"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Black Manoo, junkie abidjanais débarque à Orly et découvre Paris avec des yeux émerveillés.
Il se rend à Belleville pour retrouver un ami devenu chanteur, mais nulle trace de l'ami.
Sans papiers, il vivra de squat en squat , de débrouilles en magouilles dans la communauté africaine de Paris.
Un style vivant et parlé.
L'auteur décrit bien le milieu des immigrés africains.
C'est un peu fouillis et confus et pas facile de se retrouver dans tous les personnages.
Un roman sociétal réaliste et chaleureux.
Black Manoo débarque en France dans les années 90. Ivoirien accro à la drogue et sans papier, il a des étoiles plein les yeux d'être arrivé à Paris et des rêves plein la tête lorsqu'il entend les jolis noms des quartiers parisiens: Belleville, Porte des Lilas... mais il déchante très vite... Encore qu'il a vécu pire avant de poser ses valises ici et ce n'est pas le squat dans lequel il crèche qui va l'effrayer.
Il rencontre des personnages atypiques, haut en couleur, des marginaux comme lui, et quelques-uns qui ont su être malin... Comme Karol mère célibataire de cinq enfants, qui lui explique les subtilités de l'adminisitration française et bien entendu ses failles!
Ensemble, ils décident d'ouvrir une épicerie africaine, cachant dans le fond du local un bar clandestin...
Tout le long de la lecture, on suit les aventures de Black Manoo, homme au costume aussi élégant qu'il est original et l'on découvre avec lui la vie des sans papiers, on croise des prostitués asiatiques surnommées "les tlenteulos" ( trente euros), on découvre les inimitiés entre les bancs et les noirs dans les squats, on écoute les embobineurs et on fait connaissance de petits escrocs, Moussa, Kley, Amy, Achillone... Ils vivent tous de débrouille et peu importe si les choses sont légales ou pas, tout est bon pour survivre...
Les chapitres sont courts et le rythme effréné, à aucun moment on ne s'ennuie, bien au contraire, on est étourdie par cette vie bruyante mais cachée, faite d'éclats de rire derrière lesquels se cache tristesse et désillusion.
J'ai vraiment aimé cette lecture, rythmée au style incisif et à l'humour mordant, à l'autodérision et à la vivacité qui emmène le lecteur dans des quartiers haut en couleurs et riche en diversité ethnique, remplis de rires et d'entraide malgré la misère et la débrouille qui y règnent.
J'ai ri et craint avec eux, j'ai souri et eu le cœur serré aussi. J'ai aimé suivre ces personnages dans cette version de Paris que je ne connais pas. J'ai aimé ce langage poétique et chantant.
Une très belle découverte, d'un auteur que je ne connaissais pas.
Découverte fort agréable de cet auteur dont j’avais beaucoup entendu parler, notamment pour « Debout-payé ».
Transportons-nous à Belleville dans les années 90. C’est là que débarque l’Ivorien Black Manoo qui voyage avec un faux passeport. Sésame qui lui sera repris à son arrivée à l’aéroport par son passeur afin qu’il puisse servir à d’autres !
Black Manoo ne connaît personne en France mais il va vite être intégré dans un squat où vivent au rez-de-chaussée les clochards, au premier des familles venues de différents pays africains et au dernier étage des blancs.
Il va découvrir comment fonctionne ce petit monde de la débrouille et toutes les combines :
« Dans ce pays, sauf exception, l’Africaine accède aux papiers puis au logement social par le statut de mère, puis de mère isolée. On ne la reconnaît qu’en tant que matrice à fabriquer de l’enfant français. Alors, toutes les « sistas » font dans l’immaculée conception. Leurs grossesses n’ont jamais de père (…) Les pères eux doivent faire le contraire : père aimant. Pas de séjour si tu ne peux pas prouver que tu t’occupes de tes enfants. »
Black Manoo découvre la vie d’un sans-papiers et les pièges à éviter pour ne pas se faire contrôler.
