"Coeur-naufrage" le dernier roman de Delphine Bertholon vient de paraitre chez J.C. Lattès
En ce matin de Noël, Holly se réveille, en retard, hantée par un funeste pressentiment : l'impression que, quand elle est partie en Russie avec son mari seize ans plus tôt pour adopter Tatiana, quelque chose les a suivis jusque chez eux. Tandis qu'Holly tente de dissiper cette angoisse inexplicable, son mari, Eric, part en hâte pour l'aéroport où il doit retrouver ses parents venus fêter Noël avec eux.
Très rapidement, les incidents s'enchaînent : un blizzard fulgurant se lève et interrompt progressivement toute possibilité de circulation automobile sur les routes environnantes. Alors qu'Eric se retrouve bloqué à l'hôpital où il a dû conduire d'urgence ses parents, les autres invités se décommandent successivement. Holly se retrouve seule avec sa fille Tatiana. Se met alors en place un huis clos hivernal au fil duquel le comportement de sa fille apparaît de plus en plus étrange et incohérent.
Elle qui était toujours apparue comme une enfant sage, attentionnée, affectueuse, ne cesse depuis son réveil de lui assener des reproches. Attitude relativement classique de la part d'une adolescente, mais déconcertante de la part de Tatiana du fait de son caractère si soudain. Pourquoi a-t-elle choisi cette matinée tendue pour égrener tous ses griefs à sa mère ? L'explication est-elle à chercher du côté des années qu'elle a passées à l'orphelinat en Russie ? Aurait-elle conservé de ces moments certains traumatismes ou faiblesses de constitution qui ne ressurgiraient que maintenant ? Les sautes d'humeur incessantes de Tatiana, entre tendresse et agressivité, sont aussi marquées par des changements de vêtements qui la font passer du statut de petite fille à celui d'une adolescente très féminine et délurée.
De même, ses allées et venues incessantes entre la cuisine et sa chambre ne font qu'accroître le trouble de Holly à son égard. Une série d'apparitions et de disparitions assez perturbantes pour inciter sa mère, inquiète de ses silences répétés et inexpliqués, à tenter de l'espionner, de l'autre côté d'une porte que Tatiana n'avait encore jamais verrouillée jusqu'à ce jour... Au fil de cette matinée raccourcie mais à la temporalité distendue, Holly fait défiler les souvenirs qui l'ont conduite à adopter Tatiana, les voyages en Russie effectués pour l'occasion, et à la faveur de ces souvenirs ressurgit, désormais indélébile, cette angoisse qui l'assaillit depuis son réveil.
Elle rend aussi compte de certaines frustrations personnelles, comme le renoncement à l'écriture, une occupation avec laquelle elle aimerait renouer mais qui semble difficilement conciliable avec sa condition de mère, et la maladie à laquelle elle a été confrontée. Les coups de téléphone, de plus en plus lapidaires, rythment cette matinée qui tourne au cauchemar, les catastrophes météorologiques s'ajoutant aux incidents domestiques et aux interventions agressives et perturbantes de Tatiana.
La tension va ainsi croissant, laissant Holly de plus en plus seule et désemparée, jusqu'à la chute finale, condensée en quelques lignes, qui bouleverse la lecture et remet l'ensemble du récit en perspective. Aussi happant qu'oppressant, Esprit d'hiver constitue un brillant huis clos au fil duquel Laura Kasischke introduit détails et indices en apparence banals et qui se révéleront glaçants. A travers ce roman dont le suspense est brillamment instillé et maintenu jusqu'à la dernière ligne, Laura Kasischke propose une réflexion sur ce que l'on refuse d'admettre, sur le déni, ainsi que sur le resurgissement des souvenirs enfouis, qui ne disparaissent jamais totalement.
"Coeur-naufrage" le dernier roman de Delphine Bertholon vient de paraitre chez J.C. Lattès
Quand nos lecteurs participent aux salons littéraires Retrouvez leur reportage : Lire en Poche à Gradignan, la fête du livre au Château du Clos de Vougeot, La Fête du livre de Merlieux, Lisle Noir, les vendanges du Polar,
Comme toute rentrée littéraire de septembre, pointent quelques titres qui d'emblée laissent supposer le succès à venir. Parmi eux, des auteurs incontournables qui semblent une fois de plus très inspirés, des auteurs qui confirment leurs talents. Une rentrée foisonnante où les personnages historiques ont encore breaucoup de choses à révéler, des enchevêtrements familiaux aux sources inattendues, de quoi surprendre et satisfaire la curiosité des lecteurs !
