbury.
Fin du 21è siècle. La fertilité masculine est en déclin sévère. Les quelques enfants qui naissent sont très souvent atteints par une anomalie génétique, le syndrome de l’X fragile, avec des troubles du développement , variables mais souvent lourds.
Le gouvernement a décidé de prendre les choses en main et de contrôler tous les aspects de la vie de ses administrés. La dictature prend tout son sens dans ce décor.
Pour Typhaine, l’annonce du sexe de l’enfant qui se développe en elle n’est pas une bonne nouvelle. Un garçon, un garçon sain !
Des années plutôt elle avait mis au monde une fille, hélas atteinte du syndrome. L’éducation de la petite Madeleine est une épreuve de tous les jours. L’arrivée de Nolan devrait la réjouir. Et pourtant…Il ne faudra que quelques semaines pour que des soupçons apparaissent…
A la fois roman politique qui explore l’évolution d’une société vers le totalitarisme si facile à mettre en place grâce aux outils dont se sont dotés les populations et qui permettent un contrôle permanent et intrusif, mais aussi thriller psychologique puisque l’on suit l’évolution de Typhaine, rebelle et incapable de renier ses convictions de jeunesse. Au risque de franchir les limites et de subir les contrecoups violents de son insubordination.
La construction elle-même est originale et j’ai particulièrement apprécié le sous texte, les ratures mises en évidence du journal de Typhaine qui donne une autre dimension à ses confidences .
Roman passionnant et terriblement addictif, qui mêle le scientifique et le politique, et fait froid dans le dos lorsqu’on entrevoit l’évolution de notre monde.
432 pages Diable Vauvert 22 aout 2024
Un début prometteur avec les ingrédients d’une bonne dystopie.
Mais l’écriture manque de relief et, surtout, à partir de la moitié du livre, l’histoire devient abracadabrante et toute la tension qui s’était installée s’envole faute de crédibilité.
C’est dommage, la déception domine en refermant ce livre.
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Merci pour ta chronique, voilà ma prochaine lecture.