Véronique Mougin : "ma bibliothèque idéale ? un échantillon de ce que j'aime lire, à savoir..."
Véronique Mougin : "ma bibliothèque idéale ? un échantillon de ce que j'aime lire, à savoir..."
Pour certains, leur premier opus a fait mouche. Leur livre a séduit l’éditeur qui a accepté de le publier et la notoriété leur est tombée dessus. On a tout de suite crié au succès, au génie…. ou au scandale. La presse les a encensé de critiques dithyrambiques ou au contraire porté leur œuvre au pilori mais ils sont devenu célèbres grâce à un talent d’écriture. Ils ont su surprendre. Certains ont écrit d’autres livres à succès et d’autres sont entrés dans la légende avec un seul….ou tombés dans l’oubli. Petit florilège de pépites.
Pourquoi tant de haine ? Je cite un lecteur particulièrement remonté :« Dire qu'un livre comme Extension du domaine de la lutte est brillant est à faire désespérer du niveau culturel actuel, à se demander très sérieusement si les gens sont encore capables d'une once d'esprit critique en dépit du matraquage médiatique et des discours politiques simplistes. » Je n’ai sans doute pas un esprit critique, mais sachant que j’ai attendu bien longtemps (35 ans, en fait) pour ouvrir un livre de Houellebecq, celui-ci étant le second, on ne pourra pas me faire le reproche d’avoir été victime du « matraquage médiatique » que certains contempteurs proposent comme explication au succès immérité de l’auteur. Restent les discours politiques simplistes dont on sait, d’expérience, qu’ils sont d’autant plus simplistes qu’opposés à la personne qui les qualifie de la sorte.
On me dit aussi que c’est « à ne pas faire lire à un dépressif ». Alors ça, c’est la bonne nouvelle de la journée parce que, c’est certain, je ne suis pas dépressif. Houellebecq me fait rire, un rire franc dès les premières pages, dès les premières « aventures » du narrateur, bien vite rejoint par son collègue Tisserand encore plus mal traité que lui : « il a longuement considéré son bol de Nesquik ; et puis, d'un ton presque rêveur, il a soupiré: "Putain, j'ai vingt-huit ans et je suis toujours puceau !..." Je m'en suis quand même étonné ; il m'a alors expliqué qu'un reste d'orgueil l'avait toujours empêché d'aller aux putes. Je l'en ai blâmé ;... » En me remémorant le succès phénoménal des Bronzés et du personnage de JC Dusse, je me dis que ce sujet (la misère sexuelle et affective) ne peut être traité chez nous que sous l’angle comique. Dusse fait rire et tout va bien, Tisserand fait rire jaune et son créateur voit remis en question son « niveau culturel ». Deux poids, deux mesures, le premier reste dans l’air du temps, on se moque d’un pauvre type qui « cherche des ouvertures » et « ne conclut jamais », quand le second dérange en avouant "Tu comprends, j'ai fait mon calcul ; j'ai de quoi me payer une pute par semaine ; le samedi soir, ça serait bien. Je finirai peut-être par le faire. Mais je sais que certains hommes peuvent avoir la même chose gratuitement, et en plus avec de l'amour. Je préfère essayer ; pour l'instant, je préfère encore essayer."
Et on vient au « discours politique simpliste » contenu dans le titre et explicité par cette citation : « Dans un système économique où le licenciement est prohibé, chacun réussit plus ou moins à trouver sa place. Dans un système sexuel où l'adultère est prohibé, chacun réussit plus ou moins à trouver son compagnon de lit. En système économique parfaitement libéral, certains accumulent des fortunes considérables ; d'autres croupissent dans le chômage et la misère. En système sexuel parfaitement libéral, certains ont une vie érotique variée et excitante ; d'autres sont réduits à la masturbation et la solitude. Le libéralisme économique, c'est l'extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. De même, le libéralisme sexuel, c'est l'extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. Sur le plan économique, Raphaël Tisserand appartient au camp des vainqueurs ; sur le plan sexuel, à celui des vaincus. »
Dusse subissait le même sort que Tisserand mais personne ne remettait en cause le libéralisme sexuel tel que le fait Houellebecq. Est-cela qu’on lui reproche : la remise en cause et en creux de mai 68 ? En ce qui me concerne, je trouve que sa thèse est frappée au coin du bon sens et que son style dépressif, comme ses personnages, dans un ton de second degré tragicomique en rend la lecture plus qu’agréable tout en posant une vraie question sociétale.
