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Ellen vient d'avoir onze ans. Elle a prié Dieu pour que son père meure, elle a souhaité de tout son coeur qu'il disparaisse et qu'il cesse de venir à la maison. Ses parents étaient divorcés mais les visites de son père alcoolique, colérique, se faisaient de plus en plus menaçantes. Avant cela pourtant, la famille avait été heureuse, sa mère était l'une des comédiennes les plus célèbres de Suède. Puis son père avait changé et elle avait commencé à prier.
Son père est mort. « C'est de ma faute » avait-elle immédiatement pensé, son souhait le plus cher s'était réalisé. Depuis ce jour elle ne parle plus. Personne n'entend le son de sa voix, elle s'est murée dans le silence. Son frère s'enferme lui aussi - dans sa chambre dont il cloue la porte pour que personne n'entre - alors que sa mère répète à longueur de journée que leur famille est lumineuse. Comme pour faire revivre un passé glorieux, lorsque sa fille venait assister à ses spectacles et qu'elle l'applaudissait quand elle déclamait sur scène : « Bienvenue en Amérique ».
Enfermés dans la tête de la jeune narratrice muette, nous assistons fascinés et impuissants au drame familial. Linda Boström Knausgård installe une atmosphère étrangement sombre et lucide, qui confère toute sa force au texte. Elle donne surtout vie à une enfant dévastée par la culpabilité qui parvient, malgré tout, à trouver un refuge dans ses souvenirs les plus lumineux...
"Nous étions une famille lumineuse" voila le leitmotiv de la mère pour ce très court roman un peu dérangeant. Mise en scène du vase clos d une famille brise par des années de violences suscitée par la décompensation du père et sa mort. Une histoire contée a travers les yeux d une enfant presque ado qui ne sait plus comment vivre avec les autres. Des passages très prenant. Une belle compréhension et description de l âme humaine dans toutes ces contradictions. Un petit je ne sais quoi qui a manque a ma lecture pas tout à fait comblée.
Ellen, une enfant de 11 ans, ne parle plus depuis le décès de son père. Elle a tant désiré sa mort !
Elle avait peur de lui et de sa folie destructrice, Ellen a tellement souhaité qu’il meurt.
Ses prières ont-elles été entendues ? Est-ce de sa faute ?
Elle bascule alors dans le mutisme suite à la mort de son père.
Une réalité difficile à accepter, un choc dont elle n’arrive pas à surmonter, surtout qu’elle sent toujours sa présence. Même qu'il apparaît régulièrement chez elle, dans sa chambre où il vient la voir, lui parler !
Il n’est jamais loin…
Entre la culpabilité et la douleur, elle survit dans un environnement familial où elle ne se sent pas comprise où la violence est permanente.
Elle bascule dans le silence, où seulement ses pensées ont le droit de s’exprimer à l’intérieur de sa tête.
Une famille à l’équilibre précaire, fragilisée par des traumatismes antérieurs, cette fillette en souffrance a trouvé ce seul moyen pour se protéger.
Un court roman poignant sur le traumatisme d’une enfant de 11 ans.
Malgré un sujet grave, l’auteure écrit d’une manière très poétique, mariant la justesse des mots et l’authenticité des sentiments qui touche forcément le lecteur.
Un bémol pour la fin de l'histoire qui m'a échappée et le titre du roman qui me laisse toujours perplexe.
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.com/2018/08/fils-du-feu-mille-petits-riens-poupee.html
Lien : https://www.livresselitteraire.com/2018/06/bienvenue-en-amerique-de-linda-bostrom-knausgard.html
Ellen ne parle plus. Muette. Son père est mort. Elle l’a souhaité tellement fort. Une prière adressée à Dieu. Concrétisée. Et depuis, Ellen s’est enfermée dans un mutisme profond. Une protection, une carapace, une culpabilité qui ronge. Mais un vide aussi, qu’elle ne parvient pas à combler.
Ellen voit les murs de sa chambre bouger. Trembler. Et ce n’est pas seulement à cause de la musique de son frère dans la pièce d’à côté. Non, les murs l’écrasent. Alors de ses petits bras elle tente de les repousser quand les pensées sont trop fortes. Trop présentes. Trop.
Les yeux clos, le père revient, il erre. Souvent, trop souvent. Ce père qui de son vivant était devenu menaçant, violent, alcoolique. Il lui parle. Un mort qui parle et une vivante qui se tait…
Ellen a 11 ans et est désormais une enfant solitaire. La petite muette. De cette famille lumineuse, il ne reste que quelques éclats auxquels elle s’accroche quand elle ne pense pas au pire, quand elle ne triture pas les souvenirs. Sa mère, son tout, celle pour qui elle prie chaque soir, ne comprend pas mais s’en accommode. Sa famille est lumineuse. Une lumière aveuglante, comme lorsqu’elle est sur les planches, l’empêchant de prendre conscience que son fils devient un adolescent colérique, et que la décision prise par sa fille semble être irréversible.
Ellen observe mais n’ouvrira pas la bouche. Même si le désir est là. Même si dans ses rêves elle sait encore parler. Non, elle ne cèdera pas à la promesse qu’elle s’est faite.
Avec une mélancolie profonde et une poésie épurée qui danse, virevolte et vous enveloppe dès la première page, Linda Boström Knausgård parle de ces drames, de l’enfance, des questionnements, des éclats. Elle dépeint ce qui brûle au-dedans, ce qu’on ne sait parfois pas exprimer. Le branlant, la douleur. Le cœur au bord de l’implosion. Les larmes au bord du précipice. Les ténèbres et combats intérieurs dans la lumière extérieure.
Bienvenue en Amérique est un de ces romans qui bouleversent l'être dans son entièreté, un roman impossible à quitter, à refermer tant les mots choisis sont d'une beauté folle. Des mots tristement beaux. Des mots purs, élégants. Des phrases concises qui vous enserrent le cœur. Des enchaînements de mots à vous en coller des frissons. Alors on le lit, on le relit inlassablement. On y met des post-it à pratiquement chaque page, comme un automatisme. On finit même le paquet et on court en racheter. Et puis on le pose aussi, avant de le reprendre, parce qu'il oblige à souffler un grand coup si on ne veut pas vaciller pendant que les souvenirs se dessinent et se transposent.
Il m’a été difficile de me relever de cette lecture qui m’a à la fois éblouie et mise K.O (je me demande d’ailleurs si je me suis relevée). M’immiscer dans la tête de cette petite fille de onze ans qui ne dit mot mais qui se confesse à nous, lecteur ; qui sombre, cherche un sens à tout ça, qui tente – en vain – d’entrevoir un avenir ; entendre sa voix, sentir que ça bat encore dedans (parce que ça bat toujours), que ça cogne même, violemment m’a profondément secouée. Elle s’est insinuée en moi, sans que je n’en prenne immédiatement la mesure. Sans que je ne comprenne immédiatement l’importance de ce texte qui contenait l’indicible.
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