"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Leur relation n'était pas seulement celle d'un romancier et de sa traductrice, c'était aussi celle de deux amis qui se parlaient sans cesse.
De quoi parlaient-ils ? D'écriture, de langues, d'amour, d'animalité, d'enfance. De la terreur d'être traqué.
Ils partageaient également quelques silences.
Lorsqu'il disparaît en janvier 2018, la jeune femme ne peut se résoudre à perdre cette voix dont l'écho résonne si puissamment en elle. Après un temps de sidération, elle cherche à la retrouver, par tous les moyens. Sa quête la conduira jusqu'en Ukraine, à Czernowitz, la ville natale de l'écrivain. Il pourra alors prendre sa place, dans le faisceau des vivants.
Il est des rencontres qui bouleversent une vie.
Telle fut celle de Valérie Zenatti avec Aharon Appelfeld, dont elle a été la traductrice. Un lien très fort les unissait, fait d'affection, de respect, de complicité intellectuelle.
Un tel lien pouvait-il disparaître avec la mort d'Appelfeld, il y a un an ? A l'évidence, non. Et ce livre nous le prouve. Page après page, ligne après ligne, Aharon est présent, extraordinairement présent. Et on a la sensation très forte que leur conversation ne s'est pas arrêtée, qu'elle ne peut s'arrêter. C'est peut-être cela, l'éternité: être dans le faisceau des vivants.
Quel beau livre, triste et merveilleux à la fois ; mort et vie en même temps ; France/ Israel .
Homme et femme. Français et hébreu !
Tout est duo, duel, un roman/ essai tout en nuances, en douceur et pourtant si âpre et rude comme l'enfance d'Aaron Appelfeld dont Valérie Zenatti a été la traductrice pendant vingt ans.
Le livre commence par le décès de l'auteur israélien, âgé de 96 ans, cet homme au regard si vif et clair tel celui d'un enfant ! Qu'il a cessé d'être très tôt, dès 1940 quand sa mère est tuée et son père séparé de lui. Enfance d'errance, seul dans les bois, qu'il décrira toute sa vie, accompagné d'adolescents violents et assassins, de communistes aussi et enfin de juifs qui l’emmènent en Israël clandestinement.
Le livre de Valérie Zenatti n'est pas l'histoire de la vie de cet auteur mais celle de leur amitié par delà les années, la différence d'age et de lieux de vie !
Il est le roman d'une reconnaissance réciproque, d'un échange constant pour aider la traduction, d'une transmission de tous les instants rendue possible par les technologies modernes.
Les pages se succèdent, mêlant français et hébreu, cette langue unique au monde, à être redevenue langue vivante après avoir été langue morte ; donc langue plutôt moderne, pragmatique, allant droit au but, nécessaire au moment de la création d'un pays peuplé d'hommes neufs, voulant oublier l'autre monde, celui de l'horreur laissé en Europe.
Appelfeld faisait partie de ces jeunes désireux d'oublier mais ses romans nous ramenaient sans cesse dans son pays, il décrivait les bois et forets d'Ukraine, la neige et non le désert, parlait de l'enfance, son enfance, celle d'avant, jamais de la Shoah, sujet toujours trop brûlant pour s'en approcher !
Je serais bien incapable d'ajouter une citation.. car ce serait faire un choix impossible !!
Livre lu et défendu pour le grand prix France télévisions le 20 mars 2019
C’est le livre qui m’a touchée le plus profondément, ces dernières semaines.
Alors qu’il narre, entre autres la douleur éprouvée par Valérie Zenatti à la mort d’Aharon Appelfeld, il est aussi et surtout une lumière jetée sur l’oeuvre du grand écrivain israélien.
Valérie, la traductrice en français des livres d’Aharon, nous parle des liens de profonde amitié qui les liait, de leurs séances de travail.
Elle raconte le jeune enfant issu d’une famille juive, qui à l’aube de la guerre, voit sa mère assassinée devant ses yeux, se terre dans la forêt comme un animal jusqu’en 1945, avant d’immigrer en Israël. Et les échos, les prolongements éclatés de ces faits dans ses livres.
Alors qu’elle est défaite par son absence, elle traduit des entretiens d’Aharon, encore inconnus d’elle, se rapprochant ainsi de lui, de sa pensée, et de son mystère. Et c’est sur une visite à Czernowitz, la ville natale de l’auteur, en mettant ses pas dans les siens, qu’elle parvient à revenir vers la vie.
« Il y a de l’obscurité dans la lumière et de la lumière dans les ténèbres, le jour et la nuit s’unissent en moi, la joie et la peine aussi, et l’une n’est pas le contraire de l’autre mais son complément absolu, la joie de l’avoir connu et d’avoir été aimée de lui, la peine de l’avoir perdu, mais je trouverai sans doute un autre mot sur ce chemin, une image peut-être pour dire cela, la trace laissée en moi, la vie en son absence. »
Valérie Zenatti a des accents quasi bibliques pour parler de son sujet. J’avais déjà adoré son roman Jacob, Jacob, paru en 2014, chez l’Olivier. Dans Le Faisceau des vivants elle a touché à la fois ma sensibilité et mon amour des lettres. Et je n’ai plus qu’une envie, relire les livres d’Appelfeld, en découvrir de nouveaux, et tous ceux de sa traductrice!
Dans le faisceau des vivants, Valérie Zenatti, Editions de l’Olivier
Ce récit est un texte émouvant, vibrant de sentiments, celui du deuil, mais aussi celui de la parole de l'auteure ValérieZenatti pour le grand auteur Aharon Appelfeld.
On y découvre l'homme de lettres et l'homme à travers les yeux de sa traductrice .
Un ouvrage en hommage à l'écrivain et qui me semble donc un peu élitiste. Un texte qui s'adresse aux amoureux de la littérature et de l'histoire
http://passeuredelivres.over-blog.com/2019/01/dans-le-faisceau-des-vivants-valerie-zenatti-editions-de-l-olivier.html
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