Laura Kasischke est une des auteures incontournables de la littérature contemporaine américaine. Avec son nouveau roman "Esprit d'hiver", elle nous livre un huis-clos glaçant qui se déroule dans une famille du Midwest. Rencontre avec un écrivain rompu à l'étrange et au surnaturel.
C'est le matin de Noël et Holly, comme chaque année a beaucoup de choses à préparer. La famille et les amis vont arriver. Pourtant, bizarrement, elle se lève tard. Bizarrement, Tatiana n'est pas venue les secouer comme chaque année, impatiente d'ouvrir ses cadeaux. Quand elle s'est levée un peu plus tôt, sa fille dormait paisiblement, mais pourquoi Holly s'est-elle recouchée. Son mari, lui, part de mauvaise humeur chercher ses parents à l'aéroport. Holly ne se lève pas dans les meilleures dispositions, un sentiment de malaise l'oppresse.
"Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux."
Holly a besoin d'écrire cette phrase, de poser des mots sur ce qu'elle ressent pour comprendre, mais ce matin elle n'a pas le temps. Cette phrase la hante. Tatiana n'est pas leur fille biologique. Très jeune Holly a dû subir une ablation des seins et des ovaires pour ne pas mourir de la même maladie que sa mère et sa soeur. Quand le désir d'enfant s'est fait ressentir, le couple a décidé de se rapprocher d'un orphelinat sibérien pour adopter. Tout en essayant d'activer les préparatifs, Holly se souvient de toutes les étapes de leur vie avec Tatiana, de leur première visite à l'orphelinat, de comment ils ont eu le coup de foudre pour cette enfant de dix-neuf mois aux si grands yeux.
"Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux."
Treize ans qu'ils vivent ensemble. Aujourd'hui Tatiana a quinze ans et elle n'est pas comme d'habitude. Alors que sa mère se débat avec les préparatifs, lui demandant son aide, Tatiana ne cherche que l'affrontement. Comme si Holly avait besoin de ça. Elle se sent déjà assez angoissé et n'a toujours pas le temps d'aller écrire cette phrase qui la mine, de l'écrire pour savoir, pour comprendre cette terreur sourde qui l'étreint. Et dehors le blizzard fait rage, s'intensifie. Non ce Noël ne sera pas comme les autres.
Esprit d'hiver est une roman angoissant, asphyxiant, on ressent cette atmosphère étouffante générée par l'angoisse de Holly presque physiquement. Cette impression à l'intérieur de ce huis clos est encore renforcée par cette neige à l'extérieur qui recouvre tout, qui bloque tout. Une couche de neige qui bloque les issues. On sent l'horreur psychologique monter, on sait qu'on ne pourra y échapper. Un roman qui distille l'angoisse avec précision, par petites touches, faisant monter ce sentiment d'étouffement petit à petit. Laura Kasischke est une pointilliste de l'angoisse. Un thriller psychologique d'une efficacité redoutable qui continue de nous hanter une fois la dernière page refermée.
"C'était là maintenant, dans cette pièce avec elles, et c'était terrifiant, oui mais il n'était plus question de terreur. La terreur, c'était la lente approche du chat blessé, traînant ses pattes arrière en traversant la cour. La terreur c'était le silence, après avoir entendu sa mère gémir derrière une porte close. Il y avait de la terreur dans ce silence car il restait encore une chance de refuser les faits."
Malaise, angoisse servi par une très belle écriture
La petite note de Baptiste Liger du magazine Lire sur la quatrième couverture dit en parlant de ce livre que c’est : « L’une des histoires les plus fortes et terrifiantes de cette romancière pas si tranquille ». Pour « la romancière pas si tranquille » je suis entièrement d’accord avec lui, mais je n’emploierais pas le mot « terrifiant » pour décrire l’histoire. Non. Plutôt le mot, oppressant.
