"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Un matin, Le Petit a décrété : - Je veux mon papa. Il a repoussé son bol de chocolat et j'ai su, moi, Benjamin Malaussène, frère de famille, que Le Petit n'avalerait plus rien tant que je n'aurais pas retrouvé son vrai père. Or ce type était introuvable. Probablement mort, d'ailleurs. Après deux jours de jeûne Le Petit était si transparent qu'on pouvait lire au travers. Mais il repoussait toujours son assiette : - Je veux mon papa.»
Génial, comme tous les Malaussène. On rit beaucoup. le petit frère entame une grève de la faim car il veut connaître son papa. Malaussène raconte alors sa rencontre avec ce drôle de type, résistant aux pires tortures.
Cher Benjamin Malaussène,
Je vous écris aujourd’hui depuis mon confinement. Je ne sais pas si, dans votre Belleville des années 80-90, vous en avez entendu parler, mais je voulais vous dire que je vais bien. Je me suis retranchée derrière un mur de livres et de romans, et bien malin le virus qui arrivera à le franchir. En première ligne de ce rempart physique et mental figurent d’ailleurs les différents volumes de votre saga, armes d’anti-dépression massives redoutables s’il en est, autant de bombes à fragmentation dispersant un nuage de molécules d’endorphines dans le système immunitaire de leurs lecteurs, ou à tout le moins capables de pulvériser d’un claquement ferme virus et bactéries entre leurs centaines de pages. Et à propos de pavés, après avoir achevé mon mur de livres, je me suis dit qu’il fallait tout de même que je puisse regarder ce qui se passait à l’extérieur, de l’autre côté. Il s’agissait donc de desceller une de ces briques de cellulose pour laisser passer la lumière dans un sens et mon regard dans l’autre. Mais laquelle, donc, pour éviter de dangereuses intrusions ? pas un dictionnaire, pas un mille-feuilles grand format, pas le coffret de l’intégrale des Schtroumpfs, juste de quoi faire une étroite meurtrière… Mes yeux fouillaient dans la pile et c’est là, oui, là, évidemment, bien sûr, comment-n’y-avais-je-pas-pensé-plus-tôt, comment-aurait-il-pu-en-être-autrement, c’est là, donc, cher Benjamin, que je tombe sur vous, que je croise votre regard, que mes cils et mon cœur s’arrêtent de battre et que je comprends que oui, c’est vous que je dois désimbriquer de ce mur, non seulement pour me créer une fenêtre sur monde, mais plus simplement, plus fondamentalement, pour me tenir compagnie. Alors oui, je l’avoue, c’est là un dessein bien égoïste de ma part, parce qu’après tout je ne vous ai pas demandé votre avis, aussi cette fois, cher Benjamin, je promets de ne pas abuser de votre temps. Prenez-en pour preuve que je vous choisis aujourd’hui en version extra-small, dans un extrait de même pas cent pages de votre illustre familialo-graphie, « Des chrétiens et des Maures« . Mais quel plat nous servez-vous là ? un trou normand, un entremets entre le plat de résistance de Monsieur Malaussène et le dessert de Thérèse ? Avez-vous décidé de nous révéler un épisode aussi bref que mystique de votre aînesse grand-fraternelle ? Que non pas, en fait de crise existentielle, ce serait plutôt le Petit qui traverse la sienne : il veut son papa. Et aussi sec, il entame une grève de la faim. Branle-bas de combat dans la tribu et à Belleville pour le ramener à la raison – parce que ce n’est pas comme s’il suffisait d’ouvrir l’annuaire pour le trouver, le papa, hein, non, à peine l’acte procréateur accompli qu’il s’est volatilisé dans la stratosphère, celui-là. Comme tous les autres paternels de la famille, d’ailleurs, mais ce sont d’autres histoires potentielles. Mais las ! le Petit n’en démord pas, et têtu comme il est, c’est-à-dire comme vous, ce n’est pas demain ni même à Pâques qu’on va lui faire gober l’histoire du Saint-Esprit et le faire renoncer à sa diète de Carême. Alors il ne vous reste qu’une solution, celle que vous maîtrisez à la perfection : lui raconter une histoire, juste assez réaliste pour qu’elle lui semble plausible, juste assez surréaliste pour qu’elle lui semble convaincante.
