"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Ces instants-là » nous raconte la vie d’une jeune fille que l’on voit devenir femme et nous suivons l’histoire de cette jeune femme tout au long de sa vie dans ce pays du Grand Nord, la Norvège. Au fil des pages, elle nous fait partager ces instants de vie intenses, tristes mais également des moments de plaisir avec beaucoup de questionnements sur sa vie, des doutes mais également une belle réussite dans l’écriture laissant de côté une vie familiale.
Je n’ai pas réussi à rentrer dans cette histoire. Le style d’écriture m’a dérouté sûrement à cause du fait qu’il n’y ait aucun nom pour parler des différents personnages. Un livre sans beaucoup de rythme et je n’ai ressenti aucun attachement particulier pour cette femme qui pourtant à une vie difficile et qui a toute sa vie essayait de trouver un sens à sa vie, heureusement qu’elle trouvera grâce à la lecture et à l’écriture.
"Elle glisse en arrière vers ce qu'elle ne sait pas." Dès la première phrase, on sait qu'on entre dans un univers singulier que l'on découvre au fil des pages empreint de sensibilité et de poésie. Le style surprend le temps de quelques chapitres avant de s'effacer pour mieux laisser l'émotion affleurer. Par petites touches, comme un peintre, l'auteur dessine une vie, une femme, mais également un pays, une nature incroyablement présente et une atmosphère incomparable de Grand Nord.
Nous sommes au nord de la Norvège, sur la côte où les petits villages vivent au rythme de l'Express Côtier qui les relie les uns aux autres. Elle est une jeune fille solitaire dont on ne connaîtra pas le nom, un être sensible aux sentiments enfouis, à cause d'un secret, peut-être plusieurs sur lesquels rien n'est écrit noir sur blanc mais tout est pressenti. Une mère dévouée mais distante, un père haï. Très jeune, trop jeune pour devenir mère à son tour. Elle laisse son petit garçon derrière elle le temps de ses études. Se cherche, hésite, tâtonne. Ne sait pas à qui faire confiance. Écrit des poèmes. Se réfugie dans la lecture. Tient de longues conversations avec les héros de ses livres, avec leurs auteurs même parfois. Cherche dans la fiction des réponses aux mystères de la vie. Se marie. Non par amour (un concept trop éloigné) mais par conscience des convenances, pour tenter de se conformer à ce que l'on attend d'elle, de toutes les femmes en fait. Devient institutrice après avoir rêvé d'être peintre. Découvre la vie conjugale et par là-même la difficile réalité de la condition féminine. S'émancipe. Reprend ses études. Ose croire en ses chances... Devient un écrivain renommé dans son pays et au-delà. Continue à chercher, à tâtonner. S'autorise enfin à aimer et à être aimée.
Ce n'est pas tant l'histoire, presque universelle dans un sens que la manière de la livrer au lecteur qui suscite l'enthousiasme. Les phrases se frayent un chemin au plus profond des recoins secrets que nous avons tous en nous. Doutes, peurs, incompréhensions face au monde. Qui ne s'est jamais senti "à côté" ? L'auteur décortique les sentiments pour tenter de s'approcher au plus près de ce qui constitue l'essence même d'un être humain. Qui doit se battre pour exister et exprimer sa singularité.
En toile du fond il y a l'histoire de la Norvège, marquée par l'occupation allemande. Mais surtout, à tous les coins de page, une nature superbe, toute puissante qui contribue grandement à forger les caractères des femmes et des hommes qui la côtoient. Les couleurs du ciel flamboient, illuminent tels des feux d'artifice. On nage dans des lacs gelés, on affronte la nuit polaire, les nattes gèlent, ça sent la neige mouillée, les feux crépitent dans les cheminées.
Un magnifique roman, un très beau portrait de femme qui m'a donné envie de rattraper le temps perdu et de découvrir l’œuvre de cette auteure. La fin est poignante et, bien que pleine d'espoir, mieux vaut prévoir un petit mouchoir au cas où.
Plutôt qu'un roman, on pressent, puis l'on comprend très vite que le récit d'Herbjørg Wassmo est une autobiographie et que ces instants-là sont ceux de sa vie.
Nous sommes transportés au nord de la Norvège, la narratrice, bien que le récit soit à la troisième personne, revient sur les moments qui l'ont marquée et façonnée. Son enfance puis son entrée au collège, sa mère mutique, sa petite sœur souriante et ce père pour lequel elle n'éprouve que de la haine. Elle devient mère jeune – si jeune. Elle arrête ses études, puis les reprend pour devenir institutrice, elle se marie. Peu à peu, elle acquiert – conquiert cette confiance en elle qui lui faisait si cruellement défaut, grâce à ses lectures et, paradoxalement, à ses crises d'une forme d'épilepsie qui, loin de la fragiliser, l'aident à s'affirmer. Ces états hybrides où conscience et inconscient s'entremêlent lui confèrent une certaine force.
Envahie depuis toujours par une colère, une rage même, inextinguible, elle se tourne pour l'apaiser vers l'écriture, de poèmes d'abord, puis de romans. Elle devient une auteure reconnue, tout à la fois du milieu littéraire et du public. Mais se consacrer à l'écriture exige des sacrifices et fait naître parfois des questionnements douloureux...
Malgré le caractère très intime du récit, il y a dans l'écriture beaucoup d'exigence et de pudeur. Le style, assez nerveux et direct, n'en est pas moins bouleversant et fascinant, avec ces fulgurances d'écriture qui résonnent, ces ellipses tellement signifiantes, ces petits moments de grâce qui donnent une âme au récit.
Roman d'une (re)naissance, Ces instants-là modèle le portrait d'une femme qui se construit sur des failles, apprenant à s'affirmer et à renoncer, portée par les mots, trouvant dans la littérature un refuge et dans l'écriture une libération.
"Non. Ils sont dans l'instant. Maintenant. Sur ce point aussi, elle aurait beaucoup à apprendre. Mais serre les dents en acceptant tout ce qu'il faut faire. Laisse ses pensées errer dans le dédale de toutes les choses qu'il faut faire. Plus tard. Demain, en tout cas pas plus tard qu'après demain. (…) Un jour, se dit-elle, un jour j'aurai une pièce qui sera à moi. Je veux pouvoir fermer la porte. Je veux pouvoir dormir en paix sans que personne n'aille ou ne viennent. Je veux pouvoir penser des pensées sans être interrompue. Je vous pouvoir les écrire. La nuit comme le jour.
En un éclair, elle comprend qu'elle n'a pas l'habitude d'exprimer les sentiments par des mots. A moins que ce ne doive devenir de la littérature. Et cela n'a alors plus rien à voir avec elle. Dans la vie, elle n'a aucune hardiesse. A trop peur d'être rejetée."
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