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A l'école, personne n'aime Nejma. Elle est nulle, méchante, moche et mal habillée. En plus, elle crache par terre. Mais on ne lui dit jamais rien, parce que tout le monde sait qu'il ne faut pas pousser à bout une personne qui n'a rien à perdre.
Aussi, le jour où Jonathan Suyckerbuck, grand amateur de catch, est retrouvé inconscient derrière la porte de la cantine, c'est Nejma qu'on accuse. Elle a beau se défendre, personne ne la croit. Mais Nejma n'est pas aussi seule qu'elle veut bien le croire.
Au tour de son voisin et ami Raja, de faire quelque chose pour Nejma, elle qui l'a toujours protégé.
La bande dessinée s’ouvre sur une confrontation, celle d’un homme frôlant le danger en traversant une voie rapide, deux enfants dont les visages reflètent une certaine innocence face à ce spectacle. Freddy et Nejma sont amis. Pourtant Nejma lui prend son goûter. Mais cela semble être un jeu, un rôle. Celui-ci va enfermer le personnage de Nejma qui sera vite accablé par ce qu’elle engendre comme préjugés. En parallèle de l’histoire, l’auteur prend le temps de capter les décors, l’atmosphère dans laquelle évoluent les personnages. L’école d’abord. Ce monde où les enfants baissent beaucoup la tête, où les adultes campent parfois les shérifs sans jamais toujours assumés leurs paroles et leurs actes. Et il y a l’immeuble où Freddy et Nejma sont voisins. Olivier Balez n’appuie jamais sur le réalisme pour décrire les situations du quotidien. Les couleurs n’ont pas besoin d’illustrer le propos très clair de la bd, d’ajouter en sinistre. Elles apportent un dynamisme à l’histoire, lui donnant une tonalité d’enquête, de recherche. Les dessins vifs sont peuplés de quelques détails, bien choisis pour comprendre les situations personnelles.
Le roman de Marie Desplechin est paru aux éditions L'école des loisirs, sous le titre Babyfaces. Ce n'est pas la première fois que je lis des adaptations de roman de la maison d'édition par des auteurs Rue de Sèvres -c'est la même maison-, et à chaque fois, et là encore, j'ai trouvé que c'était de très bons albums, car ils traitent souvent des thèmes de société touchant les ados : la séparation des parents, la violence intra-familiale, et pour ce dernier la violence à l'école, le racket et le harcèlement. L'histoire est bien menée, claire, identifie assez nettement les agressions, les coupables et les victimes. Nejma qui semble être la méchante de service est surtout malheureuse et la victime. Sa seule défense, c'est de se faire craindre sans en arriver aux mains. Cette histoire parlera aux ados et pré-ados directement mais sans en rajouter. Ils pourront se reconnaître ou reconnaître un ou une camarade.
Le dessin est lui aussi clair, réaliste assez coloré, moderne. J'aime bien Olivier Balez que j'ai déjà lu avec un tome de Infinity 8 : L'évangile selon Emma et J'aurai ta peau Dominique A. Il parvient à transmettre le mal-être de Nejma face aux injustices et dans sa vie déjà difficile d'enfant, mais aussi l'inquiétude des adultes et de Freddy son ami. Ce qui donne un album facile d'accès, qui sans être trop noir, permet d'aborder les questions qui préoccupent les jeunes et d'entamer une discussion sur icelles.
A laisser en évidence à la maison pour susciter l'envie de le lire et pourquoi pas celle de parler.
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