Ce huis-clos entre une mère et sa fille, un jour de tempête de neige et de noël, est avant tout asphyxiant. Mais attention ! Asphyxiant autant pour les personnages que pour le lecteur, sachez que si vous avez une sensation d’étouffement en lisant ces pages c’est normal ; vu que Laura Kasischke cherche à jouer davantage sur les perceptions, qu’en mettre plein la vue.
A côté de ça, c'est aussi un livre très incertain. On ne sait pas où on va.
Du début la situation est embrouillée. Les personnages sont irritables et confus. La mère a un pressentiment mais on ne sait pas trop si c’est une psychose ou si c’est la réalité. Il se passe bien sûr des choses bizarres, mais là idem, on ne sait pas si tout est réel ou pas. Bref, c’est un livre douteux, avec une équation inconnue. Qui même à la fin, à la différence des équations mathématiques, n’apporte pas tous les éclairages que l’on attend. Alors je ne dirais pas qu’il m’a laissée sur ma faim, mais voilà il y a des choses que je n’arrive pas encore à cerner dans ce bouquin comme par exemple Sally. Sur ce côté-là d’ailleurs il me fait penser au Horla de Maupassant, où on ne sait pas trop quand s’achève l’histoire si cette ombre est réelle ou pas. Pour moi ce livre fait typiquement partie des livres que j’appelle : livre brouillard. Un livre où petit à petit du jour qui défile, les lueurs du soir font apparaître des réponses, mais en garde dans le secret de leur nuit, dans le secret de leur brume...
Toutefois c’est vrai que venant de cette auteure je ne suis qu’à moitié surprise, car il faut bien dire que ses livres sont souvent étranges, en tout cas ceux que j’ai lu. Bon bien sûr cette recette donne un petit côté « sueur froide », mais ici c’est assez minime je trouve, voilà donc pourquoi le mot "terrifiant" me paraît un peu gros. Un bémol dans tout ce charme cependant, c’est un livre un peu répétitif. J'ai trouvé que l’auteure répétait trop certaines choses, ce qui fatigue un peu, néanmoins je ne vais pas enlever l’utilité de ces répétitions, puisqu'elles servent l’intrigue - oui c'est un des rares romans où ça sert - car elles apportent petit à petit la réponse.
Bref. C’est un petit livre à lire dans les frimas de l’hiver qui approche, si vous voulez frissonner de plaisir et de doute aussi.
« Esprit d’hiver » c’est avant tout une atmosphère. Laura Kasischke nous enferme dans cette maison isolée, pour nous laisser découvrir l’étrange relation entre la mère et la fille. Au fil des pages, le malaise est de plus en plus présent. Les événements vacillent continuellement entre tendresse et tension. Les pensées de Holly sont parfois sensées et maîtrisées mais parfois deviennent déstructurées et incohérentes. Cela crée un univers inquiétant dans lequel je me suis laissé emporter avec un plaisir malsain. J’ai été ballotté entre fantastique et angoisse tout au long de l’histoire.
Avec une écriture efficace, Laura Kasischke est à classer dans les écrivains de purs romans noirs que j’affectionne particulièrement. Elle fait donc dès aujourd’hui partie de mes auteurs à suivre grâce à ce petit bijou sombre, qui m’a oppressé jusqu’à la dernière ligne.
Comme j'ai eu du mal à entrer dans ce livre mais je persiste ... et le final m'a récompensée !
Une ambiance bien particulière en ce jour de Noël où Holly s'est réveillée plus tard que d'habitude et nous le répète tout au long du roman ... Le blizzart qui s'installe, l'impossibilité pour les invités de venir et pour son mari de rentrer et voilà que Holly rumine alors qu'elle aurait pu faire de ce jour un beau tête à tête avec sa fille.... (bien sur ce n'est pas le sujet du roman) mais là les leitmotiv : "ses beaux yeux", "ses beaux cheveux", "ses yeux si grands" "quelque chose les avait suivi de Russie" m'ont vraiment agacée. J'ai eu l'impression de tourner en rond, et au final c'est vraiment ce que l'auteur cherchait à faire, elle a gagné sur ce point et ce final dont je ne dirais rien m'a fait totalement changé d'avis.
