Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Bois Sauvage, Mississippi, 2005. Esch a quatorze ans, un père désabusé et une fratrie bancale : Randall qui rêve d'échappée, Skeet et son pitbull, Junior, en mal de tendresse. Grandie trop vite sur une terre oubliée, enceinte, elle l'ignore mais dans dix jours, une tornade va frapper la Louisiane. C'est Katrina, la mère de tous les ouragans, qui telle Médée est venue semer la désolation...
Ode sublime à l'amour, à la nature et à la rédemption, Bois sauvage est un roman envoûtant, aux accents faulknériens, porté par un lyrisme sensuel et une grâce insensée.
Un souffle épique, une réflexion profonde sur ce qui fait une famille.
Une description de la misère des familles noires américaines qui vivent dans le plus grand dénuement.
Petit bémol : j'ai trouvé parfois le langage difficile à lire, peut-être lié à la complexité de traduire de l'argot américain.
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Bois sauvage -Jesmyn Ward
On a beaucoup parlé de Jesmyn Ward sur les blogs et sur Instagram récemment car elle vient de sortir un, très remarqué, nouveau roman. Comme j’essaie de ne plus acheter de grands formats, j’ai suivi les conseils du Picabo River Book Club et me suis plongée dans « Bois sauvage ». Malgré quelques difficultés à entrer dedans au début, j’en suis sortie complètement retournée. Autant vous le dire tout de suite, c’est un coup de cœur !
Bois sauvage, Mississippi, 2005. Une famille vit là, une adolescente, ses trois frères et son père. La mère, morte à la naissance du dernier enfant, a laissé un vide énorme en chacun. Randall rêve de s’échapper, de percer dans le basket. Skeet ne pense qu’à son pitbull. Junior suit partout ses aînés en quête d’affection. Le père, désabusé, montre peu de tendresse pour ses enfants et boit beaucoup trop. Esch, quand à elle, tente de trouver sa place et grandit trop vite. A quatorze ans elle se retrouve enceinte. Durant douze jours nous suivons cette famille alors que l’ouragan Katrina se préparer à frapper et à semer le chaos.
Le roman va crescendo. Les premiers chapitres sont assez lents et nous décrivent la vie quotidienne. On découvre le contexte dans lequel les personnages évoluent. Ils vivent dans une maison délabrée, au cœur d’une foret étouffante de chaleur et de moiteur. Loin de tout, ils n’ont accès à presque aucun soin médical. Les enfants sont plus ou moins livrés à eux-même. Alors que chacun vaque à ses occupations et poursuit ses objectifs, le père seul prend la mesure du danger qui menace. Il exhorte ses enfants à protéger les fenêtres et à faire des réserves. Mais ici les tornades reviennent chaque été et ne font plus peur aux enfants. Les adultes seuls se souviennent des plus dévastatrices. Plus l’ouragan se rapproche plus le rythme s’intensifie et plus le roman gagne en force.
L’histoire nous est racontée par Esch, la langue est directe, parfois crue. Elle évolue dans un monde d’hommes et a pris l’habitude de cacher ce quelle ressent. En manque d’affection, elle cherche auprès des amis de ses frères un peu de chaleur. Depuis la mort de sa mère, c’est Randall et elle qui font tenir la maison. Tout au long du livre elle évoque le souvenir de sa mère, ses mots ainsi que ses gestes. Il y a un grand vide en elle. Quand elle apprend sa grossesse elle décide de la cacher. Elle camoufle son ventre sous de longs T-shirts et dissimule ses malaises et ses nausées. Elle est passionnée de mythologie grecque et évoque régulièrement le mythe de Médée et Jason comme un écho à sa propre vie.
Si les relations entre les personnages semblent au début âpres et violentes, au fil du récit on voit percer l’amour. Ce sont des gens taiseux, qui n’expriment pas ce qu’ils ressentent. Alors un geste, un mot, un regard suffit à montrer son amour, sa confiance. Le lecteur devine les relations et les liens qui les unissent et au détour d’une phrase l’émotion surgit.
J’ai lu les derniers chapitres en apnée. Quand Katrina arrive et dévaste tout, le roman prend un autre souffle. Le texte gagne en puissance, en force et fait basculer les personnages et le lecteur dans le chaos. Face à la violence des éléments, l’humanité réapparaît et les liens familiaux se resserrent. La fratrie se soude, tous en ressortent grandis comme lavés d’une part de leur obscurité. Il faut désormais reconstruire, inventer la suite. Une lueur d’espoir née au cœur de la désolation.
