"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après le succès de La vie sauvage, le nouveau roman de l'écrivain belge surprend par son acuité sociale, entre réalisme et satire contemporaine Alice, vendeuse dans un magasin de chaussures, a toujours été marquée par la précarité sociale. Mais elle n'en peut plus de devoir compter chaque centime dépensé et de ne pas pouvoir offrir une vie plus confortable à son fils. L'idée folle germe alors en elle d'enlever un enfant de riches dans une crèche de riches pour exiger une rançon. Malheureusement, tout ne se déroule pas comme prévu et elle se retrouve bientôt avec un bébé que personne ne réclame sur les bras.
Tom, écrivain moyen, croise la route d'Alice et son histoire de kidnapping lui donne une idée : il lui propose d'en tirer un roman et de partager les bénéfices.
Alice, peu convaincue, lui fait une contre-proposition : sous sa tutelle, elle écrira un feel good selon les recettes qui plaisent aujourd'hui, un best-seller susceptible de se vendre à des centaines de milliers d'exemplaires qui les sortirait définitivement de la misère...
Roman en abyme où humour noir et fatalisme côtoient rage de vivre et espoir sans faille, Feel Good ne pouvait porter meilleur titre. Alternant des passages hilarants sur le phénomène littéraire du moment et description lucide de son temps, Gunzig parvient, avec beaucoup d'intelligence, à croiser son roman avec celui de son héroïne, pour mieux s'amuser de la littérature et brosser son époque.
Un roman acide, sucré et salé.
Trois ingrédients qui se marient ici parfaitement.
Une femme qui galère, qui fait de son mieux pour boucler les fins de mois, qui aime son enfant et que la perte de son emploi va faire basculer dans la précarité.
Un romancier raté, des livres qui ne se vendent pas, une épouse qui se lasse, une fille qui ne vous admire pas.
Un rapt et le chemin de ces deux là va se croiser.
C'est un roman qui sait manier l'ironie, la critique d'une société oppressante, la satire du milieu de l'édition tout en restant au final doux et émouvant.
Une belle découverte.
D’abord il y a Alice, 46 ans, mère célibataire d’Achille, 8 ans. Fille unique, grandie dans une famille où le père adoré est mort quand elle avait 12 ans et où la mère a perdu son travail et n’en a jamais retrouvé. Alice connaît depuis longtemps le sens du « tout juste » : tout juste de quoi payer à manger et les factures urgentes. Pour le reste (loisirs, chouettes vêtements, coiffeur, vacances,…), il y a les rêves. Alice grandit, ne fait pas d’études, trouve à 19 ans un travail de vendeuse dans un petit magasin de chaussures. Rencontre des garçons, Nathan, notamment. Le plus courageux de tous : il la laisse tomber sans états d’âme lorsqu’elle lui annonce qu’elle est tombée enceinte accidentellement : « c’est toi que cela regarde. J’ai pas à assumer ça ». Dont acte. Alice accouche, élève Achille, l’inscrit à la crèche puis à l’école. Ça coûte cher, mais jusque là elle s’en sort « tout juste ». Puis le magasin de chaussures ferme, la faute aux centres commerciaux en périphérie de la ville et aux grandes chaînes de magasins spécialisés. Alors ce n’est plus « tout juste », c’est la dèche totale, la misère. Alice enchaîne les boulots alimentaires, mais cela lui laisse à peine de quoi faire des pâtes au beurre tous les jours. Alice chercher désespérément une idée qui la rendrait riche d’un seul coup, pour longtemps et à coup sûr.
Et puis il y a Tom, 45 ans, qui vient de se faire larguer par sa femme. Enfant un peu « à part », placé dans l’enseignement spécialisé, il sentait depuis tout petit qu’il était différent, un génie incompris, et qu’il serait plus tard un grand écrivain. Et de fait, Tom écrit des romans, mais ils n’ont que très peu de succès. Donc Tom n’est pas riche, il est même pauvre, mais il compte quand même sur son roman en cours d’écriture pour le sortir de là, au moins un peu.
Forcément, Alice et Tom vont se rencontrer, au détour de l’idée, aussi désespérée que rocambolesque, qu’a eue Alice pour devenir riche. Une idée qui va changer leur vie à tous les deux, mais pour le meilleur ou pour le pire ? Un indice : ceci n’est pas un roman feel good…
Je ne vous dirai pas si cette histoire finit bien, seulement que ces pages vous feront ressentir ce qu’est la vie quotidienne infernale des gens en situation de précarité, dont le porte-monnaie est vide le 12 du mois (chaque mois), qui courent les hard-discounts pour se nourrir et les agences d’interim pour trouver un boulot à la noix (n’importe lequel) et ne pas perdre leurs allocations de chômage et/ou se retrouver à la rue, qui se privent de soins médicaux pour acheter des chaussures (en seconde main) à leurs enfants, qui ne vont jamais au resto, au ciné, au théâtre ou en vacances. Des gens humiliés par la vie et sa bureaucratie absurde mais qui tentent de rester dignes, jusqu’à ce que le désespoir les pousse dans leurs derniers retranchements.