[...] Esprit d’hiver est un bijou de la littérature contemporaine. Avec son écriture schizophrénique et angoissante et sa narration fournie, pleine de détails répétés inlassablement par Holly, Laura Kasischke nous tient captifs, nous faisant guetter le moindre élément pour savoir, enfin savoir, quelle est cette chose qui les a suivi depuis la Russie. Elle parvient toujours à susciter le doute sur ce qui réel ou ne l’est pas, à nourrir en nous la tension, d’autant qu’elle maîtrise terriblement bien l’art de distiller les éléments dans une lente progression. Au point que, jusqu’au dernier paragraphe, on ne saura pas ce qu’il s’est passé.
En fait, Laura Kasischke écrit là un hommage au lecteur, à celui qu’elle pousse jusqu’à l’extrême. C’est comme si elle nous disait, « Montre-toi à la hauteur en t’accrochant à tous les détails qu’Holly va te donner et assemble-les ; et moi aussi, je serai à la hauteur de tes attentes : tu ne seras pas déçu d’avoir accompagné Holly en ce jour de Noël… » La fin, effectivement, invite à une seconde lecture.
On se laisse manipuler par Laura Kasischke, on se laisse immergé dans ce huis-clos, au point que tout ce qui n’est pas Esprit d’hiver n’a aucune importance, pourvu qu’on puisse le lire d’une traite. Esprit d’hiver est une œuvre fascinante, obsédante et bouleversante.
L'article entier sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/esprit-d-hiver-laura-kasischke-a98996591
25 décembre, dans une jolie maison du Michigan. L'action se déroule sur quelques heures seulement, dans le huis clos d'un décor unique. On se réveille avec Holly, la mère de famille, un peu trop tard en ce jour de Noël. Il y a tant de choses encore à préparer pour le dîner et elle se sent fébrile, taraudée par une pensée, une voix intérieure, qui la poursuit, comme une menace – une prophétie peut-être : "Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux.”
La Russie, c'est là que sa fille Tatiana, âgée aujourd'hui de quinze ans et devenue une adolescente boudeuse, a été adoptée, il y a treize ans, dans un orphelinat de Sibérie. Le déroulement de cette adoption, du "coup de foudre", de cette relation immédiate et fusionnelle, apparaît dans le récit par petites touches, contrastant avec le comportement de plus en plus étrange de Tatiana, fait d'agressivité, de provocation, de reproches, alternant avec des moments d'aphasie, de petites métamorphoses physiques, de disparitions... L'adolescence est un thème cher à Laura Kasischke qui considère qu'il "s'agit d'un âge propice au drame, qui possède un grand potentiel tragique et métaphorique." En cela, Tatiana est un archétype fascinant, tout à la fois divinité gâtée, enfant fragile, présence surnaturelle, mauvais esprit qui fait planer son ombre maléfique sur la maison.
Les uns après les autres, les invités du repas se désistent, à cause du blizzard qui bloque les routes de leur banlieue. Et cette journée de Noël se transforme en un tête-à-tête étrangement inquiétant entre Holly et Tatiana...
D'emblée, le lecteur se trouve placé inconfortablement dans un sentiment d'inconnu, il doit avancer tout seul, sur un chemin incertain, sans être guidé par une voix omnisciente, sans pause ni répit.
L'isolement renforcé par la tempête qui empêche la venue des invités, le père coincé à l'hôpital avec ses parents, la réminiscence d'une maladie étrange, des appels inconnus, des blessures, une multitude de signes qui accentuent le malaise croissant et hantent l'esprit d'Holly.
Laura Kasischke maîtrise parfaitement l'art subtil de distiller des indices, tout en trompant sans cesse les attentes, avec un sens du suspense redoutable, qui laisse l'origine du mal à l'état d'énigme permanente et terriblement troublante.
“Le ressort de l’angoisse tient au fait qu’on ne peut en déterminer la nature: les phénomènes décrits dans le livre sont-ils d’origine psychologique ou super-naturelle ? C’est cette dualité qui rend les choses effrayantes et intéressantes. Les vrais fantômes ne font pas peur !”
On oscille donc entre diverses possibilités toutes effrayantes et mystérieuses.
