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Dans un Paris noyé dans un brouillard aussi dense que tenace, des jeunes femmes disparaissent sans laisser de trace. C’est sur la disparition de la jeune Lucie que le groupe Mehrlicht enquête et met le doigt dans un engrenage qui les emmènera aux frontières de la déontologie. Sans oublier que leurs problèmes personnels viennent interférer dans l’enquête. Mehrlicht prépare activement les sélections de « Questions pour un Champion », Latour s’inquiète pour la situation administrative de son futur mari et ne décolère pas vis-à-vis de Dossantos. Ce dernier continue de dériver doucement, miné par ses anciennes amitiés toxiques et l’enquête de l’IGS qui le poursuit.
A ce jour, je crois, c’est la dernière aventure de la série Mehrlicht, et elle est tout à fait à la hauteur de toutes celles qui l’ont précédé: bien tenue, documentée, parsemée d’humour et de petites vacheries bien senties sur l’actualité. Nous sommes toujours en 2016 et le roman prend la suite directe et quasi immédiate de « De Cauchemar et de Feu ». Les problématiques restés en suspend à a fin du roman précédent sont au cœur de celui-ci : l’enquête de l’IGS, les papiers de l’amoureux de Latour, le changement de chef, l’ambiance qui se délite au sein du groupe. C’est dans ce contexte tourmenté que le signalement de la disparition d’une jeune étudiante majeure, tendance gothique, arrive sur leur bureau. Cette enquête les emmènera à traquer un type d’assassin hors du commun. L’intrigue nous entraîne dans la Roumaine de Ceausescu et ses prisons innommables, mais elle met aussi en scène un réfugié syrien et un chasseur de vampire. Au début, on ne comprend pas bien certains chapitres, notamment ceux écrits dans une police particulière, le premier quart du roman met en scène des personnages insondables qui semblent n‘avoir aucun point communs. Le puzzle se met en place lentement et très vite, on comprend tout, on comprend vite et les chapitres s’enchaînent. Encore une fois, même si les motivations de criminelles sont un peu tordues, on y croit, c’est tout le talent de Nicolas Lebel. Style agréable, parsemé d’un humour efficace et d’un soupçon de mauvais esprit, son roman est comme d’habitude parfaitement documenté, cette fois-ci sur la Roumanie communiste. Parallèlement à l’enquête, il y a encore et toujours l’obsession de Mehrlicht pour les sélections de « Questions pour un Champion », sélections auxquelles nous assistons dans le dernier chapitre en mode « Slumdog Millionnaire » ! Le roman se termine de façon très émouvante, une page se tourne, peut-être définitivement sur la série Mehrlicht, mais peut-être pas...
Dans la Brume écarlate a été publié en 2019 par les éditions Marabout. La version poche, publiée par les éditions Le Livre de Poche, est parue en 2021. Je qualifierai le style de Nicolas Lebel de caméléon, s'adaptant à son propos avec aisance. Haché, énergique, au vocabulaire pêchu, quand l'auteur s'insurge: "Quelques championnes du féminisme, à l'acmé de leur ferveur, avaient clamé qu'on pouvait "jouir d'un viol" et qu'"un homme sur deux ou trois était un agresseur". L'outrance du propos et le scandale médiatisé avaient porté un coup fatal au débat attendu, éteint le vent libérateur, étouffé ce "printemps des femmes". Et Vincent Demagny avait pu de nouveau tabasser sa femme." (Page 40)...Haché pour traduire la peur: "Lucie percuta un arbre surgi du brouillard, perdit une chaussure et tomba au sol, hébétée, s'empêtra un instant dans les ombres osseuses des ramures noires, se releva, reprit sa fuite aveugle, des larmes dans les yeux, traversa une ruelle en piaulant à l'aide, boitant sur son pied nu, trouva un hall d'immeuble, une porte fermée, des rangées de boutons d'interphone, lueurs dans la nuit, pressés du plat de sa main écorchée..."(Page 14). Ou plus fluide dans les passages narratifs consacrés à l'enquête.
