Lucine, jeune haïtienne qui revient à Port-au-Prince, après 5 ans d'absence où elle a sacrifié ses luttes, ses ambitions politiques, personnelles pour s'occuper de sa soeur Nine, handicapée mentale et enceinte.
Lucine revient pour demander assistance financière au père de ce 1er bébé mais elle...
Voir plus
Lucine, jeune haïtienne qui revient à Port-au-Prince, après 5 ans d'absence où elle a sacrifié ses luttes, ses ambitions politiques, personnelles pour s'occuper de sa soeur Nine, handicapée mentale et enceinte.
Lucine revient pour demander assistance financière au père de ce 1er bébé mais elle sait qu'elle ne repartira, que Port-au-Prince est sa ville, où elle est en harmonie, en symbiose. Même si elle laisse la charge de ses deux neveux à leur autre soeur restée à Jacmel, elle n'éprouve pas de remords, elle veut se sentir exister.
On suit Lucine qui va renouer avec son passé, à l'époque elle avait perdu sa meilleure amie, battue pour ses convictions politiques et va avoir le coup de foudre pour son frère, Saul. Un des personnages centraux du livre. Effondré par la mort de sa soeur qui lui avait permis la reconnaissance de la famille, lui, le bâtard, il est parti s'exiler à Cuba et est revenu pour poursuivre sa mission, aider, soigner les plus démunis.
Il prend alors Lucine sous son aile et l'installe dans un ancien bordel, appelé "Fessou" où elle côtoiera au moins le temps d'une soirée, un melting-pot d'individus. Prophète Coicou, l'ancien celui a connu la dictature Duvalier, Pabava et Facteur Sénèque les amis inséparables qui ont été torturés sous Duvalier fils et les plus jeunes, Jasmin Lajoie, dit "Mangecul" (le séducteur de ces dames) et Bourik, le robuste, le volontaire.
Dans les hauteurs bourgeoises, on fait la connaissance de la petite Lily, mourante et qui est revenu de Miami pour mourir dans son pays. Elle apportera beaucoup au lecteur concernant le clivage blancs et noirs, bourgeois et pauvres, l'amour du pays et l'eldorado américain.
Et au milieu de ce monde, un fantôme, vivant ou si peu, Firmin... qui survit, erre dans son taxi. Il est hanté ses démons ...
Et arrive ce terrible jour, ces 35 secondes qui vont changer le pays, ces personnages, basculant de vie à trépas ... on perçoit ses corps mutilés, estropiés, hagards, mourants, mais par dessus tout on voit la force de ce peuple qui sans réfléchir, sans se tourner vers leur gouvernement ou l'extérieur, fait preuve d'une générosité, d'une solidarité, d'une fraternité exemplaire. Qui en ressortira vivant ? Même si personne ne ressortira indemne, et surtout pas le lecteur.
Lorsqu'on ressort d'une lecture si poétique, si voluptueuse comme l'ambiance qu'il décrit, les paysages, les corps, les esprits, ...il est difficile de commenter. Tout est bien fade et très en deçà de notre ressenti.
C'est un roman humaniste où dès le départ on est emporté à plus de 7000 kms, on est happé par la circulation, les cris des vendeurs, on suffoque dans la chaleur oppressante, on frissonne lors des combats de coqs, on participe aux parties de dominos, aux discours philosophiques, politiques et on est abasourdi par la violence du drame, on espère, on doute, et on reprend espoir tout comme eux.
Il y a une phrase omniprésence tout au long du roman qui résume à elle seule le livre :
"C'était magnifique ..."
Lien vers mon blog : http://chezsabisab.blogspot.fr/2016/01/danser-les-ombres-laurent-gaude.html