Mais c'est celle d'une maladie mentale qui devient la piste la plus crédible et qui entraîne le lecteur vers une réalité confuse, diffractée, et sordide, qui corroborerait la thèse d'une déviance familiale, génétique, sociologique, enfouie dans un non-dit horrifiant.
À travers le personnage d'Holly, écrivaine frustrée, Laura Kasischke confie aussi les difficultés de l'écriture, tout à la fois "source d'épouvante et de plénitude". On ne perçoit rien de ces difficultés, tant elle fait preuve d'un vrai talent littéraire pour mettre en mots les forces obscures de la fiction, pour entourer son récit d'un halo de mystère, d'une matière impalpable et suffocante, sur un fond d'inconscient peuplé d'allégories et de fantômes, transfigurant le quotidien en cauchemar. Sa plume est trempée dans une encre d'inquiétante étrangeté, envoûtante, ensorcelante, un mélange de cruauté morbide et de sérénité endormie.
Dans un décor banal et heureux de Noël, Laura Kasischke parvient par petites touches, crescendo, à construire un thriller intime hanté par les démons de l'inconscient, déclenche un véritable séisme familial, qui fait voler en éclat la jolie vitrine des apparences. Quand "l'esprit d'hiver" s'insinue dans les âmes, se joue un cauchemar, imperceptiblement, en sourdine...
Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...
Noël. Un jour joyeux et traditionnel. Pourtant, ce matin-là, lorsque Holly se lève, rien ne se déroule comme prévu : elle a dormi trop tard et dehors le blizzard s’est installé, empêchant tout déplacement. Seule avec sa fille Tatiana, Holly essaie de comprendre ce sentiment étrange qui lui dit que rien ne sera plus comme avant, mais sans y parvenir. Ce dont elle est certaine, toutefois, c’est que « quelque chose les a suivis depuis la Russie jusque chez eux. »
Dès les premières pages, l’atmosphère est étrange : lourde, inquiétante, comme si quelque chose n’allait pas. Impossible toutefois pour le lecteur de comprendre la raison de ce malaise qui s’installe peu à peu pour ne plus le quitter. Peut-être est-ce le blizzard qui retient Holly et Tatiana à l’intérieur et empêche les invités de venir célébrer Noël avec elles ? Peut-être est-ce le comportement étrange de Tatiana face à sa mère ? Ou encore, ce « quelque chose » qui les a suivi depuis la Russie jusque chez eux ?
Depuis le réveil de Holly, rien ne semble habituel ; à bout de nerfs sans réellement savoir pourquoi, celle-ci essaie toutefois de passer une journée de Noël aussi normale que possible. Laura Kasischke joue avec talent sur les émotions et les impressions ; le lecteur saisit immédiatement que quelque chose ne va pas, mais il lui sera impossible de mettre le doigt dessus jusqu’à la dernière page et ce, malgré les indices qui lui sont dévoilés au fil des pages.
Petit à petit, nous apprenons à connaître Holly et, à travers ses yeux, les autres personnages qui ont joué un rôle dans sa vie. Nous découvrons son triste passé et le moment où, treize ans auparavant, tout a changé avec l’adoption de Tatiana. Pourtant, à travers ces petits flashbacks qui se mêlent au présent, la Russie semble des plus menaçantes. L’organisation des scènes, avec cette alternance entre le passé lointain, le passé proche et le présent, garantit le suspense et soulève de nombreuses interrogations. Le mystère a-t-il un lien avec la Russie et l’adoption de Tatiana ? Comment expliquer les coups de téléphone anonymes et le comportement bizarre des personnages ? Holly est-elle devenue folle ? Ou Tatiana ?
Esprit d’hiver est un très bon thriller psychologique, un huis-clos à l’atmosphère pesante qui dresse le portrait d’une femme hantée par son passé et par ses expériences. Bien qu’on soit aux États-Unis, plusieurs incursions en Russie donnent à l’histoire un côté encore plus inquiétant, renforcé par le froid et la neige qui tombent. Un roman qu’il sera difficile de lâcher avant la dernière page... et même après, il ne nous a pas encore lâché !
Je remercie le Livre de Poche de m’avoir choisie pour la sélection blogueurs d’octobre 2014 et de proposer à chaque fois une sélection si variée : j’ai découvert un auteur de talent et un thriller glaçant !