Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Fabien, adolescent subversif et railleur, écrit d'un centre de repos où il poursuit une thérapie inédite : il doit raconter en détail les événements qui l'y ont conduit. Il ne pourra sortir que s'il y parvient. Dans des cahiers à carreaux, il adresse à sa psychiatre le récit mordant de sa vie de pensionnaire dans un collège catholique du nord-est de la France, au début des années quatre-vingt-dix. Il raconte aussi ses week-ends de fils unique, dont l'humour ne masque pas tout à fait le désarroi, au sein d'une famille décomposée par un mystérieux drame.
De cahier en cahier, la vérité attendue par le médecin reste pourtant dissimulée dans les motifs tragi-comiques du récit de Fabien. Sa mémoire se fait plus inventive à mesure qu'elle semble refouler un secret qui, tel celui de la chambre de Barbe-Bleue, serait mortellement dangereux à découvrir. Tout en essayant d'en retarder l'émergence, Fabien livre une chronique singulière et effrontée où scintillent ses incessantes trouvailles de langage.
La 4e de couverture indique qu'il y a un "mystérieux drame". J'ai lu les 221 pages sur 228 sans aucun drame. Cette information même est incongrue. Et pourtant...
Fabien est un adolescent qu'on a envie de claquer en tant qu'adulte : insolent, apathique, qui veut être seul et en même temps qui veut appartenir à un groupe. Il est dans un collège privé en internat dont on ne sait pas si c'est par choix familial ou si c'est parce qu'il a été viré du public. Sa façon de penser et de s'exprimer est incroyable, caustique, drôle, désabusée et elle bouscule en même temps. Il nous balade aussi de temps en temps.
On sent chez lui une solitude immense autant que l'est le rejet parental : sa mère le déteste, c'est épidermique. Elle oscille entre dépression et lunatisme. Son père est là sans être là, distant et présent de temps en temps. Il n'y a pas non plus un seul d'adulte qui tienne la route (la prof d'anglais mais rien n'est moins sûr). On a même du mal avec la psychiatre à qui il s'adresse par écrit dans ses cahiers. Elle est un prénom, Lydia, mais c'est tout.
Fabien a perdu son chat Alfred et il s'est fabriqué Champion, un chien-loup imaginaire pour tenir à distance ses pulsions. Il erre dans son collège en connaissant tous ses rouages, la boule au ventre le vendredi soir quand il doit rentrer chez lui. Quand Etienne apparaît et décide d'être son ami, Fabien est bien embêté. Etienne passe son temps a écouter des informations périmées, à s'intéresser à la politique et à être encore plus seul que Fabien. Il est lourd, bizarre, et il passe son temps à sauver Fabien qui s'auto-sabote : une rédaction oublié? Etienne lui file sa copie, etc. avant parfois de disparaître pendant des jours.
Lors d'une soirée, une vieille dame meurt de peur en voyant entrer Fabien chez elle par effraction. Fabien attend tous les jours d'être démasqué et il se laisse mourir, rongé par l'angoisse. Etienne a bien tenté de lui dire que ce n'est pas possible car il pleurait dans son lit d'internat mais rien n'y fait. C'est un autre élève qui va lui en parler par hasard : Fabien n'était pas au cambriolage. Mais Fabien était bien au camp de vacances où un incendie a pris feu dans le dortoir et tout le bâtiment.
La chute, en quelques pages, m'a retourné les tripes, tout comme j'ai "hurlé" devant le final du film "Shutter Island". Tiens bon Fabien, tiens bon.
Avec Maria POURCHET, tout est dans la phrase, son rythme, sa musique, ce chant désillusionné. C'est beau et triste. Mais c'est surtout vivant autant que cela est possible après un trauma.
Petit clin d'oeil à cet Etienne de Champion qui n'est pas sans rappeler l'Etienne des Impatients. Ce n'est pas vraiment le même, pas le même âge, pas le même lieu, pas la même matérialité. C'est quand même Etienne...
Déroutant !
J'ai eu un peu de mal au début à accrocher au style d'écriture de ce livre écrit à la première personne. Peut-être parce que le narrateur est un ado de 14 ans et qu'à cet âge-là on écrit un peu comme on parle... Et puis finalement, passées quelques pages, une fois rentrée dans ce personnage, je me suis laissée embarquer et je ne l'ai pas regretté !