Construction: chacune des quatre parties correspond à une journée précise, le récit se déroulant du dimanche 15 avril au mercredi 18 avril. Chaque chapitre indique l'heure à la minute près =>Contenu très structuré comme dans un compte-rendu de presse.
Thèmes: sujets d'actualité: la guerre en Syrie; le sort des réfugiés (tarifs pratiqués par les passeurs, camps insalubres); trafic d'êtres humains; violences faites aux femmes.
L'intrigue:
Un brouillard de poix enferme Paris dans ses serres acérées depuis quelques jours. Mehrlicht et son équipe sont appelés par le gardien du Père-Lachaise, célèbre cimetière parisien, qui a découvert dans une allée reculée une mare de sang sans cadavre. Comme si le corps qui avait perdu tout ce sang s'était évaporé...Ou alors caché quelque part dans le cimetière. Situation cocasse dans d'autres circonstances...
Madame Maturin déclare la disparition de sa fille Lucie, âgée de vingt et un ans. C'est alors que deux pêcheurs sortent des eaux putrides de la Seine le cadavre nu d'une jeune femme. Serait-ce celui de la jeune étudiante, Lucie?
Dès lors commence une enquête ardue dans laquelle le capitaine Mehrlicht devra se montrer particulièrement perspicace et inventif s'il veut arrêter au plus vite ce tueur qui sème des cadavres exsangues aux quatre coins de la capitale. Enquête rendue encore plus difficile par les conditions météo.
L'ambiance:
Le brouillard épais qui enveloppe la capitale française donne au roman son allure de film noir américain des années quarante. Avec en prime une enquête d'autant plus complexe à mener que l'on n'y voit pas à quinze mètres. Avouez que cela ne facilite pas les choses...Sauf pour le criminel, of course!! Mise en scène particulièrement évocatrice: "On distinguait à peine le groupe de copains qui les attendaient à une quinzaine de mètres. Le brouillard était si épais qu'il estompait les détails, les traits des visages, ne concédant à l'œil que des masses brutes et floues, des formes spectrales. Au-dessus des têtes, les lumières des réverbères se changeaient en boules de feu orangées et lointaines, soleils de minuit urbains qui déformaient les ombres arrachées à la nuit." (Page 12)...Dans le jour déclinant de cette fin d'après-midi, on voyait des silhouettes s'affairer dans les brumes grises, surgir soudain, puis disparaître. On se hélait ici et là, se repérait à la voix. Chacun semblait perdu dans ce grand vide blanc." (Page 241) => Le thème du brouillard n'est certes pas nouveau mais de la mise en scène soignée de Nicolas Lebel résulte un roman à l'atmosphère étouffante, angoissante.
En conclusion:
Dans la Brume Ecarlate, un bon polar bien ficelé avec tous les ingrédients indispensables: une atmosphère pesante à souhait, une enquête complexe, un enquêteur imbuvable mais diablement efficace, des portraits brossés à coups de pinceaux parfois tendres, parfois rageurs, un style énergique...Et, ce qui ne gâte rien, bien au contraire, de petits coups de pied dans la fourmilière bienvenus. Cela ne changera peut-être pas la donne, mais ça fait un bien fou...
Le +: discours positivement féministe, pas de fanatisme délétère, mais bienveillant et constructif. Juste histoire de remettre les pendules à l'heure: "Nouvelle recrue deux ans auparavant, Sophie Latour avait obéi aux ordres et accepté à contre-coeur les corvées de secrétariat que lui avaient réservées ses deux collègues mâles. C'est notoire: la femme a un talent naturel, un don génétique, pour la dactylo. Nombre de savants mâles l'ont confirmé. Mais un jour, la femme s'était révoltée. Depuis, chacun tapait ses rapports." (Page 49)...Et toc!!
Nous retrouvons avec plaisir le lieutenant Mehrlicht et ses deux acolytes pourchassant Dracula. Des femmes disparaissent et réapparaissent vidées de leur sang.
Il y a toujours le copain légiste, pas de stagiaire cette fois-ci mais un nouveau commissaire avec un nom à rallonge.