Dans le bar-restaurant clandestin qu’il ouvre au fond d’une boutique, il constate les comportements des différentes communautés qui le fréquentent : » Un blanc dans ton bar, il entre avec toute la France. Il est seul avec vous, mais il est la majorité écrasante. Avant même qu’il le sache, vous lui avez donné le pouvoir. Vous vous rangez inconsciemment du côté des perdants de l’histoire. Le racisme, c’est ça aussi, le triomphe des mythes du groupe dominant. »
Gauz décrit de façon très réaliste les moyens de survie de tous ces gens qui ont dû quitter leur pays pour raisons économiques ou politiques comme Black Manoo. Il n’y a ni caricature ni misérabilisme dans son texte, bien au contraire : beaucoup d’humanité et d’humour.
Il y a les romans racés, pointus, ceux que l’on salue pour leurs évidentes qualités littéraires, leur langue époustouflante, leurs références sans faille, leur structure soignée, bâtie au cordeau, et puis, il y a ces textes déroutants, jetés comme en vrac sous les couvertures par une plume qui ne s’embarrasse pas des préjugés de noblesse ou de qu’en dira-t-on que l’on croit trop souvent inhérents à la Littérature avec un grand L, ces livres un peu foutraques dans lesquels on s’aventure avec une légère angoisse tant ils semblent loin, très loin, de l’idée que l’on se fait d’un roman, quoi, un truc un peu construit, avec des repères…repérables, des codes d’écriture, en un mot, des règles, non mais sans blague ! Et voilà que l’on se surprend à les aimer ces romans qui ne respectent rien, ces personnages tombés comme un cheveu sur la soupe, ces histoires sans véritable queue ni tête, aux antipodes de nos lectures habituelles, ces bouquins sales gosses qui nous bousculent sans ménagements et qui remplacent très avantageusement les bonnes manières par une attachante énergie.
Ainsi en est-il de Black Manoo dont l’auteur, Gauz, avait déjà suscité surprise et enthousiasme avec ses deux premiers romans, Debout-payé et Camarade Papa, sans que j’aie pris le temps le temps de m’y pencher…voilà un oubli réparé grâce à la sélection du Prix du Meilleur Roman Points. Suivre Black Manoo dans ses déambulations d’Ivoirien fraîchement débarqué dans le Paris des années 90, c’est pénétrer à sa suite dans les coins d’ombre de la Ville Lumière, c’est marcher sur le fil ténu de la légalité, passer l’épreuve du sevrage, pousser les portes des squats, c’est user d’une entrée dérobée ouvrant sur une cuisine aux saveurs d’ailleurs, c’est être accueilli par ceux dont on ne veut pas, ceux que l’on ne voit pas. C’est un peu foutraque, un peu le bazar, souvent bizarre, ça crie fort, ça rit plus haut encore, c’est parfois grandiloquent, parfois juste sublime de poésie, mais ça vous embarque malgré vous dans une histoire qui vous devient familière et chaleureuse, si chaleureuse que vers la fin, lorsque vos yeux deviennent humides, vous n’êtes même pas surprise…
Reconnaître Paris à travers les yeux de Black Manoo, c’est comme chercher l’original dans un tableau de Picasso ou imaginer la carte postale dans un tableau de Derain. Tout y est différent de la ville que l’on connaît. Les gens sont différents, les lieux nous sont inconnus, les couleurs, les mots, les sons sont animés d’une vie que même la précarité et la pauvreté ne parviennent pas à assombrir.
Ivoirien, enrôlé de force pour se battre en Lybie, Black Manoo, de retour à Abidjan, il fait un séjour en prison puis sombre dans l’héroïne. Accumulant les dettes et menacé, il se voit contraint de quitter son pays et débarque en France dans les années 90, avec de faux papiers et plein d’espoir.