Cette comédie humaine très réaliste aurait pu être sombre, sinistre, totalement déprimante. Le monde qu’elle donne à voir n’est pas réjouissant, mais l’auteur est un joyeux pessimiste, alors il donne à ses personnages désespérés un grain de folie, d’audace et de force., pour alléger le tout.
Entre satire sociale et réflexion affûtée et parfois cynique sur le travail d’écrivain/d’écriture (ça sent le vécu), « Feel good » est un roman attachant (y compris au sens premier du terme puisqu’on ne le lâche plus une fois commencé), qui sonne très juste. L’auteur a un grand talent de conteur, la plume fluide et le sens de la formule (pour ceux/celles qui connaissent ses chroniques en radio, on croirait l’entendre nous lire le livre dans notre tête). Ce n’est pas du feel good, mais vous vous sentirez bien quand même, parce qu’à la fin il y a un peu d’espoir qui perce à travers le brouillard des difficultés (cf la fleur qui éclot sur le cactus de la couverture). Et surtout, parce qu’il y a toute l’empathie et la tendresse de Thomas Gunzig pour ses personnages paumés de la vie.
Cher Thomas Gunzing,
je vais être honnête, je ne vous connaissais pas. Pas avant d’avoir ouvert votre livre.
Si j’y réfléchis bien, vous non plus…vous ne me connaissez pas !
Mais il n’est pas trop tard pour que nous nous retrouvions au bar du Matin à Bruxelles (joli terrasse !) ou en forêt de Soignes pour une promenade amicale.
Je vous raconterai ma vie. J’ai tant à vous dire qu’il nous faudra sans doute plusieurs rendez-vous. Je m’en délecte d’avance. Car vous m’avez l’air sympathique !
Grand, large d’épaules à rendre jalouses une sélection de nageuses des pays de l’Est (je suis de l’ancien temps !).
Votre physique c’est justement la première chose que l’on découvre en ouvrant le livre. Et à y regarder d’un peu plus près, vous êtes la résultante d’un clonage impossible entre Arthur H et Guillaume Gallienne (avis très personnel !).
Je me dis, malgré tout, qu’ils sont délicieux ces temps modernes. Une couverture furtive apparue je ne sais où, quelques mots dans un article et l’envie d’en savoir plus. Quelques clics à votre attachée de presse et voici l’objet de vos écritures à la maison (Vie ma vie de blogueur).
Comme beaucoup d’autres ici, votre livre resta quelque temps dans ma bibliothèque. J’ai besoin de sentir que le livre se trouve bien ici avant de le dévorer. Ou alors suis-je le Roi de la procrastination ? (plusieurs réponses possibles !).
Alors pourquoi me suis-je mis en quête de la lecture de « feel good » ? Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi maintenant ?
Et bien parce que… je sais le prix des pâtes !
C’est vrai quoi !
Riche à foison, aurais-je ressenti le quotidien d’Alice ? Non !
Auteur à succès ayant remporté le Prix Goncourt et en passant le Prix Nobel, aurais-je senti le quotidien de Tom ? Non !
Ô rage, Ô désespoir, Ô facture de fin de mois !
« quand on est au fond du trou, il n’y a plus qu’à remonter ! » Foutaise ! Souvent au fond du trou il y a encore un trou et encore un et encore un…
« L’argent ne fait pas le bonheur ! » Foutaise, il y contribue fortement !
De l’improbabilité que les choses n’arrivent voilà, aussi, le fil de ce livre.
Improbabilité de trouver un travail. Improbabilité d’être lu. Improbabilité de trouver un sens à sa vie, de trouver une issue acceptable. Improbabilité de s’en sortir. Improbabilité d’en survivre.
Probabilité d’en rire ? Pas très élevé.
Mais « feel good » est le sentiment d’après lecture et comme le disait votre mère : « tout finit toujours par s’arranger ! ».
Qu’elle soit entendue !
Mais de tout cela nous en discuterons, un jour au bar du Matin ou en forêt de Soignes.
Je vous raconterai comment je ne suis jamais devenu riche et comment je ne fus jamais écrivain célèbre et pourquoi l’ornithorynque est sous médiatisé.
Fuck le pangolin !
