Il n'est pas trop tard pour les découvrir ou les offrir !
« Les enfants, les bébés, ils les appellent les "petitous". Et c'est vrai qu'ils sont des petits touts. Qu'ils sont un peu de leur mère, un peu de leur père, un peu des grands-parents, un peu de ceux qui sont morts, il y a si longtemps. Tout ce qu'ils leur ont transmis, caché, inventé. Tout.
C'est pas toujours facile d'être un petit tout, d'avoir en soi autant d'histoires, autant de gens, de réussir à les faire taire pour inventer encore une petite chose à soi. »
Dans une ferme, l'histoire se reproduit de génération en génération : on s'occupe des bêtes, on vit avec, celles qui sont dans l'étable et celles qui ruminent dans les têtes. Peintes sur le vif, à petites touches, les vies se dupliquent en dégradé face aux bêtes qui ont tout un paysage à pâturer.
Marion Fayolle crée un monde saisissant dont la poésie brutale révèle ce qui s'imprime par les failles, par les blessures familiales, comme dans les creux des gravures en taille-douce.
Il n'est pas trop tard pour les découvrir ou les offrir !
Le jury de la 16e édition, présidé par Jean-Christophe Rufin, a délibéré
Une plongée dans la vie rurale d'hier et d'aujourd'hui, par des auteurs français et étrangers
Quand la littérature célèbre l'amour... ou en dénonce les ravages
Beaucoup de poésie dans ce petit roman de Marion Fayolle qui se lit d’une traite, tellement on est avide de découvrir les nouvelles images qui vont nous être projetées dans les pages suivantes. Un bouquet de personnages avec leurs émotions et leurs sensibilités nous est proposé et, au fil de leur découverte, nous nous immergeons au cœur de la culture paysanne. C’est parfois rude et sans filtre, mais on est avant tout conquis par la finesse de la narration. Un petit air qui m’a trotté dans la tête à la fin de cette lecture « ils quittent un à un le pays pour s’en aller gagner leur vie loin de la terre où ils sont nés… », et un grand merci à l’equipe de lecteurs.com pour ce livre surprise, que je vous recommande !
Ce premier roman est étonnant et, pour moi, c’est une belle découverte. Marion Fayolle a chaussé ses bottes pour sauter à pieds joints dans le quotidien d’une ferme. A travers les saisons et le soin aux bêtes, elle nous raconte avec simplicité ce monde rural qui peu à peu disparait.
En traversant l’histoire des mères, de la mémé et du papi, du beau-frère alcoolique et de la gamine qui deviendra mère à son tour, on voit la vie défiler au rythme des travaux de la ferme, on partage l’inquiétude des mères, l’incompréhension des vieux. Le centre de gravité, c’est l’étable et ses vaches, placées entre les deux corps de la ferme ou vivent plusieurs générations. La ferme, elle passe d’une génération à l’autre
« Ici, on fait toute sa vie sous la même toiture, on nait dans le lit de gauche, on meurt dans celui de droite et entre temps, on s’occupe des bêtes à l’étable. »
Marion Fayolle nous parle d’un monde en voie de disparition. Les personnages n’ont pas de nom, ils sont désignés par leur place dans la famille, mère, mémé, gamine… Les vaches sont aussi des personnages car la vie se construit autour d’elles. On voit grandir la gamine, qui devient mère. Mais reprendre la ferme familiale comme cela s’est toujours pratiqué, le pourra-t ‘elle ?
La ferme et ses bêtes sont ancrés en chacun des membres de la famille, et pourtant, les jeunes partent travailler à la ville, tournant le dos à cette vie de labeur sans repos et c’est toute une façon de vivre qui se délite peu à peu.
« Ici, le climat est trop rude, il n’y a plus aucun voisin, les gens louent les terres mais vivent dans les vallées où tout est plus commode, les enfants n’ont fait que suivre le mouvement. »
L’autrice colle au plus près de cette vie avec les animaux, vaches, lapins poules, et au contact de la nature. Ici, on apprend les choses de la vie en observant les bêtes.
« Le printemps vient de libérer le taureau. Il court vers les vaches, leur monte dessus, s’y prend à plusieurs fois, les écrase sous ses muscles. Les petits n’ont jamais v ça, ils appellent l’oncle, ça les inquiète un peu. Ne regardez pas… »
Même si cette vie peut paraitre âpre et austère, il y a des moments de fête et de bonheur.
