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Un récit à la première personne d'une auteure qui a effectué plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, entre 2013 et 2017. Nous sommes en Suède et dans ce pays, les malades subissent encore les électrochocs. Ce traitement a évidement des effets secondaires et en particulier des pertes de mémoires.
L'auteure parle avec beaucoup de délicatesse de son ressenti face à cette situation et comment vivre sans souvenirs, que ce soient des souvenirs personnels ou des souvenirs plus généraux. de plus, quand on est écrivaine de textes romanesques.
Ce beau titre, "fille d'octobre" renvoie à son mois de naissance, mois d'automne, et une saison qui peut être difficile, pas tout à fait l'hiver mais des journées plus sombres. C'est aussi une référence à la révolution d'octobre car jeune fille, l'auteure se voyait bien comme une pionnière.
La narratrice va essayer de faire remonter ses souvenirs, et pourquoi elle est là. Elle parle très bien de cette introspection, sa vie de jeune fille, fille d'un père "borderline", d'une mère comédienne, très souvent absente. Sa vie d'adolescente qui se cherche, d'amoureuse indécise, Sa vie de mère avec des rapports distendus avec ses enfants. Sa vie d'auteure de poèmes, de romans.
Elle décrit très bien aussi le quotidien dans ce service, les rapports avec les médecins (peu de dialogues avec eux et d'ailleurs elle en change souvent), les aides soignants (plus humains et qui échangent avec elle, une infirmière qui la booste, un aide soignant qui l'"oblige" à déambuler avec lui dans les couloirs..) et les autres patients. Elle parle très crûment, directement de ces traitements et de ces électrochocs qu'elle subit dans "l'Usine" et les moments d'après. Est ce que cela est vraiment efficace ?
Un autre texte lu récemment, "le fumoir" de Marius Jauffret, avait la même thématique et les deux textes se répondent sur cette façon d'essayer de comprendre, de soigner des mal êtres.
J'ai apprécié ce texte malgré ce sujet difficile, ses descriptions, si réalistes (on est avec elle dans les couloirs, sur ce lit en attente des branchements électriques), mais aussi les lueurs d'espoirs, d'après. J'ai aussi aimé son rapport à la lecture et à l'écriture.
Un texte déstabilisant, percutant mais je ne regrette pas cette lecture.
Filledoctobre #NetGalleyFrance
Linda Boström Knausgård est née en octobre, le quinze du mois. Auteure de nouvelles, poèmes et d’un roman, paru en 2018 chez Grasset également, elle publie là un texte assez déstabilisant, qui ne rentre dans aucun des genres littéraires précédemment cités : plaidoyer, témoignage, confession, journal intime, on ne sait pas vraiment sous quelle forme définir ce texte. Mais là n’est pas le plus important. Le fait est que Linda Boström Knausgård souffre et que personne n’a trouvé d’autres moyens, dans ce qui compose le monde de la psychiatrie suédoise, pour la soulager que de lui infliger des décharges électriques dans le cerveau. Dans Fille d’octobre, Linda Boström Knausgård rappelle que son pays reste celui où cette méthode est le plus utilisé, là où elle a été interdite, en Italie, ou utilisée que très rarement, aux Etats-Unis. En ce qui concerne la France, j’ai essayé de trouver des chiffres sur sa pratique, j’en ai trouvés et ce ne sont pas des statistiques rassurantes : les électrochocs sont effectivement encore une pratique d’actualité et entre 2010 et 2016, le nombre d’actes n’a fait qu’augmenter si l’on se réfère aux chiffres communiqués par l’assurance-maladie.
On finira par apprendre, au détour d’une anecdote relative à l’un effet secondaire des volts que son cerveau s’est vu administré, à travers l’expression ses « yeux bipolaires », du mal qui ronge l’auteure. L’électroconvulsivothérapie est encore utilisée pour traiter certains malades que le système hospitalier n’arrive plus à gérer autrement. Le texte de Linda Boström Knausgård raconte ces séances, ou du moins ce qu’elle en perçoit, puisqu’elle est sédatée et n’a heureusement pas moyen de s’en souvenir, au sein de l’établissement, qui ressemble à tout sauf à un hôpital, il raconte son passé, la vie familiale chaotique qui était la sienne entre des parents instables, son mariage qui n’a pas tenu le choc de la maladie et surtout la forte culpabilité qu’elle ressent vis-à-vis de ses enfants. Et peut-être même cette culpabilité-là qui la sauve dans ce désir de devenir une meilleure mère.