Un équilibre difficile à trouver, cher Benjamin, et même si cette fois vous vacillez vraiment trop dangereusement sur le fil tendu au-dessus du gouffre de l’invraisemblable, vous avez le mérite de lui avoir sauvé la vie, ou au moins l’appétit, à votre frangin. Et puis surtout vous avez le mérite de m’avoir fait oublier, pendant quelques instants, ces murs ambigus qui à la fois nous protègent et nous enferment. Sachez que je vous remercie sincèrement pour cela et que, même si je me répète encore au fur et à mesure de mes lettres et que ces mots sont galvaudés, je vous aime, cher Benjamin, et qu’il me tarde de vous retrouver pour aller cueillir ensemble une pleine brouette d’ « Aux fruits de la passion« .
Malaussènement vôtre (si je puis me permettre – m’accepteriez-vous comme petite sœur supplémentaire ?)
J'ai découvert la tribu Malaussène alors que je n'étais encore qu'au lycée. C'était une rencontre purement fortuite. L'un de mes proches devait lire "La petite marchande de prose" pour son cours de français et par curiosité, j'ai commencé à lire les premières pages. Cela a été le coup de foudre immédiat !
Par la suite, j'ai lu coup sur coup "Au bonheur des ogres", "La fée carabine", "Aux fruits de la passion". Enthousiasmé par la plume de Daniel Pennac, j'ai dévoré ensuite "Comme un roman" puis j'ai embrayé sur "Le dictateur et le hamac" et là, sans prévenir, la panne sèche, le livre qui me tombe des mains avant même que je ne parvienne à la fin. Pour quelle raison ? Honnêtement, je ne m'en souviens plus...
La vie est un éternel recommencement, paraît-il, et c'est peut-être bien vrai car voyez-vous, il y a quelques semaines, l'un de mes proches - pas le même, un autre - me montre les livres qu'elle a récupérés. Je passe de l'un à l'autre quand soudain, une couverture attire mon attention. Serait-ce ? Non ! Un Pennac que je n'ai pas lu : "Des chrétiens et des Maures". Lorsque "Chagrin d'école" est paru, j'ai eu envie de revenir vers Pennac, même chose pour "Journal d'un corps" mais je n'ai pas franchi le pas. Est-ce un signe ?
J'ouvre le livre - qui est beaucoup plus court que les autres romans de la saga - lis la première phrase puis la seconde et en quelques minutes, la magie opère à nouveau, les souvenirs affluent, les personnages retrouvent leur place dans mon imaginaire. Bref, je tombe à nouveau sous le charme de cette tribu qui m'a tant manquée. En moins d'une centaine de pages, Daniel Pennac a condensé tous les éléments constitutifs de sa saga, le Belleville cosmopolite, Benjamin et toute sa smala sans oublier les intrigues extravagantes, les personnages hauts en couleur et le mystère de rigueur qui nous tiendra jusqu'à la fin du roman.
Vite, la suite !
Retour dans le passé!
Quand, le Petit -un des frères de Benjamin MALAUSSENE- refuse de manger tant qu’il n’aura pas son papa, Benjamin nous replonge dans le passé. Il va nous raconter comment le père du Petit est entré dans leur vie et dans quelles circonstances ce dernier a été conçu.
Cette histoire contient un petit côté surnaturel, ce qui est nouveau dans la saga mais, pas désagréable.
Ce tome aussi est assez court (90 pages) et même dans le passé, on retrouve tous les personnages qui font le charme de la Saga Malaussène.
J'adore toute la série des Malaussène ! Des personnages haut en couleur et ultra attachants. Drôle, émouvant et remplie de poésie, une grosse bouffée d'air pur et d'optimisme sur la nature humaine. Une saga à lire impérativement.
Je n'avais encore rien lu de Daniel Pennac. Apparemment, il s('agit d'une saga de Malaussène dans des situations multiples, colorées, dans un style complètement déjanté, drôle, déroutant mais très bien écrit et bien observé comme autant de clins d'oeil au lecteur. JM
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