Marion Fayolle fait naitre une empathie émouvante envers ses personnages.
Elle ne cherche pas à travestir la réalité. Son écriture sans affèterie dit vrai, et, malgré le départ des bêtes, l’attachement à la terre perdure
Ce premier roman, court et intense, sur la transmission familiale et le monde rural, je l’ai lu d’une traite et avec grand plaisir.
Livre très court. Alors la vie défile. Dans cette ferme où vivent trois générations et naturellement les mentalités évoluent. Plein de tendresse, d'amour, de valeurs de vie de la campagne.
Une évocation de la ruralité, du plateau ardéchois et de la ferme familiale.
Ce n’est pas vraiment un roman, plutôt un récit romancé, une littérature d’atmosphère. On y suit la « gamine » de sa naissance jusqu’à son départ à l’âge adulte vers une autre vie. Mais, ce n’est pas une rupture. Elle conserve la mémoire et les valeurs des gens du plateau ; la « gamine » est bien faite « du même bois ».
Marion Fayolle est une conteuse. Elle évoque, avec une écriture simple, pudique, concrète, drôle et poétique, les valeurs paysannes liées aux bêtes, à l’entraide et à la transmission. Elle met en scène de vrais gens, des taiseux.
Un roman dont j'en attendais beaucoup au vu des retours élogieux mais je suis restée sur ma faim tout au long de la lecture.
Le message transmis à bien été reçu, celui de montrer la dureté de la vie à la ferme et que ce quotidien ne fasse plus rêver les jeunes générations qui rêvent d'autre chose. L'attachement aux terres et aux bêtes qui font partie à la fois du travail et du sentimental. Et surtout la question qui taraude chacun : que deviendront ces terres sans tous les êtres qui la composent ?
Mais l'histoire de cette famille sur plusieurs générations ne m'a pas spécialement émue. On sent qu'il y a un attachement entre eux et plus particulièrement à la petite fille, mais il manquait quelque chose.
Un fond intéressant car il y a tant à dire sur le monde agricole mais une approche qui ne m'a pas accrochée. Dommage...
Marion Fayolle m'a plongée dans l'intimité d'une famille de fermiers, où les générations se succèdent et se ressemblent. A travers des descriptions minutieuses et des dialogues percutants, l'autrice dépeint la vie quotidienne de ces hommes et femmes qui vivent au rythme des saisons et des bêtes.
Les personnages du roman sont complexes et tourmentés. Ils portent en eux le poids des aïeuls et des secrets de famille. Les relations entre les membres de cette famille sont tendues, empreintes de non-dits et de rancoeurs, mais aussi de tendresse et de solidarité. Marion Fayolle parvient à sublimer ces relations complexes pour en faire des tableaux touchants et bouleversants.
L'écriture est poétique tout en étant brutale, elle révèle la beauté et la violence de la vie à la campagne. Les descriptions des paysages, des animaux et des gestes quotidiens sont d'une grande précision, nous plongeant au coeur de cette ferme qui semble être un personnage à part entière.
"Du même bois", c'est un roman profond et émouvant, à la fois sombre et lumineux. Marion Fayolle est parvenue à saisir l'essence même de la vie à la campagne, avec ses joies et ses peines, ses espoirs et ses désillusions. Une très belle lecture, à lire absolument pour voyager dans un univers singulier et poétique, où chaque mot est comme sculpté dans le bois ancestral de la famille.
Quelle merveille que ce court récit de Marion Fayolle ! Je remercie vivement les éditions Gallimard de m'en avoir offert la lecture par l'intermédiaire de Lecteurs.com.
Une ferme tout en longueur dans la montagne. Une ferme au milieu de nulle part, au milieu de nul temps mais de tout temps. Une ferme qui concrétise le chemin de la vie (autre titre de L'Âge mûr, sculpture de Camille Claudel). "Le côté gauche pour les jeunes, ceux qui reprennent la ferme, le droit pour les vieux. On travaille, on s'épuise, et un jour, on glisse vers l'autre bout." (p.11) et les bêtes dans l'étable entre les deux. Cette étable réunit les générations : ceux qui sont en pleine charge de la ferme, les "petitous" qui peu à peu s'imprègnent de leurs tâches futures et les anciens, dont le corps bistourné garde la mémoire des gestes mille et mille fois répétés, des ouvrages mille et mille fois accomplis.