Nous sommes en 1992 et l'ado en question s'appelle Fabien. Ce livre est son histoire, dévoilée au fil des cahiers à carreaux qu'il doit remplir depuis le centre de repos où il est enfermé, s'il veut pouvoir en sortir un jour. On y découvre sa vie dans une pension catholique et ses week-ends au sein d'une famille fracturée. Sur un ton railleur et provocant, Fabien nous livre un récit mordant, drôle et touchant, pour nous révéler in fine les raisons qui l'ont amené dans ce centre.
Sans les critiques repérées ici et là, je serais sûrement passée à côté de ce livre qui fait preuve d'originalité et de fraîcheur mais également d'une grande profondeur ! J'ai été touchée par cet ado attachant, en quête de repères et d'attention. À découvrir et à conseiller également à nos ados!
Sur demande de sa psy, Fabien écrit dans des cahiers l'histoire qui l'a mené à séjourner dans un hôpital psychiatrique. Grâce à l'écriture, Fabien va comprendre pourquoi il est dans cet asile. le déni est un mécanisme de protection intéressant, dont Fabien est la parfaite illustration. Il lui faudra remplir six cahiers pour comprendre. Six cahiers au cours desquels il va vous faire rire. Jusqu'à cette fin, émouvante et triste. Champion est une très belle découverte, un roman à tiroir au cours duquel l'auteur distille quelques indices qui prendront tout leur sens à la fin. J'ai eu un coup de coeur pour ce roman drôle, cynique et percutant. Si vous êtes passé à côté, ou qu'il est dans votre PAL, lisez le !
C'est pêchu Pourchet : surtout qu'ici elle fait parler un ado rebelle, insolent, subversif et bien déprimé, Fabien, tête à claques de 14 ans (redondance?), Fabien Bréckard, né le 4 janvier 1978 à Troyes, 5eB au moment des faits. Il a fait une connerie, le gosse, une grosse paraît-il…
Depuis, il vit dans un centre de repos (un asile psychiatrique) d'où il ne sortira que lorsqu'il aura raconté à sa psy le comment et le pourquoi de ses actions. La thérapie par l'écriture, pourquoi pas...
C'est lui le Champion du titre ? Non, Champion, c'est son loup imaginaire qu'il trimbale avec lui, espèce de ça ou de surmoi ou de double (la psychanalyse et moi…)
Bref, Fabien Bréckard doit écrire et, si possible, la vérité : il nous livre ainsi - et très très à contre-coeur, je vous l'avais dit que c'était un sale gosse hypersensible - sous la forme de six cahiers, le quotidien de ses dernières années dans son petit collège catholique, les copains timbrés, les profs lourdingues, ses parents distants et violents, l'internat refuge, les week-ends où on préférerait rester collé au collège plutôt que de se taper des claques ou des gueules de dix pieds de long en famille, les conneries à gogo… Il a l'esprit vif, le morpion, il comprend vite, pas besoin de lui faire un dessin. Il est lucide et son regard acéré sur la société le pousserait bien à renouveler l'exploit de cesser de respirer un peu plus longtemps que la dernière fois… Il finirait bien par y passer avec un peu de patience… Mais, il y a ce projet de partir en Amérique qui le tient en vie.
Que cherche-t-il dans le fond ? A nous éclairer VRAIMENT ou à nous perdre, nous tromper ? Nous apporte-t-il la vérité sur un plateau ou sème-t-il autour de lui des leurres dans lesquels on se prendra les pieds ? Sème-t-il des petits cailloux pour nous conduire sur la voie de la vérité ou pour nous égarer ? Aura-t-il les mots pour dire pourquoi ses parents ont eu une attitude pour le moins étrange à son égard… Hein, le poids de la culpabilité qu'on traîne et qui nous tue à petit feu... Il maîtrise la langue, le môme, justement où nous mène-t-il ?