L'intrigue est palpitante, le rythme cadencé et, comme d'habitude, les dialogues son truculents.
Je ne me lasse pas des polars de Nicolas Lebel.
J’ai reçu ce roman dans le cadre des explorateurs du Polar organisé par lecteurs.com. « Dans la brume écarlate » fait partie des romans de Nicolas Lebel mettant en scène l’inspecteur Mehrlicht. C’est le premier roman de cet auteur que je lis mais cela ne m’a pas dérangé pour comprendre l’histoire.
Lucie, une étudiante, disparait dans le XII arrondissement de Paris. Sa mère est persuadée qu’elle est morte. Une autre disparition survient dans le même quartier, dans la même période. Il s’agit de celle de Noura, sœur de Taleb. Tous deux sont des clandestins vivant dans un camp d’immigrés. On suit en parallèle Yvan qui enquête sur la mort de sa femme Mina. Et enfin, les chapitres s’entrecroisent pour nous parler de Viktor et de sa femme Iléana qui est malade.
Je dois avouer qu’au début du roman, j’ai trouvé compliqué de suivre tous ces morceaux de vie en même temps. J’avais du mal à m’y retrouver sachant qu’au départ, ce ne sont que des histoires croisées, qui vont bien évidemment ne former plus qu’une à la fin.
Excepté ce point, ce roman est un bon polar, avec une histoire originale. Le suspens est maintenu jusqu’à la fin. Le rythme est soutenu grâce à des chapitres courts, qui rendent la lecture très fluide et agréable.
J’ai fait la connaissance du capitaine Mehlicht, ce anti-héros, petit, gros fumeur, plutôt mauvais caractère, un humour à deux balles, et un spécialiste de sonneries de téléphone ringardes et variant en fonction de ses interlocuteurs.
Plusieurs thèmes sociétaux sont abordés : la situation des immigrés en France, à travers l’histoire de Noura et Taleb mais aussi la violence faite aux femmes, avec l’histoire du couple Demagny, qui n’a d’ailleurs, pour moi, pas d’intérêt dans ce roman car elle n’a pas de lien avec le reste.
On notera les clins d’œil à certains des collègues d’écriture de Nicolas Lebel : Jacques Saussey et Niko Tackian.
Je vais maintenant prendre le temps de lire les autres romans de Nicolas Lebel car ça a été une belle découverte.
Merci aux éditions et lecteurs.com pour l’envoi de ce roman !.
j'ai découvert cet auteur que je n'avais pas encore lu, avec grand plaisir.
Le début de la rédaction est dans le brouillard qui suivra toute l'enquête de ces policiers haut en couleur, une écriture agréable, une enquête bien menée autour de cadavres de jeunes filles qui se multiplient toutes blessées au cou. On circule dans Paris, le cimetière du Père Lachaise avec une mare de sang , les quais de Seine, et une course éperdue et contre la montre pour arrêter un individu qui sème les cadavres partout où il passe.
Nous rencontrons des personnages très différents, un roumain qui cherche ce criminel depuis les camps de la Roumanie du temps de Ceaucescu où a péri son épouse, un Syrien migrant dont la sœur a disparu et qui croisera le roumain dans sa quête d'information.
J'ai beaucoup aimé ce livre, et cela me donne envie de lire les précédents de la série.
Une belle découverte
Premier roman de cet auteur et ça ne sera pas le dernier. Il peut se lire tout seul même si c est le même capitaine Mehrlicht, et que c est apparemment sa dernière enquête. Vous y trouverez des thèmes d actualité, tels que les meandres d internet et ses réseaux, les violences conjugales, la fuite de migrants, et des cadavres exsangues, le tout bien écrit, une plume dynamique, et des chapitres courts qui rendent la lecture très addictive.
Il me reste plus qu à découvrir très vite, les autres romans de l’auteur.