La mère, la gamine, la mémé, le pépé, l'orphelin, la tante, l'oncle, le frère du pépé et les cousins. Parfois l'ombre du père, puis son fantôme tapi dans les racines du pin maritime égaré au creux des montagnes. Aucune autre identification que leur place dans la famille et leur rôle au sein de la ferme. Les personnages ne restent pourtant pas anonymes mais s'incarnent sous le regard de la gamine, définis par l'espace qu'ils occupent, par leur façon d'être au monde dans cet espace et par des ramifications solides quoique non identifiables. Tous issus "du même bois". Celui dont on fait les arbres généalogiques. Même si "la gamine" apporte une note dissonante : en refusant de manger la viande, "c'est toute sa famille qu'elle dissèque, qu'elle décortique dans l'assiette. Le travail de toute une vie qu'elle abîme, qu'elle recrache, qu'elle n'arrive pas à déglutir, tout cet amour qu'elle refuse d'avaler." (p.19). Pourtant ces ébranlements font aussi partie d'une transmission. Du père ? Du grand-oncle ? De la mère ? Ou bien de toutes les vies qui se sont succédées dans la ferme et qui ont inscrit des filaments de leur identité dans chaque membre de la famille ?
En ce si court mais si intense récit, Marion Fayolle dessine la succession des générations, ni tout-à-fait pareilles, ni tout-à-fait différentes, jusqu'à la fin du temps. Jusqu'au moment où ne subsistent plus que les paysages. Jusqu'au moment où les humains s'effacent, emportant avec eux leur mémoire, leurs activités ancestrales et jusqu'à l'empreinte de leur existence. L'histoire se déroule en de très brefs chapitres, comme un regard qui met à nu chaque détail du tableau, écorçant le point de vue, dévoilant les fêlures par une écriture à la violence feutrée. Réalisme et poésie s'épousent pour raconter cette mémoire familiale, intime et universelle.
"Du même bois" participe du roman psychologique, réaliste, d'apprentissage, de la poésie, du récit légendaire, de l'autobiographie. Cette lecture fut, pour moi, une expérience un peu hypnotique. Le rythme des phrases, le choix des mots, la construction du récit ont produit un sidérant effet visuel et sensoriel. Il m'a semblé être posée devant cette ferme "trop longue pour tenir dans le regard" (p.106) et y voir vivre ses habitants, y voir défiler les saisons, les travaux et les jours, la vie, la mort. Il m'a semblé sentir la chaleur des bêtes, leurs odeurs enveloppantes et entendre les froissements de la paille sous leurs sabots. Oui, le livre de Marion Fayolle enferme et ranime un monde, celui des paysans, de leurs semences, de leurs paysages et de leurs rêves souterrains. C'est tellement beau.
Immersion dans un monde paysan en disparition, « Du même bois » offre aux lecteurs une succession de courts chapitres qui traversent le temps pour mieux souligner le déclin d'un mode de vie où les générations vivent sur la même propriété.
Seule une étable sépare la bâtisse de gauche pour les jeunes de celle de droite réservée aux anciens. Après s'être épuisé à la tâche, « on glisse vers l'autre bout » et on attend la fin.
C'est le cas de la formidable « mémé », reléguée à droite, qui nourrit tout son petit monde pour lui prouver son amour, incapable qu'elle est de montrer ou de dire autrement son affection.
De l'autre côté, il y a « la gamine » qui souffre des mêmes « fragilités » que les membres de la branche paternelle.
Et puis, il y a tous les autres : la mère de « la gamine » qui tente tant bien que mal de sortir son enfant de son mal-être ; les enfants qui parcourent la campagne et construisent des cabanes en jouissant d'une liberté que leurs alter egos de la ville ne pourront jamais savourer ; le beau-frère qui ne tourne pas rond et qui vit terré dans sa chambre auprès de la « mémé » ; les « bêtes » qui nourrissent la famille...
Avec une grande justesse, par petites touches rappelant que Marion Fayolle est une dessinatrice de talent, dans une écriture à l'os mêlant rudesse et tendresse, « Du même bois » est une ode à tous les invisibles qui vivent de et dans la nature et pour lesquels la vie et la mort, celle des hommes et des animaux, sont intimement liées.
Il y a du Marie-Hélène Lafon chez cette autrice, et c'est un compliment.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-du-meme-bois-marion-fayolle-gallimard/
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