Dans l’attente de votre retour.
Sébastien Beaujault
P.S. : il y a peu de chances que cette chronique fasse décoller vos ventes et vous promette un avenir plus radieux, mais sait on jamais, de l’improbabilité des choses…
« Feel good »
Thomas Gunzig
Au diable vauvert
ils ne sont pas nombreux les romans petillants d intelligence que l on lit en riant. La couverture de ce feel good montre un cactus, le signe ne trompe pas, elle ne recouvre paz un tissu de niaiserie sirupeuse. Un ecrfivain plus ou moins raté croise la route d une mere de famille qui projette de kidnapper un bébé de riches pour sortir de la precarité. je n en raconterais pas plus , c est bourré d humou moir , mais aussi de bons sentiments
Ce n est pas crule et les personnages s averent tres attachants ; et il y a un regard tres drole sur le monde d el édition. L Auteur thomas gunzig , un belge au sens aigu de l observation et de la derision , n a pas froid aux yeux. En 2008 , a la foire du livre de bruxelles , il a reglé un différend avec un éditeur en trois rounds de karaté!! il en est sorti vainqueur!!
Après une enfance sans manquer d'argent mais sans en avoir de trop, Alice se démène pour joindre les deux bouts avec son salaire de vendeuse dans un magasin de chaussures. Elle en a marre de devoir toujours compter compter et calculer, d'être toujours "trop juste". Comble de malchance pour elle, le magasin met la clé sous la porte. Comment faire pour payer de quoi à manger à son fils, comment régler son loyer ? Elle pense avoir trouvé la solution à ses problèmes d'argent, ne reste plus qu'à l'exécuter .
Tom lui galère en étant qu'écrivain. Ses livres ne se vendent pas ou trop peu, sa femme vient vient de le quitter. Il continue de croire qu'un jour son génie littéraire éclatera au grand jour et lui permettra de couleur des jours heureux et paisibles. Si le plan d'Alice fonctionne au départ rapidement, elle se retrouve embarquée dans une situation qui la dépasse et la met sur la route de Tom.
Thomas Gunzig égratigne avec cynisme le monde de l'édition et tout ce qui gravite autour. Mais ce livre est surtout un roman social très révélateur d'une précarité, des injustices et des inégalités sans être plombant. On sourit et on tourne les pages avec envie et entrain ! Relevé, drôle et légèrement barré, ce roman est surprenant. Il joue sur les codes du feel good, dévoile pour notre plus grand plaisir les coulisses du monde littéraire actuel et met le doigt sur la souffrance bien réelle de ses personnages. C'est parfaitement réussi !
C'est ce qu'on appelle un bon moment de lecture !
Une écriture limpide, de bons sentiments, de l'humour souvent, un réalisme saisissant parfois. Ce qui est particulièrement réussi, c'est le roman dans le roman. Le lecteur assiste à la naissance d'une oeuvre et tourne les pages afin d'en connaître la suite tout en lisant le roman dans lequel s'inscrit la seconde histoire. Bref, des personnages poignants de sincérité et plein d'humanité. Une histoire bien menée dont on a envie de découvrir l'épilogue. Une construction cinématographique très plaisante.
« Feel good » est le roman dont le titre peut paraître à confusion… Thomas Gunzig n’a pas écrit un roman feel good, loin de là. En fait, c’est son personnage, Alice, qui va écrire un feel good sur les conseils de l’écrivain qu’elle connaît, Tom; c’est là toute la nuance du livre! Dans son roman, l’auteur a joué avec les codes du feel good, avec les codes de la société, avec les codes de l’édition. Thomas nous délivre une fresque actuelle d’une société pas vraiment glamour mais avec un tel humour, un tel enchaînement des évènements que ce roman en devient addictif et tellement drôle!!
Thomas Gunzig, dans son roman, a su mélanger la satire, la précarité, l’invraisemblable, l’édition et l’humour. L’auteur nous dévoile ce qu’une mère est capable de faire pour faire vivre son enfant. Il nous dévoile l’amour d’une mère pour un enfant même quand il est pas le sien. Il nous dévoile l’angoisse des mois difficiles. Et surtout, l’auteur nous dévoile les coulisses du monde du livre: comment écrire un livre, quels sont les codes pour faire un livre qui se vendra, comment les éditeurs sont au final. Thomas Gunzig est franc et a fait de son roman une satire sociale où les personnages sont des anti-héros, où leur vie n’est pas rose mais qui sont si attachants, si humains, si sincères que cela fait un bien fou!! Ce roman est un concentré d’humour, de réalité, de bienveillance, d’amour et ce roman donne du peps à qui le lira!!!
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