Oui, c'est pêchu Pourchet (elle est pas belle, mon allitération?) : chaque phrase « pulse », claque, pique, pétille, le jeu de mots surgit, la bonne formule jaillit, on se dit qu'elle a l'esprit vif, l'autrice, du répondant, le sens de la répartie : elle m'épate, moi qui mets du temps pour tout, qui ai l'esprit de l'escalier et la fulgurance de l'escargot. Elle connaît les expressions des kids, leurs tournures, leurs tics de langage… Il y a un p'tit côté brut, direct, cash qui me plaît beaucoup. Un exemple, première page : « La saison, c'est l'hiver, le décor, on s'en fout.Une ville bâclée autour d'un fleuve marron... » On s'en fout peut-être de la description mais ça y est, elle nous l'a posée là, à travers deux adjectifs : « bâclée » et « marron ». Pas besoin d'aller plus loin, vous êtes chez Pourchet. « L'époque, c'est 1992, c'est assez ennuyeux, 1992. Je m'ennuie » (Tiens, ça me rappelle le style du Giono des chroniques, vous savez, Un Roi… Laissez, je suis assez obsédée par Giono, j'dis peut-être des conneries). Bref, c'est drôle, intelligent, rythmé, original, plein de sensibilité, ça en envoie pas mal, oui, ça décape…. mais mais mais, (fait chier d'être honnête - parce que je l'aime bien, Pourchet), allez, j'avoue, il a fini par me saouler un peu le Bréckard, je l'ai trouvé un peu longuet son récit, j'ai eu l'impression qu'on patinait un peu souvent dans la semoule. Franchement ? Pour moi, c'est l'histoire qui ne tient pas la route (sur 250 pages) et j'ai eu beau m'accrocher des deux mains à l'écriture, il m'est arrivé de frôler l'abandon… Aaahhh, je n'aime pas dire ça parce que c'est pêchu Pourchet, oui, j'avais tellement aimé Toutes les femmes sauf une…
Si, franchement, c'est bien Pourchet...
Et puis, allez, faites-vous votre avis et on en discutera, hein ?
Lire au lit, le blog
Maria Pourchet est sociologue de formation. Elle dispense des cours de sociologie de la culture à l’Université de Paris X Nanterre. Elle a enquêté, dans le cadre de ses missions, sur les pratiques de lecture, la prescription littéraire et la promotion du livre. Des enquêtes à l'écriture, il n'y avait qu'un pas que Maria Pourchet n'a pas hésité à franchir à plusieurs reprises. Champion est son troisième roman. Il a été publié chez Gallimard en 2015 et disponible depuis quelques mois en format poche chez Folio, que je remercie chaleureusement au passage.
Adolescent subversif et railleur, Fabien 15 ans, est placé dans un centre de soins pour adolescents. Parce qu'il en a assez de ses mensonges, son psychiatre, semblant croire aux vertus thérapeutiques de l’écriture, lui fournit cahiers et stylos avec pour consigne de raconter ce qui lui est arrivé l’année précédente. Fabien ne pourra quitter cet établissement que s’il raconte les événements qui l’y ont conduit.
Tout commence en février 1992. Fabien raconte donc son quotidien. Le pensionnat Notre-Dame de la convention, sa solitude, son insolence, ses heures de colle, ses week-ends de fils unique, sa famille décomposée, son manque d'amour. Tout ce qui le mènera à la délinquance. En moins d'un an, Fabien noircira six carnets.
Champion c'est le portrait d'un adolescent schizophrène par nécessité, en plein trouble, en plein deuil, qui s’invente des vies et des histoires pour survivre à une vérité insupportable. C'est avec verve, ironie et humour que Fabien noircit ses carnets à carreaux. Peu à peu il se révèle, se met à nu tout en veillant à retarder le moment fatidique, celui où enfin on comprendra ce qui a bien pu pousser ce garçon vif d'esprit, intelligent et clairvoyant dans ses retranchements.
Malgré la gravité du sujet, Champion n'est absolument pas un roman sombre. Il est à la fois bouleversant et incisif. Grâce à sa plume élégante et acérée, Maria Pourchet parvient à marier dramaturgie et ironie tout en préservant la sensibilité sincère et désarmante de son personnage principal qui malgré une désinvolture affichée, possède une acuité exceptionnelle pour croquer avec humour le monde qui l'entoure avec une bonne dose d’empathie et d’exaspération mêlées. Champion est un roman décapant dont il serait dommage de se priver.