Je comprends désormais l’enthousiasme qu’a pu suscite Jesmyn Ward et il est certain que je lirai d’autres livres d’elle. Elle a une écriture magnifique et une façon de raconter très sensible.
A « Bois Sauvage » une famille noire vit sans autre éducation que celle donnée, un peu par l’école, beaucoup par la vie ; Et la vie n’est pas tendre avec eux. Une mère morte trop jeune en accouchant du petit dernier, un père toujours ivre, des frères, des copains, des animaux…. tel est le quotidien d’Esch, jeune adolescente de 14 ans. Les copains à qui elle ne se refuse pas car il est « plus facile de laisser faire que de lui demander d’arrêter, plus facile de me faire prendre que de le repousser, plus facile que de l’entendre répéter : « Mais pourquoi » Me taire et accepter plutôt que répondre. » Et puis, il y a Manny qu’elle aime mais qui abuse de son corps sans lui rendre son amour…. Elle tombe enceinte !
N’allez pas penser qu’elle est malheureuse, perverse ; elle n’en a pas le temps, toujours à essayer de vivre. Ils forment un vrai clan, les frères et la sœur, un clan soudé avec quelques accrocs, mais toujours présents. La lecture d’un livre sur la mythologie est le seul refuge d’Esch.
Comme si cela ne suffisait pas, Katrina va arriver, le père le sent…… tout le monde doit travailler à consolider la misère jusqu’au dernier instant.
Le style de ce livre est heurté, la violence sourd de partout. Les phrases pètent, le vocabulaire est direct voire cru. Ce livre n’est pas misérabiliste pour autant ; Au détour des pages, il y a des moments de tendresse, de poésie, d’humanité. Esch est si attachante dans son animalité naïve et sa grande intelligence de la vie.
La quatrième de couverture compare Jesmyn Ward, entre autres grands littérateurs du sud, à Harper Lee. Je préfère nettement ce livre qui est plus animal, plus viscéral à « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur ».
Pour toutes ces raisons, j’ai vraiment aimé ce livre. Jesmyn Ward a beaucoup de talent et je comprends qu’elle ait obtenu National Book Award en 2011. Un bon coup de cœur.
Esch, la jeune narratrice du livre et le reste de sa famille se prépare doucement à l'arrivée de l'ouragan dévastateur prénommé Katrina. Esch est entourée de beaucoup d'hommes : son père Claude, bien porté sur l'alcool, qui dirige les préparatifs pour leur survie durant la tempête; Randall le frère aîné, joueur de basket blessé; Skeeter, le frère qui ne vit que pour sa chienne China et enfin Junior qui n'a jamais connu leur mère, morte à sa naissance.
Esch évolue parmi cette famille d'hommes et a parfois du mal à trouver sa place...surtout que pour elle, il va y avoir du changement dans sa vie de femme...
La narratrice alterne le présent et les souvenirs. On sent que la perte de leur mère et épouse a fracturé cette famille du fin fond de l'Amérique. Esch évolue parmi eux et se réfère souvent à la mythologie dont elle semble passionnée.
Alors que les premiers chapitres mettent en place les différents personnages et leur vie quotidienne, les deux derniers chapitres se déroulent à vivent allure. En effet, Katrina est là et permet aux membres de cette famille de se rapprocher. L'entraide et les liens familiaux ressortent alors. Comme on le dit souvent, il y a toujours du positif dans le malheur !
Le fil rouge du livre est bien sûr l'arrivée imminente de l'ouragan Katrina. Les ouragans étant monnaie courante dans ces régions d'Amérique, les personnages au début de l'oeuvre ne s'affolent pas, sauf le père bien sûr ! Cette trame est mise en avant de plus en plus au fur et à mesure de la lecture. Du coup le lecteur peut s'intéresser davantage aux personnages, celui d'Esch surtout puisque l'on connaît toutes ses pensées et ses actes. J'ai trouvé que l'auteure mettait également beaucoup en avant Skeeter et sa chienne China, qui devient un membre à part entière de cette famille.
Bref, l'histoire d'une famille détruite et éparse qui grâce à une forte intempérie se rapproche et s'entraide. Je suis d'ailleurs rentrée réellement dans l'histoire vers la fin de l'oeuvre lorsque Katrina entre en action.
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