C’est un texte dur, le flux de pensée d’une écorchée vive, qui peut toucher les peurs les plus profondes d’un lecteur, d’autant plus que si l’on a côtoyé la dépression de près ou de loin. Et c’est dramatique parce que les seules personnes à peu près saines d’esprit auxquelles l’auteure a pu se raccrocher à un moment de sa vie, son beau-père, son époux, n’en font plus partie. La maladie mentale apparaît comme une fatalité, un héritage maudit, un hôte indésirable qui a envahi chaque parcelle de sa vie, un parasite qui lui pompe l’énergie vitale, le moral, son sang. Et si la tension électrique est le recours ultime à son mal-être, l’état de détresse qui est le sien est palpable, c’est typiquement le genre de texte avec lequel j’ai beaucoup de mal à prendre du recul, cette sensation de malaise, de mal-être, est constante. Mais la lecture de ce texte est aussi surprenante, car l’auteure parle avec une grande lucidité de sa maladie et de ses ravages sur elle-même, sur son entourage. Et au milieu de tout cela, il y a ces soignants, infirmières et infirmiers, les rares figures d’attachement, vague ersatz de cellule familiale, Maria, Aalif, Charlotta, Zahid, rares figures humaines qui arrivent à s’accommoder et à passer outre la chape de plomb de la maladie.
L’écriture est à vif, comme les blessures de celle qui évolue dans ce qu’elle appelle « l’usine », qui semble être tout sauf un lieu de soin et thérapeutique : son cerveau électrisé a tout de même enregistré la farandole de corps brancardés et inconscients, à portée de vue de chacune et chacun alors même qu’ils sont dans un état de vulnérabilité totale. La déshumanisation est entière, et l’on se demande quand même comment il est possible de remettre sur pied les psychismes en miette des patients alignés à la chaîne sur le point d’être court-circuités : pour un peu que l’on s’y penche, on apprend que les impulsions électriques ont pour but de déclencher des crises d’épilepsie. Ni plus, ni moins que si l’on devait rebooter un ordinateur, elle évoque d’ailleurs cette image plusieurs fois. Et forcément, la mémoire en pâtit, et des pans de l’existence de l’auteure partent dans les limbes de son oubli, et elle s’accroche davantage au seul lien qu’il lui reste encore, celui de ses enfants.
Détruire pour soigner, ça reste tout de même un drôle de concept de ce qui est à la base une démarche thérapeutique. Quand on sait que la lobotomie n’a même pas été interdite en France, même si elle n’est plus pratiquée, et pratiquée encore dans certains pays, il conviendrait peut-être de se poser la question de la question du respect du patient. L’auteure a été internée contre sa propre volonté, et au-delà de cette question de renoncer à la traiter comme un être doté d’un pouvoir décisionnaire, l’auteure démontre la douleur physique qui est la sienne quand il faut qu’elle se fasse piquer, et l’humiliation d’être réduite à un corps et à un cerveau malades. C’est ce qui ressort de ces retours dans le passé, avec une mère et un père qui ont eux-mêmes disjoncté depuis longtemps.
La fin de ce texte laisse entrevoir une lueur d’espoir, un espoir de sérénité à venir, en tout cas, on l’espère de tout cœur pour elle que cette torture électrique ait été bénéfique quelque part. Il est en tout cas la preuve que le traitement qu’elle a subi n’a pas totalement annihilé son goût et son don pour l’écriture. J’imagine que ce fut peut-être pour elle un défi pour reprendre la main sur sa vie que de mettre en mots ce témoignage adressé aux autres, texte pour elle-même, afin de graver définitivement sur le marbre les souvenirs de cette parenthèse de sa vie, pour lutter contre les effets destructeurs de la thérapie.
"Nous étions une famille lumineuse" voila le leitmotiv de la mère pour ce très court roman un peu dérangeant. Mise en scène du vase clos d une famille brise par des années de violences suscitée par la décompensation du père et sa mort. Une histoire contée a travers les yeux d une enfant presque ado qui ne sait plus comment vivre avec les autres. Des passages très prenant. Une belle compréhension et description de l âme humaine dans toutes ces contradictions. Un petit je ne sais quoi qui a manque a ma lecture pas tout à fait comblée.
Ellen, une enfant de 11 ans, ne parle plus depuis le décès de son père. Elle a tant désiré sa mort !
Elle avait peur de lui et de sa folie destructrice, Ellen a tellement souhaité qu’il meurt.
Ses prières ont-elles été entendues ? Est-ce de sa faute ?
Elle bascule alors dans le mutisme suite à la mort de son père.
Une réalité difficile à accepter, un choc dont elle n’arrive pas à surmonter, surtout qu’elle sent toujours sa présence. Même qu'il apparaît régulièrement chez elle, dans sa chambre où il vient la voir, lui parler !
Il n’est jamais loin…
Entre la culpabilité et la douleur, elle survit dans un environnement familial où elle ne se sent pas comprise où la violence est permanente.
Elle bascule dans le silence, où seulement ses pensées ont le droit de s’exprimer à l’intérieur de sa tête.
Une famille à l’équilibre précaire, fragilisée par des traumatismes antérieurs, cette fillette en souffrance a trouvé ce seul moyen pour se protéger.
Un court roman poignant sur le traumatisme d’une enfant de 11 ans.
Malgré un sujet grave, l’auteure écrit d’une manière très poétique, mariant la justesse des mots et l’authenticité des sentiments qui touche forcément le lecteur.
Un bémol pour la fin de l'histoire qui m'a échappée et le titre du roman qui me laisse toujours perplexe.
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.com/2018/08/fils-du-feu-mille-petits-riens-poupee.html
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