Les conventions sociales en entreprise, le pot de départ en retraite, les discours aussi creux que convenus, les phrases toutes faites vides d’affect, la réunion dont tous les participants savent qu’elle ne sert à rien, la misère sexuelle, affective, culturelle des personnages, l’amertume et la dérision forment un cocktail qui peut déranger mais que j’apprécie.
Et cette envie de « Parlez-moi d’amour, redites-moi des choses tendres »,… à laquelle ne répond souvent que le vide ; il me semble que c’est ce qui transparait de mes petites lectures de Houellebecq, par exemple ici quand il écrit « j'ai ressenti la même chose il y a deux ans, juste après ma séparation d'avec Véronique. Vous avez l'impression que vous pouvez vous rouler par terre, vous taillader les veines à coups de rasoir ou vous masturber dans le métro, personne n'y prêtera attention ; personne ne fera un geste. Comme si vous étiez protégé du monde par une pellicule transparente, inviolable, parfaite. D'ailleurs Tisserand me l'a dit l'autre jour (il avait bu) : "J'ai l'impression d'être une cuisse de poulet sous cellophane dans un rayon de supermarché."
Alors, au risque de me voir rangé tout en bas du« niveau culturel actuel » et pas « capable d'une once d'esprit critique en dépit du matraquage médiatique et des discours politiques simplistes », je confirme que je prends beaucoup de plaisir à lire Houellebecq.
Premier Houellebecq par curiosité. Je ne suis pas convaincu par la radiographie foncée que nous propose l'auteur, peut-être une façon de conjurer le sort ?
Tout Houellebecq est déjà là dans ce roman compact, triste et drôlatique, qui dit la misère des losers sexuels dans notre civilisation.
J'avais énormément d'appréhension à lire un livre de Michel Houellebecq étant donné ce qu'en raconte ses détracteurs et ses admirateurs. Je m'y suis laissé tenter, eh bien je n'ai pas été trop déçu; l'écriture est fluide, se lit très facilement, le schéma narratif est plutôt bien construit. Ce n'est pas un grand roman certes, mais ce n'est pas non plus une sombre merde. Viennent ensuite les thèmes sordides sur lesquels Houellebecq en tire sa substantielle inspiration qui sont : la misère sociale, la misère sexuelle, la dépression... et enfin la critique de notre monde moderne, le néo-libéralisme. Le personnage principal m'a un peu fait penser à Meursault de L'étranger de Camus, comme lui il vit dans l'absurde et est totalement désabusé sur la vie et dans les rapports sociaux avec autrui. Un bon premier roman.
C'est le premier livre de Houellebecq que je lis, et je crois bien que ce sera le dernier. Je ne parlerais pas de littérature pour évoquer sa façon d'écrire, car son récit n'a aucun intérêt. Heureusement pour moi la version poche, ne comportait que 153 pages à lire, mais jamais un livre ne m'avait paru aussi long et ennuyeux.
Je ne vois pas de qualificatif possible pour ce livre et je reste profondément déçu par son style. Je ne prendrai pas le risque d'essayer de lire un autre livre de cet auteur. Aucun intérêt, juste une vague divagation sur le thème de la dépression, agrémentée de quelques fioritures sexuelles pour faire plaisir à certains...
Sans aucun doute le plus mauvais livre que j'ai lu cette année...
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