Pour la cinquième fois nous retrouvons le commandant Mehrlicht et ses hommes sur une enquête particulièrement sanglante. Je tiens à préciser que je découvre la série avec cet opus. Cela n’a gêné en rien ma compréhension mais je comprends que j’aurai certainement eu plus de plaisir à retrouver ces protagonistes si je les avais suivis depuis le début. Paris, plusieurs jeunes femmes disparaissent, un tueur semble décidé à planter ses crocs dans leurs gorges et ne laisse que des cadavres exsangues derrière lui. Mehrlicht lutte contre la crève mais ne s’arrête pas de fumer pour autant. Le capitaine à tête de grenouille sera amené à enquêter au milieu du brouillard parisien qui sévit depuis plusieurs jours, en passant par le cimetière du Père Lachaise ou en nous faisant prendre un bateau mouche bien particulier sur les eaux polluées de la Seine. Nous découvrirons le Monstre qui se cache derrière les crimes alors que le récit est partagé entre différents protagonistes qui ce sont jurés d’avoir sa peau. Le personnage du lieutenant Dossantos est savoureux dans son rôle de gorille costaud à la frappe facile qui est capable de vous citer chaque article du code pénal mais derrière cette image j’ai appris à découvrir sa vulnérabilité. N’oublions pas la divine Sophie Latour qui est ce que l’huile est au rouage sans elle ce ne serait plus tout à fait pareil. Une belle ambiance gothique et sombre comme nous le laissait entrevoir la superbe couverture avec la couleur rouge qui n’est pas sans rappeler le sang qui est un élément omniprésent de l’histoire pour un peu on aurait pu croire que Nicolas Lebel se lançait dans du bit Lit. Un polar divertissant et savoureux avec des rappels historiques se situant en Roumanie et la thématique des migrants qui elle, reste toujours d’actualité. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2019/06/18/37439256.html
Un caractère de daube, un argot bien à lui, une gitane coincée entre ses lèvres, une tronche de kermit jaune sur un imper défraichi, tu l’auras deviné, le capitaine Merhlicht est de retour dans un 5ème opus.
Nous sommes en avril après l’escapade irlandaise de Merhlicht. Une mare de sang au cimetière du Père Lachaise. Pas de cadavre. Une jeune femme nue et exsangue avec deux trous rouge retrouvée dans la Seine.
L’intrigue paraît jouer avec le mythe du vampire dans un Paris saturé par un épais brouillard – une pensée à Stocker et à Shelley – on y retrouve les fameuses sonneries de téléphone et bien entendu Questions pour un Champion. Merhlicht, dénué de charme sexy mais tellement attachant, traine sa crève tandis que des jeunes femmes disparaissent et personne ne croit aux vampires. Pourtant les codes gothiques des copains de Vlad s’inscrivent dans les rues nébuleuses de Paris. La Roumanie obscure durant et après Ceausescu, aussi. Mais l’essentiel est ailleurs.
Les personnages de Nicolas évoluent. Ces retrouvailles sont un vrai plaisir. Aucune lassitude car Nicolas les fait grandir. Ils sont toujours très bien travaillés. Comme tout à chacun, leurs vies sont en mouvement. Chaque protagoniste paye le prix de ses décisions, de son mode de vie trainé durant les tomes précédents.
Les réfugiés syriens de la Porte de la Chapelle, les extrémistes, sont bien sûrs présents, mais il s’agit avant tout d’amour. Ceux de Sophie Latour, ceux de Mickaël Dossantos, quoique, et ceux de Merhlicht bien entendu, mais pas que. Chaque homme porte l’amour pour une femme. Car il y a toujours une femme désirée. L’amour et ses conséquences sur la vie, la mort.
On déchire le brouillard au fil des pages, de ce polar vif où il n’y a pas une seconde d’ennui. On dévore l’enquête de l’équipe qui vient de toucher un nouveau patron. Les dialogues peuvent être drôles, mais l’écriture sait se faire subtil si besoin. On ne parlera pas de la fin. J’ai hâte de lire le 6ème tome. Même si je crains le pire. Bref, Dans la brume écarlate est un parfait polar qui démontre si besoin était que Nicolas Lebel fait désormais parti du cercle restreint des auteurs à suivre.
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