De squatts en logements précaires, il finit par louer un local à Belleville avec son amie Karol, pour en faire une épicerie de produits africains l’Ivoir Exotic, qui cache un bar clandestin dans son arrière salle, derrière la porte qui lui donne son nom, le Sans Issue.
Dans un mélange multiculturel, la communauté des sans-papiers s’organise autour de ces lieux de rencontre, vivant de petits boulots au noir et mélangeant leurs coutumes ethniques aux mœurs parisiennes.
Cultivé et imprégné de l’histoire de France, Black Manoo se voit comme un Jean Marais dans Le Gentleman de Cocody, son film culte, et il en faudra beaucoup pour lui faire perdre son humour et son optimisme.
Ce roman est un coup de poing pour moi, parisienne persuadée de savoir tout de cette ville. J’y ai découvert un autre monde qui est parvenu à se faire une place, là, devant mes yeux tellement fermés qu’ils n’en ont jamais rien vu.
Gauz nous offre un étonnant voyage à l’autre bout du monde sans quitter la capitale et ses personnages, hauts en couleur et débordants d’inventivité, sont un incroyable exemple d’adaptation à une société qui les rejette. On ne sort pas indemne de ce court roman.
Je n'ai pas lu Camarade Papa, je n'ai pas lu debout-payé mais ça y est j'ai lu Gauz avec Black Manoo ! Et le voyage entre Abidjan et Paris fut des plus agréables.
Black Manoo débarque à Paris avec un visa d'affaire falsifié. Il erre dans Belleville et dans ses pas on rencontre toute une galerie de personnages : des immigrés comme lui, des sans papiers, des dealers et des consommateurs, une tenancière de bar clandestin, des vieux anars, des musiciens et même un authentique bougnat.
Ces chroniques parisiennes d'un ancien junkie Abidjanais nous plongent dans les quartiers populaires. Dans une succession de courts chapitres comme autant de saynètes on oscille entre fresque sur l'immigration africaine et radioscopie du Belleville des années 90. Black Manoo pose un regard qui transcende la question de la couleur de peau pour raconter les invisibles. On sent derrière tout ça un ton caustique, plein d'humour avec un style d'une inventivité réjouissante. Jolie découverte.
Une femme floue fait l’avion par terre. Traduction : une femme pas très jolie est complètement ivre. J’ai toujours adoré la manière dont les Africains réinventent la langue française. De ces trouvailles, Black Manoo est truffé. Les agents de la RATP sont appelés les « Cetelem » parce qu’ils sont verts. Les putes chinoises qui font des passes à 30 euros sont des « tlenteulos ». On cuisine le poulet bicyclette (poulet élevé à l’air libre et non en cage) de toutes les manières mais la spécialité de Black Manoo reste le cou-cravate (cou de poulet avec une patte dedans…)
Black Manoo est une figure de la communauté africaine de Paris, là où les Ghanéens se moquent des Nigérians et réciproquement mais pourvu qu’un blanc passe par là, et la fierté noire calme les esprits batailleurs. C’est bien de se mélanger, de ne pas trop se regarder le nombril. Black Manoo leur a dit : « faut pas trop rester entre vous, sinon vous devenez cons ». Black Manoo vent de la drogue, ouvre un restaurant, fait le jardinier, pardon le paysagiste (parce que les métiers « ier », ça pue la misère). Bref, il se débrouille. Il y a les femmes qu’il séduit et celles qu’il entretient. Des femmes qui en bavent après des grossesses à répétition (« Ses années de nécessité ont enterré toute légèreté, habillé l’urgence en modèle ») mais qui ne perdent jamais leur sourire. Elles portent la culotte et le squat à bout de bras boudinés.
Entre combines et maraboutages, la vie de Black Manoo, le gentleman de Cocody, se termine dans la douleur parce que la morphine n’a pas d’effet sur les camés. Le crabe l’emporte. Les lettres d’adieu à ses amis sont émouvantes, comme un dernier rappel de ces acteurs hauts en couleurs qui font la chair et le ciment de ce roman foutraque.
Bilan :
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