https://the-fab-blog.blogspot.com/2020/02/mon-avis-sur-champion-de-maria-pourchet.html
J'ai eu un peu de mal à entrer dans le texte de Maria Pouchet, pas loin d'une cinquantaine de pages, et beaucoup de mal à en sortir. Entre temps, je me suis laissé prendre au ton, à l'humour noir et parfois douloureux, incisif et d'autres fois moins lourd : "Chez elle [Mamie], je peux dire des gros mots, en inventer, me taire, ça ne la dérange pas. C'est une personne qui voit toujours où je veux en venir. Elle rigole en permanence, pour rien, comme les gens qui savent à quoi ça ressemble quand il n'y a pas de quoi rire. Un repos. Toutefois, je ne vous souhaite pas qu'elle vous fasse un pull-over, déjà il va puer la Gitane et puis vous seriez obligé de le mettre. D'expérience, c'est quelque chose qui vous rajoute de l'exclusion sur celle que vous subissez éventuellement déjà. Cet après-midi, Mamie est sur un bonnet au point de blé pour mon cousin Paulin. Et c'est bien fait pour sa gueule à ce crâneur." (p. 56)
Mon avis très favorable, ce n'était pas gagné au départ, je ne suis pas fan des romans vus par des enfants. Mais Maria Pourchet trouve les mots justes, le bon tempo, sait ralentir au accélérer en fonction du message, des circonstances. Elle fait preuve également de beaucoup de talent pour nous raconter l'histoire de Fabien dont on sait qu'un événement douloureux l'a amené dans cette institution puis dans le centre de repos ; on n'apprend rien tant qu'il n'a pas décidé et réussi à le relater.
Le drame est enfoui, l'enfance déchirée, maltraitée et les adultes pas en meilleure forme. Mais malgré tout cela, le texte n'est pas noir profond, des lumières naissent. C'est aussi cela qui est bien dans ce livre, il n'est pas déprimant -bon, ce n'est pas non plus une anthologie de blagues. Les personnages créés par l'auteure vivent, évoluent sont presque visibles tant ils sont finement décrits.
Une belle découverte.
Je fais une pause dans cette rentrée littéraire 2019 pour m’offrir une séance de rattrapage avec « Champion », que m’a conseillé ma librairie fétiche ICI en la personne de Nina. Dans le mille, Émilie - si tu ‘appelais Émilie. Quel pied ce roman de Maria Pourchet ! Intelligent, drôle, dérangeant : ma sainte trinité de la lectrice comblée. Un roman sur la jeunesse brisée, l’impossibilité du deuil, le désarroi des parents et la folie, comme dernier refuge possible. Fabien est le héros, il n’est pas un adolescent comme les autres : « J’ai lu dans un magazine pour dames que l’odeur de l’enfance, c’était statistiquement la lessive, la confiture et le pain. Moi l’odeur de l’enfance, c’est le fioul. Je ne suis pas un exemple ». On ne saura qu’à la fin du livre pourquoi il s’invente un double, un loup qui mord à sa place, pour supporter le quotidien du pensionnat ou pire, les week-ends en famille. J’ai adoré sa foudroyante lucidité, son regard acéré, ses raccourcis déroutants, cette façon désopilante de mettre en boîte le genre humain. Un hymne à l’enfance écolière, « Les 400 coups », « les choristes » et « Diabolo menthe » sous l’emprise de la gnôle et du K2R. Et puis la tendresse qui affleure quand il parle de sa grand-mère et de ses manières surannées : « J’ai compris que c’était bien plus grave mais Mamie a dit « invitée à danser » parce qu’elle vient d’un temps où la langue française n’était pas là pour vous agresser. Il y avait déjà la guerre pour ça ». Un roman à tiroirs, qu’on fouille avec bonheur. Dédoublement du personnage, héros qui écrit un journal destiné à la psy et l’auteur qui taquine sa propre prose : « J’ai semé des cailloux sur la route. Non, c’est faux. Mais je ne sais pas comment écrire le sentiment d’abandon ». Et vous, vous l’avez lu ce petit miracle ?
Bilan :
https://animallecteur.wordpress.com/2016/08/11/champion-maria-pourchet/
Champion raconte la jeunesse difficile d’un adolescent durant laquelle un drame est survenu mais il faut s’armer de patience pour le découvrir. En effet, Fabien, décrit dans des carnets les événements qui l’ont conduits dans un centre de repos qui prennent parfois l’allure d’un journal intime. On assiste donc à la jeunesse de ce personnage hors du commun entre fantasme, aveux et digressions.
A travers son histoire dont on sait dès le début que ça va se finir sur un drame Fabien reste drôle, attachant, vif, touchant, il mène son lecteur là où il veut à travers la jolie plume pleine de mordant de Maria Pourchet. C’est à la fois un roman brut mais aussi très sensible dont le style parler de Fabien nous plonge au cœur de son histoire et on n’a pas d’autre choix que de lire ce roman jusqu’au bout.
Et puis « si ça se trouve tout le monde fait ça. Tue quelqu’un, court, trouve un endroit, dort », si ça se trouve Fabien n’est pas seul.
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